Question d'origine :
Bonjour,
La croix cathare a-t-elle vraiment été arborée ou utilisée par les cathares ? Ceux-ci ne considéraient-ils pas tout symbolisme comme impur ? Etaient-ils iconoclastes ? d'où vient cette croix ?
Pour ce qui est de leur nom, on sait que le nom de cathares leur a été attribué et qu'ils s'appelaient eux-mêmes "bons hommes", mais comment désignaient-ils leur croyance ? comme "christianisme" ou autre chose ?
Merci.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 02/04/2019 à 16h02
Bonjour,
Concernant votre première question sur l’iconoclasme des cathares et l’usage qu’ils auraient fait de la croix occitane, on peut lire dans l’ouvrage d’Anne Brenon, « Les mots du catharisme » :
« Une bonne et alerte définition du catharisme serait celle d’une Eglise chrétienne sans croix. L’ensemble des textes dénonçant l’hérésie, depuis les plus anciens (lettre du prêtre Cosmas, vers 970), lui prêtent de vigoureuses prédications contre le culte de la croix. L’instrument de la mort du Christ n’était pour les bons hommes qu’objet de répulsion ; ils en dénonçaient le culte plus vivement encore que celui , simplement idolâtre à leurs yeux, des saints et des reliques-tandis qu’en contre point, au cours du XIIIème siècle, l’Eglise développait une véritable théologie de la croix. Récusant tout symbole les bons hommes n’utilisaient pas, soulignons le contre une thèse aujourd’hui répandue, l’image de la croix grecque aux branches égales (ce que vous nommez croix cathare dans votre question), qu’on trouve assez fréquemment sur les stèles méridionales. »
Par ailleurs, on trouve de nombreuses sources sur le caractère iconoclaste des « cathares » :
« ...mais si leur évangélisme était strictement non symbolique, s’ils ralliaient toute superstitions de l’Eglise romaine c’était certes par volonté de conformité apostolique – mais aussi par refus d’emprisonner la moindre lueur de sacré sous une forme « visible et corruptible »..Ainsi leur liturgie était-elle extrêmement dépouillée, excluant tout édifice ou objet sacré (église, chapelle, autel, reliques, icônes.
Le symbole de la colombe représentant le saint esprit a été récemment prêté au catharisme, mais il n’est nullement attesté de manière probante
Dans la croix, instrument de violence et de mort, les bons hommes ne voyaient qu’inutile symbole d’une passion du Christ qui n’avait de sens que pour le Mauvais. Le christianisme hérétique fut sans eucharistie et sans croix ». (source : Anne Brenon "Les cathares")
En ce qui concerne la croix « cathare » ou croix occitane et son origine, nous vous renvoyons à une précédente réponse du Guichet du Savoir sur cette question.
Vous trouverez également dans l’article wikipédia sur la croix occitane un chapitre sur son usage par les cathares (qui apparaît plus comme un signe de ralliement pour certains commentateurs comme René Nelli) :
«Selon René Nelli, la croix du Languedoc, croix « évidée et pommetée », fut « un symbole de ralliement cathare », puisqu'elle fut la croix des armoiries des comtes de Saint-Gilles, devenues celle des comtes de Toulouse, puis du Languedoc, avant la croisade catholique et l'Inquisition qui visa à exterminer les Cathares. Cette interprétation ne semble pas s'appuyer sur des faits historiques reconnus, mais plutôt sur une forme de militantisme où les Cathares font figure de héros fondateurs. Dans cette interprétation, la croix ne serait pas en contradiction avec les fondements de la religion cathare, qui réprouve la croix comme symbole du supplice du Christ, et serait plutôt un symbole solaire. »
Dans l’ouvrage de Claude Lebedel «Comprendre la tragédie des cathares », un passage est consacré au mot « cathare » et à la terminologie utilisée par les bons hommes :
« Il faut savoir que ces personnes n’utilisaient jamais le terme de « cathare »pour désigner leur croyance, pas plus du reste que le mot de « parfaits » (mot utilisé pour désigner les prêtres) : les prêtres cathares étaient qualifiés et se qualifiaient eux même de bons chrétiens ou de bons hommes (ou de bonnes chrétiennes ou de bonnes femmes). L’inquisition n’a jamais utilisé le terme de cathares pour designer ces hérétiques. »
Par ailleurs et toujours dans « les mots du catharisme » de Anne Brenon :
« Croyant(e)s » d’hérétiques (credentes hereticorum) est la dénomination commune que l’Inquisition appliquait, non sans raison, aux fidèles des Eglises des bons hommes. Eux-mêmes la pratiquait tout aussi bien, et leur religieux la reconnaissait comme les bons croyants. L’expression apparait pour la première fois utilisée par les apôtres rhénans décrit par Evervin de Steinfeld avant le milieu du XIIe siècle. Les hérétiques se disent alors structurés en Eglises, autour d’évêques et repartis selon trois degrés : « auditeurs », « croyants » et « chrétiens » ou « élus ». Il semble qu’alors la catégorie des croyants ait correspondu à un premier degré d’initiation chrétienne… »
« …Les cathares se constituent en véritable église au sens archeo- chrétiens du terme. Selon les critères classiques il n’est donc nullement abusif de parler d’églises de bons chrétiens dans le sens de communautés de chrétiens groupés autour d’évêques doués de pouvoir d’ordonner…C’est en particulier pour bien distinguer leur propre Eglise , véritable Eglise chrétienne, de l’autre Eglise, fausse Eglise ou mauvaise Eglise romaine ».
Nous vous conseillons la lecture des précédentes réponses du guichet du savoir sur les cathares.
Ces réponses vous fourniront, entre autres, une bibliographie sur le sujet
Ainsi qu’une brève histoire du catharisme.
Bonnes lectures !
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