Question d'origine :
Quelle est l'importance de la momification en Egypte Antique ?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 09/04/2019 à 09h08
Bonjour,
Dans l’article, « MOMIES, Égypte » publié dans Encyclopædia Universalis,
Roger Lichtenberg et Françoise Dunand reviennent sur les différentes périodes du procédé de momification et notent que :
« L'idée de la conservation du corps s'étant imposée, encore fallait-il trouver les moyens de la réaliser.La mise au point de la technique sera très longue. Le terme de « momie » doit être réservé aux corps ayant subi un traitement destiné à assurer leur pérennité. Les corps conservés naturellement ne devraient pas, en principe, recevoir cette appellation.
Il semble bien qu'à l'Ancien Empire (env. 2700-2200) la momification ait d'abord été réservée au Pharaon et à son entourage immédiat. Autrement dit, il y avait peu de momies à préparer, donc un certain manque de « pratique ». Les officines d'embaumeurs ne devaient pas être actives en permanence
(…)
Les différentes phases du « traitement » du corps du défunt n'ont été mises en œuvre que progressivement. Si les premières tentatives attestées de momification remontent à l'Ancien Empire, il faudra attendre le Nouvel Empire (environ 1530-1069) pour que la technique soit tout à fait au point .
À l'Ancien Empire, après une période où l'on se bornait à envelopper le corps de linges, éventuellement en peignant les traits du visage directement sur le tissu (parfois stuqué), apparaît la technique de l'éviscération abdominale (…) En tout état de cause, la momification était manifestement réservée au roi et à une minorité de privilégiés.
Au Moyen Empire (env. 2200-1720), l'éviscération abdominale semble se développer, sans être systématique. L'éviscération crânienne est parfois observée. Les princesses royales (Achayt, Henhenet) dont les tombes ont été découvertes à Deir el-Bahari dans le complexe de Montouhotep II (XIe dynastie) n'avaient pas été éviscérées, mais étaient dans un état de conservation satisfaisant. Il est possible que leurs corps aient été préparés par injection anale. En revanche, les corps de soixante soldats, visiblement morts au combat et inhumés près de la tombe de Montouhotep, étaient dans un état de conservation assez médiocre. Sans doute ont-il été simplement desséchés à l'aide de sable, puis bandelettés.
Au Nouvel Empire (env. 1530-1069), le processus est à son apogée. Les progrès apportés à la technique sont essentiellement l'emploi presque généralisé de l'éviscération, qu'elle soit crânienne ou abdominale, et l'usage systématique du bain de natron.
(…)
À partir du début du Ier millénaire, le nombre de momies va croissant, et surtout on utilise de nouveaux procédés visant à rendre au corps l'apparence de la vie . Ainsi on insère sous la peau de la sciure de bois, des linges, de façon à redonner du volume au visage, aux seins, aux membres.(.. )Aux époques ptolémaïque et romaine (330 av. J.-C. à 395 apr. J.-C.), la technique de momification n'évolue plus.
Dans un autre article portant sur la même thématique Roger rappelle que « C’est indiscutablement en Égypte que cette pratique s’est développée à grande échelle, et ce pendant plus de 3000 ans (...)La technique de la momification, ou plutôt l’ensemble des gestes qui contribuent à la réalisation d’une momie, n’a été élaborée que très lentement, très progressivement. On peut considérer que le début se situe à l’Ancien Empire ou un peu plus tôt. L’abandon assez rapide de la position contractée du corps au profit d’une position allongée, que l’on constate dès le début du iiie millénaire, est sans doute le reflet des premières éviscérations abdominales, même si tous les corps n’en bénéficiaient pas et de loin. Plusieurs facteurs ont contribué à la lenteur de l’amélioration technique. Un des plus importants est qu’à l’origine, la momification est réservée au roi, à sa famille et à un nombre restreint de grands personnages. Le petit nombre de momies à confectionner, même si on tient compte de la longévité limitée, ne nécessitait pas un grand nombre d’embaumeurs, donc limitait l’accumulation de savoirs.
(…)
Au total,la momification ne sera vraiment efficiente qu’au Nouvel Empire, il aura fallu mille ans … Au cours du ier millénaire a.C., des techniques plus simples, moins coûteuses se développent. Hérodote, qui visite l’Égypte au ve siècle avant notre ère, le précise bien : il existe à son époque trois classes de momification accessibles en fonction des moyens financiers des familles. La dernière classe fait appel à des moyens assez sommaires mais néanmoins efficaces, ce qui permet à la quasi-totalité de la population de bénéficier de la momification aux époques ptolémaïque et romaine ».
Source : Lichtenberg Roger, Momies d’Egypte, Études sur la mort, 2006/1 (no 129), p. 23-31. Consultable via a base de donénes cairn, disponible dans les bibliothèques municipales de Lyon, https://www.cairn.info/revue-etudes-sur ... age-23.htm
Nous vous laissons aussi consulter la brève présentation du Musée canadien de l’Histoire.
Par ailleurs, l’ouvrage - actuellement emprunté et que nous n’avons pu par conséquent consulter -, Momies : rituels d'immortalité dans l'Egypte ancienne vous permettra de compléter ces premiers éléments.
Nous vous suggérons aussi les lectures suivantes :
• Les momies égyptiennes : la quête millénaire d'une technique / Amandine Marshall, Roger Lichtenberg ; préface de Françoise Durand, 2013.
• Anthropologie historique du corps: seize regards regards / Abdelhakim Charif et Frédéric Duhart ; avec la collaboration de Yannick, 2006.
Dans l’article, « MOMIES, Égypte » publié dans Encyclopædia Universalis,
Roger Lichtenberg et Françoise Dunand reviennent sur les différentes périodes du procédé de momification et notent que :
« L'idée de la conservation du corps s'étant imposée, encore fallait-il trouver les moyens de la réaliser.
(…)
À l'Ancien Empire, après une période où l'on se bornait à envelopper le corps de linges, éventuellement en peignant les traits du visage directement sur le tissu (parfois stuqué), apparaît la technique de l'éviscération abdominale (…) En tout état de cause, la momification était manifestement réservée au roi et à une minorité de privilégiés.
Au Moyen Empire (env. 2200-1720), l'éviscération abdominale semble se développer, sans être systématique. L'éviscération crânienne est parfois observée. Les princesses royales (Achayt, Henhenet) dont les tombes ont été découvertes à Deir el-Bahari dans le complexe de Montouhotep II (XIe dynastie) n'avaient pas été éviscérées, mais étaient dans un état de conservation satisfaisant. Il est possible que leurs corps aient été préparés par injection anale. En revanche, les corps de soixante soldats, visiblement morts au combat et inhumés près de la tombe de Montouhotep, étaient dans un état de conservation assez médiocre. Sans doute ont-il été simplement desséchés à l'aide de sable, puis bandelettés.
Au Nouvel Empire (env. 1530-1069), le processus est à son apogée. Les progrès apportés à la technique sont essentiellement l'emploi presque généralisé de l'éviscération, qu'elle soit crânienne ou abdominale, et l'usage systématique du bain de natron.
(…)
Dans un autre article portant sur la même thématique Roger rappelle que « C’est indiscutablement en Égypte que cette pratique s’est développée à grande échelle, et ce pendant plus de 3000 ans (...)
(…)
Au total,
Source : Lichtenberg Roger, Momies d’Egypte, Études sur la mort, 2006/1 (no 129), p. 23-31. Consultable via a base de donénes cairn, disponible dans les bibliothèques municipales de Lyon, https://www.cairn.info/revue-etudes-sur ... age-23.htm
Nous vous laissons aussi consulter la brève présentation du Musée canadien de l’Histoire.
Par ailleurs, l’ouvrage - actuellement emprunté et que nous n’avons pu par conséquent consulter -, Momies : rituels d'immortalité dans l'Egypte ancienne vous permettra de compléter ces premiers éléments.
Nous vous suggérons aussi les lectures suivantes :
• Les momies égyptiennes : la quête millénaire d'une technique / Amandine Marshall, Roger Lichtenberg ; préface de Françoise Durand, 2013.
• Anthropologie historique du corps: seize regards regards / Abdelhakim Charif et Frédéric Duhart ; avec la collaboration de Yannick, 2006.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter