Prendre correctement nos médicaments
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 25/03/2019 à 06h47
301 vues
Question d'origine :
bonjour
Est-il correct de prendre nos médicaments une demi-heure avant ou après le repas avec de l’eau ou un jus ou un yaourt ?
Merci beaucoup.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 26/03/2019 à 14h38
Bonjour,
La prise d’aliment peut interférer avec les effets de certains médicaments, c’est pourquoi pour être efficaces certains doivent être pris pendant le repas, d’autres en dehors.
En outre, selon la nature de votre médicament, il interagira ou non avec certains types d’aliments : dans le cas de certains antibiotiques par exemple, il est déconseillé d’accompagner la prise d’un laitage, d’un jus d’orange ou d’un café, qui réduisent leur efficacité. Par défaut, il est donc préférable de prendre un verre d’eau :
« Un médicament ne s'avale pas « à sec », mais toujours avec du liquide afin d'éviter qu'il ne colle à l'œsophage. Idéalement, on le prend avec de l'eau, car les autres boissons peuvent modifier l'action et la tolérance des médicaments. »
Source : Médicaments : on les prend à jeun ou au cours d'un repas ? topsante.com
De manière générale, pour vous assurer de la posologie correcte d’un médicament, commencez par consulter sa notice, et en cas de doute demandez conseil à un professionnel de santé : médecin, pharmacien…
En attendant, voici des conseils de François Chast, professeur de pharmacie, publiés dans un article de sudouest.fr : Pourquoi faut-il prendre ses médicaments avant, pendant ou après les repas ?
«Interférence des aliments
Pour beaucoup de médicaments, la prescription est assortie de la consigne : à prendre avant, pendant ou après le repas. Cette préconisation tient le plus souvent aux effets du repas sur l’efficacité du médicament. Ce sont essentiellement ceux absorbés par voie orale, c’est à dire par la bouche, comme les comprimés, les gélules ou les sirops, qui sont concernés par les interactions avec l’alimentation. Néanmoins, certains aliments interfèrent avec la métabolisation des médicaments par le foie quelle que soit la voie d’administration, y compris en perfusion intraveineuse. C’est le cas, par exemple, du pamplemousse. Un préalable important de l’action des médicaments repose sur une bonne absorption, permettant aux molécules actives d’atteindre la circulation générale de l’organisme. Il faut donc tenir compte du risque de l’influence des aliments sur la quantité de médicament absorbé et sur la vitesse de cette absorption. Ces modifications sont d’autant plus à prendre en compte qu’on a affaire à des médicaments à marge thérapeutique étroite – c’est-à-dire que leur dose minimale efficace est très proche de leur dose maximale tolérable par l’organisme. C’est le cas des anti-épileptiques ou des immunosuppresseurs (utilisés dans la prévention ou le traitement du rejet de greffe de cœur, rein, foie, moelle osseuse ou cornée, et le traitement des maladies auto-immunes).
Le rôle de l’intestin grêle
L’absorption des médicaments s’opère majoritairement dans l’intestin grêle, à la sortie de l’estomac. Pour schématiser, on peut dire que plus un médicament est soluble dans l’eau, moins il traverse la barrière intestinale, donc moins il est actif – il sera éliminé en grande partie dans les urines. En revanche, un médicament quasi huileux franchira aisément la muqueuse intestinale pour passer dans le sang. Certains aliments affectent directement cette propriété. Ainsi, lorsqu’à la faveur d’un repas, le pH de la lumière intestinale (l’intérieur de ce tuyau qu’est l’intestin) augmente, ce qui signifie que le niveau d’acidité diminue, certains médicaments voient leur passage facilité. Pour d’autres, au contraire, l’effet est inverse : ils sont freinés, voire empêchés. Il convient, par exemple, d’être prudent avec les médicaments contre le VIH, souvent sensibles à ces modifications.
L’eau, compagnon idéal
La présence dans le tube digestif de certains éléments comme le calcium (apporté notamment par les laitages) empêche la bonne efficacité de certains antibiotiques comme les tétracyclines ou les fluoroquinolones. L’absorption des biphosphonates, utilisés en rhumatologie, est, elle aussi, fortement compromise par la présence de calcium.Le lait n’est donc pas souhaitable, mais le jus d’orange ou le café ne font pas mieux … Le matin, pour faciliter l’absorption de ces médicaments, rien ne vaut un simple verre d’eau . La consommation excessive d’alcool est irritante pour la muqueuse digestive et augmente le passage des médicaments en raison d’une vasodilatation. Elle ralentit également la vidange gastrique, avec un effet inverse : elle renforce la métabolisation hépatique des médicaments, diminuant ainsi leur efficacité. Et les graisses ? Certains médicaments voient leur absorption accrue en leur présence et d’autres, au contraire, diminuée. Pas de règle générale, donc. Les fibres ? D’une manière générale, elles retardent et/ou diminuent l’absorption des médicaments. C’est particulièrement vrai pour les hormones thyroïdiennes.
Les bons conseils
Au total, pour « s’en sortir » quand on n’est pas un expert en pharmacologie :
1. l’absence d’excès alimentaires
2. la régularité de l’heure des repas
3. l’utilisation de l’eau plutôt qu’une autre boisson
Voila autant de facteurs de sécurité, en particulier lorsqu’on doit prendre des médicaments pour un traitement de longue durée. À titre de repères, voici quelques recommandations parmi les plus utiles.
1. Sont à prendre à distance des repas (plus d’une heure avant ou plus de deux heures après) : Erythromycine (Erythrocine), Isoniazide (Rimifon), penicillamine (Trolovol), rifampicine (Rifadine).
2. Il faut avaler les médicaments suivants en dehors de l’absorption de tout produit laitier, sauf si le médicament est pris pendant le repas : les quinolones (Ciflox, Izilox, Oflocet, Peflacine, Tavanic).
3. À prendre pendant les repas : Pristinamycine (Pyostacine), atovaquone (Wellvone), artemether-lumefantrine (Riamet), levodopa (Modopar, Sinemet).
4. À prendre environ trente minutes avant le petit déjeuner avec un verre d’eau : Thyroxine (Levothyrox), diphosphonates (Fosamax, Actonel, Clastoban).
Avant de prendre un médicament, on demande de toute façon conseil à son pharmacien. Si on a oublié de le faire, la notice d’information présente dans la boîte ou accessible sur Internet donnera toutes les informations utiles à la sécurité des prises.
Attention au pamplemousse !
Le cas particulier de l’effet du pamplemousse mérite d’y revenir plus longuement. Le pamplemousse a une saveur caractéristique, notamment due à une substance de la famille des flavonoïdes, la naringénine, présente dans le fruit en combinaison avec un sucre pour donner la naringine, deux substances pratiquement absentes dans les autres agrumes : oranges, citrons ou mandarines. Outre la présence de vitamine C, cette particularité fait du pamplemousse un fruit très précieux pour son action contre les radicaux libres. Mais il est préférable d’éviter l’excès de pamplemousse lors d’une prise régulière de médicaments. En effet, naringénine, naringine et autres flavonoïdes comme la paradisine et, surtout, la bergamottine, présents dans le jus de pamplemousse, peuvent constituer un danger car ils modifient la réaction de l’organisme à l’égard de certains médicaments. Cette particularité a été découverte il y a seulement une vingtaine d’années. On a en effet constaté qu’un médicament destiné au traitement de l’angine de poitrine devenait toxique, provoquant hypertension, troubles du rythme cardiaque, maux de tête… chez des buveurs réguliers de jus de pamplemousse. Seuls certains médicaments sont concernés. Ceux de la famille de la nifédipine (Adalate), dilatateurs des coronaires et destinés au traitement de l’hypertension artérielle, voient leur activité augmentée. C’est aussi le cas pour l’amiodarone (Cordarone), qui traite certains troubles du rythme cardiaque. Des médicaments anti-cholestérol (statines), atorvastatine (Tahor), mais surtout simvastatine (Zocor), sont concernés – mais pas la pravastatine (Elisor. La ciclosporine (Neoral), un médicament antirejet utilisé dans les greffes d’organes ou certaines maladies immunitaires, voit son effet également augmenté. Même chose pour la cortisone. Enfin, indinavir (Crixivan) et saquinavir (Invirase), deux antiviraux utilisés contre le VIH, sont moins bien éliminés, donc plus toxiques, s’ils sont absorbés avec du jus de pamplemousse.
L’interaction du pamplemousse repose sur le blocage de certains membres d’une famille d’enzymes, les cytochromes P450, puissants agents du métabolisme des médicaments. Si ces cytochromes, localisés dans le foie ou l’intestin grêle, sont bloqués, l’élimination du médicament est réduite ou arrêtée et l’activité du médicament est accrue, ce qui peut faire apparaître des réactions toxiques. Malheureusement, cette situation varie d’un malade à un autre et il est toujours délicat de modifier la posologie recommandée d’un médicament. En pratique, il suffit de boire deux verres de jus de pamplemousse pendant deux jours pour observer une interaction significative ! Et parfois de manière dramatique. De plus, trois à sept jours sont nécessaires pour dissiper ces effets. Au total, le jus de pamplemousse est une excellente boisson, très intéressante pour ses propriétés nutritives et « détox ». Mais si l’on prend des médicaments, il est préférable de l’éviter. Le jus d’orange peut, jusqu’à preuve du contraire, le remplacer très efficacement et sans danger. »
Pour approfondir vous pourriez consulter son ouvrage : Les médicaments en 100 questions
Bonne journée.
La prise d’aliment peut interférer avec les effets de certains médicaments, c’est pourquoi pour être efficaces certains doivent être pris pendant le repas, d’autres en dehors.
En outre, selon la nature de votre médicament, il interagira ou non avec certains types d’aliments : dans le cas de certains antibiotiques par exemple, il est déconseillé d’accompagner la prise d’un laitage, d’un jus d’orange ou d’un café, qui réduisent leur efficacité. Par défaut, il est donc préférable de prendre un verre d’eau :
« Un médicament ne s'avale pas « à sec », mais toujours avec du liquide afin d'éviter qu'il ne colle à l'œsophage. Idéalement, on le prend avec de l'eau, car les autres boissons peuvent modifier l'action et la tolérance des médicaments. »
Source : Médicaments : on les prend à jeun ou au cours d'un repas ? topsante.com
De manière générale, pour vous assurer de la posologie correcte d’un médicament, commencez par consulter sa notice, et en cas de doute demandez conseil à un professionnel de santé : médecin, pharmacien…
En attendant, voici des conseils de François Chast, professeur de pharmacie, publiés dans un article de sudouest.fr : Pourquoi faut-il prendre ses médicaments avant, pendant ou après les repas ?
«
Pour beaucoup de médicaments, la prescription est assortie de la consigne : à prendre avant, pendant ou après le repas. Cette préconisation tient le plus souvent aux effets du repas sur l’efficacité du médicament. Ce sont essentiellement ceux absorbés par voie orale, c’est à dire par la bouche, comme les comprimés, les gélules ou les sirops, qui sont concernés par les interactions avec l’alimentation. Néanmoins, certains aliments interfèrent avec la métabolisation des médicaments par le foie quelle que soit la voie d’administration, y compris en perfusion intraveineuse. C’est le cas, par exemple, du pamplemousse. Un préalable important de l’action des médicaments repose sur une bonne absorption, permettant aux molécules actives d’atteindre la circulation générale de l’organisme. Il faut donc tenir compte du risque de l’influence des aliments sur la quantité de médicament absorbé et sur la vitesse de cette absorption. Ces modifications sont d’autant plus à prendre en compte qu’on a affaire à des médicaments à marge thérapeutique étroite – c’est-à-dire que leur dose minimale efficace est très proche de leur dose maximale tolérable par l’organisme. C’est le cas des anti-épileptiques ou des immunosuppresseurs (utilisés dans la prévention ou le traitement du rejet de greffe de cœur, rein, foie, moelle osseuse ou cornée, et le traitement des maladies auto-immunes).
L’absorption des médicaments s’opère majoritairement dans l’intestin grêle, à la sortie de l’estomac. Pour schématiser, on peut dire que plus un médicament est soluble dans l’eau, moins il traverse la barrière intestinale, donc moins il est actif – il sera éliminé en grande partie dans les urines. En revanche, un médicament quasi huileux franchira aisément la muqueuse intestinale pour passer dans le sang. Certains aliments affectent directement cette propriété. Ainsi, lorsqu’à la faveur d’un repas, le pH de la lumière intestinale (l’intérieur de ce tuyau qu’est l’intestin) augmente, ce qui signifie que le niveau d’acidité diminue, certains médicaments voient leur passage facilité. Pour d’autres, au contraire, l’effet est inverse : ils sont freinés, voire empêchés. Il convient, par exemple, d’être prudent avec les médicaments contre le VIH, souvent sensibles à ces modifications.
La présence dans le tube digestif de certains éléments comme le calcium (apporté notamment par les laitages) empêche la bonne efficacité de certains antibiotiques comme les tétracyclines ou les fluoroquinolones. L’absorption des biphosphonates, utilisés en rhumatologie, est, elle aussi, fortement compromise par la présence de calcium.
Au total, pour « s’en sortir » quand on n’est pas un expert en pharmacologie :
1. l’absence d’excès alimentaires
2. la régularité de l’heure des repas
3. l’utilisation de l’eau plutôt qu’une autre boisson
Voila autant de facteurs de sécurité, en particulier lorsqu’on doit prendre des médicaments pour un traitement de longue durée. À titre de repères, voici quelques recommandations parmi les plus utiles.
1. Sont à prendre à distance des repas (plus d’une heure avant ou plus de deux heures après) : Erythromycine (Erythrocine), Isoniazide (Rimifon), penicillamine (Trolovol), rifampicine (Rifadine).
2. Il faut avaler les médicaments suivants en dehors de l’absorption de tout produit laitier, sauf si le médicament est pris pendant le repas : les quinolones (Ciflox, Izilox, Oflocet, Peflacine, Tavanic).
3. À prendre pendant les repas : Pristinamycine (Pyostacine), atovaquone (Wellvone), artemether-lumefantrine (Riamet), levodopa (Modopar, Sinemet).
4. À prendre environ trente minutes avant le petit déjeuner avec un verre d’eau : Thyroxine (Levothyrox), diphosphonates (Fosamax, Actonel, Clastoban).
Avant de prendre un médicament, on demande de toute façon conseil à son pharmacien. Si on a oublié de le faire, la notice d’information présente dans la boîte ou accessible sur Internet donnera toutes les informations utiles à la sécurité des prises.
Le cas particulier de l’effet du pamplemousse mérite d’y revenir plus longuement. Le pamplemousse a une saveur caractéristique, notamment due à une substance de la famille des flavonoïdes, la naringénine, présente dans le fruit en combinaison avec un sucre pour donner la naringine, deux substances pratiquement absentes dans les autres agrumes : oranges, citrons ou mandarines. Outre la présence de vitamine C, cette particularité fait du pamplemousse un fruit très précieux pour son action contre les radicaux libres. Mais il est préférable d’éviter l’excès de pamplemousse lors d’une prise régulière de médicaments. En effet, naringénine, naringine et autres flavonoïdes comme la paradisine et, surtout, la bergamottine, présents dans le jus de pamplemousse, peuvent constituer un danger car ils modifient la réaction de l’organisme à l’égard de certains médicaments. Cette particularité a été découverte il y a seulement une vingtaine d’années. On a en effet constaté qu’un médicament destiné au traitement de l’angine de poitrine devenait toxique, provoquant hypertension, troubles du rythme cardiaque, maux de tête… chez des buveurs réguliers de jus de pamplemousse. Seuls certains médicaments sont concernés. Ceux de la famille de la nifédipine (Adalate), dilatateurs des coronaires et destinés au traitement de l’hypertension artérielle, voient leur activité augmentée. C’est aussi le cas pour l’amiodarone (Cordarone), qui traite certains troubles du rythme cardiaque. Des médicaments anti-cholestérol (statines), atorvastatine (Tahor), mais surtout simvastatine (Zocor), sont concernés – mais pas la pravastatine (Elisor. La ciclosporine (Neoral), un médicament antirejet utilisé dans les greffes d’organes ou certaines maladies immunitaires, voit son effet également augmenté. Même chose pour la cortisone. Enfin, indinavir (Crixivan) et saquinavir (Invirase), deux antiviraux utilisés contre le VIH, sont moins bien éliminés, donc plus toxiques, s’ils sont absorbés avec du jus de pamplemousse.
L’interaction du pamplemousse repose sur le blocage de certains membres d’une famille d’enzymes, les cytochromes P450, puissants agents du métabolisme des médicaments. Si ces cytochromes, localisés dans le foie ou l’intestin grêle, sont bloqués, l’élimination du médicament est réduite ou arrêtée et l’activité du médicament est accrue, ce qui peut faire apparaître des réactions toxiques. Malheureusement, cette situation varie d’un malade à un autre et il est toujours délicat de modifier la posologie recommandée d’un médicament. En pratique, il suffit de boire deux verres de jus de pamplemousse pendant deux jours pour observer une interaction significative ! Et parfois de manière dramatique. De plus, trois à sept jours sont nécessaires pour dissiper ces effets. Au total, le jus de pamplemousse est une excellente boisson, très intéressante pour ses propriétés nutritives et « détox ». Mais si l’on prend des médicaments, il est préférable de l’éviter. Le jus d’orange peut, jusqu’à preuve du contraire, le remplacer très efficacement et sans danger. »
Pour approfondir vous pourriez consulter son ouvrage : Les médicaments en 100 questions
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter