Question d'origine :
Bonjour, pouvez vous me donner des informations sur la broche
trouvée au fond d'un tiroir ( photo ). Merci d'avance.
https://zupimages.net/up/19/04/qefo.jpg
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 31/01/2019 à 14h34
Bonjour,
Votre broche comportant un casque avec la mention Craonne pourrait provenir de ce que l’on appelle un « artisanat de tranchée » réalisé pendant la première Guerre mondiale dans une douille d’obus.
Cette mention se réfère à la « Chanson de Craonne (du nom du village de Craonne) [qui] est une chanson contestataire, chantée par des soldats français durant la Première Guerre mondiale, entre 1915 et 1917. Elle est interdite par le commandement militaire qui la censure en raison de ses paroles antimilitaristes (« on s'en va là-bas en baissant la tête », « nos pauvr' remplaçants vont chercher leurs tombes »), défaitistes (« c'est bien fini, on en a assez, personne ne veut plus marcher ») et subversives incitant à la mutinerie (« c'est fini, nous, les troufions, on va se mettre en grève ») alors qu'une guerre est en train de se livrer sur le territoire national.
Cette chanson politiquement engagée (à l'extrême-gauche) a des visées anticapitalistes quand elle fustige « Les gros », « ceux qu'ont le pognon » et « les biens de ces messieurs là ». Elle est contemporaine de la Révolution d'Octobre de 1917 qui a entraîné, en France, la mutinerie des soldats communistes russes à La Courtine et, sur le front de l'Est, la débandade et le retrait des troupes russes (alors alliées à la France).
Source : wikipedia
Patrice Warin dans Artisanat de tranchée & briquets de Poilus de la guerre 14-18 s’intéresse à tous ces objets qui vont des « spécimens produits en série, cadeaux standards que le permissionnaire distribuera à toutes ses connaissances dans son village, jusqu’à l’article amoureusement ciselé pour l’épouse ou la fiancée (…) cet artisanat, fondé sur la récupération de matières premières peu courantes (…) plusieurs thèmes récurrents apparaissent, dus, soit à la forme des éléments de base (les douilles d’obus, les fusées) qui ne permettent qu’un nombre limité des variations, soit aux idées ambiantes servant à la décoration »
(…)
Les étuis de cartouches, en cuivre ou en laiton, supportaient le formage et l’assemblage par brassage et soudage, les artisans des premières lignes, au début, se contentant de techniques très simples comme le martelage ».
Par ailleurs, l’auteur consacre un chapitre à la production de bijoux et reproduit certaines bagues et broches réalisées par des poilus.
Enfin, ce même ouvrage traite de cette chanson de "Craonne" :
« Symbole des sacrifices inutiles, des vaines attaques et de la révolte des régiments épuisés, Craonne eut une profonde influence sur le moral des soldats :
« Adieu la vie, adieu l’amour
Adieu toutes les femmes
(…)
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau … »
Les deux premières lignes de ce refrain figurent parfois sur des articles faits par les poilus mais on relève plus couramment « Craonne », « Craonne 1917 » ou encore un « 416e Rt d’Infanterie-souvenir du plateau de Craonne », traces des offensives de Nivelle ou de la remise en ordre de Pétain.
Les allusions à Craonne, lieu maudit entre tous, sévèrement poursuivies par le commandement et la triste chanson, formellement interdite pendant très longtemps, survivent malgré tout, gravées dans le laiton ».
Le musée de la grande Guerre de Meaux a consacré en 2018 une exposition à ce sujet : « objets d’histoire, histories d’objets».
Nous vous laissons achever cette lecture en écoutant la chanson de Craonne.
Votre broche comportant un casque avec la mention Craonne pourrait provenir de ce que l’on appelle un « artisanat de tranchée » réalisé pendant la première Guerre mondiale dans une douille d’obus.
Cette mention se réfère à la « Chanson de Craonne (du nom du village de Craonne) [qui] est une chanson contestataire, chantée par des soldats français durant la Première Guerre mondiale, entre 1915 et 1917. Elle est interdite par le commandement militaire qui la censure en raison de ses paroles antimilitaristes (« on s'en va là-bas en baissant la tête », « nos pauvr' remplaçants vont chercher leurs tombes »), défaitistes (« c'est bien fini, on en a assez, personne ne veut plus marcher ») et subversives incitant à la mutinerie (« c'est fini, nous, les troufions, on va se mettre en grève ») alors qu'une guerre est en train de se livrer sur le territoire national.
Cette chanson politiquement engagée (à l'extrême-gauche) a des visées anticapitalistes quand elle fustige « Les gros », « ceux qu'ont le pognon » et « les biens de ces messieurs là ». Elle est contemporaine de la Révolution d'Octobre de 1917 qui a entraîné, en France, la mutinerie des soldats communistes russes à La Courtine et, sur le front de l'Est, la débandade et le retrait des troupes russes (alors alliées à la France).
Source : wikipedia
Patrice Warin dans Artisanat de tranchée & briquets de Poilus de la guerre 14-18 s’intéresse à tous ces objets qui vont des « spécimens produits en série, cadeaux standards que le permissionnaire distribuera à toutes ses connaissances dans son village, jusqu’à l’article amoureusement ciselé pour l’épouse ou la fiancée (…) cet artisanat, fondé sur la récupération de matières premières peu courantes (…) plusieurs thèmes récurrents apparaissent, dus, soit à la forme des éléments de base (les douilles d’obus, les fusées) qui ne permettent qu’un nombre limité des variations, soit aux idées ambiantes servant à la décoration »
(…)
Les étuis de cartouches, en cuivre ou en laiton, supportaient le formage et l’assemblage par brassage et soudage, les artisans des premières lignes, au début, se contentant de techniques très simples comme le martelage ».
Par ailleurs, l’auteur consacre un chapitre à la production de bijoux et reproduit certaines bagues et broches réalisées par des poilus.
Enfin, ce même ouvrage traite de cette chanson de "Craonne" :
« Symbole des sacrifices inutiles, des vaines attaques et de la révolte des régiments épuisés, Craonne eut une profonde influence sur le moral des soldats :
« Adieu la vie, adieu l’amour
Adieu toutes les femmes
(…)
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau … »
Les deux premières lignes de ce refrain figurent parfois sur des articles faits par les poilus mais on relève plus couramment « Craonne », « Craonne 1917 » ou encore un « 416e Rt d’Infanterie-souvenir du plateau de Craonne », traces des offensives de Nivelle ou de la remise en ordre de Pétain.
Les allusions à Craonne, lieu maudit entre tous, sévèrement poursuivies par le commandement et la triste chanson, formellement interdite pendant très longtemps, survivent malgré tout, gravées dans le laiton ».
Le musée de la grande Guerre de Meaux a consacré en 2018 une exposition à ce sujet : « objets d’histoire, histories d’objets».
Nous vous laissons achever cette lecture en écoutant la chanson de Craonne.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 01/02/2019 à 13h39
Bonjour,
Après avoir consulté plusieurs spécialistes, il semblerait que cette broche soit plutôt de facture industrielle.
Il s'agirait d'une broche issue du commerce du souvenir, post-guerre, vendue dans les années 1920.
Elle est obtenue par moulage, ce qui s'avère difficile à mettre en œuvre au front.
D’ailleurs les lettres en cuivre étaient ajoutées à la demande : Aisne, Marne etc. On appelle cela de la personnalisation retardée.
Nous remercions ici les contributeurs qui nous ont permis de rectifier notre réponse et de nous apporter cet éclairage.
Pour plus d'informations, vous pouvez également interroger le Forum de la Guerre de 1914-1918 où des spécialistes pourront certainement vous répondre.
Cordialement
Après avoir consulté plusieurs spécialistes, il semblerait que cette broche soit plutôt de facture industrielle.
Il s'agirait d'une broche issue du commerce du souvenir, post-guerre, vendue dans les années 1920.
Elle est obtenue par moulage, ce qui s'avère difficile à mettre en œuvre au front.
D’ailleurs les lettres en cuivre étaient ajoutées à la demande : Aisne, Marne etc. On appelle cela de la personnalisation retardée.
Nous remercions ici les contributeurs qui nous ont permis de rectifier notre réponse et de nous apporter cet éclairage.
Pour plus d'informations, vous pouvez également interroger le Forum de la Guerre de 1914-1918 où des spécialistes pourront certainement vous répondre.
Cordialement
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