Question d'origine :
Quel est l'origine de l'origami ou du pliage du papier en Europe ?
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/04/2019 à 14h25
Bonjour,
Pour vous répondre, nous commencerons par citer l’article "origami papiers pliés" publié sur Encyclopædia Universalis – disponible dans les bibliothèques municipales de Lyon :
« L'art des papiers pliés, ou origami, qui nous vient du Japon, est d'origine ancienne. Il est probable que les premiers papiers pliés furent faits à des fins religieuses, dès avant le viie siècle. Avant cette époque, on avait coutume d'offrir aux kami, ou « entités supérieures » du shintō, la croyance chamanique du Japon aux forces naturelles, des étoffes pliées, que l'on accrochait aux branches d'un arbre sacré, le sakaki (Cleyerica ochnacea), dans lequel les kami étaient censés résider temporairement.
(…)
Les nobles de la cour de l'époque de Heian (794-1185) eurent coutume d'offrir des présents en les présentant sur des papiers, unis ou décorés, pliés de certaine manière. C'est cette coutume qui est à l'origine des éventails pliants (ōgi), qui remplacèrent alors les éventails rigides ; leur vogue fut telle qu'on les utilisa comme supports pour des poèmes ou des peintures. Les Portugais et les Espagnols importèrent des éventails pliants en Europe à la fin du xvie siècle.
(…)
L'art de plier des papiers pour en faire des objets de distraction se développa au Japon pendant la période de Edo (1603-1868) surtout, et les artistes s'ingénièrent alors à réaliser en papier plié autre chose que des poupées. C'est ainsi que naquit la « cocotte » japonaise, qui est une grue (tsuru). Cet animal étant le symbole du bonheur, on prit l'habitude d'en réaliser en papier de couleur ou ornés de dessins (chiyogami) pour les offrir en gage de bonheur. L'usage se répandit alors, surtout chez les jeunes filles, de plier ainsi mille orizuru (grue pliée) qui, enfilées sur un cordonnet, formaient une guirlande qu'elles allaient offrir aux kami
(…).
Au xxe siècle, l'art des origami s'est imposé aux éducateurs qui l'ont introduit dans les écoles maternelles et primaires, de manière à développer chez les jeunes enfants habileté manuelle et sens de la créativité. Les adultes se sont penchés à leur tour sur cette forme de jeu, qu'ils ont codifiés à partir de carrés de papier, définissant des normes et inventant sans cesse de nouveaux modèles.Les Européens ont découvert les origami après la Seconde Guerre mondiale et, à la suite des « maîtres » japonais Yoshizawa et Uchiyama, entre autres, ont créé d'innombrables autres figures . Des sociétés se sont fondées, regroupant les amateurs de pliages, et, en Amérique du Nord, des revues spécialisées, comme The Origamian et The Flapping Bird, ont vu le jour. Les dessins décrivant la manière de plier les feuilles de papier sont agrémentés de symboles simples permettant à chacun de refaire les pliages décrits : pli en vallée, pli en montagne, plis aplatis, enfoncés, retournés, en « oreille de lapin », en « pétale », etc. De nombreux ouvrages ont été écrits sur le sujet, notamment par le spécialiste anglais Robert Harbin (L'Art du pliage du papier, éd. de l'Homme, Montréal, 1980), certains magnifiquement illustrés par des photos montrant les créations les plus originales des « plieurs » de toutes les parties du monde .... ».
Dans l’article « De l'art... les plis » (publié dans Les cahiers de médiologie, 1997/2 (N° 4), accessible via la base de donénes Cairn, https://www.cairn.info/revue-les-cahier ... ge-268.htm) Jean-Claude Correia et Philippe Rappard apportent des précisions et indiquent notamment l’origine des premiers papiers en Europe :
« le mot “origami” signifie en japonais l’action de plier du papier (ori : plier, gami : papier). Par extension, il désigne un objet fait selon cette technique. C’est probablement en Chine, vers le début du IIème siècle qu’a pris naissance, avec l’invention de la fabrication du papier, l’art du pliage. Aucun autre matériau naturel ou artificiel, avant ou après cette date, ne peut se plier comme le papier ; mais c’est au Japon que l’origami a connu le plus grand essor. Comme dans beaucoup d’autres pays, les religieux ont été les premiers à se servir du papier.
A partir du VIème siècle, apparaissent au Japon les premiers pliages pratiqués dans les cérémonies religieuses shintoïstes.
(…)
L’Espagne mise à part, on peut dire que l’Occident n’a pas pratiqué l’art du pliage, sauf quelques exceptions comme Léonard de Vinci qui y trouvait un intérêt lié aux mathématiques, ou Lewis Caroll qui, plus communément, enchantait les enfants avec quelques modèles. L’Occident, riche en matières premières et ressources minières (ce qui n’est pas le cas du Japon) et non influencé par le bouddhisme (qui interdit de tuer les animaux pour la peau) possédait le métal et le cuir qu’il pouvait utiliser. L’Espagne, curieusement, développa depuis le XVème siècle des techniques particulières de pliage, des modèles superbes furent inventés comme la pajarita, plus connue sous le nom de “cocotte en papier”. Certains auteurs font remonter à 1890 l’année de naissance de l’art du pliage en Europe. Il y eut, vers 1860, une tournée d’une troupe de théâtre japonaise qui fit découvrir aux Occidentaux l’origami.
Freidrich Froebel (1789-1882) fut l’un des premiers pédagogues à introduire en Allemagne le pliage du papier à l’école. On sait qu’il professait les idées de Pestalozzi, tendant à réaliser chez l’enfant l’équilibre des facultés par un système éducatif très libre pour l’époque, fait de jeux, de chants et d’exercices en plein air ; il pensait que le pliage pouvait avoir un rôle très important dans le développement de l’enfant et de la coordination entre l’esprit et la main. Il publia un recueil de pliage destiné à l’école dont les Japonais se servirent par la suite.
En France, Jacques Ozanam en 1735, dans ses Récréations mathématiques et physiques, traite du pliage en accordéon et Théodore de Moulidars consacre en 1888 un article sur un éventail magique (pliage en accordéon donnant des formes multiples) dans sa Grande Encyclopédie méthodique universelle illustrée de jeux. Vers la même époque, on trouve des références au pliage dans certaines conférences cantonales et pédagogiques. En Espagne, Miguel de Unamuno remplissait son appartement de cocottes en papier et en offrait aux amis qui venaient le voir. Il écrivait un traité de cocotologie démontrant avec justesse et humour l’intérêt de la science cocotologique. Depuis les années cinquante, les scientifiques, mathématiciens, topologistes ou autres morphologistes montrent un intérêt croissant pour le pliage du papier.
(…)
C’est à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale que l’origami prend un nouvel essor ».
Vous trouverez vraisemblablement d’autres informations dans les ouvrages suivants que nous n’avons pas pu consulter :
• L’'art du papier / texte de Beata Thackeray ; adapt. française de Emmanuelle Pingault ; photogr. de Jacqui Hurst, 1997.
• L'art du papier découpé: cinq siècles d'histoire / Felicitas Oehler ; préface de Denis Buchs ; traduction française de Loyse Revertera, 2013 : "Retrace l'histoire du papier découpé, depuis ses origines, en passant par les canivets et les lettres de baptême, jusqu'à la création contemporaine à travers une série de thèmes : le paysage, la vie en société, la ville, la montagne, l'amour, etc. L'auteure rappelle que de nombreux artistes français sont passés par la Suisse, où l'on trouve un savoir-faire séculaire en matière de découpage".
Pour vous répondre, nous commencerons par citer l’article "origami papiers pliés" publié sur Encyclopædia Universalis – disponible dans les bibliothèques municipales de Lyon :
« L'art des papiers pliés, ou origami, qui nous vient du Japon, est d'origine ancienne. Il est probable que les premiers papiers pliés furent faits à des fins religieuses, dès avant le viie siècle. Avant cette époque, on avait coutume d'offrir aux kami, ou « entités supérieures » du shintō, la croyance chamanique du Japon aux forces naturelles, des étoffes pliées, que l'on accrochait aux branches d'un arbre sacré, le sakaki (Cleyerica ochnacea), dans lequel les kami étaient censés résider temporairement.
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Les nobles de la cour de l'époque de Heian (794-1185) eurent coutume d'offrir des présents en les présentant sur des papiers, unis ou décorés, pliés de certaine manière. C'est cette coutume qui est à l'origine des éventails pliants (ōgi), qui remplacèrent alors les éventails rigides ; leur vogue fut telle qu'on les utilisa comme supports pour des poèmes ou des peintures. Les Portugais et les Espagnols importèrent des éventails pliants en Europe à la fin du xvie siècle.
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L'art de plier des papiers pour en faire des objets de distraction se développa au Japon pendant la période de Edo (1603-1868) surtout, et les artistes s'ingénièrent alors à réaliser en papier plié autre chose que des poupées. C'est ainsi que naquit la « cocotte » japonaise, qui est une grue (tsuru). Cet animal étant le symbole du bonheur, on prit l'habitude d'en réaliser en papier de couleur ou ornés de dessins (chiyogami) pour les offrir en gage de bonheur. L'usage se répandit alors, surtout chez les jeunes filles, de plier ainsi mille orizuru (grue pliée) qui, enfilées sur un cordonnet, formaient une guirlande qu'elles allaient offrir aux kami
(…).
Au xxe siècle, l'art des origami s'est imposé aux éducateurs qui l'ont introduit dans les écoles maternelles et primaires, de manière à développer chez les jeunes enfants habileté manuelle et sens de la créativité. Les adultes se sont penchés à leur tour sur cette forme de jeu, qu'ils ont codifiés à partir de carrés de papier, définissant des normes et inventant sans cesse de nouveaux modèles.
Dans l’article « De l'art... les plis » (publié dans Les cahiers de médiologie, 1997/2 (N° 4), accessible via la base de donénes Cairn, https://www.cairn.info/revue-les-cahier ... ge-268.htm) Jean-Claude Correia et Philippe Rappard apportent des précisions et indiquent notamment l’origine des premiers papiers en Europe :
« le mot “origami” signifie en japonais l’action de plier du papier (ori : plier, gami : papier). Par extension, il désigne un objet fait selon cette technique. C’est probablement en Chine, vers le début du IIème siècle qu’a pris naissance, avec l’invention de la fabrication du papier, l’art du pliage. Aucun autre matériau naturel ou artificiel, avant ou après cette date, ne peut se plier comme le papier ; mais c’est au Japon que l’origami a connu le plus grand essor. Comme dans beaucoup d’autres pays, les religieux ont été les premiers à se servir du papier.
A partir du VIème siècle, apparaissent au Japon les premiers pliages pratiqués dans les cérémonies religieuses shintoïstes.
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Freidrich Froebel (1789-1882) fut l’un des premiers pédagogues à introduire en Allemagne le pliage du papier à l’école.
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Vous trouverez vraisemblablement d’autres informations dans les ouvrages suivants que nous n’avons pas pu consulter :
• L’'art du papier / texte de Beata Thackeray ; adapt. française de Emmanuelle Pingault ; photogr. de Jacqui Hurst, 1997.
• L'art du papier découpé: cinq siècles d'histoire / Felicitas Oehler ; préface de Denis Buchs ; traduction française de Loyse Revertera, 2013 : "Retrace l'histoire du papier découpé, depuis ses origines, en passant par les canivets et les lettres de baptême, jusqu'à la création contemporaine à travers une série de thèmes : le paysage, la vie en société, la ville, la montagne, l'amour, etc. L'auteure rappelle que de nombreux artistes français sont passés par la Suisse, où l'on trouve un savoir-faire séculaire en matière de découpage".
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