fontaines de Versailles lors des promenades royales een 1685
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 25/04/2019 à 07h26
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Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche des précisions sur les promenades de Louis XIV dans les jardins du château de Versailles en 1685 (ou au plus proche de cette date) et en particulier l'ordre dans lequel il passait devant les fontaines (que les fontainiers mettaient en eau pour son arrivée et éteignaient jute après).
Son traité sur la Manière de montrer les jardins de Versailles était déjà écrit depuis longtemps, même s'il donne des indications précieuses (que je n'ai peut-être pas toutes explorées?).
- Avait-il un circuit favori de fontaines? Peut-on citer deux ou trois fontaines successives, si possibles pas trop proches l'une de l'autre et non visibles en même temps, qu'il allait souvent voir? Celle de Flore puis celle de Saturne: est-ce une possibilité pertinente?
- Le code des fontainiers : pour prévenir le fontainier suivant, celui qui s'occupait d'une fontaine donnait un coup de sifflet. Y avait-il un autre code (plusieurs coups de sifflet, ce genre de chose) si le parcours du monarque changeait? Ou bien ce circuit était-il immuable, ou encore était-il connu à l'avance?
- Quel geste précis effectuait le fontainier pour mettre une fontaine en eau?
Merci!
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 26/04/2019 à 08h48
Bonjour,
Nous pourrons difficilement apporter une réponse précise à vos interrogations, mais nous pouvons vous proposer des pistes de recherche.
voici tout d’abord quelques informations que nous trouvons dans l’ouvrage Jeux d'eau à Versailles : promenade des Grandes Eaux :
« Lorque Louis XIV rédige de sa propre main la manière de montrer [les jardins] aux visiteurs de marque, il prescrit un itinéraire immuable et indique ce qu’il faudra admirer ; à chaque endroit, les effets d’eau sont décrits et signalés, comme si les jardins n’existaient qu’en fonction de leurs jeux. »
[…] Etabli dans une plaine, sans véritable relief naturel, loin de toute rivière suffisamment abondante, Versailles était naturellement mal disposé à offrir des jeux dignes de ce nom. […]
Ainsi, peu à peu, le réseau des étangs gravitaires s’imposait comme la meilleure des solutions. Cela n’était toutefois pas parfaitement suffisant. Ainsi naquit un ultime projet, plus pharaonique encore, digne enfin de répondre aux exigences du roi : le fonctionnement permanent des fontaines de Versailles. La Hire, lors des nivellements accomplis pour mener à bien le réseau des étangs supérieurs, avait constaté que la rivière d’Eure, à Pontgouin, non loin de Chartres, s’écoulait vingt-six mètres au-dessus du château. De là à envisager le détournement des eaux de cette rivière, il n’y avait qu’un pas, qui fut aisément franchi, dès 1685, date des premiers travaux. En fait, toute l’opération offrait peu de difficultés ; le canal se serait raccordé à l’étang de la Tour et au réseau des étangs supérieurs ; seul le franchissement de la vallée de l’Eure, à Maintenon, imposait la construction d’un colossal ouvrage d’art : le célèbre aqueduc, dont l’inachèvement, en 1689, lors des débuts de la guerre de la ligue d’Augsbourg, fut à l’origine de l’échec d’un projet qui eût à jamais apporté la solution tant souhaitée.
L’arrêt des travaux du canal de l’Eure sonna le glas des incessants efforts de Louis XIV pour obtenir enfin à Versailles l’eau tant souhaitée. Jusqu’à son dernier jour, le roi dut se contenter d’un fonctionnement économe de ses fontaines. Celles-ci, en dehors de celles des principaux axes, furent condamnées à ne jouer que successivement, au rythme des promenades royales.
A son apogée, sous Louis XIV, le spectacle complet comptait mille quatre cents jets ou effets d’eau. Dès la fin du règne, par économie, le nombre en fut quelque peu diminué, par la disparition ou la simplification de quelques bosquets : la Montagne d’eau, la Salle des festins, devenue l’Obélisque, la galerie d’eau ou des Antiques, devenue simple Salle des marronniers. […]
On ne saurait trouver meilleur guide que Louis XIV lui-même pour découvrir toutes les beautés des Grandes Eaux de Versailles. Le roi, en effet, rédigea de sa main un itinéraire idéal afin de montrer les jardins aux visiteurs de marque, souverains étrangers ou ambassadeurs. […]
Six versions en ont été successivement consignées, en 1689, 1691, 1695, 1702-1704 ; leur chronologie rend bien compte de l’évolution des jardins et de leur décor. »
Le site du Château de Versailles vous donnera en outre des indications sur les dates de réalisation des différents bosquets.
Dans l’article d’Eric Soullard, Les eaux de Versailles sous Louis XIV, nous trouvons aussi une information intéressante :
«Les grandes eaux ou la promenade royale des jardins de Versailles
Le terme de "Grandes Eaux" de Versailles désigne aujourd’hui la promenade dominicale entre les premiers dimanches de mai et d’octobre où, à 15h 30 précises, toutes les fontaines des jardins se mettent à jouer ensemble. Les Grandes Eaux de Versailles sont aujourd’hui une institution touristique internationale classée trois étoiles au guide Michelin et qui appartient à notre civilisation des loisirs, une féerie aquatique dans un cadre royal démocratiquement ouvert à tous. Qu’en était-il sous l’Ancien Régime ? Est-ce que l’eau coulait jour et nuit dans les jardins de Versailles ainsi que Louis XIV l’avait rêvé ou bien les fontaines ne jouaient-elles qu’à certains moments bien précis de la journée du roi ? Le plaisir de voir jouer les fontaines était-il accessible à tous ?
Sous Louis XIV, les fontaines ne jouaient que lorsque le roi était physiquement présent à Versailles. La mise en eau des fontaines ne s’effectuait qu’à trois occasions. Lors de l’arrivée du roi au château, les fontainiers mettaient en eau les fontaines uniquement situées sur le trajet du carrosse royal, ensuite, lors du séjour du roi au palais, on maintient durant la journée le jeu des fontaines des parterres et de quelques bassins visibles depuis le château, enfin lors la promenade royale dans les jardins.
Cette promenade du roi en personne dans les jardins avec la mise eau pour l’occasion de toutes les fontaines avait lieu pour le plaisir personnel du roi "lorsque le Roy est dans le petit parc" ou bien pour honorer un ambassadeur ou un souverain étranger, ou toutes autres "personnes considérables qui seront dans le parc et auxquelles Sa Majesté aura ordonné de faire voir les eaux". Louis XIV avait écrit de sa propre main le trajet de cette promenade dans une Manière de montrer les jardins de Versailles etil avait donné aux fontainiers des ordres d’une précision inouïe concernant la mise en marche et l’arrêt de chaque fontaine : Ordre à observer pour les fontaines de Versailles, dicté par le roi à l’architecte Claude Perrault . La promenade du roi dans ses jardins était la seule occasion pour le public de voir fonctionner l’ensemble des fontaines de Versailles car les ordres du roi aux fontainiers précisaient que "quand Sa Majesté ne sera plus dans le petit parc, on arrestera tout". Pourquoi cet ordre de couper l’eau une fois le roi rentré au château, alors que les capacités hydrauliques du système d’approvisionnement en eau auraient permis sans difficulté d’offrir plus de spectacle aquatique, si ce n’est pour bien montrer que les grandes eaux sont à l’usage exclusif du souverain et de ses suivants ? Pire encore, le courtisan qui veut voir jouer toute les fontaines est obligé d’être proche du roi lors de sa promenade car dès que le roi était hors de vue de la fontaine devant laquelle il venait de passer, on en coupait l’eau pour la remettre à la fontaine suivante.
On s’aperçoit que les Grandes Eaux de Versailles représentaient donc pour Louis XIV à la fois un privilège réservé à sa propre personne en même temps qu’un rituel, un cérémonial de cour parfaitement et hydrauliquement calculé afin de s’assurer de la présence immédiate, à ses côtés dans les jardins, d’un parterre de courtisans. »
Il fournit les références suivantes pour le document cité :
Arch. nat., O1 1854 n° 4, Ordre à observer pour les fontaines de Versailles, acte de la main de Claude Perrault, 18 août 1672 [1674-75] cité dans A. Mousset, Les Francine, créateurs des eaux de Versailles, intendants des eaux et fontaines de France de 1623 à 1784, Paris, 1930.
La BmL ne possède pas l’ouvrage d’Albert Mousset, mais le catalogue Sudoc vous permettra de le localiser dans différentes bibliothèques.
Pour lire dans son intégralité Ordre à observer pour les fontaines de Versailles il sera nécessaire de vous rendre aux Archives nationales, ce document n’ayant, à notre connaissance, pas été numérisé.
Nous espérons que ces indications vous seront utiles.
Bonne journée.
Nous pourrons difficilement apporter une réponse précise à vos interrogations, mais nous pouvons vous proposer des pistes de recherche.
voici tout d’abord quelques informations que nous trouvons dans l’ouvrage Jeux d'eau à Versailles : promenade des Grandes Eaux :
« Lorque Louis XIV rédige de sa propre main la manière de montrer [les jardins] aux visiteurs de marque, il prescrit un itinéraire immuable et indique ce qu’il faudra admirer ; à chaque endroit, les effets d’eau sont décrits et signalés, comme si les jardins n’existaient qu’en fonction de leurs jeux. »
[…] Etabli dans une plaine, sans véritable relief naturel, loin de toute rivière suffisamment abondante, Versailles était naturellement mal disposé à offrir des jeux dignes de ce nom. […]
Ainsi, peu à peu, le réseau des étangs gravitaires s’imposait comme la meilleure des solutions. Cela n’était toutefois pas parfaitement suffisant. Ainsi naquit un ultime projet, plus pharaonique encore, digne enfin de répondre aux exigences du roi : le fonctionnement permanent des fontaines de Versailles. La Hire, lors des nivellements accomplis pour mener à bien le réseau des étangs supérieurs, avait constaté que la rivière d’Eure, à Pontgouin, non loin de Chartres, s’écoulait vingt-six mètres au-dessus du château. De là à envisager le détournement des eaux de cette rivière, il n’y avait qu’un pas, qui fut aisément franchi, dès 1685, date des premiers travaux. En fait, toute l’opération offrait peu de difficultés ; le canal se serait raccordé à l’étang de la Tour et au réseau des étangs supérieurs ; seul le franchissement de la vallée de l’Eure, à Maintenon, imposait la construction d’un colossal ouvrage d’art : le célèbre aqueduc, dont l’inachèvement, en 1689, lors des débuts de la guerre de la ligue d’Augsbourg, fut à l’origine de l’échec d’un projet qui eût à jamais apporté la solution tant souhaitée.
L’arrêt des travaux du canal de l’Eure sonna le glas des incessants efforts de Louis XIV pour obtenir enfin à Versailles l’eau tant souhaitée. Jusqu’à son dernier jour, le roi dut se contenter d’un fonctionnement économe de ses fontaines. Celles-ci, en dehors de celles des principaux axes, furent condamnées à ne jouer que successivement, au rythme des promenades royales.
A son apogée, sous Louis XIV, le spectacle complet comptait mille quatre cents jets ou effets d’eau. Dès la fin du règne, par économie, le nombre en fut quelque peu diminué, par la disparition ou la simplification de quelques bosquets : la Montagne d’eau, la Salle des festins, devenue l’Obélisque, la galerie d’eau ou des Antiques, devenue simple Salle des marronniers. […]
On ne saurait trouver meilleur guide que Louis XIV lui-même pour découvrir toutes les beautés des Grandes Eaux de Versailles. Le roi, en effet, rédigea de sa main un itinéraire idéal afin de montrer les jardins aux visiteurs de marque, souverains étrangers ou ambassadeurs. […]
Six versions en ont été successivement consignées, en 1689, 1691, 1695, 1702-1704 ; leur chronologie rend bien compte de l’évolution des jardins et de leur décor. »
Le site du Château de Versailles vous donnera en outre des indications sur les dates de réalisation des différents bosquets.
Dans l’article d’Eric Soullard, Les eaux de Versailles sous Louis XIV, nous trouvons aussi une information intéressante :
«
Le terme de "Grandes Eaux" de Versailles désigne aujourd’hui la promenade dominicale entre les premiers dimanches de mai et d’octobre où, à 15h 30 précises, toutes les fontaines des jardins se mettent à jouer ensemble. Les Grandes Eaux de Versailles sont aujourd’hui une institution touristique internationale classée trois étoiles au guide Michelin et qui appartient à notre civilisation des loisirs, une féerie aquatique dans un cadre royal démocratiquement ouvert à tous. Qu’en était-il sous l’Ancien Régime ? Est-ce que l’eau coulait jour et nuit dans les jardins de Versailles ainsi que Louis XIV l’avait rêvé ou bien les fontaines ne jouaient-elles qu’à certains moments bien précis de la journée du roi ? Le plaisir de voir jouer les fontaines était-il accessible à tous ?
Sous Louis XIV, les fontaines ne jouaient que lorsque le roi était physiquement présent à Versailles. La mise en eau des fontaines ne s’effectuait qu’à trois occasions. Lors de l’arrivée du roi au château, les fontainiers mettaient en eau les fontaines uniquement situées sur le trajet du carrosse royal, ensuite, lors du séjour du roi au palais, on maintient durant la journée le jeu des fontaines des parterres et de quelques bassins visibles depuis le château, enfin lors la promenade royale dans les jardins.
Cette promenade du roi en personne dans les jardins avec la mise eau pour l’occasion de toutes les fontaines avait lieu pour le plaisir personnel du roi "lorsque le Roy est dans le petit parc" ou bien pour honorer un ambassadeur ou un souverain étranger, ou toutes autres "personnes considérables qui seront dans le parc et auxquelles Sa Majesté aura ordonné de faire voir les eaux". Louis XIV avait écrit de sa propre main le trajet de cette promenade dans une Manière de montrer les jardins de Versailles et
On s’aperçoit que les Grandes Eaux de Versailles représentaient donc pour Louis XIV à la fois un privilège réservé à sa propre personne en même temps qu’un rituel, un cérémonial de cour parfaitement et hydrauliquement calculé afin de s’assurer de la présence immédiate, à ses côtés dans les jardins, d’un parterre de courtisans. »
Il fournit les références suivantes pour le document cité :
Arch. nat., O1 1854 n° 4, Ordre à observer pour les fontaines de Versailles, acte de la main de Claude Perrault, 18 août 1672 [1674-75] cité dans A. Mousset, Les Francine, créateurs des eaux de Versailles, intendants des eaux et fontaines de France de 1623 à 1784, Paris, 1930.
La BmL ne possède pas l’ouvrage d’Albert Mousset, mais le catalogue Sudoc vous permettra de le localiser dans différentes bibliothèques.
Pour lire dans son intégralité Ordre à observer pour les fontaines de Versailles il sera nécessaire de vous rendre aux Archives nationales, ce document n’ayant, à notre connaissance, pas été numérisé.
Nous espérons que ces indications vous seront utiles.
Bonne journée.
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