Question d'origine :
Bonjour le Guichet du Savoir,
Et merci d'enrichir nos journées par toutes vos réponses, je suis une fan. Ma journée de travail commence toujours en lisant quelques-uns de vos commentaires !
Soyons sérieux à présent. A l'époque médiéval, les jeunes garçons en apprentissage du "métier" de chevalier passaient par la case Écuyer. L'écuyer était chargé de porter l'écu, le bouclier, du seigneur avec qui il vivait. On dit qu'il portait l'écu même sur le champ de bataille. Mais ce petit écuyer était-il lui même à cheval, ou bien à pied ?
Je vous remercie par avance pour votre réponse, et surtout continuez comme ça ! On adore !
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 10/05/2019 à 15h54
Bonjour,
Avant de répondre à votre question, revenons sur la définition du terme d’écuyer.
Le dictionnaire du Moyen-Age nous dit:
« L’écuyer a la charge de porter les armes notamment le bouclier, l’écu du guerrier. Il doit veiller à préparer les chevaux et il fait partie de « l’écurie ». De ce fait, il est considéré comme un membre de la famille, de la « domesticité » d’un seigneur : il le sert à table (écuyer tranchant), l’accompagne au combat et lui sert de messager. Les écuyers forment un groupe d’obligés, généralement des jeunes gens issus de familles de vassaux, et en « garde noble » ou en apprentissage au château.
En Espagne et dans l’Empire, on a ainsi désigné une strate inférieure de l’aristocratie. Lors du développement de la chevalerie adoubée au XIIe siècle, ces « petits maîtres » sont souvent considérés comme aspirant à la chevalerie. Cependant, l’élévation du coût d’accès à cette caste en a interdit la possibilité à beaucoup ; au XIVe siècle, l’écuyer est donc un aristocrate qui même âgé et méritant, n’a pu devenir chevalier, alors que ce dernier est désormais assimilé aux nobles, l’écuyer reste aux limites de la roture.»
Dans l’ouvrage Chevaliers et chevalerie expliqués à mes petits-fils, Alain Demurger détaille le parcours menant au statut d’écuyer:
« Avant d’être adoubé, on doit suivre un apprentissage. C’est vers l’âge de 20 ans que le jeune noble (écuyer ou valet) est fait chevalier. Auparavant, il doit grâce à des maîtres, apprendre à lire et à écrire, ainsi qu’à manier les armes. Au début on apprend sur le tas. C’est au château familial que le futur chevalier reçoit les premiers rudiments. Jusqu’à ses 7 ans, la vie est douce auprès de sa famille. Puis le maître d’arme lui apprend à frapper d’estoc et de taille, et à parer les coups. Il monte aussi à cheval.
Les choses sérieuses commencent après 7 ans. Le jeune garçon destiné à la chevalerie quitte le château familial et est envoyé en apprentissage chez un oncle ou le seigneur de son père, dans tous les cas chez un maître puissant et riche […]. Celui-ci nourrit, héberge et éduque les écuyers. En échange, ils apportent leur jeunesse et leur vaillance.
Le jeune garçon apprend d’abord à servir à table, il tranche le pain ou coupe la viande. Il s’entraîne aux armes et apprend à maîtriser le cheval ainsi qu’à le mener sans tenir les rênes. Devenu écuyer, il prend part à des « tables » où l’on combat à plaisance et peut désormais aider son hôte dans les guerres du dedans. Le soir, après le souper, il écoute les chevaliers aguerris raconter leurs exploits.
Puis, généralement à la Pentecôte, l’écuyer est adoubé et devient chevalier. L’adoubement est presque toujours pratiqué en groupe. Le nouveau chevalier est ensuite mis à la porte du château dès le lendemain de l’adoubement, à lui maintenant de se débrouiller seul, et de partir à la recherche d’exploits et d’aventures. »
Quant à savoir si les écuyers se déplaçaient à pied ou à cheval, Daniel Jacquet dans son livre Combattre au Moyen-Age nous apporte un élément de réponse. Il précise en parlant d’un duel ayant lieu en 1455 entre un couturier et un valet d’armes (autre nom de l’écuyer) :
« Ils ne sont pas chevaliers et sont donc armés d’un bouclier et d’une masse, et vêtus d’un vêtement très ajusté pour montrer qu’ils ne dissimulent pas d’autres armes. Selon la coutume, les roturiers et les aristocrates d’extraction modestes combattent avec le bouclier et la masse. »
Nous pouvons donc en déduire que seuls les chevaliers adoubés et reconnus comme tels peuvent combattre à cheval, le restant du commun des mortels allant à priori à pied. De plus, posséder un cheval coûtait relativement cher, et tout le monde ne pouvait pas se le permettre. Le semblait cheval donc être lié au statut social du chevalier et réservé à ceux-ci.
Pour aller plus loin :
Dictionnaire du Moyen-Age
Chevaliers et chevalerie expliqués à mes petits-fils d’Alain Demurger
Combattre au Moyen-Age de Daniel Jacquet
Enfin de nombreux livres sur la chevalerie au Moyen-Age dans nos collections.
Bonnes lectures!
Avant de répondre à votre question, revenons sur la définition du terme d’écuyer.
Le dictionnaire du Moyen-Age nous dit:
« L’écuyer a la charge de porter les armes notamment le bouclier, l’écu du guerrier. Il doit veiller à préparer les chevaux et il fait partie de « l’écurie ». De ce fait, il est considéré comme un membre de la famille, de la « domesticité » d’un seigneur : il le sert à table (écuyer tranchant), l’accompagne au combat et lui sert de messager. Les écuyers forment un groupe d’obligés, généralement des jeunes gens issus de familles de vassaux, et en « garde noble » ou en apprentissage au château.
En Espagne et dans l’Empire, on a ainsi désigné une strate inférieure de l’aristocratie. Lors du développement de la chevalerie adoubée au XIIe siècle, ces « petits maîtres » sont souvent considérés comme aspirant à la chevalerie. Cependant, l’élévation du coût d’accès à cette caste en a interdit la possibilité à beaucoup ; au XIVe siècle, l’écuyer est donc un aristocrate qui même âgé et méritant, n’a pu devenir chevalier, alors que ce dernier est désormais assimilé aux nobles, l’écuyer reste aux limites de la roture.»
Dans l’ouvrage Chevaliers et chevalerie expliqués à mes petits-fils, Alain Demurger détaille le parcours menant au statut d’écuyer:
« Avant d’être adoubé, on doit suivre un apprentissage. C’est vers l’âge de 20 ans que le jeune noble (écuyer ou valet) est fait chevalier. Auparavant, il doit grâce à des maîtres, apprendre à lire et à écrire, ainsi qu’à manier les armes. Au début on apprend sur le tas. C’est au château familial que le futur chevalier reçoit les premiers rudiments. Jusqu’à ses 7 ans, la vie est douce auprès de sa famille. Puis le maître d’arme lui apprend à frapper d’estoc et de taille, et à parer les coups. Il monte aussi à cheval.
Les choses sérieuses commencent après 7 ans. Le jeune garçon destiné à la chevalerie quitte le château familial et est envoyé en apprentissage chez un oncle ou le seigneur de son père, dans tous les cas chez un maître puissant et riche […]. Celui-ci nourrit, héberge et éduque les écuyers. En échange, ils apportent leur jeunesse et leur vaillance.
Le jeune garçon apprend d’abord à servir à table, il tranche le pain ou coupe la viande. Il s’entraîne aux armes et apprend à maîtriser le cheval ainsi qu’à le mener sans tenir les rênes. Devenu écuyer, il prend part à des « tables » où l’on combat à plaisance et peut désormais aider son hôte dans les guerres du dedans. Le soir, après le souper, il écoute les chevaliers aguerris raconter leurs exploits.
Puis, généralement à la Pentecôte, l’écuyer est adoubé et devient chevalier. L’adoubement est presque toujours pratiqué en groupe. Le nouveau chevalier est ensuite mis à la porte du château dès le lendemain de l’adoubement, à lui maintenant de se débrouiller seul, et de partir à la recherche d’exploits et d’aventures. »
Quant à savoir si les écuyers se déplaçaient à pied ou à cheval, Daniel Jacquet dans son livre Combattre au Moyen-Age nous apporte un élément de réponse. Il précise en parlant d’un duel ayant lieu en 1455 entre un couturier et un valet d’armes (autre nom de l’écuyer) :
« Ils ne sont pas chevaliers et sont donc armés d’un bouclier et d’une masse, et vêtus d’un vêtement très ajusté pour montrer qu’ils ne dissimulent pas d’autres armes. Selon la coutume, les roturiers et les aristocrates d’extraction modestes combattent avec le bouclier et la masse. »
Nous pouvons donc en déduire que seuls les chevaliers adoubés et reconnus comme tels peuvent combattre à cheval, le restant du commun des mortels allant à priori à pied. De plus, posséder un cheval coûtait relativement cher, et tout le monde ne pouvait pas se le permettre. Le semblait cheval donc être lié au statut social du chevalier et réservé à ceux-ci.
Pour aller plus loin :
Dictionnaire du Moyen-Age
Chevaliers et chevalerie expliqués à mes petits-fils d’Alain Demurger
Combattre au Moyen-Age de Daniel Jacquet
Enfin de nombreux livres sur la chevalerie au Moyen-Age dans nos collections.
Bonnes lectures!
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