Question d'origine :
Bonjour,
Depuis plusieurs années on constate en engouement pour la variété française des années 80 avec des artistes arrivés à l'âge de la retraite qui remontent sur scène en reprenant leur répertoire de l'époque.
A-t-on déjà observé un tel phénomène à d'autres époques ?
Sait-on expliquer pourquoi ces artistes attirent autant un public cinquantenaire qu'un public jeune ?
D'avance, merci pour votre réponse !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 20/05/2019 à 12h59
Bonjour,
Ce retour de mode des vedettes des années 1980 nous en rappelle un autre, celui des idoles de la génération précédente, à savoirles yéyé s, que nous évoquions dans une précédente réponse, citant l'ouvrage d'Alain Pozzuoli Dictionnaire des yés-yés à l'usage des fans :
"Pour les puristes, historiquement, le mouvement yé-yé remonte à l'année 1963 et plus précisément au 22 juin. C'est en effet à la suite de la fameuse "Nuit de la Nation" que pour la première fois le terme "yé-yé" est officiellement employé par le sociologue Edgar Morin, dans le journal Le Monde.
On peut considérer que le mouvement se développe en deux périodes : la première - la plus marquante de 1959 à 1964, englobe certains chanteurs de rock (Vince Taylor, les Chaussettes noires, les Chats sauvages) et ce qu'il est convenu d'appeler les idoles : Johnny Halliday, Richard Anthony, Claude François, Sheila, Sylvie Vartan, et Françoise Hardy qui imposent le twist ainsi qu'une certaine chanson française, de variété, mâtinée de rock 'n roll et de rythmes anglo-saxons. Cette nouvelle catégorie de chanteurs est promue par le magazine et l'émission de radio d'Europe 1 "Salut les copains". La deuxième vague yé-yé arrive quelques années plus tard à partir de 1965 (Christophe, Hervé Vilard, Stone). Ils représentent une sorte de continuité du souffle yé-yé, notamment dans la façon d'être managés."
[…]
"Quelque chose est en train de changer au royaume de la musique populaire qui aboutit à mai 68. Cette véritable cassure dans le système français ne se retrouve pourtant pas totalement dans le monde de la chanson (à l'exception de quelques nouveaux venus, qualifiés alors de "chanteurs engagés", comme Leforestier, Lavilliers, Coringe). En effet le répertoire des yé-yés ne s'en voit pas pour autant bouleversé, et les années 70 connaissent au contraire une sorte de revival des idoles yé-yé, devenues entre-temps de véritables institutions nationales (Halliday, Sheila, Claude François)"
Ce premier revival sera suivi d’un autre, au cours des années 2000, qui a donné lieu à la série de tournées Âge tendre, la tournée des idoles, rassemblant sur une même scène des artistes tels que Sheila, Hugues Aufray, Petula Clark, Dave… Puis, à la fin de la décennie, « le concept d’Age Tendre sera décliné sur les mers. La première croisière a eu lieu le 1er décembre 2008 à bord du MSC Fantasia. En mars 2010, à l’occasion du cinquième anniversaire de la tournée, une deuxième croisière est organisée avec cette fois-ci, non pas trente mais cinquante artistes à bord pour un voyage de 10 jours. » (Source : webcroisieres.com).
Ces tournées ont connu ce qu’on pourrait appeler un pendant VIP : la tournée des Vieilles canailles , réunissant, pour six dates en 2014 puis 17 trois ans plus tard, Eddie Mitchell , Jacques Dutronc et Johnny Hallyday , dont ce sera la dernière apparition scénique.
Les stars plus précisément associées aux années 1970, de Dalida à Claude François en passant par Mike Brant, ne sont pas en reste, si on en croit un article de 2017 du magazine Challenges :
« Ce 11 janvier 2017 restera comme une grande date dans la carrière de Dalida... même si cette grande artiste au destin tragique est décédée depuis 30 ans. Ce même jour, sort dans les salles obscures le biopic consacré à la diva de la chanson, et débute sur la scène du Palais des Congrès, le spectacle "Hit Parade" qui, grâce à la magie des nouvelles technologies, va permettre aux spectateurs d'assister à une comédie musicale interprétée par la chanteuse et trois autres gloires disparues: Claude François, Sacha Distel et Mike Brant. Ce n'est pas nouveau, l'industrie du spectacle aime puiser sans arrêt dans les répertoires des artistes décédés car la nostalgie des fans est un excellent moteur pour les ventes . L'industrie du disque l'a compris la première et considère les catalogues de ses anciens artistes comme une source de revenus très efficace. Le cinéma exploite lui aussi le filon, avec des ressorts assez convenus et balisés mais très efficaces consistant à dévoiler la part d'ombre, le parcours toujours malheureux d'icônes consacrées (Edith Piaf, Coluche, Gainsbourg, Cloclo..)
[…]
Plus qu'un filon, c'est une aubaine pour les producteurs qui n'ont jamais eu peur de la mort comme le prouve la carrière ininterrompue de Claude François depuis son décès en 1978, qui a vendu plus de disques depuis qu'au cours de sa carrière pourtant très fructueuse. […] « C'est excellent pour valoriser les fonds de catalogues », souligne Bertrand Dicale. Les héritiers des stars, intéressés à la billetterie et bénéficiaires des droits, applaudissent des deux mains […] »
Ce business de la nostalgie ne semble pas antérieur àl’essor des baby-boomers au début des années 19 60. En cause, peut-être, une mutation de l’industrie musicale de l’époque liée à l’émancipation économique de la jeuness e :
« Pendant leur adolescence dans les années 60/70, les Baby-boomers ont connuune augmentation de leur pouvoir d’achat, la naissance du Rock&Roll et de la radio . Ils ont intégré une consommation massive de musique à leur mode de vie, beaucoup plus que leurs parents ou leurs grands-parents. Cet engouement pour la musique les suit tout au long de leur vie.
La technologie permet de faire revivre les stars disparues le temps d’une soirée.Dalida , Claude Françoi s, Mike Brant ou encore Sacha Distel ont pu redonner plusieurs concerts « Hit Parade » grâce à leurs hologrammes. Ce retour sur scène est possible grâce à la motion capture, une technologie qui modélise les corps à partir d’images d’acteurs numérisés. »
(Source : observatoire-des-seniors.com)
Le lien créé à l’adolescence entre les consommateurs de musique et les artistes qu’ils suivront toute leur vie est peut-être un élément de réponse à votre deuxième question : en effet, une personne ayant cinquante ans cette année en avait quinze en 1984 . La bande son des 80’s est celle de sa jeunesse ! Et de fait, selon les résultats d’une enquête citée par bfmtv.com, la moyen d’âge de l’auditeur de radio Nostalgie est de 51 ans…
Tout ceci a-t-il un lien avec le retour en force de lacoupe mulet qui jouit depuis cette année de son propre festival ? Voici un point que nous laisserons à votre jugement…
Bonne journée.
Ce retour de mode des vedettes des années 1980 nous en rappelle un autre, celui des idoles de la génération précédente, à savoir
"Pour les puristes, historiquement, le mouvement yé-yé remonte à l'année 1963 et plus précisément au 22 juin. C'est en effet à la suite de la fameuse "Nuit de la Nation" que pour la première fois le terme "yé-yé" est officiellement employé par le sociologue Edgar Morin, dans le journal Le Monde.
On peut considérer que le mouvement se développe en deux périodes : la première - la plus marquante de 1959 à 1964, englobe certains chanteurs de rock (Vince Taylor, les Chaussettes noires, les Chats sauvages) et ce qu'il est convenu d'appeler les idoles : Johnny Halliday, Richard Anthony, Claude François, Sheila, Sylvie Vartan, et Françoise Hardy qui imposent le twist ainsi qu'une certaine chanson française, de variété, mâtinée de rock 'n roll et de rythmes anglo-saxons. Cette nouvelle catégorie de chanteurs est promue par le magazine et l'émission de radio d'Europe 1 "Salut les copains". La deuxième vague yé-yé arrive quelques années plus tard à partir de 1965 (Christophe, Hervé Vilard, Stone). Ils représentent une sorte de continuité du souffle yé-yé, notamment dans la façon d'être managés."
[…]
"Quelque chose est en train de changer au royaume de la musique populaire qui aboutit à mai 68. Cette véritable cassure dans le système français ne se retrouve pourtant pas totalement dans le monde de la chanson (à l'exception de quelques nouveaux venus, qualifiés alors de "chanteurs engagés", comme Leforestier, Lavilliers, Coringe). En effet le répertoire des yé-yés ne s'en voit pas pour autant bouleversé, et les années 70 connaissent au contraire une sorte de revival des idoles yé-yé, devenues entre-temps de véritables institutions nationales (Halliday, Sheila, Claude François)"
Ce premier revival sera suivi d’un autre, au cours des années 2000, qui a donné lieu à la série de tournées Âge tendre, la tournée des idoles, rassemblant sur une même scène des artistes tels que Sheila, Hugues Aufray, Petula Clark, Dave… Puis, à la fin de la décennie, « le concept d’Age Tendre sera décliné sur les mers. La première croisière a eu lieu le 1er décembre 2008 à bord du MSC Fantasia. En mars 2010, à l’occasion du cinquième anniversaire de la tournée, une deuxième croisière est organisée avec cette fois-ci, non pas trente mais cinquante artistes à bord pour un voyage de 10 jours. » (Source : webcroisieres.com).
Ces tournées ont connu ce qu’on pourrait appeler un pendant VIP : la tournée des
Les stars plus précisément associées aux années 1970, de Dalida à Claude François en passant par Mike Brant, ne sont pas en reste, si on en croit un article de 2017 du magazine Challenges :
« Ce 11 janvier 2017 restera comme une grande date dans la carrière de Dalida... même si cette grande artiste au destin tragique est décédée depuis 30 ans. Ce même jour, sort dans les salles obscures le biopic consacré à la diva de la chanson, et débute sur la scène du Palais des Congrès, le spectacle "Hit Parade" qui, grâce à la magie des nouvelles technologies, va permettre aux spectateurs d'assister à une comédie musicale interprétée par la chanteuse et trois autres gloires disparues: Claude François, Sacha Distel et Mike Brant. Ce n'est pas nouveau, l'industrie du spectacle aime puiser sans arrêt dans les répertoires des artistes décédés car
[…]
Plus qu'un filon, c'est une aubaine pour les producteurs qui n'ont jamais eu peur de la mort comme le prouve la carrière ininterrompue de Claude François depuis son décès en 1978, qui a vendu plus de disques depuis qu'au cours de sa carrière pourtant très fructueuse. […] « C'est excellent pour valoriser les fonds de catalogues », souligne Bertrand Dicale. Les héritiers des stars, intéressés à la billetterie et bénéficiaires des droits, applaudissent des deux mains […] »
Ce business de la nostalgie ne semble pas antérieur à
« Pendant leur adolescence dans les années 60/70, les Baby-boomers ont connu
La technologie permet de faire revivre les stars disparues le temps d’une soirée.
(Source : observatoire-des-seniors.com)
Le lien créé à l’adolescence entre les consommateurs de musique et les artistes qu’ils suivront toute leur vie est peut-être un élément de réponse à votre deuxième question : en effet,
Tout ceci a-t-il un lien avec le retour en force de la
Bonne journée.
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