Question d'origine :
S.V.P.
J'ai appris , comme beaucoup, à la suite du grand incendie de la toiture de la cathédrale Notre Dame de Paris, qu'il aurait fallu 107 ans pour l'édification de cet ouvrage !! même si j'ai entendu évoquées d'autres dates par ailleurs !!!
En supposant que ce chiffre de cent sept ans soit exact...Existe t il une relation entre cette durée de construction et l'expression , "107 ans"utilisée dans le langage courant ?
De la même manière, on parle de l'an 40 , en général pour dire que l'on s'en moque.....Pourriez vous m'indiquer aussi quelques autres expressions faisant, de telle manière, appel au temps dans la durée, s'il en est ? merci.
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 26/04/2019 à 09h32
Bonjour,
Il n’est pas toujours aisé d’établir avec certitude l’origine d’une expression.
Voici ce que propose Le pourquoi et le comment des expressions françaises de Delphine Gaston-Sloan pour l’expression « Attendre cent sept ans », c’est à dire attendre très longtemps :
On dit que l’expression vient de la durée de la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Si l’on se penche de plus près sur l’histoire de l’édifice, on se met à douter de la fiabilité de l’explication. En 2013, nous avons fêté les huit cent cinquante ans du départ du chantier. La première pierre est posée devant l’œil attentif du Pape Alexandre III en 1163. La date de la pose de la dernière pierre, en revanche fait débat. On dit 1330, mais cette date est encore discutée par les historiens. Une chose est sûre, cela a pris plus de cent sept ans en tout.
Une autre interprétation vient consoler les déçus de la précédente. Ce nombre serait la somme de l’addition de deux de nos guerres célèbres et chiffrées : la guerre de Cent Ans (1337-1453) et la guerre de Sept Ans (1756-1763). Si vous êtes bon en calcul mental, vous aurez constaté que la première n’a pas duré cent ans mais cent seize. Faut-il alors changer l’expression pour « attendre cent vingt-trois ans » ?
Les expression de la durée sont très nombreuses et font l’objet d’un chapitre d’une trentaine de pages dans Le bouquet des expressions imagées de Claude Duneton. Elles sont regroupées en différentes thématiques selon leur sens : Moments / Fréquent / Habituel / Changement / Vitesse / Durable / Définitif / Lenteur
On trouve par exemple : Long comme un jour sans pain - Toute la sainte journée - La semaine des quatre jeudis
Pour la notion de lenteur, à partir de la fin du XVIIe siècle, on trouve l’expression : « C’est l’œuvre de Notre-Dame qui ne finit jamais »
Pour l’expression « s’en foutre comme de l’an quarante » apparue au début de la Révolution de 1789 (ce qui, de fait, élimine la rencontre historique du chancelier Hitler et du maréchal Pétain !) plusieurs explications sont avancées par Claude Duneton dans La puce à l’oreille, dont une assez savoureuse autour d’un livre d’anticipation paru en 1771 et constamment réédité jusqu’à la Révolution : L'an deux mille quatre cent quarante. Rêve s'il en fût jamais de Louis-Sébastien Mercier.
L’incendie qui a ravagé pour partie Notre-Dame a suscité une telle émotion qu’il n’est point étonnant de retrouver la durée de construction de l'édifice comme séduisante explication de l’origine de l’expression Attendre 107 ans.
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