Pourquoi une femme en porte-jaretelles excite les hommes ?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 14/02/2019 à 13h58
10957 vues
Question d'origine :
Bonjour,
cher guichet du savoir : pourquoi les hommes sont excités par une femme en porte-jaretelles ?
Y a-t-il quelque chose d'inconscient, d'ancré animalement, ou est-ce simplement parce que cet accessoire est associé à l'iconographie sexuelle moderne ?
Merci.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/02/2019 à 10h52
Bonjour,
Croyez-le ou non, le porte-jarretelles n’a pas toujours alimenté les fantasmes érotiques masculins : en fait, quand il fut inventé sous Louis XIV, il était jugé inesthétique et porté uniquement pour des raisons médicales en remplacement de la jarretière (qui pouvait causer des problèmes de circulation sanguine).
Ce n’est qu’à partir des années 30 que l'image du porte-jarretelles commence réellement à être associée au désir : le grand couturier Paul Poiret lui donne ses lettres de noblesse et l’affiche de L’Ange bleu présente Marlène Dietritch posant de manière provocante, vêtue de cette pièce de lingerie.
« Après la guerre, les Américains répandent les bas nylon. Marcel Rochas crée la guêpière. La mode change et le porte-jarretelles a mauvaise réputation, devenant le signe de reconnaissance de la prostituée. Pendant les années 1960, la minijupe s'accommode mieux du collant, plus pratique.
Dans les années 1970, Chantal Thomass, entre autres, réintroduisit la lingerie sexy et sophistiquée pour les femmes élégantes. Les années 1980 sont celles du redémarrage du porte-jarretelles.
Jusqu'à l'apparition du collant, à la fin des années 1960, la fonction du porte-jarretelles est utilitaire. Depuis lors, il est porté dans un but de séduction ou d'érotisme et est devenu un puissant symbole de féminité. Associé à la volonté de séduction de celles qui le portent, le porte-jarretelles est l'objet de fantasmes, voire de fétichisme de la part de beaucoup d'hommes.
Le porte-jarretelles regagne depuis quelques années la faveur des jeunes femmes, surtout depuis la vague de la mode porno chic ainsi que du new burlesque. En France 10 à 15 % des femmes déclarent en porter. Sa présence fréquente dans les rayons des supermarchés, et non plus exclusivement dans les boutiques de lingerie, en est la démonstration. »
Source : Wikipedia
Nous trouvons quelques éléments d’explication sur le caractère érotique des vêtements (et sous-vêtements) dans Les Fantasmes : l’érotisme et la sexualité :
« Les grands couturiers ont compris depuis longtemps que les vêtements font partie de la magie érotique. La femme, plus que l’homme, utilise le vêtement à des fins érotiques. Si elle est un tant soit peu sexy, elle saura comment s’habiller pour attirer les regards. La texture des vêtements joue un rôle non négligeable. Vêtements de cuir, de soie et de velours sont proprices à la fétichisation. Si je me fie à la clinique sexologique, les chaussures et les bottes arrivent en tête de liste. »
Toujours d’après cet auteur, 71% des hommes partageraient le fantasme d’être avec une femme qui porte des vêtements ou des accessoires sexuellement excitants.
Mais c’est surtout le Traité du fétichisme qui vous éclairera sur les fantasmes attachés aux porte-jarretelles, bas et collants :
« On a souvent dit que le bas guidait le regard et emmenait le désir vers le haut promis du sexe, lui-même entouré de l’ineffable écrin du porte-jarretelles. Pendant longtemps, le bas dut son maintien à la jarretière qui, comme celle de la mariée, était un véritable objet de fétichisme. […] L’histoire d’amour entre le bas et le porte-jarretelles n’est pas qu’une question d’esthétisme, elle est aussi affaire de mouvements, comme nous le rappelle Yves Riquet à propos de son profond désespoir lors de l’avènement du collant : « j’ai jarretellé, et hélas déjarretellé, des femmes pendant quarante ans. […] Quand j’ai vu arriver le collant, j’ai eu l’impression de voir arriver un bébé en Celluloïd. Des bas sans issue. Mais c’est surtout l’ensemble de la gestuelle féminine qui fichait le camp, celui de vérifier la couture de son bas, de rajuster sa jarretelle, ensuite d’enlever ses bas, comme Michèle Morgan dans Les Orgueilleux. On a tous regretté cette perte. »
Dans La Sexualité masculine, Claude Crépault nous en apprend plus sur les mécanismes de la fétichisation et du fantasme :
« C’est comme si un détail, une particularité corporelle ou une activité sexuelle très précise faisait office de point d’ancrage de la libido. Ce qui sera fétichisé dépendra en bonne partie du contexte socioculturel. En Amérique du Nord, par exemple, depuis plusieurs années, on fait de la femme aux gros seins et à la taille fine un symbole sexuel. […] Inévitablement l’adolescent est imprégné par ces canons de beauté féminine que lui suggèrent les médias. S’agit-il d’un simple conditionnement culturel ? Si Playboy avait opté pour les petits pieds féminins, comme en Chine ancienne, aurait-il eu autant de succès ? On peut en douter !
Les sociétés occidentales, à cause du rapport ambivalent à la mère, on fétichisé les gros seins. Ces derniers renvoient à la mère dispensatrice du lait nourricier. Erotiser les gros seins, c’est pour l’adolescent une façon de s’abreuver et de se nourrir à perpétuité. Mais même ces gros seins que l’adolescent érotise dans son imaginaire sont aussi l’objet d’hostilité. L’érotisme puise son énergie à la fois dans la fusion et l’antifusion. Les poitrines voluptueuses qui excitent tant les hommes traduisent un double désir : un désir de fusion et un désir de vengeance contre le sein maternel pas assez comblant. Plus le désir de fusion prédomine, plus l’adolescent se laissera envoûter par cette playmate de ses rêves. Ce qui était initialement un simple objet de désir envahit tout le réseau affectif. L’érotisme et le lien amoureux s’entremêlent. L’objet de désir devient un culte, une déesse. Si le désir de vengeance prend le dessus, la femme aux gros seins sera méprisée, rabaissée, déshumanisée, et c’est ce qui nourrira l’excitation.
N’oublions pas, non plus, que les gros seins marquent bien la différence sexuelle et que, ce faisant, ils rassurent l’adolescent sur son orientation sexuelle. C’est comme si l’adolescent se disait : « Les gros seins m’excitent, cela prouve que je suis bel et bien hétérosexuel… » […]
Qu’est-ce qui pousse l’adolescent à morceler son imaginaire, à fétichiser ? En se fixant sur une image, il lui est plus aisé d’éliminer les interférences affectives. Cela facilite son érection et sa jouissance orgastique. Même si le fantasme-fétiche possède plusieurs significations inconscientes, il est sur le plan conscient un facilitateur de l’excitation érotique.
Une des fonctions du fantasme masturbatoire est de nourrir le désir et de faciliter la décharge orgastique. […]
Les fantasmes à composantes voyeuristes
On sait à quel point l’odorat est prédominant dans l’attraction sexuelle des mammifères inférieurs en période de rut. Il ne reste plus chez les humains que des résidus de ce mode d’attirance sexuelle. La vision a délogé l’olfaction. Le désir de l’homme hétérosexuel naît principalement du regard qu’il pose sur la femme, et celle-ci élabore son désir en bonne partie dans le fait d’être regardée et désirée. Voir et être vu, désirer et être désiré, voilà une dynamique fondamentale dans l’attirance entre les sexes. L’homme est le désirant et la femme, la désirée. Cela n’est pas sans encourager la formation de composantes voyeuristes chez l’homme. Aussi ne nous étonnons pas de l’importance de l’objectivation visuelle dans l’imaginaire masculin.
Questionnez un homme hétérosexuel sur les images qui lui viennent à l’esprit quand il veut s’exciter, et bonnes sont les chances de l’entendre évoquer des scènes qu’il a déjà vues. Il vous dira du même souffle que le fait de regarder l’excite. Il va peut-être vous faire la liste de quelques-uns de ses fantasmes à composantes voyeuristes : regarder une femme qui se déshabille graduellement ; une femme qui se masturbe ; deux femmes qui se caressent ; etc. Dans ses fantasmes, l’homme se pose comme sujet regardant. C’est comme si son pénis avait des yeux ! »
Bonne journée.
Croyez-le ou non, le porte-jarretelles n’a pas toujours alimenté les fantasmes érotiques masculins : en fait, quand il fut inventé sous Louis XIV, il était jugé inesthétique et porté uniquement pour des raisons médicales en remplacement de la jarretière (qui pouvait causer des problèmes de circulation sanguine).
Ce n’est qu’à partir des années 30 que l'image du porte-jarretelles commence réellement à être associée au désir : le grand couturier Paul Poiret lui donne ses lettres de noblesse et l’affiche de L’Ange bleu présente Marlène Dietritch posant de manière provocante, vêtue de cette pièce de lingerie.
« Après la guerre, les Américains répandent les bas nylon. Marcel Rochas crée la guêpière. La mode change et le porte-jarretelles a mauvaise réputation, devenant le signe de reconnaissance de la prostituée. Pendant les années 1960, la minijupe s'accommode mieux du collant, plus pratique.
Dans les années 1970, Chantal Thomass, entre autres, réintroduisit la lingerie sexy et sophistiquée pour les femmes élégantes. Les années 1980 sont celles du redémarrage du porte-jarretelles.
Jusqu'à l'apparition du collant, à la fin des années 1960, la fonction du porte-jarretelles est utilitaire. Depuis lors, il est porté dans un but de séduction ou d'érotisme et est devenu un puissant symbole de féminité. Associé à la volonté de séduction de celles qui le portent, le porte-jarretelles est l'objet de fantasmes, voire de fétichisme de la part de beaucoup d'hommes.
Le porte-jarretelles regagne depuis quelques années la faveur des jeunes femmes, surtout depuis la vague de la mode porno chic ainsi que du new burlesque. En France 10 à 15 % des femmes déclarent en porter. Sa présence fréquente dans les rayons des supermarchés, et non plus exclusivement dans les boutiques de lingerie, en est la démonstration. »
Source : Wikipedia
Nous trouvons quelques éléments d’explication sur le caractère érotique des vêtements (et sous-vêtements) dans Les Fantasmes : l’érotisme et la sexualité :
« Les grands couturiers ont compris depuis longtemps que les vêtements font partie de la magie érotique. La femme, plus que l’homme, utilise le vêtement à des fins érotiques. Si elle est un tant soit peu sexy, elle saura comment s’habiller pour attirer les regards. La texture des vêtements joue un rôle non négligeable. Vêtements de cuir, de soie et de velours sont proprices à la fétichisation. Si je me fie à la clinique sexologique, les chaussures et les bottes arrivent en tête de liste. »
Toujours d’après cet auteur, 71% des hommes partageraient le fantasme d’être avec une femme qui porte des vêtements ou des accessoires sexuellement excitants.
Mais c’est surtout le Traité du fétichisme qui vous éclairera sur les fantasmes attachés aux porte-jarretelles, bas et collants :
« On a souvent dit que le bas guidait le regard et emmenait le désir vers le haut promis du sexe, lui-même entouré de l’ineffable écrin du porte-jarretelles. Pendant longtemps, le bas dut son maintien à la jarretière qui, comme celle de la mariée, était un véritable objet de fétichisme. […] L’histoire d’amour entre le bas et le porte-jarretelles n’est pas qu’une question d’esthétisme, elle est aussi affaire de mouvements, comme nous le rappelle Yves Riquet à propos de son profond désespoir lors de l’avènement du collant : « j’ai jarretellé, et hélas déjarretellé, des femmes pendant quarante ans. […] Quand j’ai vu arriver le collant, j’ai eu l’impression de voir arriver un bébé en Celluloïd. Des bas sans issue. Mais c’est surtout l’ensemble de la gestuelle féminine qui fichait le camp, celui de vérifier la couture de son bas, de rajuster sa jarretelle, ensuite d’enlever ses bas, comme Michèle Morgan dans Les Orgueilleux. On a tous regretté cette perte. »
Dans La Sexualité masculine, Claude Crépault nous en apprend plus sur les mécanismes de la fétichisation et du fantasme :
« C’est comme si un détail, une particularité corporelle ou une activité sexuelle très précise faisait office de point d’ancrage de la libido. Ce qui sera fétichisé dépendra en bonne partie du contexte socioculturel. En Amérique du Nord, par exemple, depuis plusieurs années, on fait de la femme aux gros seins et à la taille fine un symbole sexuel. […] Inévitablement l’adolescent est imprégné par ces canons de beauté féminine que lui suggèrent les médias. S’agit-il d’un simple conditionnement culturel ? Si Playboy avait opté pour les petits pieds féminins, comme en Chine ancienne, aurait-il eu autant de succès ? On peut en douter !
Les sociétés occidentales, à cause du rapport ambivalent à la mère, on fétichisé les gros seins. Ces derniers renvoient à la mère dispensatrice du lait nourricier. Erotiser les gros seins, c’est pour l’adolescent une façon de s’abreuver et de se nourrir à perpétuité. Mais même ces gros seins que l’adolescent érotise dans son imaginaire sont aussi l’objet d’hostilité. L’érotisme puise son énergie à la fois dans la fusion et l’antifusion. Les poitrines voluptueuses qui excitent tant les hommes traduisent un double désir : un désir de fusion et un désir de vengeance contre le sein maternel pas assez comblant. Plus le désir de fusion prédomine, plus l’adolescent se laissera envoûter par cette playmate de ses rêves. Ce qui était initialement un simple objet de désir envahit tout le réseau affectif. L’érotisme et le lien amoureux s’entremêlent. L’objet de désir devient un culte, une déesse. Si le désir de vengeance prend le dessus, la femme aux gros seins sera méprisée, rabaissée, déshumanisée, et c’est ce qui nourrira l’excitation.
N’oublions pas, non plus, que les gros seins marquent bien la différence sexuelle et que, ce faisant, ils rassurent l’adolescent sur son orientation sexuelle. C’est comme si l’adolescent se disait : « Les gros seins m’excitent, cela prouve que je suis bel et bien hétérosexuel… » […]
Qu’est-ce qui pousse l’adolescent à morceler son imaginaire, à fétichiser ? En se fixant sur une image, il lui est plus aisé d’éliminer les interférences affectives. Cela facilite son érection et sa jouissance orgastique. Même si le fantasme-fétiche possède plusieurs significations inconscientes, il est sur le plan conscient un facilitateur de l’excitation érotique.
Une des fonctions du fantasme masturbatoire est de nourrir le désir et de faciliter la décharge orgastique. […]
Les fantasmes à composantes voyeuristes
On sait à quel point l’odorat est prédominant dans l’attraction sexuelle des mammifères inférieurs en période de rut. Il ne reste plus chez les humains que des résidus de ce mode d’attirance sexuelle. La vision a délogé l’olfaction. Le désir de l’homme hétérosexuel naît principalement du regard qu’il pose sur la femme, et celle-ci élabore son désir en bonne partie dans le fait d’être regardée et désirée. Voir et être vu, désirer et être désiré, voilà une dynamique fondamentale dans l’attirance entre les sexes. L’homme est le désirant et la femme, la désirée. Cela n’est pas sans encourager la formation de composantes voyeuristes chez l’homme. Aussi ne nous étonnons pas de l’importance de l’objectivation visuelle dans l’imaginaire masculin.
Questionnez un homme hétérosexuel sur les images qui lui viennent à l’esprit quand il veut s’exciter, et bonnes sont les chances de l’entendre évoquer des scènes qu’il a déjà vues. Il vous dira du même souffle que le fait de regarder l’excite. Il va peut-être vous faire la liste de quelques-uns de ses fantasmes à composantes voyeuristes : regarder une femme qui se déshabille graduellement ; une femme qui se masturbe ; deux femmes qui se caressent ; etc. Dans ses fantasmes, l’homme se pose comme sujet regardant. C’est comme si son pénis avait des yeux ! »
Bonne journée.
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