Distinction entre ordre religieux et monachisme
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 01/02/2019 à 10h38
1010 vues
Question d'origine :
Bonjour Madame, Monsieur,
Je ne comprends pas bien la différence entre les religieux/ordre religieux et les moines/monachisme. Tous les moines sont des religieux, mais tous les religieux ne sont pas des moines/moniales.
Les dominicaines contemplatives sont des moniales mais peut-on dire la même chose des dominicaines enseignantes?
- Pourriez-vous dresser la liste des ordres religieux et celle des moines/moniales qui existent aujourd'hui en France?
- Que veut dire monachisme aujourd'hui? L'ascèse n'est plus centrale?
Quelle différence entre le moine d'aujourd'hui est celui des origines?
- Est-ce qu'un ordre religieux en France a publié en détail ses statistiques sur le nombre de vocation entrantes, le nombre de fondations de nouveaux monastère?
Je vous remercie.
Avec mes meilleures salutations,
Jeya
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 04/02/2019 à 10h42
Bonjour,
Pour commencer voici les définitions fournies par le site de l’Eglise catholique en France pour les termes « monachisme » et « ordre religieux » :
Monachisme
Du grec ancien monos, « solitaire ».
Etat et mode de vie des moines, et moniales. La vie monastique varie entre forme cénobitique et érémitique. A travers leur vie et dans la ligne de leur tradition, les moines rappellent que l’évangile est exigeant. Le monachisme ne continue d’exister que parce qu’il est constamment réengendré.
Ordre religieux
Dans la tradition chrétienne, les ordres religieux sont des associations d’hommes ou de femmes qui s’engagent à suivre le Christ dans une vie évangélique. Les membres sont liés publiquement, ou parfois en privé, par des voeux de pauvreté, de chasteté, et d’obéissance en vue de mener une vie consacrée.
Le site des sœurs dominicaines confirme que les dominicaines enseignantes sont bien des moniales au même titre que les autres sœurs de cet ordre :
« A l’image des autres des autres sœurs de l’Ordre Dominicain, les sœurs enseignantes se vouent non seulement à la vie d’étude et de prière, mais aussi à l’enseignement au service des plus jeunes. Ainsi, en complément du mode de vie propre auxmoniales dominicaines , celles-ci prêchent, éduquent et enseignent. »
Il y a en effet une distinction à faire entre religieux contemplatifs et religieux apostoliques.
Concernant laliste des ordres monastiques , nous en trouvons une toujours sur le site des sœurs dominicaines :
«Les Ordres Monastiques
L’Ordre des Prêcheurs n’en est qu’un parmi tant d’autres, les ordres monastiques sont nombreux et mettent chacun en exergue une page d’Évangile distincte qui leur est confiée. Cette étude est faite sur les mêmes fondamentaux pour tous les ordres.
De nombreuses branches
Parmi la grande famille des ordres monastiques, nous retrouvons aux côtés desDominicains, les Annonciades, les Bénédictines, les Carmélites, les Cisterciennes, les Clarisses, les moniales Chartreuses, les moniales de Bethléem, les Passionistes, les Redemptoristines, les religieuses du cœur de Jésus, les Sacramentines, la Sainte Famille de Bordeaux et enfin, les Visitandines . Ces 14 ordres distincts partagent les mêmes préceptes, à savoir, la paix bénédictine, la simplicité cistercienne, la pauvreté franciscaine, le silence cartusien, l’étude dominicaine, l’oraison carmélitaine et la douceur visitandine.
Une quête séculaire
Certains de ces ordres sont présents sur le sol Français ou dans le monde puis des centaines d’années, prenons l’exemple des Franciscains, ceux-ci fêteront les 800 ans de l’arrivée des Franciscains en France en 2017 lors d’un jubilé. Les sœurs qui sont rattachées à la famille franciscaine ne sont pas les Dominicaines mais bien les Sœurs Clarisses ainsi que les Sœurs Franciscaines. Celles-ci adoptèrent la Règles du Tiers Ordre Séculier de Saint François d’Assise. Concernant les sœurs Dominicaines ainsi que l’Ordre des Prêcheurs, ils fêtèrent leur 800ème anniversaire en 2016 car c’est un 22 décembre 1216 que le Pape Honorius III signait la bulle de confirmation de cet Ordre.
Notons tout de même que les Dominicains ainsi que les Franciscains adoptèrent des formes de vie religieuse nouvelles dès le XIIIème siècles et sont parmi les premiers dans le Catholicisme à avoir adopté la vie monastique telle que nous la connaissons aujourd’hui. »
Il s’agit là d’une liste des ordres canoniques en France, mais en réalité il existe une multitude de congrégations religieuses catholiques :
«Question: pourquoi y a-t-il autant d’ordres religieux différents?
Une plaisanterie de sacristie affirme que même le Pape ne connaît pas le nombre de congrégations féminines dans le monde. Au-delà de la boutade, il est certain que le nombre de congrégations (des « ordres », au réel sens canonique du terme, il n’y en a pas tant que ça) indique la diversité dans l’Eglise. Il y a beaucoup de congrégations religieuses parce que l’Eglise est un peuple d’êtres humains libres, pas une armée ou un parti politique avec ses sections. Chaque fondateur ou fondatrice d’ordre ou de congrégation a eu une intuition particulière et la communauté qu’il ou elle a fondée vit d’un charisme – un don de l’Esprit-Saint – qui lui est propre. Les familles religieuses apparaissent aussi au fur et à mesure des défis et des besoins de leur temps. Faisons une petite rétrospective avec quelques exemples :
• Antiquité : les communautés se constituent surtout autour des premiers évêques, prêtres et diacres dans de petites communautés surtout urbaines. Des femmes, les vierges consacrées, s’engagent dans le célibat au service de l’évêque.
• Invasions barbares et début du Moyen Age: dans le désordre ambiant, le monachisme s’organise dans les campagnes, en particulier avec l’ordre de Saint Benoît. La vie devient trop risquée pour une femme seule. Les femmes désirant se consacrer doivent se regrouper dans des couvents et vivre en clôture. Les Bénédictins structurent un premier décollage économique et culturel de l’Europe occidentale : les fameux essartages autour des abbayes, construction de moulins et tisseries, sécurité des villageois qui se regroupent autour de l’abbaye, transmission culturelle avec les moines copistes, évangélisation jusque dans les campagnes.
• XIIIe siècle, premier capitalisme, échanges commerciaux « internationaux » avec les foires et les croisades, affranchissement des villes au fur et à mesure qu’elles s’enrichissent, apparition de nouvelles hérésies depuis l’Antiquité. Les ordres mendiants franciscain et dominicain se créent en contestation de cette société, mais aussi en accompagnant ses bouleversements.
• XVIe siècle, développement de l’humanisme et de l’autonomie du sujet. Carmélites et jésuites innovent en mettant davantage l’accent sur l’oraison mentale, l’expérience mystique personnelle, le discernement individuel.
• XIXe siècle : les grandes congrégations apostoliques se créent pour l’évangélisation, l’éducation et le soin des plus pauvres dans nos faubourgs et des peuples colonisés.
• Années 1970 : le Renouveau charismatique catholique surgit dans une période de bouleversements post-conciliaires, de déchristianisation forte de la société, de marxisme triomphant. Son accent mis sur la guérison intérieure, l’expérience directe et consolatrice de la grâce divine résonne avec une culture du développement personnel et de la psychanalyse triomphante, tout en contestant leur absence de transcendance et d’ouverture vers les plus fragiles. Parallèlement, l’émancipation générale de la femme a conduit à la réapparition de l’ordre des vierges consacrées, qui vivent indépendantes, alors qu’il avait quasiment disparu depuis 15 siècles.
On peut donc voir dans ce foisonnement, ce buissonnement de la vie consacrée, l’œuvre d’un Dieu qui agit dans l’Histoire, sans bruit spectaculaire mais avec la coopération de l’homme et des fruits à long terme. »
Source : reponses-catholiques.fr
Pour en savoir plus sur les ordres monastiques en France aujourd’hui vous lirez certainement avec intérêt l’article de Réginald-Ferdinand Poswick, La vie monastique aujourd’hui : du retrait à l’accueil du monde ?, paru dans Nouvelle revue théologique, vol. tome 140, no. 3, 2018, pp. 467-471, ainsi que l’enquête de Danièle Hervieu-Léger : Le temps des moines : clôture et hospitalité.
Enfin, sachez que des statistiques de l’Eglise catholique en France et dans le monde sont publiées sur eglise.catholique.fr mais elles ne semblent pas correspondre précisément à votre recherche. Peut-être en apprendrez-vous davantage en contactant directement les gestionnaires du site ou bien les Communautés catholiques francophones dans le monde (CCFM).
Pour finir, nous attirons votre attention sur le fait qu’un message adressé au Guichet du Savoir doit en principe comporter une seule question, conformément à nos règles d’utilisation. Vous pouvez poser jusqu’à trois questions par semaine.
Bonne journée.
Pour commencer voici les définitions fournies par le site de l’Eglise catholique en France pour les termes « monachisme » et « ordre religieux » :
Du grec ancien monos, « solitaire ».
Etat et mode de vie des moines, et moniales. La vie monastique varie entre forme cénobitique et érémitique. A travers leur vie et dans la ligne de leur tradition, les moines rappellent que l’évangile est exigeant. Le monachisme ne continue d’exister que parce qu’il est constamment réengendré.
Dans la tradition chrétienne, les ordres religieux sont des associations d’hommes ou de femmes qui s’engagent à suivre le Christ dans une vie évangélique. Les membres sont liés publiquement, ou parfois en privé, par des voeux de pauvreté, de chasteté, et d’obéissance en vue de mener une vie consacrée.
Le site des sœurs dominicaines confirme que les dominicaines enseignantes sont bien des moniales au même titre que les autres sœurs de cet ordre :
« A l’image des autres des autres sœurs de l’Ordre Dominicain, les sœurs enseignantes se vouent non seulement à la vie d’étude et de prière, mais aussi à l’enseignement au service des plus jeunes. Ainsi, en complément du mode de vie propre aux
Il y a en effet une distinction à faire entre religieux contemplatifs et religieux apostoliques.
Concernant la
«
L’Ordre des Prêcheurs n’en est qu’un parmi tant d’autres, les ordres monastiques sont nombreux et mettent chacun en exergue une page d’Évangile distincte qui leur est confiée. Cette étude est faite sur les mêmes fondamentaux pour tous les ordres.
Parmi la grande famille des ordres monastiques, nous retrouvons aux côtés des
Certains de ces ordres sont présents sur le sol Français ou dans le monde puis des centaines d’années, prenons l’exemple des Franciscains, ceux-ci fêteront les 800 ans de l’arrivée des Franciscains en France en 2017 lors d’un jubilé. Les sœurs qui sont rattachées à la famille franciscaine ne sont pas les Dominicaines mais bien les Sœurs Clarisses ainsi que les Sœurs Franciscaines. Celles-ci adoptèrent la Règles du Tiers Ordre Séculier de Saint François d’Assise. Concernant les sœurs Dominicaines ainsi que l’Ordre des Prêcheurs, ils fêtèrent leur 800ème anniversaire en 2016 car c’est un 22 décembre 1216 que le Pape Honorius III signait la bulle de confirmation de cet Ordre.
Notons tout de même que les Dominicains ainsi que les Franciscains adoptèrent des formes de vie religieuse nouvelles dès le XIIIème siècles et sont parmi les premiers dans le Catholicisme à avoir adopté la vie monastique telle que nous la connaissons aujourd’hui. »
Il s’agit là d’une liste des ordres canoniques en France, mais en réalité il existe une multitude de congrégations religieuses catholiques :
«
Une plaisanterie de sacristie affirme que même le Pape ne connaît pas le nombre de congrégations féminines dans le monde. Au-delà de la boutade, il est certain que le nombre de congrégations (des « ordres », au réel sens canonique du terme, il n’y en a pas tant que ça) indique la diversité dans l’Eglise. Il y a beaucoup de congrégations religieuses parce que l’Eglise est un peuple d’êtres humains libres, pas une armée ou un parti politique avec ses sections. Chaque fondateur ou fondatrice d’ordre ou de congrégation a eu une intuition particulière et la communauté qu’il ou elle a fondée vit d’un charisme – un don de l’Esprit-Saint – qui lui est propre. Les familles religieuses apparaissent aussi au fur et à mesure des défis et des besoins de leur temps. Faisons une petite rétrospective avec quelques exemples :
• Antiquité : les communautés se constituent surtout autour des premiers évêques, prêtres et diacres dans de petites communautés surtout urbaines. Des femmes, les vierges consacrées, s’engagent dans le célibat au service de l’évêque.
• Invasions barbares et début du Moyen Age: dans le désordre ambiant, le monachisme s’organise dans les campagnes, en particulier avec l’ordre de Saint Benoît. La vie devient trop risquée pour une femme seule. Les femmes désirant se consacrer doivent se regrouper dans des couvents et vivre en clôture. Les Bénédictins structurent un premier décollage économique et culturel de l’Europe occidentale : les fameux essartages autour des abbayes, construction de moulins et tisseries, sécurité des villageois qui se regroupent autour de l’abbaye, transmission culturelle avec les moines copistes, évangélisation jusque dans les campagnes.
• XIIIe siècle, premier capitalisme, échanges commerciaux « internationaux » avec les foires et les croisades, affranchissement des villes au fur et à mesure qu’elles s’enrichissent, apparition de nouvelles hérésies depuis l’Antiquité. Les ordres mendiants franciscain et dominicain se créent en contestation de cette société, mais aussi en accompagnant ses bouleversements.
• XVIe siècle, développement de l’humanisme et de l’autonomie du sujet. Carmélites et jésuites innovent en mettant davantage l’accent sur l’oraison mentale, l’expérience mystique personnelle, le discernement individuel.
• XIXe siècle : les grandes congrégations apostoliques se créent pour l’évangélisation, l’éducation et le soin des plus pauvres dans nos faubourgs et des peuples colonisés.
• Années 1970 : le Renouveau charismatique catholique surgit dans une période de bouleversements post-conciliaires, de déchristianisation forte de la société, de marxisme triomphant. Son accent mis sur la guérison intérieure, l’expérience directe et consolatrice de la grâce divine résonne avec une culture du développement personnel et de la psychanalyse triomphante, tout en contestant leur absence de transcendance et d’ouverture vers les plus fragiles. Parallèlement, l’émancipation générale de la femme a conduit à la réapparition de l’ordre des vierges consacrées, qui vivent indépendantes, alors qu’il avait quasiment disparu depuis 15 siècles.
On peut donc voir dans ce foisonnement, ce buissonnement de la vie consacrée, l’œuvre d’un Dieu qui agit dans l’Histoire, sans bruit spectaculaire mais avec la coopération de l’homme et des fruits à long terme. »
Source : reponses-catholiques.fr
Pour en savoir plus sur les ordres monastiques en France aujourd’hui vous lirez certainement avec intérêt l’article de Réginald-Ferdinand Poswick, La vie monastique aujourd’hui : du retrait à l’accueil du monde ?, paru dans Nouvelle revue théologique, vol. tome 140, no. 3, 2018, pp. 467-471, ainsi que l’enquête de Danièle Hervieu-Léger : Le temps des moines : clôture et hospitalité.
Enfin, sachez que des statistiques de l’Eglise catholique en France et dans le monde sont publiées sur eglise.catholique.fr mais elles ne semblent pas correspondre précisément à votre recherche. Peut-être en apprendrez-vous davantage en contactant directement les gestionnaires du site ou bien les Communautés catholiques francophones dans le monde (CCFM).
Pour finir, nous attirons votre attention sur le fait qu’un message adressé au Guichet du Savoir doit en principe comporter une seule question, conformément à nos règles d’utilisation. Vous pouvez poser jusqu’à trois questions par semaine.
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter