Question d'origine :
Bonsoid,
Les suisses sont-ils les 1ers à utiliser les lettres de change ?
Je vous remercie.
Très cordialement.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 08/03/2019 à 09h40
Bonjour,
L'origine de la lettre de change est difficile à établir. Les Phéniciens semblaient déjà l'utiliser, puis les Grecs et les Romains l'employèrent, suivirent les grands centres commerciaux du Moyen-Âge (Italie, foires de Champagne et de Genève...).
Nous vous laissons consulter cet article très complet sur la lettre de change qui retrace son histoire : Dictionnaire de l'économie politique, Volume 2 / Charles Coquelin, M. Guillaumin (Gilbert-Urbain). En voici un petit extrait :
" Ce n’est point par des découvertes soudaines et complètes que procèdent les hommes dans la mise en pratique des procédés sociaux et commerciaux. Ils inventent d’abord, puis ils perfectionnent au fur et à mesure des besoins de la civilisation, et il suffit d’étudier un moment le procédé connus sous le nom de lettre de change, pour y trouver la trace d’une formation successive, lente et, en quelque sorte, des couches superposées les unes aux autres, comme des couches de terre d’origine diverse, rapprochées par les révolutions du globe, pendant une longue période de temps.
En effet, il y a dans la lettre de change :
1° un échange de créances entre le tireur et le preneur, suivi d’un ordre de payer donné au tiré d’un lieu à un autre ;
2° la transmission, par endossement, de la propriété de la lettre de change ;
3° l’obligation solidaire des endosseurs et du tireur ;
4° la sanction légale donnée par les tribunaux et les lois à cette obligation, sou les conditions relatives aux protéis.
S’il n’y a point de lettre de change sans la réunion de tous ces caractères,nous croyons que l’origine de ces lettres est de plusieurs siècles postérieure à l’année 1181 [date à laquelle les juifs sont chassés de France par Philippe Auguste] : si, au contraire, on appelle lettre de change l’ordre donné d’un lieu à un autre de payer à un tiers, par suite d’un échange de créances, il est très probable que l’usage de ce procédé remonte à l’antiquité . "
Quelques textes sont cités dans l'article de Jules-Albert de Foucault Après l'année Érasme. Souvenirs d'un contemporain publié dans le Bulletin de l'Association Guillaume Budé (n°1, mars 1972. pp. 97-106) :
" Les économistes discutent depuis longtemps sur ses origines. Si l'on s'en tient à la définition légale actuelle et la forme qui en découle, elle est apparue en droit français par l'ordonnance de 1673. Mais déjà Louis XI, en 1462, en autorisait l'usage . Les mêmes économistes sont d'accord pour penser que les Phéniciens utilisaient déjà la « lettre » . Plus près de nous, nous trouvons des textes latins et grecs assez précis . Un plaidoyer d'Isocrate (Trapézitique, Budé I, p. 81-82) paraît assez clair. [...]
Plus précis peut-être est un passage deCicéron clans une lettre à Atticus (5.15.2), de Laodicée (août 51). "
Nous vous laissons le consulter dans son intégralité.
Par ailleurs, dans le Dictionnaire historique de la Suisse, il est expliqué :
Lettre de change
Effet de commerce (Transactions financières),la lettre de change a été développée par les changeurs (ou banquiers) de Gênes à partir du XIIe s. et en rapport avec les foires de Champagne. C'est à la fois, et indissociablement, un instrument de transfert de fonds d'une place à l'autre sans transport d'espèces et un instrument simplifié de crédit dans lequel le taux de change dissimule l'intérêt qui revient à l'émetteur de la lettre (le changeur créancier). Il implique donc obligatoirement deux places distinctes (celle de l'émission et celle du paiement), deux monnaies différentes et en principe quatre personnes (le tireur, qui émet la lettre en faveur du tiré, son client; le payeur sur l'autre place et le bénéficiaire). L'évolution de la lettre de change est complexe (et controversée); l'instrument s'est tôt prêté à des spéculations. L'endossement, qui en fait un effet négociable, apparaît en Italie au XVe s. (mais ne se généralise qu'à la fin du XVIe s.). Les foires de Genève deviennent dès le XIIIe s., mais surtout au XVe s., un centre majeur du trafic des lettres de change. Celles-ci apparaissent aussi, à partir du XIVe s., dans les relations des villes suisses (Bâle surtout) avec d'autres centres d'affaires. Au XVIIIe s., la lettre de change cède progressivement la place à l'escompte et au chèque. "
A lire pour aller plus loin :
- Lettre de change / France pittoresque
- Au XIIème siècle, l’Ordre des Templiers invente la lettre de change
- Le marché monétaire au Moyen Age et au début des temps modernes. Problèmes et méthodes / Raymond de Roover - Revue Historique, vol. 244, no. 1 (495), 1970, pp. 5–40.
- Marchands et banquiers du Moyen Age / Jacques Le Goff
- La monnaie, le prince et le marchand : une analyse économique des phénomènes monétaires au Moyen Age / Benoît Santiano
Bonne journée.
L'origine de la lettre de change est difficile à établir. Les Phéniciens semblaient déjà l'utiliser, puis les Grecs et les Romains l'employèrent, suivirent les grands centres commerciaux du Moyen-Âge (Italie, foires de Champagne et de Genève...).
Nous vous laissons consulter cet article très complet sur la lettre de change qui retrace son histoire : Dictionnaire de l'économie politique, Volume 2 / Charles Coquelin, M. Guillaumin (Gilbert-Urbain). En voici un petit extrait :
" Ce n’est point par des découvertes soudaines et complètes que procèdent les hommes dans la mise en pratique des procédés sociaux et commerciaux. Ils inventent d’abord, puis ils perfectionnent au fur et à mesure des besoins de la civilisation, et il suffit d’étudier un moment le procédé connus sous le nom de lettre de change, pour y trouver la trace d’une formation successive, lente et, en quelque sorte, des couches superposées les unes aux autres, comme des couches de terre d’origine diverse, rapprochées par les révolutions du globe, pendant une longue période de temps.
En effet, il y a dans la lettre de change :
1° un échange de créances entre le tireur et le preneur, suivi d’un ordre de payer donné au tiré d’un lieu à un autre ;
2° la transmission, par endossement, de la propriété de la lettre de change ;
3° l’obligation solidaire des endosseurs et du tireur ;
4° la sanction légale donnée par les tribunaux et les lois à cette obligation, sou les conditions relatives aux protéis.
S’il n’y a point de lettre de change sans la réunion de tous ces caractères,
Quelques textes sont cités dans l'article de Jules-Albert de Foucault Après l'année Érasme. Souvenirs d'un contemporain publié dans le Bulletin de l'Association Guillaume Budé (n°1, mars 1972. pp. 97-106) :
" Les économistes discutent depuis longtemps sur ses origines. Si l'on s'en tient à la définition légale actuelle et la forme qui en découle,
Plus précis peut-être est un passage de
Nous vous laissons le consulter dans son intégralité.
Par ailleurs, dans le Dictionnaire historique de la Suisse, il est expliqué :
Effet de commerce (Transactions financières),
A lire pour aller plus loin :
- Lettre de change / France pittoresque
- Au XIIème siècle, l’Ordre des Templiers invente la lettre de change
- Le marché monétaire au Moyen Age et au début des temps modernes. Problèmes et méthodes / Raymond de Roover - Revue Historique, vol. 244, no. 1 (495), 1970, pp. 5–40.
- Marchands et banquiers du Moyen Age / Jacques Le Goff
- La monnaie, le prince et le marchand : une analyse économique des phénomènes monétaires au Moyen Age / Benoît Santiano
Bonne journée.
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