mondialisation
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 27/05/2019 à 16h43
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Question d'origine :
bonjour, j'aimerai savoir se qu'est la mondialisation.
Merci d'avance
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/05/2019 à 11h39
Bonjour,
Voici la définition que nous trouvons dans le glossaire de Géo confluences :
« La mondialisation est l'ensemble des processus (socio-économiques, culturels, technologiques, etc.) facilitant la mise en relation des sociétés du monde entier.
Le terme « mondialisation » s'est imposé à partir des années 1980 même s'il a été employé en France pour la première fois dès 1904. Il se distingue de la « globalisation », anglicisme qui, en français, désigne plutôt la mondialisation financière.
La mondialisation est un processus continu d'intensification et de fluidification des échanges, porté par l'essor des transports et des mobilités (populations, entreprises, etc.) et accéléré depuis les années 1970 par les systèmes contemporains de communication, de circulation de l'information. Elle tend à accentuer les phénomènes de diffusion et d'homogénéisation à travers l'espace mondial. Mais, paradoxalement, par la mise en concurrence des territoires et des sociétés qui lui sont associée, elle alimente aussi des comportements de contestation : particularismes, régionalismes, communautarismes sont ainsi revisités à la lueur de la mondialisation.
Pour Laurent Carroué, la mondialisation « n’est pas réductible à la seule échelle mondiale. Le couple mondial/local (ou glocal) est un leurre car chaque échelle spatiale joue son rôle (mondiale, continentale, nationale, régionale et locale). La mondialisation n‘est ni automatique, ni mécanique mais le fruit de rapports de forces et de jeux de puissances entre États. C'est une construction systémique, la fois géohistorique, géoéconomique, géopolitique, sociale et culturelle. Elle n’abolit ni l’histoire, ni le temps, ni la mémoire des faits d’un côté, ni l’espace, ni les distances, ni les territoires, ni les sociétés et cultures de l’autre. »
Christian Grataloup, s'inscrivant dans une tradition remontant au moins à Fernand Braudel, a bien montré l'inscription de la mondialisation dans le temps long, celui de la géohistoire, en discernant des grandes phases de la mondialisation. Le « bouclage du monde » par les explorateurs européens entre le XVe et le XVIIe siècle en est l'une des étapes importantes.
La mondialisation pose aujourd'hui des défis de développement à l'échelle mondiale. Cela suppose des capacités de gouvernance mondiale et d'actions internationales : coopération et arrangements (institutionnels ou plus informels), accommodement entre des intérêts différents, régulations. De leur côté, les partisans de l'altermondialisation souhaitent proposer des alternatives aux formes contemporaines de la mondialisation jugée trop uniquement fondée sur la libéralisation des marchés et responsable, par là même, de dégradations sociales et environnementales. En même temps, se multiplient les réactions identitaires contre ce qui est vécu comme une uniformisation et pour une reconstruction des barrières. »
Selon qu’on se place du point de vue de différentes disciplines (sciences économiques, sciences politiques, géographie…) la (ou les !) définitions de la mondialisation sont différentes. Les citations suivantes vous en donneront un aperçu :
« Une définition de la mondialisation
La définition de ce qu’on appelle mondialisation est on ne peut plus complexe. En effet, le phénomène que l’on appelle ainsi étant en lui-même global, il sert à désigner l’ensemble des événements qui se produisent à la surface de la terre et qui ne seraient pas possibles sans le premier des indices de la mondialisation, à savoir une interdépendance accrue des surfaces et des différentes zones du globe. Mais il est intéressant de constater que comme tous ces phénomènes aux contours flous pour la majorité des personnes, la mondialisation sert le discours de toutes sortes d’idéologies, de droite comme de gauche, spirituelle ou athée, pro-mondialisation ou antimondialiste. Dès lors, il nous faut avancer progressivement dans la définition du terme pour montrer les implications qu’il entraîne.
Si l’on s’attache à définir le terme de mondialisation, il apparaît plusieurs questions.
En effet, si l’on prend la définition du Larousse, celle-ci propose les trois éléments suivants :
• Fait de devenir mondial, de se mondialiser ;
• Elargissement du champ des activités des agents économiques (entreprises, Bourses, banques) du cadre national ou cadre mondial ;
• Interaction généralisée entre les différentes parties de l’humanité.
Le premier point demeure plutôt sémantique, il se contente de prendre appui sur l’adjectif mondial substantivé en nom par le suffixe « -ation », identique au terme « réalisation », désignant ce qui est en train de se faire. La mondialisation apparaît donc comme un processus en devenir, celui consistant à devenir mondial.
Mais au-delà de ce premier sens, il semble important de s’attacher à définir ce qui est censé devenir mondial. Or, le Larousse indique des éléments très précis, d’une part, et très généraux, d’autre part. En effet, le deuxième tiret se penche sur l’aspect économique de la mondialisation puisqu’il s’agit essentiellement des entreprises, des Bourses et des banques qui seraient concernées par ce terme. Cela montre l’importance de la part économique dans le processus.
Mais le troisième tiret propose à l’inverse une définition générale du terme, puisqu’il s’agirait d’une interaction généralisée, donc d’une interdépendance, d’une réciprocité des influences, et ce entre les « différentes parties de l’humanité ». Or, ce dernier groupe nominal pose problème. Qu’entend-on par ces différentes parties de l’humanité ? S’agit-il des différentes ethnies qui composent précisément l’humanité en général, ou bien s’agit-il des différents aspects que peut revêtir l’humanité, comme ses différents domaines d’exercice et les différents traits qui la composent.
De ces deux possibilités ressort la possibilité, voire le risque, de mélange des cultures, et donc d’uniformisation. En effet, si les diverses ethnies sont appelées à interagir, il peut être à craindre à terme un progressif nivellement des différences. De même, si les différents domaines de l’activité humaine (économique, artistique, religieux, scientifique…) sont appelés à interagir, le danger est grand de voir apparaître un mélange des genres, des influences étonnantes qui peuvent conduire à la confusion.
Aussi, on comprend que l’imprécision des contours de la notion de mondialisation engendre une crainte de l’uniformisation et de la confusion, là où le phénomène pourrait au contraire entraîner la liberté et l’harmonie. C’est ici que se joue la problématique essentielle de la notion de mondialisation. Qu’entend-on précisément par ce terme ? Quels sont les aspects concernés par ce mouvement ? Les craintes d’uniformisation et de confusion au sein de notre monde sont-elles fondées ?
Si l’on devait donner une définition usuelle de ces deux mots différents, on pourrait proposer :
• Lamondialisation (ou globalization pour les Anglo-Saxons) est le processus d’ouverture de toutes les économies nationales sur un marché devenu planétaire. La mondialisation est favorisée par l’interdépendance entre les hommes, la déréglementation, la libéralisation des échanges, la délocalisation de l’activité, la fluidité des mouvements financiers, le développement des moyens de transport, de télécommunication… ;
• Laglobalisation (étymologiquement de l’anglais globalization, du latin globus, globe, sphère, boule) est le fait de globaliser, c’est-à-dire de percevoir, de concevoir quelque chose comme un tout (globaliser signifie réunir plusieurs éléments distincts en un tout homogène ou les présenter de manière globale).
Au sens économique, la globalisation est le processus d’internationalisation des transactions industrielles, commerciales, financières. Il est lié à la libéralisation des échanges et à leur intensification. Phénomène d’intégration économique, la globalisation contribue à rendre les pays interdépendants notamment à cause de la libre circulation des biens et des services, des capitaux, des hommes, des idées et de la technologie. La globalisation économique se traduit par un effacement progressif des frontières nationales et par un accroissement :
• Des échanges de biens et de services ;
• Des mouvements de capitaux ;
• Du rôle des entreprises multinationales ;
• Des migrations internationales.
Il existe donc une proximité sémantique très forte entre les deux termes.
En fait, une histoire du mot s’avère éclairante pour comprendre la manière dont il s’impose, notamment en France où il est censé se distinguer de « globalisation », là où l’anglais n’utilise que « globalisation » pour les deux termes.
Dans les années 1780, Bentham avait formé le mot « international »pour désigner une nouveauté à l’époque, l’importance croissante des échanges et mouvements transfrontaliers. Ce mot dénotait donc la nouveauté du phénomène.
Le mot mondialisation se situe dans le prolongement de ce terme, et il suggère une rupture dans la conception du monde. Ce mot s’impose en France. Il semble traduire la nouvelle manière d’envisager les relations mondiales, tandis qu’il se charge de connotations idéologiques fortes. Comment le sens de ce mot est-il apparu ?
Dans les années 1960, Marshall McLuhan publie le livre War and Peace in the Global Village, dont le titre est traduit en français de la manière suivante : Guerre et paix dans le village planétaire. Pour l’auteur, il s’agit de décrire l’émergence d’un nouveau type de relations dans le monde et l’apparition d’une nouvelle société. La guerre du Vietnam et sa couverture par la télévision justifie cette expression appelée à connaître un important succès : le « village global », autrement traduit « village planétaire ». Les notions de globalité et de planète sont alors liées. Le terme de mondialisation n’est toujours pas apparu. Il s’agit pour l’instant d’évoquer davantage une proximité générale des êtres qui vivent sur terre et qui peuvent savoir en temps réel ce qui se passe à l’autre bout du monde.
Mais dans les années 1980, le terme de mondialisation va faire son apparition. Or, il ne provient ni de l’histoire ni de la sociologie, mais il émerge à partir de l’économie, et délaisse en France le simple aspect de la globalisation au sens où il était perçu depuis les années 1960, mais on l’associe à une dimension plus économique. Deux textes américains révèlent l’évolution de ces termes vers la sphère purement économique (bien que les économistes s’opposent à la conception qui voudrait que la mondialisation soit considérée comme récente). Il s’agit tout d’abord de l’article « The Globalisation of Markets » de Théodore Lewitt dans la Harvard Business Review (1987), puis de l’ouvrage de l’économiste Kenichi Ohmae Triad Power, the Coming Shape of Global Competition (1985), traduit en français sous le titre La Triade, émergence d’une stratégie mondiale de la puissance. Ces deux textes manifestent la transposition française du terme de globalisation sous le terme de mondialisation qui prend ainsi une coloration économique nette. Cette évolution sémantique s’explique par les changements financiers qui se sont produits au cours des années 1980 : les mouvements des capitaux se sont multipliés, les liens financiers à l’intérieur de la Triade se sont renforcés et assoient un peu plus la puissance des Etats du Nord. Enfin, les Etats ont renoncé à maîtriser la circulation des capitaux. Ainsi, il y aura une progressive assimilation de la notion de mondialisation vers celle de libéralisation des marchés financiers et des circulations de capitaux. Dès lors, le processus que recouvre le terme de « mondialisation » se colore d’une teinte libérale, encore contrebalancée à l’époque par ce qui reste du bloc soviétique. Mais à partir de l’effondrement définitif des restes de l’empire soviétique après le putsch manqué de 1991, plus rien ne semble s’opposer à ce que le monde connaisse le même processus de circulation des capitaux. »
Source : La mondialisation : thème IEP 1re année, Charles Tafanelli
« Le triomphe du mot
Plusieurs raisons expliquent la diffusion rapide et généralisée du mot dans les années 1990.
Tout d’abord, la fin de la confrontation Est-Ouest et l’échec avéré des modèles de développement autocentré suggèrent l’idée d’un Monde globalisé, unifié autour et par le marché. De même, la multiplication des atteintes à l’environnement et le succès des thèses écologistes favorisent l’essor d’une perception commune de l’unité de la planète et de la fragilité de ses équilibres.
Par ailleurs, les années 1990 sont marquées par l’accentuation des phénomènes économiques d’intégration transnationale à grande échelle, aux niveaux à la fois financier, commercial et productif.
Enfin, considérant ces processus d’intégration économique, de nombreuses organisations internationales telles que l’OCDE vont récupérer le mot et l’utiliser abondamment dans leurs rapports (aux dépens de l’ancienne notion d’« internationalisation »), participant ainsi à sa banalisation.
Tous ces éléments se combinent donc pour faire de la mondialisation / globalisation « le bon mot au bon moment » (R. Dagorn).
Ainsi, en quelques années, le mot se diffuse et s’impose à tous les niveaux – universitaire, politique et médiatique – pour finalement intégrer le langage commun. Au plan universitaire, plusieurs disciplines (en dehors de l’économie) s’approprient le terme et en enrichissent ainsi le sens. C’est le cas en particulier de la géographie et des sciences politiques mais également, quoique de façon plus modeste et plus récente, de l’anthropologie et de l’histoire. Ces nouveaux travaux contribuent en particulier à complexifier l’idée de mondialisation en distinguant les notions « globalisation » et « mondialisation ». Le terme « globalisation » tend de plus en plus à désigner les caractères strictement économiques et financiers d’un processus beaucoup plus global : la « mondialisation ». Désormais donc, pour qualifier ces phénomènes, la langue française utilise deux mots là où l’anglais n’en utilise qu’un seul.
Cette complexification se transforme bientôt en confusion quand le mot, débordant la sphère étroite de la recherche, s’impose auprès du grand public. Récupéré par les journalistes et les décideurs politiques et économiques, il fonctionne alors sur le registre soit de la fascination soit du repoussoir. La mondialisation devient synonyme de capitalisme ou de libéralisme. La signification du mot est désormais brouillée, pleine d’ambiguïtés, de connotations et d’usages codés. La « mondialisation » ne serait finalement qu’un mot fourre-tout ne correspondant à aucune réalité.
Trois regards sur la mondialisation
Dans le champ des sciences sociales françaises, trois disciplines proposent à l’heure actuelle une analyse développée de la mondialisation.
Chacun de ces trois points de vue partage la même idée de changement d’échelle lié à l’essor des mobilités de toutes sortes au niveau mondial. Cependant, au-delà de ce tronc commun, l’interprétation de la nature exacte du phénomène et de ses limites diffère.
La mondialisation selon les économistes
Si les économistes ont précisé les premiers le sens du mot « mondialisation », ils ne sont pas pour autant d’accord sur une définition commune. Plus qu’en sciences politiques ou en géographie, les divergences d’interprétation du phénomène selon les auteurs ou les grandes écoles de pensée sont marquées et constituent la source d’importants débats au sein de la discipline économique.
Cependant, quelle que soit la profondeur de leurs divergences, les économistes considèrent comme synonymes les mots « mondialisation » et « globalisation », contrairement aux tenants des autres disciplines qui cherchent justement à démontrer que la mondialisation n’est pas seulement un phénomène économique et distinguent, pour ce faire, les deux termes.
En simplifiant la classification proposée par l’économiste français R. Boyer, on peut distinguer deux grandes catégories de définitions de la mondialisation.
Le premier groupe de définitions concerne spécifiquement l’évolution du fonctionnement des firmes multinationales et leurs conséquences au niveau de l’organisation du système des relations internationales.
Dans ce sens, la mondialisation désigne tout d’abord la convergence des marchés dans le Monde entier sous l’effet des stratégies de plus en plus globalisées des firmes multinationales qui tendent à vendre partout et de la même manière le même produit, ne s’adaptant qu’à regret aux spécificités nationales. On retrouve ici le premier emploi précis du mot « mondialisation » proposé par T. Levitt.
Une variante élargie de cette première acception a été proposée ensuite par K. Ohmae pour caractériser l’intégration au niveau mondial – en fait au niveau de la triade – de l’ensemble des activités des FMN au-delà de leur activité commerciale (production, ingénierie, finance, recrutement et recherche-développement).
Enfin, tenant compte de la part croissante de ces FMN dans la production mondiale et du pouvoir grandissant que leur confère leur extrême mobilité, la mondialisation peut être également envisagée comme la tentative des entreprises les plus multinationalisées de réorganiser, à leur profit, l’architecture du système international précédemment définie par les Etats.
Dépassant le cadre de l’évolution des firmes, une deuxième catégorie, beaucoup plus générale, de définitions de la mondialisation cherche à traduire le passage d’une économie internationalisée à une économie mondialisée. La mondialisation est donc définie comme « l’émergence d’une économie globalisée dans laquelle les économies nationales seraient décomposées puis réarticulées au sein d’un système de transactions et de processus opérant directement au niveau international ». Dans cette économie mondialisée, les frontières des économies nationales ne sont plus pertinentes ; l’économie mondialisée « obéit à sa propre logique qui n’est plus celle des relations économiques entre entités nationales indépendantes. Les firmes multinationales se détacheraient de leur ancrage local, les mouvements des capitaux échapperaient aux choix nationaux, les pays perdraient la maîtrise de leur monnaie. Selon cette définition, la mondialisation marque donc une rupture par rapport à la dynamique traditionnelle d’internationalisation, dans la mesure où elle substitue une logique d’intégration à une simple logique d’ouverture.
Retenant cette définition, l’OCDE propose un découpage en trois temps du processus de mondialisation :
• L’internationalisation (depuis le milieu du XIXe siècle) correspond au développement des flux d’exportation ;
• La transnationalisation (surtout depuis 1945) est liée à l’essor des flux d’investissements directs étrangers et des implantations à l’étranger ;
• La globalisation (depuis les années 1980) traduit la mise en place de réseaux mondiaux de production de financement et d’information.
Bref, dans cette interprétation, la mondialisation représente un processus (l’évolution vers une économie mondiale intégrée) et non un état : dans la réalité actuelle, les logiques internationales et mondiales coexistent.
Deux grands niveaux de définitions de la mondialisation sont donc couramment retenus par les économistes. D’une part, une acception restreinte mais avec des implications élargies, correspondant à l’évolution du fonctionnement des firmes multinationales ; d’autre part, une définition large, concernant l’évolution de l’ordre économique international et assumant pleinement l’idée de changement d’échelle et de rupture dans le fonctionnement (économique seulement) des sociétés.
La mondialisation selon les politistes
Si l’échelle mondiale représente un domaine d’étude traditionnel pour les sciences politiques à travers la branche des « relations internationales » (ou RI), la mondialisation n’en constitue pas moins un thème de réflexion récent.
[…] Selon B. Badie, trois dimensions de la mondialisation paraissent particulièrement importantes dans la perspective d’une réflexion sur les RI :
• L’inclusion, au cours des siècles, de tous les Etats, sociétés, communautés, colonies, empires fermés sur eux-mêmes, dans une même globalité ;
• La diffusion de principes communs, de valeurs communes, de normes communes, d’habitudes et de comportements communs, donc une forme d’universalisation ;
• L’interdépendance d’acteurs nombreux et variés, étatiques et non-étatiques, au niveau mondial.
C’est à travers cette dernière dimension que la définition de la mondialisation proposée par les spécialistes de RI semble la plus précise et la plus singulière. La mondialisation peut être en effet envisagée comme la montée en puissance, face au monde de l’Etat et en contact étroit avec lui, d’un monde « multicentré »(J. Rosenau) constitué par l’ensemble des relations non-étatiques ou transnationales. […]
La mondialisation selon les géographes
Depuis le début des années 1990, la géographie française fournit une interprétation inédite et très spécifique de la mondialisation. […]
La géographie se pense désormais comme une science sociale à part entière dont l’objet d’étude réside dans la dimension spatiale des sociétés. La géographie, c’est la science de l’organisation de l’espace, l’espace étant défini ici non comme un cadre mais comme un ensemble de relations. Autrement dit, une étendue donnée, même précisément délimitée, ne devient un espace géographique qu’à partir du moment où elle est parcourue par des flux suffisamment denses et permanents dans le temps. Il s’agit là d’une précision fondamentale, notamment dans le cas de l’étude du niveau mondial : s’agit-il d’une étendue ou d’un espace ? C’est la première interrogation du géographe sur le monde.
Dans ce nouveau cadre théorique, la géographie analyse la mondialisation comme le processus de formation d’un espace de niveau mondial, « produit de l’ensemble des diffusions, des échanges et communications entre les différentes parties de l’humanité ». En se transformant en espace géographique, l’étendue planétaire se mondialise : c’est la « mondialisation du Monde ».
Plus précisément, la mondialisation est envisagée comme une augmentation d’échelle vers le niveau mondial de réalités sociales jusqu’alors limitées à des niveaux inférieurs. En tant que changement d’échelle, elle peut donc être rapprochée de processus équivalents opérant à des niveaux inférieurs et apparaissant de ce fait beaucoup moins mystérieux et complexes : par exemple la formation de l’espace français ou de l’espace communautaire européen. […]
Au total, pour le géographe, le concept de mondialisation désigne deux dynamiques complémentaires opérant au niveau mondial : d’un côté une dynamique de rapprochement, de l’autre une dynamique d’organisation spatiale. Il s’agit bien là, comme pour les sciences économiques et politiques, d’un processus de changement d’échelle avec l’affirmation d’une nouvelle dimension des activités humaines. »
Source : La mondialisation, Vincent Baudraud, Gérard-Marie Henry
Bonne journée.
Voici la définition que nous trouvons dans le glossaire de Géo confluences :
« La mondialisation est l'ensemble des processus (socio-économiques, culturels, technologiques, etc.) facilitant la mise en relation des sociétés du monde entier.
Le terme « mondialisation » s'est imposé à partir des années 1980 même s'il a été employé en France pour la première fois dès 1904. Il se distingue de la « globalisation », anglicisme qui, en français, désigne plutôt la mondialisation financière.
La mondialisation est un processus continu d'intensification et de fluidification des échanges, porté par l'essor des transports et des mobilités (populations, entreprises, etc.) et accéléré depuis les années 1970 par les systèmes contemporains de communication, de circulation de l'information. Elle tend à accentuer les phénomènes de diffusion et d'homogénéisation à travers l'espace mondial. Mais, paradoxalement, par la mise en concurrence des territoires et des sociétés qui lui sont associée, elle alimente aussi des comportements de contestation : particularismes, régionalismes, communautarismes sont ainsi revisités à la lueur de la mondialisation.
Pour Laurent Carroué, la mondialisation « n’est pas réductible à la seule échelle mondiale. Le couple mondial/local (ou glocal) est un leurre car chaque échelle spatiale joue son rôle (mondiale, continentale, nationale, régionale et locale). La mondialisation n‘est ni automatique, ni mécanique mais le fruit de rapports de forces et de jeux de puissances entre États. C'est une construction systémique, la fois géohistorique, géoéconomique, géopolitique, sociale et culturelle. Elle n’abolit ni l’histoire, ni le temps, ni la mémoire des faits d’un côté, ni l’espace, ni les distances, ni les territoires, ni les sociétés et cultures de l’autre. »
Christian Grataloup, s'inscrivant dans une tradition remontant au moins à Fernand Braudel, a bien montré l'inscription de la mondialisation dans le temps long, celui de la géohistoire, en discernant des grandes phases de la mondialisation. Le « bouclage du monde » par les explorateurs européens entre le XVe et le XVIIe siècle en est l'une des étapes importantes.
La mondialisation pose aujourd'hui des défis de développement à l'échelle mondiale. Cela suppose des capacités de gouvernance mondiale et d'actions internationales : coopération et arrangements (institutionnels ou plus informels), accommodement entre des intérêts différents, régulations. De leur côté, les partisans de l'altermondialisation souhaitent proposer des alternatives aux formes contemporaines de la mondialisation jugée trop uniquement fondée sur la libéralisation des marchés et responsable, par là même, de dégradations sociales et environnementales. En même temps, se multiplient les réactions identitaires contre ce qui est vécu comme une uniformisation et pour une reconstruction des barrières. »
Selon qu’on se place du point de vue de différentes disciplines (sciences économiques, sciences politiques, géographie…) la (ou les !) définitions de la mondialisation sont différentes. Les citations suivantes vous en donneront un aperçu :
« Une définition de la mondialisation
La définition de ce qu’on appelle mondialisation est on ne peut plus complexe. En effet, le phénomène que l’on appelle ainsi étant en lui-même global, il sert à désigner l’ensemble des événements qui se produisent à la surface de la terre et qui ne seraient pas possibles sans le premier des indices de la mondialisation, à savoir une interdépendance accrue des surfaces et des différentes zones du globe. Mais il est intéressant de constater que comme tous ces phénomènes aux contours flous pour la majorité des personnes, la mondialisation sert le discours de toutes sortes d’idéologies, de droite comme de gauche, spirituelle ou athée, pro-mondialisation ou antimondialiste. Dès lors, il nous faut avancer progressivement dans la définition du terme pour montrer les implications qu’il entraîne.
Si l’on s’attache à définir le terme de mondialisation, il apparaît plusieurs questions.
En effet, si l’on prend la définition du Larousse, celle-ci propose les trois éléments suivants :
• Fait de devenir mondial, de se mondialiser ;
• Elargissement du champ des activités des agents économiques (entreprises, Bourses, banques) du cadre national ou cadre mondial ;
• Interaction généralisée entre les différentes parties de l’humanité.
Le premier point demeure plutôt sémantique, il se contente de prendre appui sur l’adjectif mondial substantivé en nom par le suffixe « -ation », identique au terme « réalisation », désignant ce qui est en train de se faire. La mondialisation apparaît donc comme un processus en devenir, celui consistant à devenir mondial.
Mais au-delà de ce premier sens, il semble important de s’attacher à définir ce qui est censé devenir mondial. Or, le Larousse indique des éléments très précis, d’une part, et très généraux, d’autre part. En effet, le deuxième tiret se penche sur l’aspect économique de la mondialisation puisqu’il s’agit essentiellement des entreprises, des Bourses et des banques qui seraient concernées par ce terme. Cela montre l’importance de la part économique dans le processus.
Mais le troisième tiret propose à l’inverse une définition générale du terme, puisqu’il s’agirait d’une interaction généralisée, donc d’une interdépendance, d’une réciprocité des influences, et ce entre les « différentes parties de l’humanité ». Or, ce dernier groupe nominal pose problème. Qu’entend-on par ces différentes parties de l’humanité ? S’agit-il des différentes ethnies qui composent précisément l’humanité en général, ou bien s’agit-il des différents aspects que peut revêtir l’humanité, comme ses différents domaines d’exercice et les différents traits qui la composent.
De ces deux possibilités ressort la possibilité, voire le risque, de mélange des cultures, et donc d’uniformisation. En effet, si les diverses ethnies sont appelées à interagir, il peut être à craindre à terme un progressif nivellement des différences. De même, si les différents domaines de l’activité humaine (économique, artistique, religieux, scientifique…) sont appelés à interagir, le danger est grand de voir apparaître un mélange des genres, des influences étonnantes qui peuvent conduire à la confusion.
Aussi, on comprend que l’imprécision des contours de la notion de mondialisation engendre une crainte de l’uniformisation et de la confusion, là où le phénomène pourrait au contraire entraîner la liberté et l’harmonie. C’est ici que se joue la problématique essentielle de la notion de mondialisation. Qu’entend-on précisément par ce terme ? Quels sont les aspects concernés par ce mouvement ? Les craintes d’uniformisation et de confusion au sein de notre monde sont-elles fondées ?
Si l’on devait donner une définition usuelle de ces deux mots différents, on pourrait proposer :
• La
• La
Au sens économique, la globalisation est le processus d’internationalisation des transactions industrielles, commerciales, financières. Il est lié à la libéralisation des échanges et à leur intensification. Phénomène d’intégration économique, la globalisation contribue à rendre les pays interdépendants notamment à cause de la libre circulation des biens et des services, des capitaux, des hommes, des idées et de la technologie. La globalisation économique se traduit par un effacement progressif des frontières nationales et par un accroissement :
• Des échanges de biens et de services ;
• Des mouvements de capitaux ;
• Du rôle des entreprises multinationales ;
• Des migrations internationales.
Il existe donc une proximité sémantique très forte entre les deux termes.
En fait, une histoire du mot s’avère éclairante pour comprendre la manière dont il s’impose, notamment en France où il est censé se distinguer de « globalisation », là où l’anglais n’utilise que « globalisation » pour les deux termes.
Dans les années 1780, Bentham avait formé le mot « international »pour désigner une nouveauté à l’époque, l’importance croissante des échanges et mouvements transfrontaliers. Ce mot dénotait donc la nouveauté du phénomène.
Le mot mondialisation se situe dans le prolongement de ce terme, et il suggère une rupture dans la conception du monde. Ce mot s’impose en France. Il semble traduire la nouvelle manière d’envisager les relations mondiales, tandis qu’il se charge de connotations idéologiques fortes. Comment le sens de ce mot est-il apparu ?
Dans les années 1960, Marshall McLuhan publie le livre War and Peace in the Global Village, dont le titre est traduit en français de la manière suivante : Guerre et paix dans le village planétaire. Pour l’auteur, il s’agit de décrire l’émergence d’un nouveau type de relations dans le monde et l’apparition d’une nouvelle société. La guerre du Vietnam et sa couverture par la télévision justifie cette expression appelée à connaître un important succès : le « village global », autrement traduit « village planétaire ». Les notions de globalité et de planète sont alors liées. Le terme de mondialisation n’est toujours pas apparu. Il s’agit pour l’instant d’évoquer davantage une proximité générale des êtres qui vivent sur terre et qui peuvent savoir en temps réel ce qui se passe à l’autre bout du monde.
Mais dans les années 1980, le terme de mondialisation va faire son apparition. Or, il ne provient ni de l’histoire ni de la sociologie, mais il émerge à partir de l’économie, et délaisse en France le simple aspect de la globalisation au sens où il était perçu depuis les années 1960, mais on l’associe à une dimension plus économique. Deux textes américains révèlent l’évolution de ces termes vers la sphère purement économique (bien que les économistes s’opposent à la conception qui voudrait que la mondialisation soit considérée comme récente). Il s’agit tout d’abord de l’article « The Globalisation of Markets » de Théodore Lewitt dans la Harvard Business Review (1987), puis de l’ouvrage de l’économiste Kenichi Ohmae Triad Power, the Coming Shape of Global Competition (1985), traduit en français sous le titre La Triade, émergence d’une stratégie mondiale de la puissance. Ces deux textes manifestent la transposition française du terme de globalisation sous le terme de mondialisation qui prend ainsi une coloration économique nette. Cette évolution sémantique s’explique par les changements financiers qui se sont produits au cours des années 1980 : les mouvements des capitaux se sont multipliés, les liens financiers à l’intérieur de la Triade se sont renforcés et assoient un peu plus la puissance des Etats du Nord. Enfin, les Etats ont renoncé à maîtriser la circulation des capitaux. Ainsi, il y aura une progressive assimilation de la notion de mondialisation vers celle de libéralisation des marchés financiers et des circulations de capitaux. Dès lors, le processus que recouvre le terme de « mondialisation » se colore d’une teinte libérale, encore contrebalancée à l’époque par ce qui reste du bloc soviétique. Mais à partir de l’effondrement définitif des restes de l’empire soviétique après le putsch manqué de 1991, plus rien ne semble s’opposer à ce que le monde connaisse le même processus de circulation des capitaux. »
Source : La mondialisation : thème IEP 1re année, Charles Tafanelli
« Le triomphe du mot
Plusieurs raisons expliquent la diffusion rapide et généralisée du mot dans les années 1990.
Tout d’abord, la fin de la confrontation Est-Ouest et l’échec avéré des modèles de développement autocentré suggèrent l’idée d’un Monde globalisé, unifié autour et par le marché. De même, la multiplication des atteintes à l’environnement et le succès des thèses écologistes favorisent l’essor d’une perception commune de l’unité de la planète et de la fragilité de ses équilibres.
Par ailleurs, les années 1990 sont marquées par l’accentuation des phénomènes économiques d’intégration transnationale à grande échelle, aux niveaux à la fois financier, commercial et productif.
Enfin, considérant ces processus d’intégration économique, de nombreuses organisations internationales telles que l’OCDE vont récupérer le mot et l’utiliser abondamment dans leurs rapports (aux dépens de l’ancienne notion d’« internationalisation »), participant ainsi à sa banalisation.
Tous ces éléments se combinent donc pour faire de la mondialisation / globalisation « le bon mot au bon moment » (R. Dagorn).
Ainsi, en quelques années, le mot se diffuse et s’impose à tous les niveaux – universitaire, politique et médiatique – pour finalement intégrer le langage commun. Au plan universitaire, plusieurs disciplines (en dehors de l’économie) s’approprient le terme et en enrichissent ainsi le sens. C’est le cas en particulier de la géographie et des sciences politiques mais également, quoique de façon plus modeste et plus récente, de l’anthropologie et de l’histoire. Ces nouveaux travaux contribuent en particulier à complexifier l’idée de mondialisation en distinguant les notions « globalisation » et « mondialisation ». Le terme « globalisation » tend de plus en plus à désigner les caractères strictement économiques et financiers d’un processus beaucoup plus global : la « mondialisation ». Désormais donc, pour qualifier ces phénomènes, la langue française utilise deux mots là où l’anglais n’en utilise qu’un seul.
Cette complexification se transforme bientôt en confusion quand le mot, débordant la sphère étroite de la recherche, s’impose auprès du grand public. Récupéré par les journalistes et les décideurs politiques et économiques, il fonctionne alors sur le registre soit de la fascination soit du repoussoir. La mondialisation devient synonyme de capitalisme ou de libéralisme. La signification du mot est désormais brouillée, pleine d’ambiguïtés, de connotations et d’usages codés. La « mondialisation » ne serait finalement qu’un mot fourre-tout ne correspondant à aucune réalité.
Trois regards sur la mondialisation
Dans le champ des sciences sociales françaises, trois disciplines proposent à l’heure actuelle une analyse développée de la mondialisation.
Chacun de ces trois points de vue partage la même idée de changement d’échelle lié à l’essor des mobilités de toutes sortes au niveau mondial. Cependant, au-delà de ce tronc commun, l’interprétation de la nature exacte du phénomène et de ses limites diffère.
La mondialisation selon les économistes
Si les économistes ont précisé les premiers le sens du mot « mondialisation », ils ne sont pas pour autant d’accord sur une définition commune. Plus qu’en sciences politiques ou en géographie, les divergences d’interprétation du phénomène selon les auteurs ou les grandes écoles de pensée sont marquées et constituent la source d’importants débats au sein de la discipline économique.
Cependant, quelle que soit la profondeur de leurs divergences, les économistes considèrent comme synonymes les mots « mondialisation » et « globalisation », contrairement aux tenants des autres disciplines qui cherchent justement à démontrer que la mondialisation n’est pas seulement un phénomène économique et distinguent, pour ce faire, les deux termes.
En simplifiant la classification proposée par l’économiste français R. Boyer, on peut distinguer deux grandes catégories de définitions de la mondialisation.
Le premier groupe de définitions concerne spécifiquement l’évolution du fonctionnement des firmes multinationales et leurs conséquences au niveau de l’organisation du système des relations internationales.
Dans ce sens, la mondialisation désigne tout d’abord la convergence des marchés dans le Monde entier sous l’effet des stratégies de plus en plus globalisées des firmes multinationales qui tendent à vendre partout et de la même manière le même produit, ne s’adaptant qu’à regret aux spécificités nationales. On retrouve ici le premier emploi précis du mot « mondialisation » proposé par T. Levitt.
Une variante élargie de cette première acception a été proposée ensuite par K. Ohmae pour caractériser l’intégration au niveau mondial – en fait au niveau de la triade – de l’ensemble des activités des FMN au-delà de leur activité commerciale (production, ingénierie, finance, recrutement et recherche-développement).
Enfin, tenant compte de la part croissante de ces FMN dans la production mondiale et du pouvoir grandissant que leur confère leur extrême mobilité, la mondialisation peut être également envisagée comme la tentative des entreprises les plus multinationalisées de réorganiser, à leur profit, l’architecture du système international précédemment définie par les Etats.
Dépassant le cadre de l’évolution des firmes, une deuxième catégorie, beaucoup plus générale, de définitions de la mondialisation cherche à traduire le passage d’une économie internationalisée à une économie mondialisée. La mondialisation est donc définie comme « l’émergence d’une économie globalisée dans laquelle les économies nationales seraient décomposées puis réarticulées au sein d’un système de transactions et de processus opérant directement au niveau international ». Dans cette économie mondialisée, les frontières des économies nationales ne sont plus pertinentes ; l’économie mondialisée « obéit à sa propre logique qui n’est plus celle des relations économiques entre entités nationales indépendantes. Les firmes multinationales se détacheraient de leur ancrage local, les mouvements des capitaux échapperaient aux choix nationaux, les pays perdraient la maîtrise de leur monnaie. Selon cette définition, la mondialisation marque donc une rupture par rapport à la dynamique traditionnelle d’internationalisation, dans la mesure où elle substitue une logique d’intégration à une simple logique d’ouverture.
Retenant cette définition, l’OCDE propose un découpage en trois temps du processus de mondialisation :
• L’internationalisation (depuis le milieu du XIXe siècle) correspond au développement des flux d’exportation ;
• La transnationalisation (surtout depuis 1945) est liée à l’essor des flux d’investissements directs étrangers et des implantations à l’étranger ;
• La globalisation (depuis les années 1980) traduit la mise en place de réseaux mondiaux de production de financement et d’information.
Bref, dans cette interprétation, la mondialisation représente un processus (l’évolution vers une économie mondiale intégrée) et non un état : dans la réalité actuelle, les logiques internationales et mondiales coexistent.
Deux grands niveaux de définitions de la mondialisation sont donc couramment retenus par les économistes. D’une part, une acception restreinte mais avec des implications élargies, correspondant à l’évolution du fonctionnement des firmes multinationales ; d’autre part, une définition large, concernant l’évolution de l’ordre économique international et assumant pleinement l’idée de changement d’échelle et de rupture dans le fonctionnement (économique seulement) des sociétés.
La mondialisation selon les politistes
Si l’échelle mondiale représente un domaine d’étude traditionnel pour les sciences politiques à travers la branche des « relations internationales » (ou RI), la mondialisation n’en constitue pas moins un thème de réflexion récent.
[…] Selon B. Badie, trois dimensions de la mondialisation paraissent particulièrement importantes dans la perspective d’une réflexion sur les RI :
• L’inclusion, au cours des siècles, de tous les Etats, sociétés, communautés, colonies, empires fermés sur eux-mêmes, dans une même globalité ;
• La diffusion de principes communs, de valeurs communes, de normes communes, d’habitudes et de comportements communs, donc une forme d’universalisation ;
• L’interdépendance d’acteurs nombreux et variés, étatiques et non-étatiques, au niveau mondial.
C’est à travers cette dernière dimension que la définition de la mondialisation proposée par les spécialistes de RI semble la plus précise et la plus singulière. La mondialisation peut être en effet envisagée comme la montée en puissance, face au monde de l’Etat et en contact étroit avec lui, d’un monde « multicentré »(J. Rosenau) constitué par l’ensemble des relations non-étatiques ou transnationales. […]
La mondialisation selon les géographes
Depuis le début des années 1990, la géographie française fournit une interprétation inédite et très spécifique de la mondialisation. […]
La géographie se pense désormais comme une science sociale à part entière dont l’objet d’étude réside dans la dimension spatiale des sociétés. La géographie, c’est la science de l’organisation de l’espace, l’espace étant défini ici non comme un cadre mais comme un ensemble de relations. Autrement dit, une étendue donnée, même précisément délimitée, ne devient un espace géographique qu’à partir du moment où elle est parcourue par des flux suffisamment denses et permanents dans le temps. Il s’agit là d’une précision fondamentale, notamment dans le cas de l’étude du niveau mondial : s’agit-il d’une étendue ou d’un espace ? C’est la première interrogation du géographe sur le monde.
Dans ce nouveau cadre théorique, la géographie analyse la mondialisation comme le processus de formation d’un espace de niveau mondial, « produit de l’ensemble des diffusions, des échanges et communications entre les différentes parties de l’humanité ». En se transformant en espace géographique, l’étendue planétaire se mondialise : c’est la « mondialisation du Monde ».
Plus précisément, la mondialisation est envisagée comme une augmentation d’échelle vers le niveau mondial de réalités sociales jusqu’alors limitées à des niveaux inférieurs. En tant que changement d’échelle, elle peut donc être rapprochée de processus équivalents opérant à des niveaux inférieurs et apparaissant de ce fait beaucoup moins mystérieux et complexes : par exemple la formation de l’espace français ou de l’espace communautaire européen. […]
Au total, pour le géographe, le concept de mondialisation désigne deux dynamiques complémentaires opérant au niveau mondial : d’un côté une dynamique de rapprochement, de l’autre une dynamique d’organisation spatiale. Il s’agit bien là, comme pour les sciences économiques et politiques, d’un processus de changement d’échelle avec l’affirmation d’une nouvelle dimension des activités humaines. »
Source : La mondialisation, Vincent Baudraud, Gérard-Marie Henry
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