champignons moisissures dans les livres anciens
PATRIMOINE
+ DE 2 ANS
Le 14/06/2019 à 17h27
6623 vues
Question d'origine :
Bonjour, Je ne sais pas si vous avez déjà répondu à la question mais je n'ai pas trouvé sur le guichet du savoir. Je possède de vieux livres qui malheureusement ont des moisissures, champignons (des auréoles jaunissantes) . Sauriez vous comment lutter contre ce problème ? Comment le prévenir ? Cela peut-il se propager aux livres à côté ? Dois-je isoler les livres en question (et les traiter avec un produit ménager) ? Cordialement
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 17/06/2019 à 11h59
Bonjour,
Le Bulletin des Bibliothécaires de France a consacré un dossier très détaillé aux « Ennemis du livre » par Caroline Laffont et Raphaële Mouren . Voici ce qui est dit des contaminations fongiques :
« Les moisissures sont en suspension dans l’air sous forme de spores invisibles à l’œil nu associées aux poussières. Par sédimentation, ces poussières se déposent sur toutes les surfaces : les collections, les rayonnages, les sols… Ces spores sont ensuite disséminées très facilement par les mouvements d’air (passage des personnes, ventilation, climatisation…), par l’eau ou par contact. La dissémination de ces spores concourt largement à la propagation d’une infestation. »
La poussière, en tant que nourriture des organismes microscopiques, et pouvant en outre contenir des spores, est une cause de contamination. Le dépoussiérage de votre lieu de stockage est donc important. Ainsi que le contrôle de l’humidité, puisque « L’humidité est le principal facteur de germination et de développement des moisissures » :
« Le risque de germination est présent à partir d’une humidité relative de 60 % ou d’une activité en eau des supports de 0,60. Une fois la germination enclenchée, le développement peut se poursuivre à des taux inférieurs à 60 %. Un réseau de filaments croît autour de la spore en formant une « colonie » appelée mycélium qui à son tour produit des spores. Ainsi, en conditions favorables, une spore va donner naissance à plusieurs milliers (voire millions) d’autres spores.
La croissance de la moisissure ralentit si l’humidité relative baisse et elle s’arrête aux alentours de 30 %. Cependant, la moisissure ne meurt pas, elle entre en phase de dormance. Elle peut rester dans cet état de vie ralentie de nombreuses années en attendant que les conditions redeviennent favorables.
La température idéale pour la germination de la majorité des moisissures est proche de la température de confort que nous établissons, soit entre 18 et 23 °C.
Attention : même dans les magasins où les conditions climatiques sont correctes (50 % +/–5% et 18 °C +/–2 °C), il peut exister des zones confinées où règnent des microclimats propices au développement localisé de moisissures.
En cas de très forte humidité, outre des moisissures, des bactéries peuvent aussi se développer, occasionnant aussi des dégradations. »
Les auteures de l’article conseillent fortement, en cas de contamination, d’isoler le ou les livres concernés et de les envelopper dans du papier, « de préférence neutre ». Pour la marche à suivre ensuite, il n’existe, hélas, « pas de traitement type. Dans la mesure du possible, on évitera les traitements chimiques, agressifs pour les matériaux. Si leur utilisation s’avère indispensable, ils doivent être compatibles avec les matériaux des collections et du mobilier.
Si la contamination est d’un volume réduit ou les moisissures peu dégradantes, un dépoussiérage par aspiration sera suffisant. L’aspiration se fait au moyen d’aspirateur muni de filtre absolu pour éviter toute redispersion des contaminants. En revanche, si la contamination fongique est très active ou si un grand nombre d’ouvrages est atteint, une désinfection par fumigation à l’oxyde d’éthylène est nécessaire. Cette désinfection tue les micro-organismes mais n’élimine ni la matière ni les traces. Aussi est-il nécessaire de faire suivre toute désinfection par un dépoussiérage des documents. »
Nous ne vous recommandons pas de procéder vous-même à un traitement chimique, car selon les conseils de nos collègues du Fonds ancien dans une précédente réponse, ce travail doit être confié à un relieur – qui seul saura déterminer l’origine de la contamination :
« En cas de découverte de moisissures sur livres (anciens ou modernes), le recours à l'éthanol ne saurait améliorer l’état des documents s’il n’est pas appliqué par un professionnel. A court comme à long terme, une mauvaise application de ce produit pourrait aggraver l’état du papier sans pour autant améliorer le problème d’infection. L’application d’éthanol est une manipulation devant être réalisée en atelier, selon des modalités variables en fonction des documents concernés.
Nous vous recommandons par conséquent les étapes suivantes :
« 1. Si ce n’est pas déjà fait, isoler les ouvrages infectés d’autres documents à proximité ;
2. Il ne sert à rien de dépoussiérer les livres posant problème : vous risqueriez de faire s’envoler les spores, propageant ainsi les risques d’infections pour les autres documents sains ;
3. Présenter les documents infectés à un relieur, seul capable d’établir un véritable constat après analyse des moisissures (spores actifs ou non, type de moisissure…) ;
4. Avec ces informations, il sera possible de mettre en place le traitement approprié.
Enfin, nous vous invitons bien sûr à vous assurer que les documents sains en votre possession ne soient pas stockés dans une pièce favorisant ce type problèmes (cave, grenier…). »
Bonne journée.
Le Bulletin des Bibliothécaires de France a consacré un dossier très détaillé aux « Ennemis du livre » par Caroline Laffont et Raphaële Mouren . Voici ce qui est dit des contaminations fongiques :
« Les moisissures sont en suspension dans l’air sous forme de spores invisibles à l’œil nu associées aux poussières. Par sédimentation, ces poussières se déposent sur toutes les surfaces : les collections, les rayonnages, les sols… Ces spores sont ensuite disséminées très facilement par les mouvements d’air (passage des personnes, ventilation, climatisation…), par l’eau ou par contact. La dissémination de ces spores concourt largement à la propagation d’une infestation. »
La poussière, en tant que nourriture des organismes microscopiques, et pouvant en outre contenir des spores, est une cause de contamination. Le dépoussiérage de votre lieu de stockage est donc important. Ainsi que le contrôle de l’humidité, puisque « L’humidité est le principal facteur de germination et de développement des moisissures » :
« Le risque de germination est présent à partir d’une humidité relative de 60 % ou d’une activité en eau des supports de 0,60. Une fois la germination enclenchée, le développement peut se poursuivre à des taux inférieurs à 60 %. Un réseau de filaments croît autour de la spore en formant une « colonie » appelée mycélium qui à son tour produit des spores. Ainsi, en conditions favorables, une spore va donner naissance à plusieurs milliers (voire millions) d’autres spores.
La croissance de la moisissure ralentit si l’humidité relative baisse et elle s’arrête aux alentours de 30 %. Cependant, la moisissure ne meurt pas, elle entre en phase de dormance. Elle peut rester dans cet état de vie ralentie de nombreuses années en attendant que les conditions redeviennent favorables.
La température idéale pour la germination de la majorité des moisissures est proche de la température de confort que nous établissons, soit entre 18 et 23 °C.
Attention : même dans les magasins où les conditions climatiques sont correctes (50 % +/–5% et 18 °C +/–2 °C), il peut exister des zones confinées où règnent des microclimats propices au développement localisé de moisissures.
En cas de très forte humidité, outre des moisissures, des bactéries peuvent aussi se développer, occasionnant aussi des dégradations. »
Les auteures de l’article conseillent fortement, en cas de contamination, d’isoler le ou les livres concernés et de les envelopper dans du papier, « de préférence neutre ». Pour la marche à suivre ensuite, il n’existe, hélas, « pas de traitement type. Dans la mesure du possible, on évitera les traitements chimiques, agressifs pour les matériaux. Si leur utilisation s’avère indispensable, ils doivent être compatibles avec les matériaux des collections et du mobilier.
Si la contamination est d’un volume réduit ou les moisissures peu dégradantes, un dépoussiérage par aspiration sera suffisant. L’aspiration se fait au moyen d’aspirateur muni de filtre absolu pour éviter toute redispersion des contaminants. En revanche, si la contamination fongique est très active ou si un grand nombre d’ouvrages est atteint, une désinfection par fumigation à l’oxyde d’éthylène est nécessaire. Cette désinfection tue les micro-organismes mais n’élimine ni la matière ni les traces. Aussi est-il nécessaire de faire suivre toute désinfection par un dépoussiérage des documents. »
Nous ne vous recommandons pas de procéder vous-même à un traitement chimique, car selon les conseils de nos collègues du Fonds ancien dans une précédente réponse, ce travail doit être confié à un relieur – qui seul saura déterminer l’origine de la contamination :
« En cas de découverte de moisissures sur livres (anciens ou modernes), le recours à l'éthanol ne saurait améliorer l’état des documents s’il n’est pas appliqué par un professionnel. A court comme à long terme, une mauvaise application de ce produit pourrait aggraver l’état du papier sans pour autant améliorer le problème d’infection. L’application d’éthanol est une manipulation devant être réalisée en atelier, selon des modalités variables en fonction des documents concernés.
Nous vous recommandons par conséquent les étapes suivantes :
« 1. Si ce n’est pas déjà fait, isoler les ouvrages infectés d’autres documents à proximité ;
2. Il ne sert à rien de dépoussiérer les livres posant problème : vous risqueriez de faire s’envoler les spores, propageant ainsi les risques d’infections pour les autres documents sains ;
3. Présenter les documents infectés à un relieur, seul capable d’établir un véritable constat après analyse des moisissures (spores actifs ou non, type de moisissure…) ;
4. Avec ces informations, il sera possible de mettre en place le traitement approprié.
Enfin, nous vous invitons bien sûr à vous assurer que les documents sains en votre possession ne soient pas stockés dans une pièce favorisant ce type problèmes (cave, grenier…). »
Bonne journée.
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