Question d'origine :
Bonjour,
Malgré ses moyens colossaux l’ONU et après près de 75 ans ne parvient pas à maintenir la paix au monde et le pire être dominée par les Etats- unis!!!
Pourquoi le monde continue son adhésion et sa contribution au profit d’un organisme n’est pas capable de stopper par la force la guerre de Syrie par exemple depuis 2011, avec ses plus de 5 millions de réfugiés et plus de 200 mille victimes et un nombre incalculable de blesses et choques et des conséquences subitent de force par les pays voisins ?
Merci bien.
Réponse du Guichet
bml_soc
- Département : Société
Le 17/04/2019 à 14h01
Bonjour,
Vous vous interrogez sur l’efficacité de l’ONU dans le maintien de la paix au regard du budget alloué à cette mission, depuis la création de cette organisation. Votre questionnement n’est pas isolé et un grand nombre de pourfendeurs de l’ONU se sont exprimés à ce sujet, sur les problèmes d’ordre conjoncturels ou structurels (notamment ses dérives bureaucratiques), relevant nombre de défaillances (en particulier face au génocide des Tutsis au Rwanda, l’impuissance de casques bleus sur certains conflits) voire même de scandales (l’Opération Pétrole contre nourriture, la corruption de cadres de l’ONU) qui ont entaché, voire discrédité l’institution.
Nous vous conseillons à ce sujet la lecture du dernier chapitre « Une si commode éclipse » de l’ouvrage Qui veut la mort de l’ONU d’AC Robert et R. Sciora. Cette organisation compte tout autant de défenseurs, comme les auteurs précédemment cités, qui, sans nier ses dysfonctionnements, cherchent à lever le voile sur la chaine de responsabilité de cette instance intergouvernementale. En effet, elle repose sur des états membres à qui il convient donc aussi de demander des comptes. Une partie de la complexité du système résulte notamment d’une accumulation historique de comités intergouvernementaux que les états eux même n’ont jamais voulu rationaliser.
Idées reçues, réalités concrètes, complexité du système et analyses contradictoires des problèmes se télescopent donc rendant difficile un état des lieux objectif de la situation. Maurice Bertrand et Antonio Donini, tous deux auteurs du très bon petit livre de synthèse L’ONU, pointent le « climat d’irréalisme dans lequel vit l’organisation. On y parle avec assurances d’objectifs grandioses mais inaccessibles, et l’on se préoccupe peu qu’ils ne soient jamais atteints. ». Langue de bois, grands principes édictés que de nombreux état ne comptent même pas respecter, résolutions ambitieuses, trop floues et pas réalisables …
Quelles sont les raisons de cet irréalisme ? Ils relèvent plusieurs facteurs : le peu d’intérêt portés par les grandes puissances et les pays développés aux activités économiques et sociales de l’ONU, les problèmes des pays pauvres étant le derniers soucis des gouvernements et de l’opinion publique des pays riches ; l’indifférence des pays développés vis à vis des programmes concernant directement ou indirectement le développement, rarement avoué (d’où la multiplication de déclarations sans fondements) mais se traduisant par le refus d’accorder les ressources financières nécessaires ; le soutien des pays en développement à des résolutions formulant une idéologie de bonne conscience, pour couvrir des pratiques gouvernementales souvent peu démocratiques (p52 et 53).
Sur le
Sur le
Le site de l’ONU, très documenté, propose une rubrique consacré à son fonctionnement et présente en détail la structure et l’utilisation de son budget qui se réparti en deux volets : un budget de fonctionnement d’un montant de 5,4 milliards de dollars (4,6 milliards d’euros) sur deux ans ; et un pour les opérations de paix, de 6,7 milliards de dollars (5,7 milliards d’euros) sur douze mois. L’ONU édite bien sûr chaque année le sprogramme de dépense pour l’année à venir et le rapport financier de l’année écoulée, tous rendus publics sur leur site.
Un article du Monde de juillet 2018 (L’ONU, en manque d’argent, se prépare à faire des économies) nous apprend cependant que les Etats et en particulier les plus gros contributeurs -dont les Etats Unis pour 22% du budget et qui souhaitent réduire cette part- ne respectent pas toujours leurs engagements financiers entrainant un manque de trésorerie de l’organisation préjudiciable à son bon fonctionnement et à la bonne réalisation de ses missions.
Le 26 juillet dernier, le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, a averti : « Une organisation telle que la nôtre ne devrait pas avoir à subir des faillites répétées. Mais la plus grande souffrance est sûrement ressentie par ceux que nous servons quand, faute de fonds, nous ne pouvons pas répondre à leur appel à l’aide.»
Sur le plan de la
Malgré tout, de nombreuses études ont démontré qu’un pays est moins susceptible de retomber dans la guerre civile après qu’une opération de maintien de la paix l’a aidé à remettre sur pied un certain nombre de ses structures (Maintien de la paix de l’ONU : le chef d’orchestre doit davantage s’impliquer). Un récent rapport du Général Cruz invite à repenser le rôle de l’ONU en matière de sécurité pour une approche plus politique et non un usage tous azimuts de la force, sur une base réaliste, plus modeste. Une approche raisonnable, que détaille Alexandra Novosseloff dans son article, et des défis pour le nouveau secrétaire général.
Pour aller plus loin :
Indispensable ONU, Jean-Marc de La Sablière, Tribune du Monde, Plon, 2017
L’ONU dans le nouveau désordre mondial, sous la direction de Romuald Sciora, Editions de l’Atelier, 2015
Les Etats-Unis et l’ONU, des relations tumultueuses, Chloé Maurel, The Conversation
Chemins d'espérance : ces combats gagnés, parfois perdus mais que nous remporterons ensemble, Jean Ziegler, Ed. du Seuil, 2016
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