Question d'origine :
Bonjour,
Au Moyen Age, des pigeonniers existaient.
Merci de m'indiquer comment ils fonctionnaient.
- Les pigeons étaient-ils libres de sortir et entrer quand ils le voulaient? Dans ce cas, qu'en est-il des pigeons voyageurs?
- Y avait-il dans un même pigeonnier des pigeons voyageurs et les autres, servant pour la viande?
- Les boulins étaient-ils garnis par les pigeons?
- Comment sont conçus les pigeonniers pour que les pigeons entrent et sortent?
Cordialement
D. Levénez
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 28/03/2019 à 15h10
Bonjour,
L’ouvrage Pigeonniers de France [Livre] : histoire économique et sociale, technique architecturale, conseils de restauration / Dominique Letellier décrit ainsi les aménagements des boulins :
« A l’intérieur, les boulins sont assez grands et spacieux pour que deux pigeons, mâle et femelle, puissent s’y abriter aisément. Ils englobent plusieurs types :
-Les nids d’osier ou paniers ont parfois la forme d’une demi-sphère. De nombreux vanniers produisaient de tels paniers dans la région de Montauban et les vendaient à la foire et sur le marché. Ils sont en général faits de branches de ronces tressées, recouvertes de paille de seigle.[...]
-Les nids en poterie très diversifiés, faits de tuiles canal associées ou de pots couchés et superposés, forment des cases utilisant tout l’espace. [...]
-Les nids de torchis réalisés par une armature de bambous noyés à de la paille et du mortier constituent, sur un panneau, des dizaines de cases égales.
-Les boulins composés lors de la construction sont les plus durables mais ne sont utilisés que pour les grands pigeonniers-tours dans les domaines importants. »
Le même ouvrage décrit ainsi les voies d’accès réservées aux volatiles :
« Une fenêtre ou une lucarne, celle qui sert aux pigeons pour rentrer, est la seule ouverture qui laisse à l’air et au jour la possibilité de pénétrer à l’intérieur de la tour. Quant aux plages d’envol, elles sont souvent en saillies, formant une sorte de balconnet qui permet aux pigeons de se réunir avant d’entrer dans le colombier. Ce percement est toujours situé du côté opposé au vent. Les trous d’envol, dont la représentativité flagrante est celle d’un domino, généralement ronds, parfois carrés, mesurant environ 10 centimètres, interdisent l’entrée à tout oiseau au corps plus imposant. Seules, les corneilles restent dangereuses pour les œufs tandis que les chouettes sont susceptibles de s’attaquer aux pigeonneaux. »
En principe, rien n’empêchait les pigeons d’aller et venir à leur guise. Mais toutes les sources que nous avons consultées précisent que peu à peu, avec leur multiplication, les pigeonniers, les pigeonniers ont commencé à poser problèmes : les oiseaux se faisaient un plaisir de dévorer les semences et les pousses des champs voisins, et les paysans avaient interdiction de les détruire. Les cahiers de doléances de 1789 y font souvent référence. C’est sans doute pour ça que, d’après l’ouvrage Les pigeonniers et colombiers des pays de l'Ain [Livre] / Frédéric Thouny, certains colombiers comportaient un volet coulissant pouvant être actionné depuis le bas du pigeonnier via un système de poulie permettant d’obturer les trous d’envol.
Concernant les pigeons voyageurs, qui furent un moyen de communication particulièrent au Moyen-Âge, nous n’avons pas trouvé de source abordant leur élevage ou non avec les pigeons à viande, dans l’occident chrétien au moins. Mais l’ouvrage de Victor la Perre de Roo, Le Pigeon messager: Guide pour l'élève du pigeon voyageur et son application (1877, disponible sur books.google.fr) aborde l’utilisation des pigeons voyageurs dans l’empire ottoman, au XIIè siècle, sous l’impulsion du Sultan Nour-Eddin. Et de ses successeurs. Il apparaît très clairement que les pigeons voyageurs font l’objet d’un dressage, voire d’une administration à part :
« Tels sont les colombiers entretenus dans l’empire pour la célérité des dépêches. Chaque colombier a son directeur et ses veilleurs, qui attendent, à tour de rôle, l’arrivée des pigeons ; il y a en outre des domestiques et des mules à chaque colombier, pour les échanges respectifs des pigeons. La dépense totale ne laisse pas que d’être considérable. »
Pour aller plus loin, vous pouvez également consulter :
-Le site Pigeonniers de France : site d’amateur, très bien documenté et illustré.
-« Une brève histoire de la colombophilie », article de Florence Calvet, Jean-Paul Demonchaux, Régis Lamand et Gilles Bornert, sur openedition.org
-Chapitre « Colombier » du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle d’Eugène Viollet-le-Duc consultable sur wikisource.org
Bonne journée.
L’ouvrage Pigeonniers de France [Livre] : histoire économique et sociale, technique architecturale, conseils de restauration / Dominique Letellier décrit ainsi les aménagements des boulins :
« A l’intérieur, les boulins sont assez grands et spacieux pour que deux pigeons, mâle et femelle, puissent s’y abriter aisément. Ils englobent plusieurs types :
-Les nids d’osier ou paniers ont parfois la forme d’une demi-sphère. De nombreux vanniers produisaient de tels paniers dans la région de Montauban et les vendaient à la foire et sur le marché. Ils sont en général faits de branches de ronces tressées, recouvertes de paille de seigle.[...]
-Les nids en poterie très diversifiés, faits de tuiles canal associées ou de pots couchés et superposés, forment des cases utilisant tout l’espace. [...]
-Les nids de torchis réalisés par une armature de bambous noyés à de la paille et du mortier constituent, sur un panneau, des dizaines de cases égales.
-Les boulins composés lors de la construction sont les plus durables mais ne sont utilisés que pour les grands pigeonniers-tours dans les domaines importants. »
Le même ouvrage décrit ainsi les voies d’accès réservées aux volatiles :
« Une fenêtre ou une lucarne, celle qui sert aux pigeons pour rentrer, est la seule ouverture qui laisse à l’air et au jour la possibilité de pénétrer à l’intérieur de la tour. Quant aux plages d’envol, elles sont souvent en saillies, formant une sorte de balconnet qui permet aux pigeons de se réunir avant d’entrer dans le colombier. Ce percement est toujours situé du côté opposé au vent. Les trous d’envol, dont la représentativité flagrante est celle d’un domino, généralement ronds, parfois carrés, mesurant environ 10 centimètres, interdisent l’entrée à tout oiseau au corps plus imposant. Seules, les corneilles restent dangereuses pour les œufs tandis que les chouettes sont susceptibles de s’attaquer aux pigeonneaux. »
En principe, rien n’empêchait les pigeons d’aller et venir à leur guise. Mais toutes les sources que nous avons consultées précisent que peu à peu, avec leur multiplication, les pigeonniers, les pigeonniers ont commencé à poser problèmes : les oiseaux se faisaient un plaisir de dévorer les semences et les pousses des champs voisins, et les paysans avaient interdiction de les détruire. Les cahiers de doléances de 1789 y font souvent référence. C’est sans doute pour ça que, d’après l’ouvrage Les pigeonniers et colombiers des pays de l'Ain [Livre] / Frédéric Thouny, certains colombiers comportaient un volet coulissant pouvant être actionné depuis le bas du pigeonnier via un système de poulie permettant d’obturer les trous d’envol.
Concernant les pigeons voyageurs, qui furent un moyen de communication particulièrent au Moyen-Âge, nous n’avons pas trouvé de source abordant leur élevage ou non avec les pigeons à viande, dans l’occident chrétien au moins. Mais l’ouvrage de Victor la Perre de Roo, Le Pigeon messager: Guide pour l'élève du pigeon voyageur et son application (1877, disponible sur books.google.fr) aborde l’utilisation des pigeons voyageurs dans l’empire ottoman, au XIIè siècle, sous l’impulsion du Sultan Nour-Eddin. Et de ses successeurs. Il apparaît très clairement que les pigeons voyageurs font l’objet d’un dressage, voire d’une administration à part :
« Tels sont les colombiers entretenus dans l’empire pour la célérité des dépêches. Chaque colombier a son directeur et ses veilleurs, qui attendent, à tour de rôle, l’arrivée des pigeons ; il y a en outre des domestiques et des mules à chaque colombier, pour les échanges respectifs des pigeons. La dépense totale ne laisse pas que d’être considérable. »
-Le site Pigeonniers de France : site d’amateur, très bien documenté et illustré.
-« Une brève histoire de la colombophilie », article de Florence Calvet, Jean-Paul Demonchaux, Régis Lamand et Gilles Bornert, sur openedition.org
-Chapitre « Colombier » du Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle d’Eugène Viollet-le-Duc consultable sur wikisource.org
Bonne journée.
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