produits bio en hypermarchés
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 19/04/2019 à 18h26
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Question d'origine :
Bonjour,
on m'a affirmé plusieurs fois que les produits bio vendus en hypermarchés étaient "moins bio" que ceux proposés en magasins spécialisés, car les hyper auraient droit à introduire 10 pour cent de non bio. Est-ce que cela correspond à une réalité, et alors quelle est l'utilité des logos AB et bio européen ?
Merci
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 23/04/2019 à 10h56
Bonjour,
Commençons par vous rassurer sur le point qui vous inquiète : un produit certifié bio, qu’il se retrouve dans les rayons d’un hypermarché ou d’un magasin spécialisé, est dans tous les cas conforme à la réglementation :
«Fraudes dans le bio ?
Parfois 30% moins cher déjà, ce bio est-il vraiment bio ? "Dès qu’un produit porte le label, c’est qu’il est passé par le même processus de certification, quel que soit son prix de vente ", assure Thierry Stoedzel, directeur général de l’organisme Ecocert. Les agriculteurs reçoivent ses inspecteurs au moins une fois par an, les industriels deux fois : factures, méthodes, stocks…, tout est vérifié. S’ajoutent des contrôles de la DGCCRF, l’organisme chargé de la répression des fraudes. "Mais leurs agents passent moins qu’avant", croit remarquer un fabricant, inquiet de voir un jour les fraudes se multiplier avec l’explosion du marché.
"Si on casse les prix, ça pourrait arriver, craint un distributeur. Le jour où une enseigne pèsera 20% du chiffre d’affaires d’une coopérative et exigera des baisses de tarifs…" Aujourd’hui, la filière semble globalement maîtrisée : selon une enquête récente menée par 60 Millions de consommateurs sur du riz, du miel, etc., 7 produits sur 74 testés ont posé problème. "Les plus chers n’étaient pas forcément les plus propres, ou inversement", précise la chef de rubrique Patricia Chairopoulos. »
Source : Bio : que valent les produits des marques distributeurs ?
Par ailleurs, les produits bio en vrac sont soumis à des contrôles spécifiques, y compris dans la grande distribution (pour les produits préemballés, les contrôles sont effectués en amont) :
« Depuis 2006, les distributeurs de produits bio en vrac, c’est-à-dire non emballés, sont soumis à un contrôle spécifique, quelle que soit la taille du magasin ou son orientation : gamme bio marginale ou engagement 100 % écolo.
Environ 2 000 magasins spécialisés vendent aujourd’hui en France des produits bio, diététiques ou naturels. Ces magasins dits “bio” peuvent vendre aussi des produits non certifiés, sauf charte interne express, comme celle du réseau Biocoop (lire en encadré). Dans tous les points de vente, en réseau ou indépendants, la distribution en vrac de céréales en colonnes de tirage, de fruits et légumes en libre-service, d’œufs vendus en plateaux, de fromage à la coupe… est passée au peigne fin quand le montant de ces denrées dépasse 10 000 euros d’achat par an. En dessous de ce seuil, le magasin est dispensé de contrôle, mais doit être néanmoins notifié, c’est-à-dire se déclarer auprès de l’Agence Bio. Dans la réalité, la grande majorité des magasins qui vendent en vrac doivent être contrôlés, car ce chiffre d’affaires est très vite atteint. Seules les boutiques n’offrant que du bio emballé ne sont pas soumises aux contraintes de contrôles et de notification.
En Grandes et moyennes surfaces (GMS), c’est différent. Le tout emballé prédomine, n’étant pas soumis aux contrôles. Pourtant, certaines enseignes proposent aussi du vrac. C’est le cas de Carrefour qui lance un rayon vrac et issu du commerce équitable, de marque Alter Eco, café, thé, sucre roux aux côtés de différentes sortes de riz, du quinoa, des noix de cajou, du müesli, des lentilles… Or, dans cet univers d’alimentation conventionnelle, la cohabitation n’est pas aisée à organiser. “Dans les années 1990, quand la bio a fait son entrée en supermarché, les fruits et légumes ont été mis en filet par souci de logistique et pour éviter tout risque de mélange, se remémore Gilles Billon, chargé d’affaires Agriculture biologique à Qualité France (Bureau Veritas). Aujourd’hui, les volumes sont plus importants et du coup, le vrac semble plus cohérent avec la bio, d’autant plus que les emballages suscitent de vives critiques”. Pour le pain bio, il est soit confectionné sur place, soit livré précuit et passé dans des terminaux de cuisson. En cas de réemballage, le magasin est contrôlé au titre de distributeur. S’il fabrique le produit lui-même, il est alors considéré comme un préparateur, un transformateur, avec les contrôles stricts adéquats.
Une procédure stricte
Le contrôle porte sur l’origine bio de ce qui est acheté, la mise en rayon (l’affichage bio ne doit concerner que la denrée bio, pas tout le rayon), la gestion du risque de mélange – les produits bio sont-ils suffisamment séparés du conventionnel ? Ainsi, l’attention se porte sur la séparation physique établie entre produits bio et non bio à toutes les étapes, du stockage à la fabrication avec, par exemple, en boulangerie-pâtisserie, des pétrins ou cuvettes spécifiques ou des procédures différentes de nettoyage des fours. “Certains produits sont identifiables visuellement, il n’y a pas de confusion possible, souligne Audrey Claisse, chargée de la communication pour Carrefour. Par exemple, la boule bio possède quatre incisions en carré et la galette des rois bio une pastille avec le logo AB.” Il reste à avoir l’œil aiguisé pour repérer le bio du reste ! »
Source : Contrôle dans les supermarchés et magasins bio : tous à la même enseigne, echobio.fr
Néanmoins, la grande distribution ne respecte pas toujours les principes écologiques et philosophiques qui sont au cœur de la démarche bio :
« L’une des critiques adressées aux grandes enseignes porte singulièrement sur le fait qu’elles se fournissent massivement à l’étranger auprès d’industriels peu scrupuleux, peu écolos, qui épuisent les sols avec des monocultures et affichent un bilan carbone déplorable en faisant voyager les produits. Les pratiques de Bionest, leader européen de la production de fraises bio, illustrent cette tendance : produites en hiver, les fraises sont cultivées dans les mêmes conditions que celles des parcelles conventionnelles – à l’exclusion des intrants certifiés bio – avant d’être exportées dans toute l’Europe par camions et par avions. Or, d’après WWF, un fruit importé hors saison par avion est 10 à 20 fois plus consommateur de pétrole que le même fruit acheté localement et en saison. Enfin, pour pouvoir pratiquer des prix concurrentiels, Bionest embauche de la main-d’œuvre bon marché.
« Le risque de dévaluation des produits bio est présent »
« Le cahier des charges du bio ne s’étend pas assez sur des notions sociales, martèle Laurent Pinatel. Il est plus facile d’exploiter des travailleurs en Espagne qu’en France. Le bio nécessitant plus de main-d’œuvre, les industriels créent ainsi des distorsions de concurrence dangereuses, qui détournent le sens de ce modèle. »
« Le risque de dévaluation des produits bio est présent », appuie Étienne Gangneron, président de la commission agriculture biologique de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). « La politique du “prix le plus bas” menée par les grandes enseignes pourrait bien mettre à mal l’ensemble de la filière. » Aujourd’hui, détaille-t-il, « le système de construction des prix se fait à l’envers : le distributeur fait ses marges et impose ses prix au transformateur, qui les reporte sur le producteur ».
L’exemple des œufs bio est éloquent en la matière. « 80 % sont vendus en grande surface, moins cher que les Label rouge, alors qu’ils sont plus onéreux à produire. Tout cela parce que les industriels exigent du volume », reprend Florent Guhl. Un cas à part. Aujourd’hui, pour la plupart des produits bio, les prix sont soutenus et les producteurs en vivent à peu près bien. C’est même une des raisons qui les poussent à s’y convertir. « Dans la filière lait, les crises répétées en ont amené un certain nombre à passer en bio, lequel leur garantit d’être payé 450 euros les 1 000 litres, contre moins de 300 euros en conventionnel », illustre Étienne Gangneron.
« Le bio, ce n’est pas que de la consommation. Il s’agit surtout d’une philosophie »
Reste que « si l’on ne rassure pas les industriels sur l’approvisionnement, ils ne nous regardent pas », témoigne Nicolas Méliet, gérant de l’entreprise BioGascogne, dans le Gers, laquelle exploite 2 000 hectares de terres en bio et « sans gluten », dont une partie en fermage. « En affichant une capacité de production sur 2 000 hectares, nous accédons à des marchés pour nos céréales que l’on n’aurait jamais espéré atteindre à moins », assure-t-il.
Un positionnement qui ne passe pas toujours auprès des petits producteurs. « Faire beaucoup d’hectares pour bien vendre, ce n’est pas possible. Même avec des engrais organiques, utiliser les mêmes méthodes qu’en agriculture conventionnelle, ce n’est pas faire du bio. Le bio, c’est une façon de produire. C’est de l’agronomie. C’est accepter de perdre pour gagner. C’est du bon sens paysan », vitupère Sylvie Colas, porte-parole de la Confédération paysanne dans le Gers, laquelle craint que ce type d’exploitations ne « déstabilise le marché ». « Même les coopératives bio ont fusionné avec les conventionnels et vont dans la logique de nous proposer des intrants bio. En clair, de nous pousser à faire du chiffre en nous vendant des produits, au lieu de nous aider à vendre nos productions. » Des cas encore marginaux, selon Laurent Pinatel, mais qui « doivent nous interroger ».
D’autant que, dans le même temps, des tentatives d’assouplissement de la réglementation européenne pour tirer le bio vers le modèle productiviste sont observées. « Des industriels aimeraient pouvoir appliquer en bio les mêmes techniques qu’en conventionnel. Des pays du Nord, comme les Pays-Bas, qui ont une problématique de sols gelés ou impropres à la production, aimeraient ainsi produire en hors-sol, ou diminuer les pâturages », énumère Mathieu Dalmais, animateur du pôle « politiques agricoles et prospectives » à la Confédération paysanne. « D’autres cherchent à rabaisser les critères d’accessibilité au bio, arguant que ceux actuels sont trop excluants. Des chercheurs de l’Inra militent même pour rendre possibles quelques traitements chimiques », renchérit Laurent Pinatel.
« Le bio, ce n’est pas que de la consommation. Il s’agit surtout d’une philosophie, d’un engagement qui invite à consommer une agriculture différente. D’ailleurs, pour 76 % des Français, consommer bio est une façon de s’impliquer », argumente Gilles Piquet-Pellorce, directeur général de Biocoop. Forte de ses 431 magasins, la coopérative de supermarchés de produits biologiques montre qu’il est possible d’être grand tout en restant « exigeant sur la manière dont les produits sont cultivés, sur leur provenance, etc. Le distributeur joue un grand rôle dans la chaîne car il s’implique dans les filières de production et contribue à façonner le modèle agricole », ajoute Claude Gruffat, le président. Comme beaucoup, Biocoop pointe le risque d’une filière bio à deux vitesses. Avec, d’un côté, des circuits courts de produits locaux et de saison qui rémunèrent justement les producteurs. De l’autre, une gamme impressionnante de denrées bio importées, produites à bas coût aux quatre coins du monde par des travailleurs pauvres, et dont les prix fluctuent au rythme des cours mondiaux. »
Source : Grande distribution. Le business du bio en plein boom, humanite.fr
«Des produits toujours perçus comme trop chers et pas assez transparents
Pas de surprise non plus du côté des freins à la consommation de bio : le prix s’avère problématique pour 84 % des jeunes consommateurs, même si 43 % estiment normal de payer plus cher un produit bio.
Un point d’autant plus sensible pour la filière qu’ont lieu actuellement et jusqu’à fin février 2019 les négociations commerciales annuelles entre la grande distribution – qui concentre 81 % des achats bio en France – d’une part et les producteurs et transformateurs en bio d’autre part. Selon le Synabio, syndicat regroupant des transformateurs et réseaux de distributions bio, 28 % des entreprises alimentaires bio se voient aujourd’hui réclamer des baisses de tarifs par la grande distribution avant toute négociation. « Le bio est désormais au cœur de la stratégie des grandes enseignes, et fait son entrée dans la fameuse "guerre des prix" qu’elles se livrent », analyse le syndicat qui craint que les distributeurs se tournent vers des offres moins chères extérieures à la France. « Tirer les prix vers le bas n’est pas la solution : on a vu ce que cela a donné en conventionnel, mettant à genoux les producteurs français », s’alarme Didier Perréol, vice-président de l’Agence bio et administrateur de Synabio. À défaut d’une baisse des prix de vente, ce dernier prône plus de clarté pour le consommateur sur les marges, citant en exemple la marque C’est qui le patron qui joue la transparence dans la formation de ses prix et vient de sortir récemment un beurre, première référence bio de la gamme.
Un effort de transparence indispensable alors que ce nouveau baromètre révèle également une confiance mitigée des consommateurs de tout âge vis-à-vis des produits bio. Les principaux reproches faits à la filière sont un manque de clarté sur la réglementation bio, la certification et les contrôles des produits et, enfin et surtout, au sujet de l’origine des produits bio. Si les aliments made in France ne font généralement pas secret de leur origine, les consommateurs en ont assez du manque de traçabilité des produits transformés non français. Une opacité qui les condamne à buter le plus souvent sur un énigmatique sigle UE ou Hors-UE pour toute information sur l’origine du produit. »
Source : Alimentation bio : Les jeunes consommateurs rebattent les cartes, quechoisir.org
Récemment, la réglementation européenne s’est durcie sur les contrôles et les importations :
« Alors que la Commission souhaitait assouplir les contrôles sur les produits bio, les eurodéputés ont obtenu que des contrôles physiques sur place, de la conformité aux normes européennes soient réalisés au moins une fois par an auprès de tous les opérateurs (agriculteurs, éleveurs, transformateurs, distributeurs et importateurs) ou une fois tous les deux ans si aucune fraude n’est rapportée pendant une période de trois ans. Pour les importations, les règles deviennent plus strictes. Alors que, jusque-là, l'UE établissait des règles d'équivalence avec les pays tiers (64 équivalences reconnues à ce jour), à partir de 2025, ces pays devront respecter le règlement bio européen pour pouvoir vendre leurs produits sur le marché de l’UE. "Les règles d'équivalence seront supprimées progressivement dans un délai de cinq ans ; afin d'éviter une perturbation soudaine de l'approvisionnement, la Commission pourrait, pendant une période renouvelable de deux ans, autoriser les importations de produits spécifiques, même s'ils ne respectent pas pleinement les normes européennes », explique, Martin Häusling, le rapporteur Vert Allemand du Parlement européen. Selon lui, « cela mettrait fin au dumping lié aux importations en provenance des pays de l'Est notamment ». »
Source : La grande distribution craint que le renforcement des contrôles ne pèse sur la consommation, agraalimentation.fr
Pour aller plus loin :
- Quel rôle de la grande distribution dans le développement du bio ? actu-environnement.com
- Une même réglementation pour l'Union européenne, agencebio.org
- Règlementation de l'agriculture biologique, ecocert.fr
Bonne journée.
Commençons par vous rassurer sur le point qui vous inquiète : un produit certifié bio, qu’il se retrouve dans les rayons d’un hypermarché ou d’un magasin spécialisé, est dans tous les cas conforme à la réglementation :
«
Parfois 30% moins cher déjà, ce bio est-il vraiment bio ? "
"Si on casse les prix, ça pourrait arriver, craint un distributeur. Le jour où une enseigne pèsera 20% du chiffre d’affaires d’une coopérative et exigera des baisses de tarifs…" Aujourd’hui, la filière semble globalement maîtrisée : selon une enquête récente menée par 60 Millions de consommateurs sur du riz, du miel, etc., 7 produits sur 74 testés ont posé problème. "Les plus chers n’étaient pas forcément les plus propres, ou inversement", précise la chef de rubrique Patricia Chairopoulos. »
Source : Bio : que valent les produits des marques distributeurs ?
Par ailleurs, les produits bio en vrac sont soumis à des contrôles spécifiques, y compris dans la grande distribution (pour les produits préemballés, les contrôles sont effectués en amont) :
« Depuis 2006, les distributeurs de produits bio en vrac, c’est-à-dire non emballés, sont soumis à un contrôle spécifique, quelle que soit la taille du magasin ou son orientation : gamme bio marginale ou engagement 100 % écolo.
Environ 2 000 magasins spécialisés vendent aujourd’hui en France des produits bio, diététiques ou naturels. Ces magasins dits “bio” peuvent vendre aussi des produits non certifiés, sauf charte interne express, comme celle du réseau Biocoop (lire en encadré). Dans tous les points de vente, en réseau ou indépendants, la distribution en vrac de céréales en colonnes de tirage, de fruits et légumes en libre-service, d’œufs vendus en plateaux, de fromage à la coupe… est passée au peigne fin quand le montant de ces denrées dépasse 10 000 euros d’achat par an. En dessous de ce seuil, le magasin est dispensé de contrôle, mais doit être néanmoins notifié, c’est-à-dire se déclarer auprès de l’Agence Bio. Dans la réalité, la grande majorité des magasins qui vendent en vrac doivent être contrôlés, car ce chiffre d’affaires est très vite atteint. Seules les boutiques n’offrant que du bio emballé ne sont pas soumises aux contraintes de contrôles et de notification.
En Grandes et moyennes surfaces (GMS), c’est différent. Le tout emballé prédomine, n’étant pas soumis aux contrôles. Pourtant, certaines enseignes proposent aussi du vrac. C’est le cas de Carrefour qui lance un rayon vrac et issu du commerce équitable, de marque Alter Eco, café, thé, sucre roux aux côtés de différentes sortes de riz, du quinoa, des noix de cajou, du müesli, des lentilles… Or, dans cet univers d’alimentation conventionnelle, la cohabitation n’est pas aisée à organiser. “Dans les années 1990, quand la bio a fait son entrée en supermarché, les fruits et légumes ont été mis en filet par souci de logistique et pour éviter tout risque de mélange, se remémore Gilles Billon, chargé d’affaires Agriculture biologique à Qualité France (Bureau Veritas). Aujourd’hui, les volumes sont plus importants et du coup, le vrac semble plus cohérent avec la bio, d’autant plus que les emballages suscitent de vives critiques”. Pour le pain bio, il est soit confectionné sur place, soit livré précuit et passé dans des terminaux de cuisson. En cas de réemballage, le magasin est contrôlé au titre de distributeur. S’il fabrique le produit lui-même, il est alors considéré comme un préparateur, un transformateur, avec les contrôles stricts adéquats.
Le contrôle porte sur l’origine bio de ce qui est acheté, la mise en rayon (l’affichage bio ne doit concerner que la denrée bio, pas tout le rayon), la gestion du risque de mélange – les produits bio sont-ils suffisamment séparés du conventionnel ? Ainsi, l’attention se porte sur la séparation physique établie entre produits bio et non bio à toutes les étapes, du stockage à la fabrication avec, par exemple, en boulangerie-pâtisserie, des pétrins ou cuvettes spécifiques ou des procédures différentes de nettoyage des fours. “Certains produits sont identifiables visuellement, il n’y a pas de confusion possible, souligne Audrey Claisse, chargée de la communication pour Carrefour. Par exemple, la boule bio possède quatre incisions en carré et la galette des rois bio une pastille avec le logo AB.” Il reste à avoir l’œil aiguisé pour repérer le bio du reste ! »
Source : Contrôle dans les supermarchés et magasins bio : tous à la même enseigne, echobio.fr
Néanmoins, la grande distribution ne respecte pas toujours les principes écologiques et philosophiques qui sont au cœur de la démarche bio :
« L’une des critiques adressées aux grandes enseignes porte singulièrement sur le fait qu’elles se fournissent massivement à l’étranger auprès d’industriels peu scrupuleux, peu écolos, qui épuisent les sols avec des monocultures et affichent un bilan carbone déplorable en faisant voyager les produits. Les pratiques de Bionest, leader européen de la production de fraises bio, illustrent cette tendance : produites en hiver, les fraises sont cultivées dans les mêmes conditions que celles des parcelles conventionnelles – à l’exclusion des intrants certifiés bio – avant d’être exportées dans toute l’Europe par camions et par avions. Or, d’après WWF, un fruit importé hors saison par avion est 10 à 20 fois plus consommateur de pétrole que le même fruit acheté localement et en saison. Enfin, pour pouvoir pratiquer des prix concurrentiels, Bionest embauche de la main-d’œuvre bon marché.
« Le cahier des charges du bio ne s’étend pas assez sur des notions sociales, martèle Laurent Pinatel. Il est plus facile d’exploiter des travailleurs en Espagne qu’en France. Le bio nécessitant plus de main-d’œuvre, les industriels créent ainsi des distorsions de concurrence dangereuses, qui détournent le sens de ce modèle. »
« Le risque de dévaluation des produits bio est présent », appuie Étienne Gangneron, président de la commission agriculture biologique de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA). « La politique du “prix le plus bas” menée par les grandes enseignes pourrait bien mettre à mal l’ensemble de la filière. » Aujourd’hui, détaille-t-il, « le système de construction des prix se fait à l’envers : le distributeur fait ses marges et impose ses prix au transformateur, qui les reporte sur le producteur ».
L’exemple des œufs bio est éloquent en la matière. « 80 % sont vendus en grande surface, moins cher que les Label rouge, alors qu’ils sont plus onéreux à produire. Tout cela parce que les industriels exigent du volume », reprend Florent Guhl. Un cas à part. Aujourd’hui, pour la plupart des produits bio, les prix sont soutenus et les producteurs en vivent à peu près bien. C’est même une des raisons qui les poussent à s’y convertir. « Dans la filière lait, les crises répétées en ont amené un certain nombre à passer en bio, lequel leur garantit d’être payé 450 euros les 1 000 litres, contre moins de 300 euros en conventionnel », illustre Étienne Gangneron.
Reste que « si l’on ne rassure pas les industriels sur l’approvisionnement, ils ne nous regardent pas », témoigne Nicolas Méliet, gérant de l’entreprise BioGascogne, dans le Gers, laquelle exploite 2 000 hectares de terres en bio et « sans gluten », dont une partie en fermage. « En affichant une capacité de production sur 2 000 hectares, nous accédons à des marchés pour nos céréales que l’on n’aurait jamais espéré atteindre à moins », assure-t-il.
Un positionnement qui ne passe pas toujours auprès des petits producteurs. « Faire beaucoup d’hectares pour bien vendre, ce n’est pas possible. Même avec des engrais organiques, utiliser les mêmes méthodes qu’en agriculture conventionnelle, ce n’est pas faire du bio. Le bio, c’est une façon de produire. C’est de l’agronomie. C’est accepter de perdre pour gagner. C’est du bon sens paysan », vitupère Sylvie Colas, porte-parole de la Confédération paysanne dans le Gers, laquelle craint que ce type d’exploitations ne « déstabilise le marché ». « Même les coopératives bio ont fusionné avec les conventionnels et vont dans la logique de nous proposer des intrants bio. En clair, de nous pousser à faire du chiffre en nous vendant des produits, au lieu de nous aider à vendre nos productions. » Des cas encore marginaux, selon Laurent Pinatel, mais qui « doivent nous interroger ».
D’autant que, dans le même temps, des tentatives d’assouplissement de la réglementation européenne pour tirer le bio vers le modèle productiviste sont observées. « Des industriels aimeraient pouvoir appliquer en bio les mêmes techniques qu’en conventionnel. Des pays du Nord, comme les Pays-Bas, qui ont une problématique de sols gelés ou impropres à la production, aimeraient ainsi produire en hors-sol, ou diminuer les pâturages », énumère Mathieu Dalmais, animateur du pôle « politiques agricoles et prospectives » à la Confédération paysanne. « D’autres cherchent à rabaisser les critères d’accessibilité au bio, arguant que ceux actuels sont trop excluants. Des chercheurs de l’Inra militent même pour rendre possibles quelques traitements chimiques », renchérit Laurent Pinatel.
« Le bio, ce n’est pas que de la consommation. Il s’agit surtout d’une philosophie, d’un engagement qui invite à consommer une agriculture différente. D’ailleurs, pour 76 % des Français, consommer bio est une façon de s’impliquer », argumente Gilles Piquet-Pellorce, directeur général de Biocoop. Forte de ses 431 magasins, la coopérative de supermarchés de produits biologiques montre qu’il est possible d’être grand tout en restant « exigeant sur la manière dont les produits sont cultivés, sur leur provenance, etc. Le distributeur joue un grand rôle dans la chaîne car il s’implique dans les filières de production et contribue à façonner le modèle agricole », ajoute Claude Gruffat, le président. Comme beaucoup, Biocoop pointe le risque d’une filière bio à deux vitesses. Avec, d’un côté, des circuits courts de produits locaux et de saison qui rémunèrent justement les producteurs. De l’autre, une gamme impressionnante de denrées bio importées, produites à bas coût aux quatre coins du monde par des travailleurs pauvres, et dont les prix fluctuent au rythme des cours mondiaux. »
Source : Grande distribution. Le business du bio en plein boom, humanite.fr
«
Pas de surprise non plus du côté des freins à la consommation de bio : le prix s’avère problématique pour 84 % des jeunes consommateurs, même si 43 % estiment normal de payer plus cher un produit bio.
Un point d’autant plus sensible pour la filière qu’ont lieu actuellement et jusqu’à fin février 2019 les négociations commerciales annuelles entre la grande distribution – qui concentre 81 % des achats bio en France – d’une part et les producteurs et transformateurs en bio d’autre part. Selon le Synabio, syndicat regroupant des transformateurs et réseaux de distributions bio, 28 % des entreprises alimentaires bio se voient aujourd’hui réclamer des baisses de tarifs par la grande distribution avant toute négociation. « Le bio est désormais au cœur de la stratégie des grandes enseignes, et fait son entrée dans la fameuse "guerre des prix" qu’elles se livrent », analyse le syndicat qui craint que les distributeurs se tournent vers des offres moins chères extérieures à la France. « Tirer les prix vers le bas n’est pas la solution : on a vu ce que cela a donné en conventionnel, mettant à genoux les producteurs français », s’alarme Didier Perréol, vice-président de l’Agence bio et administrateur de Synabio. À défaut d’une baisse des prix de vente, ce dernier prône plus de clarté pour le consommateur sur les marges, citant en exemple la marque C’est qui le patron qui joue la transparence dans la formation de ses prix et vient de sortir récemment un beurre, première référence bio de la gamme.
Un effort de transparence indispensable alors que ce nouveau baromètre révèle également une confiance mitigée des consommateurs de tout âge vis-à-vis des produits bio. Les principaux reproches faits à la filière sont un manque de clarté sur la réglementation bio, la certification et les contrôles des produits et, enfin et surtout, au sujet de l’origine des produits bio. Si les aliments made in France ne font généralement pas secret de leur origine, les consommateurs en ont assez du manque de traçabilité des produits transformés non français. Une opacité qui les condamne à buter le plus souvent sur un énigmatique sigle UE ou Hors-UE pour toute information sur l’origine du produit. »
Source : Alimentation bio : Les jeunes consommateurs rebattent les cartes, quechoisir.org
Récemment, la réglementation européenne s’est durcie sur les contrôles et les importations :
« Alors que la Commission souhaitait assouplir les contrôles sur les produits bio, les eurodéputés ont obtenu que des contrôles physiques sur place, de la conformité aux normes européennes soient réalisés au moins une fois par an auprès de tous les opérateurs (agriculteurs, éleveurs, transformateurs, distributeurs et importateurs) ou une fois tous les deux ans si aucune fraude n’est rapportée pendant une période de trois ans. Pour les importations, les règles deviennent plus strictes. Alors que, jusque-là, l'UE établissait des règles d'équivalence avec les pays tiers (64 équivalences reconnues à ce jour), à partir de 2025, ces pays devront respecter le règlement bio européen pour pouvoir vendre leurs produits sur le marché de l’UE. "Les règles d'équivalence seront supprimées progressivement dans un délai de cinq ans ; afin d'éviter une perturbation soudaine de l'approvisionnement, la Commission pourrait, pendant une période renouvelable de deux ans, autoriser les importations de produits spécifiques, même s'ils ne respectent pas pleinement les normes européennes », explique, Martin Häusling, le rapporteur Vert Allemand du Parlement européen. Selon lui, « cela mettrait fin au dumping lié aux importations en provenance des pays de l'Est notamment ». »
Source : La grande distribution craint que le renforcement des contrôles ne pèse sur la consommation, agraalimentation.fr
- Quel rôle de la grande distribution dans le développement du bio ? actu-environnement.com
- Une même réglementation pour l'Union européenne, agencebio.org
- Règlementation de l'agriculture biologique, ecocert.fr
Bonne journée.
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