Différence entre comédie musicale et un film musical
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 01/06/2019 à 08h39
1385 vues
Question d'origine :
Bonjour,
J'ai un devoir de musique très prochainement et j'aimerais connaître la différence entre une comédie musicale et un film musical.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 03/06/2019 à 13h22
Bonjour,
Aucune des sources que nous avons pu consulter ne fait une distinction claire entre les deux genres. Si le terme de « film musical » semble avoir un sens plus large, englobant des films où la musique a une place essentielle mais sans scènes dansées, mais la distinction ne semble pas être entrée dans les mœurs des auteurs des dictionnaires à notre disposition. C’est en tout cas la comédie musicale, née avec le cinéma parlant à la fin des années 1920, qui installe la musique au cœur du cinéma :
« On appelle comédie musicale un genre de films dont la fiction, souvent simple et frivole, laisse interrompre son déroulement narratif par des intermèdes musicaux. Quoi que le ton en soit souvent léger et souriant, la notion de comédie n’implique ici rien d’autre que le refus de prendre entièrement au sérieux des arguments dramatiques parfois riches de pathos. Ce sont en effet les numéros dansés ou chantés qui doivent attirer la plus grande attention. »
(Source : Dictionnaire du cinéma [Livre] / sous la dir. de Jean-Loup Passek ; assisté de Michel Ciment, Claude-Michel Cluny et Jean-Pierre Frouard)
Avec le temps, le ton des comédies musicales a pu se diversifier. Le succès artistique et public d’un film comme West side story le prouve, même s’il reste une exception :
« Adapté d'un spectacle de Broadway (1957), modernisant lui-même le Roméo et Juliette de Shakespeare, West Side Story appartient à la série des comédies musicales pour écran large (en Panavision) et son stéréophonique des années 1950-1960, et fut un immense succès : avec dix oscars, le film ne sera dépassé que par Ben Hur (1959) et Titanic (1997). Comme en son temps Un jour à New York (On the Town, 1949), de Stanley Donen et Gene Kelly (avec déjà une musique de Leonard Bernstein), il vise à moderniser le genre musical et à le faire descendre dans la rue – même si la plupart des séquences ont été tournées en studio. Le thème des rivalités de bandes avait été popularisé par le cinéma américain, avec des films comme L'Équipée sauvage (The Wild One, 1953), de Laszlo Benedek, et La Fureur de vivre (Rebel without a Cause, 1955), de Nicholas Ray ; mais, pour la première fois, il est traité en film musical, sous une forme édulcorée, il est vrai. L'œuvre n'eut pas de descendance précise, le genre musical se tournant plutôt vers le « rétro » et le film à costumes […]. »
(Source : Encyclopaedia universalis)
N’empêche qu’au cours des années 1970, plusieurs réalisateurs tentèrent de faire évoluer le genre. Citons à ce sujet un intéressant dossier du Ciné club de Caen :
« Une émancipation dont Bob Fosse se fait le fer de lance en portant à l'écran en 1972 l'un des show cultes de Broadway, Cabaret. Le film insiste sur le sordide du Berlin des années 30, tourne en dérision le nazisme et s'attaque aux tabous de l'identité sexuelle. Il impose Liza Minnelli sur le devant de la scène et rafle la mise aux Oscars. Jouant sur cette veine et sur la vague de films de science-fiction musicaux comme Tomorrow (1970), vont naître quelques productions mélangeant musique, sexe et horreur dont notamment Le fantôme du paradis (1974) de Brian De Palma ou Le Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975) adapté de la pièce anglaise de Richard O'Brien.
A la fin des années 70, les majors en mauvaise posture ferment les portes de leurs départements musicaux, laissant chaque résurgence devenir un nouveau prototype du genre. En 1978, tablant sur le succès que John Travolta a acquis avec La fièvre du samedi soir, Randal Kleiser adapte Grease. Délicieusement rétro avec des chansons entraînantes, le film devient rapidement culte, en faisant oublier au public sa version scénique créée dix ans plus tôt. L'année suivante, c'est Milos Forman qui se lance dans la réappropriation d'un show à succès : Hair. »
Le choix des films cités est intéressant car nombre d’entre eux sont musicaux sans être des comédies musicales au sens strict du terme : dans La fièvre du samedi soir , les personnages ne chantent pas ; dans Cabaret on voit bien des chansons et des chorégraphies, mais parce que les protagonistes sont des artistes ; une liberté vis-à-vis des règles du genre qui va s’accroître à la décennie suivante, comme le souligne Michel Chion dans son article « Cinéma parlant » pour l’Encyclopaedia Universalis :
« Enfin, parmi les tendances fortes du cinéma parlant à partir des années 1980, il faut signaler le renouvellement du film musical qui se produit dans des directions inattendues. Un filmpeut avoir un caractère musical sans faire chanter et danser (dans le sens officiel du mot, renvoyant à des techniques apprises) ses personnages. Les derniers films de Terrence Malick, de Tree of Life (2011) à Knight of Cups (2015), par exemple, ne sont pas officiellement des comédies musicales, mais ils comportent beaucoup de musique moderne et classique, et beaucoup de danse : non seulement les personnages bougent et jouent avec leurs corps, mais la caméra, grâce au système de caméra portée nommée Steadicam, se meut continuellement. La chanson intervient aussi de façon inédite dans la comédie musicale en play-back On connaît la chanson (1997), où les personnages sont « possédés » fugitivement par les voix de chanteurs populaires. Alain Resnais reprend ici un procédé imaginé par le dramaturge anglais Dennis Potter.
Par ailleurs, un genre qui existe depuis longtemps connaît une nouvelle vogue, et conduit parfois à des succès internationaux : la biographie de chanteur ou de musicien populaire (en France, Édith Piaf dans La Môme, Claude François, Serge Gainsbourg, aux États-Unis, Johnny Cash, Ray Charles, Kurt Cobain…). »
Pour aller plus loin :
-La comédie musicale [Livre] / Michel Chion
-La comédie musicale et Fred Astaire [Multi-supports] / Christophe Champclaux
-Cinéma et musique, accords parfaits [Livre] : dialogues avec des compositeurs et des cinéastes / Carter Buswell, Vladimir Cosma, Bruno Coulais, ...[et al.] ; coordonné par N.T. Binh, José Moure et ...
-Dictionnaire de la comédie musicale [Livre] / Isabelle Wolgust
-Comédies musicales [Livre] : la joie de vivre du cinéma : [exposition, Paris, Cité de la musique-Philharmonie de Paris, 19 octobre 2018-27 janvier 2019] / [catalogue] sous la direction de N. T. Binh
-Musiques de films [Livre] : une autre histoire du cinéma / Alexandre Raveleau
Bonnes lectures.
Aucune des sources que nous avons pu consulter ne fait une distinction claire entre les deux genres. Si le terme de « film musical » semble avoir un sens plus large, englobant des films où la musique a une place essentielle mais sans scènes dansées, mais la distinction ne semble pas être entrée dans les mœurs des auteurs des dictionnaires à notre disposition. C’est en tout cas la comédie musicale, née avec le cinéma parlant à la fin des années 1920, qui installe la musique au cœur du cinéma :
« On appelle comédie musicale un genre de films dont la fiction, souvent simple et frivole, laisse
(Source : Dictionnaire du cinéma [Livre] / sous la dir. de Jean-Loup Passek ; assisté de Michel Ciment, Claude-Michel Cluny et Jean-Pierre Frouard)
Avec le temps, le ton des comédies musicales a pu se diversifier. Le succès artistique et public d’un film comme West side story le prouve, même s’il reste une exception :
« Adapté d'un spectacle de Broadway (1957), modernisant lui-même le Roméo et Juliette de Shakespeare, West Side Story appartient à la série des comédies musicales pour écran large (en Panavision) et son stéréophonique des années 1950-1960, et fut un immense succès : avec dix oscars, le film ne sera dépassé que par Ben Hur (1959) et Titanic (1997). Comme en son temps Un jour à New York (On the Town, 1949), de Stanley Donen et Gene Kelly (avec déjà une musique de Leonard Bernstein), il vise à moderniser le genre musical et à le faire descendre dans la rue – même si la plupart des séquences ont été tournées en studio. Le thème des rivalités de bandes avait été popularisé par le cinéma américain, avec des films comme L'Équipée sauvage (The Wild One, 1953), de Laszlo Benedek, et La Fureur de vivre (Rebel without a Cause, 1955), de Nicholas Ray ; mais, pour la première fois, il est traité en film musical, sous une forme édulcorée, il est vrai. L'œuvre n'eut pas de descendance précise, le genre musical se tournant plutôt vers le « rétro » et le film à costumes […]. »
(Source : Encyclopaedia universalis)
N’empêche qu’au cours des années 1970, plusieurs réalisateurs tentèrent de faire évoluer le genre. Citons à ce sujet un intéressant dossier du Ciné club de Caen :
« Une émancipation dont Bob Fosse se fait le fer de lance en portant à l'écran en 1972 l'un des show cultes de Broadway, Cabaret. Le film insiste sur le sordide du Berlin des années 30, tourne en dérision le nazisme et s'attaque aux tabous de l'identité sexuelle. Il impose Liza Minnelli sur le devant de la scène et rafle la mise aux Oscars. Jouant sur cette veine et sur la vague de films de science-fiction musicaux comme Tomorrow (1970), vont naître quelques productions mélangeant musique, sexe et horreur dont notamment Le fantôme du paradis (1974) de Brian De Palma ou Le Rocky Horror Picture Show (Jim Sharman, 1975) adapté de la pièce anglaise de Richard O'Brien.
A la fin des années 70, les majors en mauvaise posture ferment les portes de leurs départements musicaux, laissant chaque résurgence devenir un nouveau prototype du genre. En 1978, tablant sur le succès que John Travolta a acquis avec La fièvre du samedi soir, Randal Kleiser adapte Grease. Délicieusement rétro avec des chansons entraînantes, le film devient rapidement culte, en faisant oublier au public sa version scénique créée dix ans plus tôt. L'année suivante, c'est Milos Forman qui se lance dans la réappropriation d'un show à succès : Hair. »
Le choix des films cités est intéressant car nombre d’entre eux sont musicaux sans être des comédies musicales au sens strict du terme : dans La fièvre du samedi soir , les personnages ne chantent pas ; dans Cabaret on voit bien des chansons et des chorégraphies, mais parce que les protagonistes sont des artistes ; une liberté vis-à-vis des règles du genre qui va s’accroître à la décennie suivante, comme le souligne Michel Chion dans son article « Cinéma parlant » pour l’Encyclopaedia Universalis :
« Enfin, parmi les tendances fortes du cinéma parlant à partir des années 1980, il faut signaler le renouvellement du film musical qui se produit dans des directions inattendues. Un film
Par ailleurs, un genre qui existe depuis longtemps connaît une nouvelle vogue, et conduit parfois à des succès internationaux : la
-La comédie musicale [Livre] / Michel Chion
-La comédie musicale et Fred Astaire [Multi-supports] / Christophe Champclaux
-Cinéma et musique, accords parfaits [Livre] : dialogues avec des compositeurs et des cinéastes / Carter Buswell, Vladimir Cosma, Bruno Coulais, ...[et al.] ; coordonné par N.T. Binh, José Moure et ...
-Dictionnaire de la comédie musicale [Livre] / Isabelle Wolgust
-Comédies musicales [Livre] : la joie de vivre du cinéma : [exposition, Paris, Cité de la musique-Philharmonie de Paris, 19 octobre 2018-27 janvier 2019] / [catalogue] sous la direction de N. T. Binh
-Musiques de films [Livre] : une autre histoire du cinéma / Alexandre Raveleau
Bonnes lectures.
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