Question d'origine :
Bonjour,
Je partage avec vous aujourd'hui ce débat que j'ai eu hier soir avec des amis et j'aimerais avoir votre avis.
J'ai eu l'occasion de voyager un petit peu et dans des endroits du monde comme les US ou l'Australie je remarque que les gens respectent bien plus les lois qu'en France. Par exemple : en AUD, Sur la route 90% des automobilistes respectent le code la route, ils laissent des barbecue en libre-service et demandent de les nettoyer après utilisation alors ces derniers sont toujours niquel et j'en passe ! Ou avez-vous vu ça en France ?!!! Les gens ne respectent rien et ne pensent pas aux autres !! Par exemple moi j'ai un institut de beauté car je suis esthéticienne dans le Vaucluse (84), et je suis impressionné par le nombre de clients/clientes qui arrivent avec + de 10 minutes de retard et qui ne s'excuse quasiment pas.
Alors je vous demande votre avis personnel, pourquoi le Français en général n'a pas de respect pour des choses élémentaires ?
Sur ce, restons positif lol et Bonne journée !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 20/05/2019 à 09h31
Bonjour,
Si nous ne sommes pas des modèles de vertu lorsque nous sommes au volant, il ne faut peut-être pas y voir un trait typiquement français, mais plutôt européen – et reconnaître qu’à l’échelle du continent, nous ne sommes d’ailleurs pas les pires !
Selon une étude citée par francetvinfo.fr, « La palme des pires conducteurs revient auxItaliens . C'est du moins ce que révèle la publication d'un classement des chauffards selon leur nationalité. D'après un sondage, 31% des Européens considèrent que les Italiens sont les conducteurs les moins responsables. "Viennent ensuite les Grecs et les Polonais", ajoute le journaliste de France 2. »
Détaillée par 20minutes.fr, des spécialités apparaissent selon les infractions :
« Ainsi, 89 % des Européens interrogés avouent dépasser les limitations . Les plus férus de vitesse (ou les plus honnêtes) se trouvent en Allemagne , où 93 % des automobilistes admettent le faire. En Suède, 78 % avouent également ne pas respecter les distances de sécurité. »
Mais si nos amis du nord de l’Europe ont un problème avec la vitesse et les distances de sécurité, certaines dimensions de la courtoisie au volant sont une spécialité de certains pays :
« Les Grecs apparaissent comme les plus indisciplinés du continent : près de la moitié (49 %) affirment notamment qu’il leur arrive de conduire sans ceinture, 28 % de prendre le volant en ayant dépasser la limite d’alcoolémie de 0,5 g/l, 27 % de rouler sur la bande d’arrêt d’urgence…
Ils figurent également en bonne place des incivilités en avouant très largement injurier les autres conducteurs (71 %) ou coller délibérément le véhicule de ceux qui les énervent (52 %). En Pologne, 29 % disent ne pas hésiter à descendre de leur voiture pour s’expliquer.
Les automobilistesdes pays méditerranéens -Grèce, Espagne, Italie, France- sont globalement considérés parmi les plus « irrévérencieux » par les autres ressortissants. Entre autres mauvaises pratiques, les Français sont parmi ceux qui utilisent le moins leur clignotant (63 %) et les Espagnols klaxonnent fréquemment (66 %) les conducteurs qui les énervent. »
Bien sûr, ces données sont issus de sondages représentant les impressions d’usagers, et il serait difficile de chiffrer exactement combien d’impolitesse sont réellement commises sur les routes de tel ou tel pays. Reste que sur la route, il y a Français et Français : une étude plus récente de Vinci Autoroute, citée par francetvinfo.fr, dresseun palmarès des régions où les conducteurs s’insultent :
« Selon un baromètre établi par Vinci, toutes les incivilités au volant sont en hausse et 7 Français sur 10 hurlent sur les voitures des autres. C'est 14 points de plus que la moyenne européenne, qui est de 56%. Sans surprise,les champions en noms d'oiseaux sont parisiens , qui pratiquent à 74% les incivilités et à 70% les coups de klaxon. "C'est la jungle un peu ici", confie un automobiliste. "Les gens vous crachent dessus, mettent des coups de pieds dans les portes", indique une conductrice. Comme si les bouchons étaient de la faute des autres.
Au classement national,la Provence suit de près concernant les incivilités (71%), puis viennent la Bourgogne (70%) et le Centre (70%). »
Les conducteurs étatsuniens sont-ils plus vertueux ? Nous ne saurions le dire, par contre ils sont sans doute plus contrôlés , par des patrouilleurs à moto ou en hélicoptère, selon office-tourisme-usa.com. En cas d’infraction, les amendes sont payables immédiatement, sous peine de forte majoration ! De quoi refroidir les instincts de certains chauffards… Sans empêcher la forte hausse des accidents de la route ces dernières années, notamment du fait de l’usage d’applications de smartphones au volant – voir ce reportage de latribune.fr.
Reste que l’image de champions des incivilités nous colle à la peau, notamment à l’étranger. Un article de slate.fr essaie de comprendre pourquoi nous sommes souvent considérés comme les pires touristes du monde… y compris envers des compatriotes rencontrés en vacances :
« Le Français «aventurier» n’hésiterait donc pas à se placer au-dessus de la mêlée de touristes «du soleil», enorgueilli par le savoir qu’il a emmagasiné dans les guides de voyages qu’il consomme sans modération. Et selon André Rauch, professeur émérite à l’université de Strasbourg et auteur de Vacances en France de 1830 à nos jours, cette appréhension de l’inculture de l’autre est particulièrement flagrante dans des lieux sacrés:
«Notre rapport à la religion est mis à distance car nous sommes “laïcs”, et le respect du sacré peut nous apparaître comme quelque chose qui nous prive de notre liberté. C’est pour cela que certains visitent un peu des lieux sacrés comme des places publiques.»
D’où l’agacement de certains quand ils croisent d’autres Français qu’ils estiment irrespectueux des traditions locales.
Enfin, dans un registre un peu différent, André Rauch rappelle que râler est presque un sport national pour nous et qu’il faut tenir compte des affirmations identitaires : «Un Français qui ne râle pas, c’est un Français qui n’existe pas. Nous avons un esprit critique à l’égard de tout ce qui nous entoure, c’est une culture qui nous est propre et qui peut choquer à l’étranger.» Le Français va donc aimer râler, que ce soit contre des étrangers ou contre d'autres Français. »
Une autre hypothèse, liée à un ancien prestige international de notre pays, est posée dans un article de planet.fr :
« Comme l’explique Marie Treps, linguiste et sémiologue, et autrice de Oh là là ces Français (éditions La librairie Vuibert), à Planet, ce derniercliché qui voudrait que les Français soient particulièrement impolis est lié à l’influence qu’a eue la langue de Molière dans le monde . "Le portrait que l’on fait des Français, à l’étranger, est souvent contrasté. Au 17ème et au 18ème siècle, la France était dans une position dominante. La langue française séduisait les élites, c’était la plus appropriée pour écrire et converser, des activités intellectuelles. D’ailleurs les termes de politesse français se retrouvent un peu partout en Europe. Or c’est là où il y a contradiction. Si nous savons utiliser ces mots, nous pouvons avoir des attitudes inverses. On reproche aux Français ce qui, quelque part, nous attire chez eux", détaille-t-elle.
Un phénomène qui se retrouve dans plusieurs autres stéréotypes associés aux habitants de l’Hexagone . La mode et l’élégance à la française sont célébrées dans le monde entier, et pourtant l’expression anglaise "french bath", soit le bain à la français, traduit le fait de masquer une hygiène douteuse derrière beaucoup de parfum, de fard ou d’artifice.
Les clichés et la façon dont ils se forment – "même s’il y a souvent un petit fond de vérité", concède l’autrice avec un sourire – évoluent aussi avec le temps. Si la langue française était célébrée comme le must des élites du 18ème siècle en Europe, certaines formulations traduisent aujourd'hui le contraire. Par exemple, en anglais quand on utilise l’expression "Excuse my french", on indique qu’on va proférer des insanités. "Quand Saddam Hussein a été arrêté en décembre 2003, il est sorti de sa cachette en grommelant. Les dépêches américaines ont écrit ‘’he was speaking french’’. Les agences françaises ont d’abord traduit littéralement en écrivant qu’il parlait français, alors que ça voulait tout simplement dire qu’il proférait des insultes", raconte Marie Treps. »
Ainsi, il faut relativiser les clichés : un article de leparisien.fr évoquant la société de bicyclettes en libre-service Gobee bike, qui utilisait l’an passé l’argument des vols et dégradations pour expliquer son retrait de France, nuançait :
« Attention, Gobee qui a connu les mêmes mésaventures en Belgique, en Italie et jusqu’à Hongkong, sa ville d’origine s’est peut-être emparé un peu vite du problème de vandalisme pour justifier son retrait. Le modèle économique de cette startup n’était pas bien solide et les vélos jaune citron du concurrent Ofo ou blanc, noir et orange d’Obike sont eux encore bien présents dans les rues de Paris. »
Bien sûr, certains pays sont évoqués en contrepoints comme parangons de civilité (la Suède et le Japon notamment.
« Alors pourquoi ne peut-on pas être un peu plus comme les Suédois ou les Japonais ? Dans la « Société de défiance », les économistes Yann Algan et Pierre Cahuc avancent l’hypothèse d’un cercle vicieux qui entretiendrait cette « exception française ». Selon ces économistes, dans notre société où chacun soupçonne son voisin de tirer avantage du système, chercher à en faire autant apparaît finalement normal. Parce que les règles semblent détournées par tous, ceux qui les respectent se sentent floués.
« Quand il est question d’incivilités, on est tous exemplaires et l’on regrette toujours les mauvais gestes des autres, note moqueur Atanase Périfan, fondateur de l’association des voisins solidaires et créateur de la Fête des voisins. Quand on interroge les Français, à l’hôpital, à l’école, dans les transports, ils souffrent des entorses aux bonnes manières».
Son conseil pour sortir de cette spirale qui va de l’indifférence à la violence : balayer devant sa porte et recréer du lien avec ses collègues, les commerçants de ses quartiers ou le jeune couple du coin de la rue « parce qu’on ne casse pas la perceuse de quelqu’un qu’on connaît. » »
Une solution à méditer.
Bonne journée.
Si nous ne sommes pas des modèles de vertu lorsque nous sommes au volant, il ne faut peut-être pas y voir un trait typiquement français, mais plutôt européen – et reconnaître qu’à l’échelle du continent, nous ne sommes d’ailleurs pas les pires !
Selon une étude citée par francetvinfo.fr, « La palme des pires conducteurs revient aux
Détaillée par 20minutes.fr, des spécialités apparaissent selon les infractions :
« Ainsi,
Mais si nos amis du nord de l’Europe ont un problème avec la vitesse et les distances de sécurité, certaines dimensions de la courtoisie au volant sont une spécialité de certains pays :
«
Ils figurent également en bonne place des incivilités en avouant très largement injurier les autres conducteurs (71 %) ou coller délibérément le véhicule de ceux qui les énervent (52 %). En Pologne, 29 % disent ne pas hésiter à descendre de leur voiture pour s’expliquer.
Les automobilistes
Bien sûr, ces données sont issus de sondages représentant les impressions d’usagers, et il serait difficile de chiffrer exactement combien d’impolitesse sont réellement commises sur les routes de tel ou tel pays. Reste que sur la route, il y a Français et Français : une étude plus récente de Vinci Autoroute, citée par francetvinfo.fr, dresse
« Selon un baromètre établi par Vinci, toutes les incivilités au volant sont en hausse et 7 Français sur 10 hurlent sur les voitures des autres. C'est 14 points de plus que la moyenne européenne, qui est de 56%. Sans surprise,
Au classement national,
Les conducteurs étatsuniens sont-ils plus vertueux ? Nous ne saurions le dire,
Reste que l’image de champions des incivilités nous colle à la peau, notamment à l’étranger. Un article de slate.fr essaie de comprendre pourquoi nous sommes souvent considérés comme les pires touristes du monde… y compris envers des compatriotes rencontrés en vacances :
« Le Français «aventurier» n’hésiterait donc pas à se placer au-dessus de la mêlée de touristes «du soleil», enorgueilli par le savoir qu’il a emmagasiné dans les guides de voyages qu’il consomme sans modération. Et selon André Rauch, professeur émérite à l’université de Strasbourg et auteur de Vacances en France de 1830 à nos jours, cette appréhension de l’inculture de l’autre est particulièrement flagrante dans des lieux sacrés:
«Notre rapport à la religion est mis à distance car nous sommes “laïcs”, et le respect du sacré peut nous apparaître comme quelque chose qui nous prive de notre liberté. C’est pour cela que certains visitent un peu des lieux sacrés comme des places publiques.»
D’où l’agacement de certains quand ils croisent d’autres Français qu’ils estiment irrespectueux des traditions locales.
Enfin, dans un registre un peu différent, André Rauch rappelle que râler est presque un sport national pour nous et qu’
Une autre hypothèse, liée à un ancien prestige international de notre pays, est posée dans un article de planet.fr :
« Comme l’explique Marie Treps, linguiste et sémiologue, et autrice de Oh là là ces Français (éditions La librairie Vuibert), à Planet, ce dernier
Un phénomène qui se retrouve dans plusieurs autres
Les clichés et la façon dont ils se forment – "même s’il y a souvent un petit fond de vérité", concède l’autrice avec un sourire – évoluent aussi avec le temps. Si la langue française était célébrée comme le must des élites du 18ème siècle en Europe, certaines formulations traduisent aujourd'hui le contraire. Par exemple, en anglais quand on utilise l’expression "Excuse my french", on indique qu’on va proférer des insanités. "Quand Saddam Hussein a été arrêté en décembre 2003, il est sorti de sa cachette en grommelant. Les dépêches américaines ont écrit ‘’he was speaking french’’. Les agences françaises ont d’abord traduit littéralement en écrivant qu’il parlait français, alors que ça voulait tout simplement dire qu’il proférait des insultes", raconte Marie Treps. »
Ainsi, il faut relativiser les clichés : un article de leparisien.fr évoquant la société de bicyclettes en libre-service Gobee bike, qui utilisait l’an passé l’argument des vols et dégradations pour expliquer son retrait de France, nuançait :
« Attention, Gobee qui a connu les mêmes mésaventures en Belgique, en Italie et jusqu’à Hongkong, sa ville d’origine s’est peut-être emparé un peu vite du problème de vandalisme pour justifier son retrait. Le modèle économique de cette startup n’était pas bien solide et les vélos jaune citron du concurrent Ofo ou blanc, noir et orange d’Obike sont eux encore bien présents dans les rues de Paris. »
Bien sûr, certains pays sont évoqués en contrepoints comme parangons de civilité (la Suède et le Japon notamment.
« Alors pourquoi ne peut-on pas être un peu plus comme les Suédois ou les Japonais ? Dans la « Société de défiance », les économistes Yann Algan et Pierre Cahuc avancent l’hypothèse d’un cercle vicieux qui entretiendrait cette « exception française ». Selon ces économistes, dans notre société où chacun soupçonne son voisin de tirer avantage du système, chercher à en faire autant apparaît finalement normal. Parce que les règles semblent détournées par tous, ceux qui les respectent se sentent floués.
« Quand il est question d’incivilités, on est tous exemplaires et l’on regrette toujours les mauvais gestes des autres, note moqueur Atanase Périfan, fondateur de l’association des voisins solidaires et créateur de la Fête des voisins. Quand on interroge les Français, à l’hôpital, à l’école, dans les transports, ils souffrent des entorses aux bonnes manières».
Son conseil pour sortir de cette spirale qui va de l’indifférence à la violence : balayer devant sa porte et recréer du lien avec ses collègues, les commerçants de ses quartiers ou le jeune couple du coin de la rue « parce qu’on ne casse pas la perceuse de quelqu’un qu’on connaît. » »
Une solution à méditer.
Bonne journée.
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