AVANT LA POMME DE TERRE.
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 29/01/2019 à 11h14
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Question d'origine :
S.V.P.
Si la pomme de terre, est devenue depuis Parmentier,un aliment très important dans notre nourriture- j'avais entendu, mais vous me le confirmerez, le cas échéant, qu'en France, nous en consommons près de 1Kg par habitant et par semaine, ce qui est considérable!-; autrement dit, si celle ci venait à manquer ,subitement, cela nous poserait de gros problèmes.
Mais au fait, quels étaient les aliments constitutifs de l'alimentation, les plus consommés en France en particulier, avant l'introduction et la généralisation de cette pomme de terre ? merci.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 30/01/2019 à 14h19
Bonjour,
Avec 30 à 35 kg/an d’après Consoglobe on n’en est pas encore à 1 kg par semaine, mais cela reste honorable, donc oui, la pomme de terre a bien la patate dans l’assiette des français.
Dans notre alimentation, la pomme de terre est classée parmi les féculents, donc dans la même catégorie que le riz, les pâtes, les légumes secs… et lepain . En France, en 1900, un Français consommait 900 grammes de pain par jour. Au cours du XXe siècle cette part a diminué progressivement et en 2001 elle n’est plus que de 140g.
En effet la France, tout comme le reste de l’Europe et le Moyen-Orient, fait (ou plutôt faisait) partie de la« civilisation du blé » :
« La manière dont les humains se nourrissent dépend avant tout des plantes et des animaux qu’ils se procurent par la chasse, la pêche, la cueillette ou l’agriculture. Les sociétés médiévales de l’Europe et du bassin méditerranéen sont toutes, dès l’Antiquité et pendant tout le Moyen Âge, des sociétés agro-pastorales, dans lesquelles l’élevage et le travail de la terre fournissent l’essentiel de l’apport alimentaire […].
Dans une société où la préoccupation première est de se nourrir, de ne pas mourir de faim, le but de l’alimentation est avant tout de se procurer de l’énergie. Parmi les divers types d’aliments, la principale source de calories utilisables sur le long terme et en grandes quantités est représentée par lesglucides complexes (aussi appelés sucres lents, amidons ou féculents), éléments nutritifs tirés principalement, selon les régions et les époques, de céréales, de légumineuses ou de tubercules . A la suite de Fernand Braudel, qui a défini la notion de « plante de civilisation », on peut diviser le monde en grandes zones géographiques dominées chacune par une ou deux sources de sucres lents se diffusant depuis un ou plusieurs foyers : zone du riz depuis l’Asie, zone du maïs depuis l’Amérique centrale, zone de la pomme de terre et du haricot depuis les Andes, zone du blé enfin depuis le Proche-Orient. L’espace que nous étudions ici est entièrement situé dans la zone du blé , à condition de prendre ce mot au sens large – celui-là même qu’il avait au Moyen Âge -, c’est-à-dire d’inclure dans la définition du « blé » l’ensemble des céréales panifiables : avoine, épeautre, froment, orge, seigle . Cette alimentation fondée sur les céréales, dont le pain est le produit le plus fréquent, le plus abouti et le plus valorisé (en particulier à travers le symbolisme chrétien), s’est en effet diffusée à l’époque néolithique à l’ensemble du bassin méditerranéen ainsi qu’à l’Europe centrale et septentrionale. Au XIXe siècle encore, le pain restait en France la première source de calories . Au Moyen Âge, les céréales pouvaient certes être consommées sous d’autres formes, en particulier en bouillies, mais le pain restait dans l’imaginaire médiéval la forme par excellence de consommation du blé.
Les légumineuses (plus couramment appelées légumes secs) représentent une autre source importante de sucres lents, mais aussi de protéines végétales. Le haricot n’étant pas encore cultivé dans l’Ancien Monde, il s’agit pour l’essentiel des pois, fèves et lentilles […]. Peu appréciées,les légumineuses représentaient souvent dans l’esprit des hommes du Moyen Âge une nourriture de substitution , destinée en particulier à assurer la « soudure » du printemps, entre l’épuisement des réserves de grain et la moisson.
Les autres types d’aliments sont bien sûr présents dans l’alimentation médiévale, mais ils sont en général conçus comme un simple accompagnement de la céréale . Le Moyen Âge connaît en effet une alimentation de type traditionnel, tournée essentiellement vers l’apport calorique : les autres nutriments (lipides ou graisses ; protéines animales ; glucides simples ou sucres rapides) n’ont pas encore, comme c’est le cas aujourd’hui dans nos sociétés développées, égalé ou dépassé les sucres lents dans le bilan alimentaire global. Pour parler de ces autres aliments, le latin médiéval utilise le mot companagium, littéralement « ce qui va avec le pain » . Cette situation est typique d’un grand nombre de sociétés anciennes ou peu développées : aujourd’hui encore dans de nombreux pays en développement (en Asie du Sud-Est par exemple), la céréale (dans ce cas, le riz) est la base du repas, entourée d’aliments secondaires destinés avant tout à lui donner du goût (sauces pimentées, légumes fermentés, viandes en sauce), le tout en petites quantité. »
Source : Alimentations médiévales Ve-XVIe siècle, Alban Gautier
Pour en savoir plus sur l’histoire du pain en France et la relation particulière qu’entretiennent et / ou ont entretenue les français avec cet aliment de base, vous pourriez vous plonger dans l’ouvrage de l’historien Steven L. Kaplan : La France et son pain.
Vous y apprendrez par exemple qu’Antoine-Augustin Parmentier, dont le nom est resté associé à la pomme de terre dans la mémoire collective, a aussi consacré de nombreux travaux au pain et a même fondé la première école de boulangerie.
Bonne journée.
Avec 30 à 35 kg/an d’après Consoglobe on n’en est pas encore à 1 kg par semaine, mais cela reste honorable, donc oui, la pomme de terre a bien la patate dans l’assiette des français.
Dans notre alimentation, la pomme de terre est classée parmi les féculents, donc dans la même catégorie que le riz, les pâtes, les légumes secs… et le
En effet la France, tout comme le reste de l’Europe et le Moyen-Orient, fait (ou plutôt faisait) partie de la
« La manière dont les humains se nourrissent dépend avant tout des plantes et des animaux qu’ils se procurent par la chasse, la pêche, la cueillette ou l’agriculture. Les sociétés médiévales de l’Europe et du bassin méditerranéen sont toutes, dès l’Antiquité et pendant tout le Moyen Âge, des sociétés agro-pastorales, dans lesquelles l’élevage et le travail de la terre fournissent l’essentiel de l’apport alimentaire […].
Dans une société où la préoccupation première est de se nourrir, de ne pas mourir de faim, le but de l’alimentation est avant tout de se procurer de l’énergie. Parmi les divers types d’aliments, la principale source de calories utilisables sur le long terme et en grandes quantités est représentée par les
Les légumineuses (plus couramment appelées légumes secs) représentent une autre source importante de sucres lents, mais aussi de protéines végétales. Le haricot n’étant pas encore cultivé dans l’Ancien Monde, il s’agit pour l’essentiel des pois, fèves et lentilles […]. Peu appréciées,
Source : Alimentations médiévales Ve-XVIe siècle, Alban Gautier
Pour en savoir plus sur l’histoire du pain en France et la relation particulière qu’entretiennent et / ou ont entretenue les français avec cet aliment de base, vous pourriez vous plonger dans l’ouvrage de l’historien Steven L. Kaplan : La France et son pain.
Vous y apprendrez par exemple qu’Antoine-Augustin Parmentier, dont le nom est resté associé à la pomme de terre dans la mémoire collective, a aussi consacré de nombreux travaux au pain et a même fondé la première école de boulangerie.
Bonne journée.
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