Question d'origine :
Comment répondre à ceux qui prétendent défendre scientifiquement le racisme biologique ? (càd la supériorité d'une race (blanche le plus souvent) sur une autre)
Comment répondre notamment à l'argument du QI ?
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 31/05/2019 à 10h27
Bonjour,
Nous vous inviterons d’abord à consulter cette ancienne réponse :
« Autre article dans Le dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie :
Un grand nombre d’anthropologues sont actuellement convaincus de l’inapplicabilité du concept de race à l’espèce humaine. D’autres cependant répugnent à renoncer au confort mental d’une logique classificatoire, souvent liée dans leur esprit à un schéma évolutif qui voit dans les races les rameaux terminaux de branchements successifs au départ d’un tronc représentant la souche humaine primordiale. Cette image est elle-même loin de correspondre à la réalité : du fait de l’intensité du brassage des populations humaines, associée à leur capacité à vivre dans les milieux les plus variés et à leur faible aptitude à s’adapter biologiquement à des milieux contrastés, l’image du réseau représente l’évolution humaine de façon bien plus réaliste que celle de l’arbre. Le recours aux classifications raciales n’est pas prêt néanmoins de disparaître. De la même manière, on continue en certains lieux de faire appel aux typologies raciales, c'est-à-dire de considérer toute population humaine comme constituée de pourcentages différents d’un petit nombre de types raciaux arbitrairement définis (comme les types nordique et méditerranéen), conception dont la génétique a pourtant montré l’absence de fondement scientifique. Quoi qu’il en soit, l’anthropobiologie se consacre désormais essentiellement à étudier la diversité humaine sans biais classificatoire, et à en rechercher l’explication en termes de génétique des populations et d’influence du milieu sur l’expression des gènes.
Avant même que les biologistes aient remis en cause la pertinence de la notion de race, l’anthropologie sociale avait déjà cessé de rechercher des corrélations entre « races » et cultures.
Pour approfondir :
L’idée de race :
Pour retracer l’histoire de l’idée de race entre Grèce et Asie orientale, l’auteur examine la race avant la race dans l’Antiquité et l’Europe classique, puis la race à son zénith au XIXe siècle et enfin la race sans race, du lendemain de la Seconde Guerre mondiale à nos jours Au terme d’un parcours spatio-temporel, qui scrute la fortune de l’idée de race, il apparaît alors que l’Antiquité a forgé des récits originels dont les dérivés, les « origines gentium », ont fini par engendrer, liée le plus souvent à l’idée de nation, l’idée plastique et infiniment malléable de race, laquelle continue de nourrir, souvent à notre insu, les imaginaires actuels et ce, même si d’autres termes, culture, identité, altérité ou ethnicité, ni plus justes, ni plus généreux , ni moins pernicieux, sont venus remplacer l’idée de race afin de reconduire les fictions d’appartenance.
Etude critique sur la formation de la doctrine des races : au XVIIIe siècle et son expansion au XIXe siècle :
Retrace l'histoire de la doctrine des races, de ses fondateurs et de ses commentateurs en France et en Europe. Après une étude des origines psychologiques de la théorie des races (Linné, Buffon, Lamarck...), T. Simar (1883-1930) la met en parallèle avec la théorie des classes et analyse son développement au XIXe siècle avec Gobineau, Taine, Drumont.
Races et racismes :
De Platon, saint Augustin, Kant à Freud, Chomsky, Foucault ou Derrida, l'ouvrage présente la multiplicité des idéologies racistes et des théories contraires développées par les philosophes. Aborde également la biologie, la psychanalyse, l'anthropologie et la pensée politique. Les extraits choisis sont précédés de la présentation de leur auteur et de sa démarche.
La société pure :
L'auteur montre comment certaines idéologies véhiculées par la biologie nourrissent les idéologies politiques, de l'eugénisme au racisme, en passant par le darwinisme social.
L’humanité au puriel :
L'humanité est-elle séparée en races différentes? Vérité scientifique au XIXe siècle et durant une bonne partie du XXe, cette affirmation a été battue en brèche après la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dernières décennies, la biologie a nié la pertinence même de la question, au motif que tous les humains auraient en commun 99,9 % de leur patrimoine génétique. Mais les avancées toutes récentes de la génétique nuancent cette affirmation. L'étude fine du génome humain montre l'existence de différenciations héréditaires stables qui, au-delà des seules apparences (couleur de peau, chevelure, etc.), rendent possible de remonter aux origines géographiques lointaines des individus, ou peuvent parfois expliquer leur vulnérabilité à certaines maladies. Certes, les groupes ainsi repérés ont des limites floues, leur diversité interne est élevée, et aucun classement hiérarchique global ne peut être justifié à partir de ces éléments. Les "races", au sens classique du terme, n'existent effectivement pas. Néanmoins, la pluralité humaine, telle qu'on peut l'appréhender avec les techniques les plus modernes, est plus grande et plus subtile qu'on ne voulait le croire... »
Vous trouverez aussi une intéressante synthèse sur le site de l’Académie de Grenoble :
« « Toute tentative de classification en races humaines est soit impossible, soit totalement arbitraire. »
« En réalité, dans l’espèce humaine, l’idée de « race » ne sert à rien. »
Le problème de la pertinence:
Ainsi, les scientifiques ont-ils pu démontrer qu’il était possible de définir de façon « scientifique » des groupes au sein de l’espèce humaine. Ces groupes (correspondant à des populations différentes) diffèrent, non pas sur la base de génotypes différents, mais sur un ensemble de petites différences entre fréquences alléliques d’un grand nombre de marqueurs génétiques. Il est également possible de connaître (avec une certaine probabilité, cependant) le continent d’origine d’un individu, mais le fait de connaitre cette origine n’améliore quasiment pas la capacité à prédire son génotype (il n’existe aucun gène pour lequel un allèle donné ne se retrouve qu’au sein d’un grand groupe géographique) et ne revient pas à une catégorisation en races pour autant.
Cet état de fait permet d’une certaine manière de définir des « races » au sein de l’espèce humaine, en se fondant sur la notion de population et les découvertes récentes en génétique. Les scientifiques préfèrent cependant user du terme de « groupe géographique », étendant la notion de population, le terme de race restant fortement connoté et pouvant prêter à confusion selon la définition utilisée. Il reste également à définir à partir de quel niveau de telles « races » sont définies, puisqu’il est possible, avec la même méthode mais une précision décroissante, de catégoriser à l’échelle de la Terre, de grande régions ou des populations locales.
Cependant, le fait de pouvoir définir plus ou moins arbitrairement des races au sein de l’espèce humaine ne renseigne pas sur la réalité biologique que de tels concepts recouvrent. Il se pose ainsi le problème de la pertinence d’une telle classification raciale. Certains ont ainsi pu soulever l’idée selon laquelle un classement racial pourrait être avantageusement intégré aux pratiques médicales. Cependant, cette idée est contrecarrée par deux constatations :
1. la race est une notion trop différente de l’ascendance pour être biologiquement utile,
2. elle ne peut être utile que dans la mesure où elle est liée au contexte social.
Feldman, Lewontin et King, résument ainsi la situation dans un article daté de 2004 :
« Contrairement à l’idée défendue depuis le milieu du XXe siècle, on peut définir scientifiquement des races dans l’espèce humaine. La connaissance du génome humain permet en effet de regrouper les personnes selon les zones géographiques d’où elles sont issues. En revanche, les usages que l’on prétend faire en médecine d’une classification raciale sont sujets à caution. »
Il est ainsi beaucoup plus pertinent, du point de vue biologique, de connaître l’ascendance d’un individu, via une étude de son génotype, que de le classer dans une race. Feldman et ses collègues font ainsi remarquer qu’une classification raciale dans un but médical est « au mieux sans grande valeur, au pire dangereuse », et qu’elle « masque l’information biologique nécessaire à des décisions diagnostiques et thérapeutiques intelligentes », il ne faut donc pas « confondre race et ascendance ». Dit autrement : « Si l’on veut utiliser efficacement le génotype pour des décisions diagnostiques et thérapeutiques, ce n’est pas la race qui importe, mais les informations sur l’ascendant du patient ».
En résumé : il est possible de classer les êtres humains en races définies scientifiquement à une échelle arbitraire, mais cette classification raciale n’est pas pertinente biologiquement. Il faut cependant noter que la notion de « race » utilisée ici diffère sensiblement de celle utilisant les simples traits physiques. La tentative d’amalgamer les deux définitions en omettant le manque de pertinence du concept étant généralement le fait des partisans de théories racistes. »
Concernant l’argument particulier du QI, il conviendrait de rappeler à des interlocuteurs racistes que la mesure du quotient intellectuel est toute relative :
« Que mesure exactement le Q.I.? Mis au point à la fin du XIXe siècle par la psychologie scientifque naissante (notamment le Français Alfred Binet, l'auteur du premier test d'intelligence), il s'agit d'une méthode basée sur une batterie de tests conçus pour évaluer les capacités d'un individu à traiter certains problèmes, tels que raisonner, planifer, penser, déduire, comprendre des idées complexes... De quoi agréger un ensemble d'"aptitudes principales" cognitives.
Le QI, un score relatif à une moyenne
En pratique, le Q.I. moyen est arbitrairement fixé à 100 et l'écart type (la "moyenne des écarts à la moyenne") se situe à 15. En d'autres termes, les valeurs "normales" de Q.I. se situent entre 85 et 115... Mais qu'on se rassure : avoir un Q.I. faible (inférieur à 70) ne permet pas de conclure à une défcience intellectuelle. En effet, ces tests n'évaluent que l'intelligence logique et conceptuelle, sans faire la distinction entre les aptitudes naturelles et celles dues à l'infuence du milieu culturel ou de l'éducation.
De plus, l'absence de tests mesurant l'intelligence manuelle, sociale, rythmique, etc. est un autre biais. Sans oublier que les diffcultés à réaliser le test peuvent résulter d'autre chose que d'un défcit intellectuel: stress, problème auditif ou visuel, lésion cérébrale...
La valeur de ce test reste indicative
On peut aussi obtenir un score inférieur à ce qu'on attendait s'il est passé dans une langue étrangère, que l'on est fatigué, malade... ce qui n'a rien à voir avec l'intelligence. Ainsi, des tests complémentaires sont-ils souvent nécessaires, afn d'identifer la raison d'un échec.
Plus globalement, "la notion de seuil permettant de décider si un individu est en dessous ou au-dessus de la norme est tout à fait arbitraire, dépend du test utilisé et ne correspond pas à un profl précis de fonctionnement intellectuel ou d'organisation cérébrale", précise la neuropsychologue Sylvie Chokron. En clair, le Q.I. est indicatif. Tant mieux si le vôtre est élevé, mais pas de quoi culpabiliser s'il est faible: dans tous les cas, il s'agit de mesures relatives, qui dépendent directement du test et de la population de référence. D'ailleurs, tous les génies n'ont pas un Q.I. fantastique - même s'ils se situent en général au-dessus de la moyenne. »
(Source : science-et-vie.com)
Et aussi, que le teste ne mesure en aucun cas l’intelligence effective d’un individu :
« Mais que mesure au juste un test de QI? Ce test fut conçu à l'origine pour prédire la capacité d'un enfant à réussir à l'école. (voir F8, l'article désigné par Louis Cornellier). Le généticien français Albert Jacquard a déjà écrit que «l'objectif de la mesure du QI doit être non pas le plaisir de prévoir l'échec, mais la possibilité de prendre les mesures qui permettront de l'éviter», avant d'ajouter que «les multiples capacités de notre cerveau qui nous permettent d'avoir une attitude intelligente ne sont prises en compte que très partiellement par les fameux tests.»
Lui fait écho Dave Ellemberg qui insiste sur le fait que les tests de QI ne mesurent pas l'intelligence. «L'intelligence est beaucoup plus complexe, tranche le neuropsychologue clinicien. L'intelligence est multiple. Plusieurs facteurs, comme l'adaptation sociale, la capacité de planification et d'organisation, la mémoire à long terme et l'attention soutenue jouent un rôle dans l'intelligence. Or, ces habiletés cognitives ne sont pas nécessairement mesurées dans un test de QI.»
L'intelligence est-elle innée?
«Le réseau hyper complexe de circuits nerveux dont chacun de nous est doté est évidemment sous la dépendance de notre patrimoine génétique, affirme Albert Jacquard. Ce sont nécessairement des gènes qui fournissent des recettes de fabrication des substances qui entrent dans la composition des divers éléments de ce système.» Mais vient ensuite une phase au cours de laquelle les milliers de neurones du cerveau et plus encore les connexions — les synapses — qui les unissent se réorganisent et se stabilisent en fonction des expériences vécues.
Le développement des diverses capacités de notre cerveau ne serait pas totalement inscrit dans le programme initial, souligne-t-il avant de conclure qu'«on n'est pas intelligent, on le devient». »
(Source : ledevoir.com)
Laissons le mot de la fin au paléoanthropologue Yves Coppens, qui rappelle que qui que nous soyons, nous avons tous des ancêtres africains :
Bonne journée.
Nous vous inviterons d’abord à consulter cette ancienne réponse :
« Autre article dans Le dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie :
Un grand nombre d’anthropologues sont actuellement convaincus de l’inapplicabilité du concept de race à l’espèce humaine. D’autres cependant répugnent à renoncer au confort mental d’une logique classificatoire, souvent liée dans leur esprit à un schéma évolutif qui voit dans les races les rameaux terminaux de branchements successifs au départ d’un tronc représentant la souche humaine primordiale. Cette image est elle-même loin de correspondre à la réalité : du fait de l’intensité du brassage des populations humaines, associée à leur capacité à vivre dans les milieux les plus variés et à leur faible aptitude à s’adapter biologiquement à des milieux contrastés, l’image du réseau représente l’évolution humaine de façon bien plus réaliste que celle de l’arbre. Le recours aux classifications raciales n’est pas prêt néanmoins de disparaître. De la même manière, on continue en certains lieux de faire appel aux typologies raciales, c'est-à-dire de considérer toute population humaine comme constituée de pourcentages différents d’un petit nombre de types raciaux arbitrairement définis (comme les types nordique et méditerranéen), conception dont la génétique a pourtant montré l’absence de fondement scientifique. Quoi qu’il en soit, l’anthropobiologie se consacre désormais essentiellement à étudier la diversité humaine sans biais classificatoire, et à en rechercher l’explication en termes de génétique des populations et d’influence du milieu sur l’expression des gènes.
Avant même que les biologistes aient remis en cause la pertinence de la notion de race, l’anthropologie sociale avait déjà cessé de rechercher des corrélations entre « races » et cultures.
Pour approfondir :
L’idée de race :
Pour retracer l’histoire de l’idée de race entre Grèce et Asie orientale, l’auteur examine la race avant la race dans l’Antiquité et l’Europe classique, puis la race à son zénith au XIXe siècle et enfin la race sans race, du lendemain de la Seconde Guerre mondiale à nos jours Au terme d’un parcours spatio-temporel, qui scrute la fortune de l’idée de race, il apparaît alors que l’Antiquité a forgé des récits originels dont les dérivés, les « origines gentium », ont fini par engendrer, liée le plus souvent à l’idée de nation, l’idée plastique et infiniment malléable de race, laquelle continue de nourrir, souvent à notre insu, les imaginaires actuels et ce, même si d’autres termes, culture, identité, altérité ou ethnicité, ni plus justes, ni plus généreux , ni moins pernicieux, sont venus remplacer l’idée de race afin de reconduire les fictions d’appartenance.
Etude critique sur la formation de la doctrine des races : au XVIIIe siècle et son expansion au XIXe siècle :
Retrace l'histoire de la doctrine des races, de ses fondateurs et de ses commentateurs en France et en Europe. Après une étude des origines psychologiques de la théorie des races (Linné, Buffon, Lamarck...), T. Simar (1883-1930) la met en parallèle avec la théorie des classes et analyse son développement au XIXe siècle avec Gobineau, Taine, Drumont.
Races et racismes :
De Platon, saint Augustin, Kant à Freud, Chomsky, Foucault ou Derrida, l'ouvrage présente la multiplicité des idéologies racistes et des théories contraires développées par les philosophes. Aborde également la biologie, la psychanalyse, l'anthropologie et la pensée politique. Les extraits choisis sont précédés de la présentation de leur auteur et de sa démarche.
La société pure :
L'auteur montre comment certaines idéologies véhiculées par la biologie nourrissent les idéologies politiques, de l'eugénisme au racisme, en passant par le darwinisme social.
L’humanité au puriel :
L'humanité est-elle séparée en races différentes? Vérité scientifique au XIXe siècle et durant une bonne partie du XXe, cette affirmation a été battue en brèche après la Seconde Guerre mondiale. Au cours des dernières décennies, la biologie a nié la pertinence même de la question, au motif que tous les humains auraient en commun 99,9 % de leur patrimoine génétique. Mais les avancées toutes récentes de la génétique nuancent cette affirmation. L'étude fine du génome humain montre l'existence de différenciations héréditaires stables qui, au-delà des seules apparences (couleur de peau, chevelure, etc.), rendent possible de remonter aux origines géographiques lointaines des individus, ou peuvent parfois expliquer leur vulnérabilité à certaines maladies. Certes, les groupes ainsi repérés ont des limites floues, leur diversité interne est élevée, et aucun classement hiérarchique global ne peut être justifié à partir de ces éléments. Les "races", au sens classique du terme, n'existent effectivement pas. Néanmoins, la pluralité humaine, telle qu'on peut l'appréhender avec les techniques les plus modernes, est plus grande et plus subtile qu'on ne voulait le croire... »
Vous trouverez aussi une intéressante synthèse sur le site de l’Académie de Grenoble :
« « Toute tentative de classification en races humaines est soit impossible, soit totalement arbitraire. »
« En réalité, dans l’espèce humaine, l’idée de « race » ne sert à rien. »
Le problème de la pertinence:
Ainsi, les scientifiques ont-ils pu démontrer qu’il était possible de définir de façon « scientifique » des groupes au sein de l’espèce humaine. Ces groupes (correspondant à des populations différentes) diffèrent, non pas sur la base de génotypes différents, mais sur un ensemble de petites différences entre fréquences alléliques d’un grand nombre de marqueurs génétiques. Il est également possible de connaître (avec une certaine probabilité, cependant) le continent d’origine d’un individu, mais le fait de connaitre cette origine n’améliore quasiment pas la capacité à prédire son génotype (il n’existe aucun gène pour lequel un allèle donné ne se retrouve qu’au sein d’un grand groupe géographique) et ne revient pas à une catégorisation en races pour autant.
Cet état de fait permet d’une certaine manière de définir des « races » au sein de l’espèce humaine, en se fondant sur la notion de population et les découvertes récentes en génétique. Les scientifiques préfèrent cependant user du terme de « groupe géographique », étendant la notion de population, le terme de race restant fortement connoté et pouvant prêter à confusion selon la définition utilisée. Il reste également à définir à partir de quel niveau de telles « races » sont définies, puisqu’il est possible, avec la même méthode mais une précision décroissante, de catégoriser à l’échelle de la Terre, de grande régions ou des populations locales.
Cependant, le fait de pouvoir définir plus ou moins arbitrairement des races au sein de l’espèce humaine ne renseigne pas sur la réalité biologique que de tels concepts recouvrent. Il se pose ainsi le problème de la pertinence d’une telle classification raciale. Certains ont ainsi pu soulever l’idée selon laquelle un classement racial pourrait être avantageusement intégré aux pratiques médicales. Cependant, cette idée est contrecarrée par deux constatations :
1. la race est une notion trop différente de l’ascendance pour être biologiquement utile,
2. elle ne peut être utile que dans la mesure où elle est liée au contexte social.
Feldman, Lewontin et King, résument ainsi la situation dans un article daté de 2004 :
« Contrairement à l’idée défendue depuis le milieu du XXe siècle, on peut définir scientifiquement des races dans l’espèce humaine. La connaissance du génome humain permet en effet de regrouper les personnes selon les zones géographiques d’où elles sont issues. En revanche, les usages que l’on prétend faire en médecine d’une classification raciale sont sujets à caution. »
Il est ainsi beaucoup plus pertinent, du point de vue biologique, de connaître l’ascendance d’un individu, via une étude de son génotype, que de le classer dans une race. Feldman et ses collègues font ainsi remarquer qu’une classification raciale dans un but médical est « au mieux sans grande valeur, au pire dangereuse », et qu’elle « masque l’information biologique nécessaire à des décisions diagnostiques et thérapeutiques intelligentes », il ne faut donc pas « confondre race et ascendance ». Dit autrement : « Si l’on veut utiliser efficacement le génotype pour des décisions diagnostiques et thérapeutiques, ce n’est pas la race qui importe, mais les informations sur l’ascendant du patient ».
En résumé : il est possible de classer les êtres humains en races définies scientifiquement à une échelle arbitraire, mais cette classification raciale n’est pas pertinente biologiquement. Il faut cependant noter que la notion de « race » utilisée ici diffère sensiblement de celle utilisant les simples traits physiques. La tentative d’amalgamer les deux définitions en omettant le manque de pertinence du concept étant généralement le fait des partisans de théories racistes. »
Concernant l’argument particulier du QI, il conviendrait de rappeler à des interlocuteurs racistes que la mesure du quotient intellectuel est toute relative :
« Que mesure exactement le Q.I.? Mis au point à la fin du XIXe siècle par la psychologie scientifque naissante (notamment le Français Alfred Binet, l'auteur du premier test d'intelligence), il s'agit d'une méthode basée sur une batterie de tests conçus pour évaluer les capacités d'un individu à traiter certains problèmes, tels que raisonner, planifer, penser, déduire, comprendre des idées complexes... De quoi agréger un ensemble d'"aptitudes principales" cognitives.
Le QI, un score relatif à une moyenne
En pratique, le Q.I. moyen est arbitrairement fixé à 100 et l'écart type (la "moyenne des écarts à la moyenne") se situe à 15. En d'autres termes, les valeurs "normales" de Q.I. se situent entre 85 et 115... Mais qu'on se rassure : avoir un Q.I. faible (inférieur à 70) ne permet pas de conclure à une défcience intellectuelle. En effet, ces tests n'évaluent que l'intelligence logique et conceptuelle, sans faire la distinction entre les aptitudes naturelles et celles dues à l'infuence du milieu culturel ou de l'éducation.
De plus, l'absence de tests mesurant l'intelligence manuelle, sociale, rythmique, etc. est un autre biais. Sans oublier que les diffcultés à réaliser le test peuvent résulter d'autre chose que d'un défcit intellectuel: stress, problème auditif ou visuel, lésion cérébrale...
La valeur de ce test reste indicative
On peut aussi obtenir un score inférieur à ce qu'on attendait s'il est passé dans une langue étrangère, que l'on est fatigué, malade... ce qui n'a rien à voir avec l'intelligence. Ainsi, des tests complémentaires sont-ils souvent nécessaires, afn d'identifer la raison d'un échec.
Plus globalement, "la notion de seuil permettant de décider si un individu est en dessous ou au-dessus de la norme est tout à fait arbitraire, dépend du test utilisé et ne correspond pas à un profl précis de fonctionnement intellectuel ou d'organisation cérébrale", précise la neuropsychologue Sylvie Chokron. En clair, le Q.I. est indicatif. Tant mieux si le vôtre est élevé, mais pas de quoi culpabiliser s'il est faible: dans tous les cas, il s'agit de mesures relatives, qui dépendent directement du test et de la population de référence. D'ailleurs, tous les génies n'ont pas un Q.I. fantastique - même s'ils se situent en général au-dessus de la moyenne. »
(Source : science-et-vie.com)
Et aussi, que le teste ne mesure en aucun cas l’intelligence effective d’un individu :
« Mais que mesure au juste un test de QI? Ce test fut conçu à l'origine pour prédire la capacité d'un enfant à réussir à l'école. (voir F8, l'article désigné par Louis Cornellier). Le généticien français Albert Jacquard a déjà écrit que «l'objectif de la mesure du QI doit être non pas le plaisir de prévoir l'échec, mais la possibilité de prendre les mesures qui permettront de l'éviter», avant d'ajouter que «les multiples capacités de notre cerveau qui nous permettent d'avoir une attitude intelligente ne sont prises en compte que très partiellement par les fameux tests.»
Lui fait écho Dave Ellemberg qui insiste sur le fait que les tests de QI ne mesurent pas l'intelligence. «L'intelligence est beaucoup plus complexe, tranche le neuropsychologue clinicien. L'intelligence est multiple. Plusieurs facteurs, comme l'adaptation sociale, la capacité de planification et d'organisation, la mémoire à long terme et l'attention soutenue jouent un rôle dans l'intelligence. Or, ces habiletés cognitives ne sont pas nécessairement mesurées dans un test de QI.»
L'intelligence est-elle innée?
«Le réseau hyper complexe de circuits nerveux dont chacun de nous est doté est évidemment sous la dépendance de notre patrimoine génétique, affirme Albert Jacquard. Ce sont nécessairement des gènes qui fournissent des recettes de fabrication des substances qui entrent dans la composition des divers éléments de ce système.» Mais vient ensuite une phase au cours de laquelle les milliers de neurones du cerveau et plus encore les connexions — les synapses — qui les unissent se réorganisent et se stabilisent en fonction des expériences vécues.
Le développement des diverses capacités de notre cerveau ne serait pas totalement inscrit dans le programme initial, souligne-t-il avant de conclure qu'«on n'est pas intelligent, on le devient». »
(Source : ledevoir.com)
Laissons le mot de la fin au paléoanthropologue Yves Coppens, qui rappelle que qui que nous soyons, nous avons tous des ancêtres africains :
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