Question d'origine :
Bonjour cher Guichet,
Je m'adresse à vous après avoir fait de nombreuses recherches sur le web, recherches qui m'ont donné des résultats discordants, voir contradictoires... ne sachant quel site ayant, en définitive, la version définitive, sinon officielle.
Je cherche les tableaux de conjugaison du verbe "souloir", d'un ancien usage, signifiant "avoir l'habitude".
Auriez-vous une référence ferme, idéalement celle de l'Académie française (je suppose...) ?
En vous remerciant par avance,
Bonne journée à vous,
Cordialement.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 25/03/2019 à 10h37
Bonjour,
Ill est effectivement compliqué de trouver une forme « officielle » du verbe souloir car comme le rappelle wiktionary, « au XVe siècle l'orthographe en est moins stabilisée » et qu’il a aujourd’hui disparu avec l’ensemble de sa conjugaison.
Toutefois, dans Des mots et des hommes: Une histoire vivante du langage, du latin à l'époque ..., Georges Gougenheim indique que « Surtout la notion d’ "avoir l’habitude" est rendue en ancien français par soloir, souloir, qui vient du verbe latin solere. On le trouve encore quelquefois au XVIIe siècle, mais uniquement à l’infinitif (souloir) et à l’imparfait de l’indicatif (je soulais, etc.). En 1647, Vaugelas reconnaît qu’il est hors d’usage et regrette sa perte. Il conseille de dire, au lieu de il soulait : il était accoutumé, il avait de coutume, il avait coutume. La Fontaine, amateur de vieux mots, l’emploie encore dans l’épitaphe plaisante qu’il a écrite pour lui-même, sous le titre d’Epitaphe d’un paresseux :
Quant à son temps, bine le sut dispenser :
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L’une à dormir et l’autre à ne rien faire.
Mais La Bruyère, se faisant l’écho de Vaugelas, range souloir parmi les mots dont il déplore la disparition. Ce regret a été repris par Littré au XIXe siècle. Mais c’est sans succès que Chateaubriand a tenté de remettre en usage le vieux verbe souloir. En fait, souloir avait perdu, bien avant le XVIIe siècle, la plupart de ses formes : ainsi l’indicatif présent je seux, lu seux, il seut … ils seulent. De plus l’imparfait, qui restait, était en homonymie fâcheuse avec l’imparfait du verbe soûler ».
Le Recueil de motets français des XIIe et XIIIe siècles donne la 1e et la 3 e personne de l’indicatif présent tandis que Philippe Perrine dans Orthophonie : tout le français précise l’imparfait de l’indicatif (je soulais, tu soulais, il soulait, nous soulions, vous souliez, ils soulaient).
Il faut donc chercher dans les manuels anciens pour trouver des exemples de conjugaison du verbe soilor dont la Grammaire élémentaire de l'ancien français (5e édition) : « Douloir et Souloir, dont plusieurs formes étaient restées vivantes jusqu’au XVIIe siècle, faisaient au parfait : je doulus, je soulus ; Ind Prés. Je deuil, n. dolons ; je seuil. »
Ou encore Mémoire sur la conjugaison française considérée sous le rapport étymologique (1845) :
« Soloi ou souloir (solere)
Prés. Soult (solet) ou seul (Ph.M), impf. Soleil (L. Des R), soulait (Marot et Lafontaine). On ne rencontre ni le parfait ni le participe de ce verbe».
Ceci étant dit, la table de conjugaison proposée sur micmap.org -site reproduisant des dictionnaires du latin, de l’ancien ou moyen français - nous semble tout à fait juste. Ce même tableau de conjugaison (doc pdf) est repris par une chercheuse médiéviste.
Vous trouverez de semblables considérations dans le Dictionnaire du moyen français, le français médiéval ou Les mots français dans l’Histoire et dans la Vie.
Ill est effectivement compliqué de trouver une forme « officielle » du verbe souloir car comme le rappelle wiktionary, « au XVe siècle l'orthographe en est moins stabilisée » et qu’il a aujourd’hui disparu avec l’ensemble de sa conjugaison.
Toutefois, dans Des mots et des hommes: Une histoire vivante du langage, du latin à l'époque ..., Georges Gougenheim indique que « Surtout la notion d’ "avoir l’habitude" est rendue en ancien français par soloir, souloir, qui vient du verbe latin solere. On le trouve encore quelquefois au XVIIe siècle, mais uniquement à l’infinitif (souloir) et à l’imparfait de l’indicatif (je soulais, etc.). En 1647, Vaugelas reconnaît qu’il est hors d’usage et regrette sa perte. Il conseille de dire, au lieu de il soulait : il était accoutumé, il avait de coutume, il avait coutume. La Fontaine, amateur de vieux mots, l’emploie encore dans l’épitaphe plaisante qu’il a écrite pour lui-même, sous le titre d’Epitaphe d’un paresseux :
Quant à son temps, bine le sut dispenser :
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L’une à dormir et l’autre à ne rien faire.
Mais La Bruyère, se faisant l’écho de Vaugelas, range souloir parmi les mots dont il déplore la disparition. Ce regret a été repris par Littré au XIXe siècle. Mais c’est sans succès que Chateaubriand a tenté de remettre en usage le vieux verbe souloir. En fait, souloir avait perdu, bien avant le XVIIe siècle, la plupart de ses formes : ainsi l’indicatif présent je seux, lu seux, il seut … ils seulent. De plus l’imparfait, qui restait, était en homonymie fâcheuse avec l’imparfait du verbe soûler ».
Le Recueil de motets français des XIIe et XIIIe siècles donne la 1e et la 3 e personne de l’indicatif présent tandis que Philippe Perrine dans Orthophonie : tout le français précise l’imparfait de l’indicatif (je soulais, tu soulais, il soulait, nous soulions, vous souliez, ils soulaient).
Il faut donc chercher dans les manuels anciens pour trouver des exemples de conjugaison du verbe soilor dont la Grammaire élémentaire de l'ancien français (5e édition) : « Douloir et Souloir, dont plusieurs formes étaient restées vivantes jusqu’au XVIIe siècle, faisaient au parfait : je doulus, je soulus ; Ind Prés. Je deuil, n. dolons ; je seuil. »
Ou encore Mémoire sur la conjugaison française considérée sous le rapport étymologique (1845) :
« Soloi ou souloir (solere)
Prés. Soult (solet) ou seul (Ph.M), impf. Soleil (L. Des R), soulait (Marot et Lafontaine). On ne rencontre ni le parfait ni le participe de ce verbe».
Ceci étant dit, la table de conjugaison proposée sur micmap.org -site reproduisant des dictionnaires du latin, de l’ancien ou moyen français - nous semble tout à fait juste. Ce même tableau de conjugaison (doc pdf) est repris par une chercheuse médiéviste.
Vous trouverez de semblables considérations dans le Dictionnaire du moyen français, le français médiéval ou Les mots français dans l’Histoire et dans la Vie.
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