Question d'origine :
Bonsoir,
Comment se fait-il que l’on trouve de la brique dans les maisons construites majoritairement en pierre à Pérouges ?
Je vous remercie pour vos éclaircissements.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 03/04/2019 à 13h33
Bonjour,
On peut lire sur le site La Petite Canopée, dans un article consacré à Pérouges :
Une architecture particulière
Les maisons de Pérouges sont typiques et nous renseignent sur les matériaux de construction présents à l’époque.
En effet, les Dombes, constitués majoritairement d’étangs, ne présentaient pas de pierres disponibles pour la construction des bâtiments.
Les maisons ont donc été construites avec de la terre et des galets provenant des dépôts glaciaires anciens, qu’on intercalait parfois de briques. Ces formations se nomme “arrête de poisson”, en référence à l’intercalement des galets par rapport aux briques.
Sur le site Voyages topexpos :
On rencontre à Pérouges tous les matériaux de construction utilisés dans l’Ain : pierre calcaire, briques, tuf, galets, carrons, pans de bois. Cette diversité n’a d’égale que celle des ouvertures : arcs en plein cintre, brisés, surbaissés, linteaux coiffés d’accolades, baies géminées et fenêtres à meneaux se succèdent le long des façades.
Dans l’ouvrage : Le bâti ancien des pays de l’Ain, un chapitre est intitulé : La terre cuite : la brique : origine et mise en œuvre :
La brique est utilisée comme élément de construction à part entière, où comme élément de remplissage de murs à pans de bois.
La fabrication de la brique en carronnière consistait, à partir de la terre argileuse, à la mouler ; puis, séchée au soleil, elle était ensuite cuite au four.
On utilisait, du XIIe au XVIe siècle, une brique beaucoup plus épaisse que celle utilisée actuellement : la brique savoyarde. Exception faite pour l’architecture militaire, les briques étaient enduites de chaux (protection contre le gel).
Vous pourriez consulter également :
l’Ain, de la série Vieilles maisons françaises, éd. 1993. Un extrait :
(…) il est indispensable de rappeler que Bresse et Dombes sont aussi des régions de terre cuite. On ne compte plus les lieux-dits intitulés « La Tuilerie » ou »La Carronnière », montrant que partout la terre argileuse peut être extraite du sol. Elle a donné lieu à la fabrication de tuiles rondes et de briques dites « carrons », au format conséquent, puis à des productions plus industrielles de tuiles mécaniques et de briques alvéolées, qui existent encore aujourd’hui. (…)
En Dombes, certains bourgs sont faits de briques directement maçonnées ou venant remplir les colombages de bois des façades. (…)
Voir, à propos des caronnières cette page du site découvrir-dombes-valdesaone.
Dans : En Bresse : construire et habiter, dedans, dehors, on peut lire : Carrons ou quarrons :
Apparus au XIIe ou XIIIe siècle entre Saône et Ain, le carron mesure de 25 à 32 cm de long, de 11 à 14 cm de large et de 6,5 à 11,5 cm d’épaisseur. Cuit dans les carronnières ou tuileries artisanales, ce matériau est utilisé tant en pavement que dans l’élévation des murs.
(…) Les tuileries-carronières répondent à la nécessaire transformation du matériau –la terre- à proximité de son lieu d’extraction et d’utilisation, exclusivement locale, dans la construction. Leur activité, dont l’essor se situe au début du XIXe siècle, décline dans la première moitié du XXe siècle devant la concurrence des usines de tuiles mécaniques. Les tuileries-carronnières fabriquent briques, carrons, tuiles, utilisés à tous les stades de la construction… Monter les soubassements, renforcer les angles, remplir les trapans, daller les sols, couvrir les charpentes… Leur activité se développe avec l’amélioration des sols jusque-là en terre battue, substitution du torchis par un remplissage en carrons… (…)
Dans la revue Les dossiers d’archéologie, n° 251, mars 2000, un article est intitulé : L’architecture de brique et la création architecturale au Moyen Age. Quelques extraits :
Dès le XIIIe siècle, on observe une utilisation massive de la brique dans la construction de nombreux édifices militaires répartis sur l’actuel département de l’Ain, en Bresse et en Dombes. Dans tous ceux que nous avons pu étudier, elle est le plus souvent employée seule avec le mortier. La stabilité du bâti est alors assurée par une disposition alternée des briques en carreau et boutisse, par le recours systématique aux chaînages d’angle en besace et aux arcs de décharge et par des systèmes divers et ingénieux de fenêtres et portes en maçonnerie de briques (…)
(…) Cette exploitation systématique du sous-sol est encore plus flagrante dans les régions de Dombes où les retraits glaciers ont laissé sur une même zone à la fois des galets roulés et de l’argile. Dans ce cas, les constructeurs ont tiré profit au mieux de ces deux ressources en les associant dans la structure même de murs comme à Châtillon-sur-Chalaronne ou à Ambérieux en Dombes.
Ainsi, à mesure que l’on redécouvrait les possibilités constructives qu’offre la brique, châteaux, maisons fortes et enceintes urbaines se multipliaient et leur conception devenait de plus en plus élaborée. L’enjeu politique était alors de taille. Il s’agissait pour les comtes d’assurer militairement leur contrôle sur ces régions enclavées (…) La question des matériaux de construction était alors particulièrement importante. Sur ces terres pauvres en carrières de pierre, les argiles locales offraient la possibilité, en les cuisant de réaliser une architecture adaptée aux nécessités militaires. En effet, matériau à la fois standardisé, fabriqué en masse à proximité du chantier, facile à metre en œuvre, de bonne résistance aux contraintes mécaniques, à l’éclatement et au feu, la brique répondait parfaitement aux trois exigences fondamentales de cette architecture : économie, rapidité d’exécution et efficacité.
Utilisée dans ce contexte dans un but purement et simplement fonctionnel, elle allait finalement, à partir du XVe siècle, donner naissance à une véritable « mode de cour » au point de concurrencer la pierre dans la construction d’ensembles monumentaux édifiés à la gloire du comté et de ses dirigeants. (…)
La brique fait aujourd’hui partie des matériaux préconisés dans le but de préserver et valoriser l’architecture traditionnelle, comme on peut le lire par exemple dans ce document sur la charte de paysage et d’architecture du SCoT BUCOPA, édité en 2017.
Pour en savoir plus, vous pourriez prendre contact avec le Comité de conservation du vieux Pérouges qui a créé le Musée du vieux Pérouges.
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