Question d'origine :
Bonjour.
Merci de prendre le temps de lire ma demande .
Écrivant actuellement un livre se déroulant dans un contexte moyen-ageux, je m’intéresse aux venins de serpents. Plus particulièrement au divers moyens employés pour s’en protéger ou en guérir. Existait-Il durant le moyen âge un genre de sérum anti-venin? Une plante peut être ?utilisée pour stopper le venin? Je suis au fait de la protection par accoutumance, mais existait il un autre moyen de ne pas mourir d’une morsure de serpent?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 07/05/2019 à 14h53
Bonjour,
Concernant votre question sur les anti-venins ou antidotes utilisés en cas de morsures de serpent au Moyen-âge, nous pouvons vous orienter vers l’ouvrage collectif dirigé par Lydie Bodiou, intitulé « Le corps empoisonné » -Pratiques, savoirs, imaginaire de l’Antiquité à nos jours-
Nous vous conseillons particulièrement la lecture de l’article de Geneviève Xhayet de l’Université de Liège intitulé «
Vous y apprendrez que l’antidote est souvent une thériaque (à savoir un contre poison à base de mélange de plusieurs drogues, dont le jus de pavot, la chair séchée de vipère et le castoreum. Cette recette a été décrite par Galien dès le IIème siècle après J.C.).
Cependant dans plusieurs antidotaires (recueils médiévaux de recettes de médicament), on retrouve d'autres ingrédients : « le lait de chèvre à cuire avec des graines de chanvre.»
Il est également fait mention d’onguents ou d’emplâtres à appliquer sur la plaie : « Dans de nombreux cas l’élimination de la substance nocive est mécanique. »
Ou bien de l’utilisation de vomitifs : « Souvent sont prescrits des émétiques comme le remède à base de jusquiame et d’urine de femme permettant de provoquer un vomissement rapide en cas d’intoxication. »
Concernant votre question sur les autres façons d’échapper à la mort après avoir été mordu par un serpent, il semble exister, dans les médicinaires, la trace de traitement préventif…
« le medecinaire de Lorsch propose une recette à base de jus de fenouil, de radis, de rue, d’absinthe prémunissant ainsi un homme contre le risque d’être mordu par un serpent »
…mais également des recours à des pratiques magiques : « Le medecinaire de Saint Jacques de Liège qui recommande d’appliquer sur la morsure occasionné par une morsure de serpent, le corps d’un coq fendu le long de l’échine… ». « Le medecinaire liégeois reposerait donc sur le principe du transfert de poison du corps blessé vers celui de l’oiseau… »
Autre source importante à consulter selon nous, l’article en ligne de
Hildegarde de Bingen passe pour avoir composé entre 1150 et 1158 deux ouvrages scientifiques, connus sous les noms de Physica et Causae et curae. Grande naturaliste et guérisseuse, elle a entre autres une grande connaissance des venins animaux :
« L’orvet n'est dangereux pour l'homme qu'une fois mort, à l'inverse du quidam serpens, et le crapaud sonneur, qui a en lui une chaleur "qui n'est qu'infection et poison", n'a toutefois pas un poison assez fort pour que l'homme en soit grièvement blessé; d'autres sont emplis en revanche d'un poison mortel pour l'homme, tels celui de la salamandre en cas d’ingestion, celui de la vipère, celui du scorpion ou de la tarentule ».
Ainsi, Hildegarde de Bingen cite les vertus de la bryone qui « peut avoir précisément une vertu comme contrepoison : " Si on en met dans le feu et qu'on la fait rôtir comme du navet, si on la sort encore chaude du feu et qu'on la coupe en morceaux, elle dégage une odeur. Et si cette odeur atteint un serpent ou une grenouille, elle les blesse, tant et si bien que le serpent se met à écumer, et que la grenouille éprouve une douleur si forte qu'elle s'enfuit de sa cachette. »
En continuant la lecture de l’article de Laurence Moulinier, vous découvrirez qu’un serpent mort peut être l’antidote idéal :
"Cette espèce de serpent s'en prend à l'homme et envoie ses souffles contre lui ; et elle est pleine d'un poison mortel. À cause du poison qui est en lui, la peau de ce serpent s'épaissit, se contracte et se ride [...] Il recherche un trou étroit dans le rocher ; et il se frotte là, jusqu'à ce qu'il ait enlevé ses écailles. Une fois qu'il a rejeté ses écailles, sa peau redevient souple et claire, comme si elle était comme neuve et il s'en réjouit grandement ; à ce moment-là, il est un peu moins violent dans son poison et dans ses attaques. Si on le trouve alors, il faut le tuer, prendre son cœur et le faire sécher au soleil, et l'enfermer dans une boîte métallique. [...] Et aussi longtemps qu'on le tiendra dans la main, on ne pourra être blessé par aucun poison. En effet, si pendant ce temps-là, on mange ou boit du poison, celui-ci s'évacuera par la transpiration, le vomissement ou les selles.»
• Remèdes, onguents, poisons : une histoire de la pharmacie / sous la direction d'Yvan Brohard
• Poisons et sortilèges dans l'histoire / Docteur Augustin Cabanès
• Hildebarge de Bingen : Prévention et guérison des maladies
Bonnes recherches !
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter