Le dévoilement de soi dans l'espace public

Réponse du Département Civilisation

« La passion de la transparence : secret professionnel et espace public
La société est en proie à un impératif de liberté qui justifie la protection des secrets mais subit les effets, à première vue contraires, de sa nouvelle passion : la transparence. Selon le doyen Jacques Carbonnier, cet idéal de transparence est la conjugaison inquiétante de la passion de la vérité, de la vertu, du contrôle, du soupçon et du droit. »
In : Secrets professionnels, chap. Secret et profession par Marie-Anne Frison-Roche.

Cet ouvrage pose clairement les très nombreux domaines que touchent vos interrogations (« A la frontière entre différentes notions – intimité, dépôt (déposition d’un secret), donc propriété, contrat (ou plutôt « pacte de confidentialité »), transparence -, le secret professionnel revêt une dimension éthique (déontologie, morale) et une dimension civique (sacrifice et charge). » (dans le résumé du chapitre cité).
Il comporte par ailleurs un chapitre intitulé « Principes et pratiques d’un secret : le secret médical », qui vous intéressera particulièrement. Enfin les notes bibliographiques qui parcourent tous les chapitres vous donneront des références fort utiles.

Pour votre deuxième question, l’ouvrage essentiel paraît être L’intimité surexposée, de Serge Tisseron.
« Avec le développement d'Internet, avec le développement du portable, la revendication de l'intimité est en train de changer: il ne s'agit plus de se faire reconnaître par un petit nombre de gens proches, mais d'avoir la reconnaissance de la masse et éventuellement des inconnus. Comme la nouvelle génération a souvent grandi en étant filmée par les parents, elle grandit des deux cotés du poste. Pour les jeunes, la télévision prolonge naturellement leur intimité. Ils veulent s'exposer. Plus encore que "pour être célèbre", c'est pour se faire reconnaître dans ce qu'ils peuvent avoir de plus spécifique. Ce n'est pas imiter quelqu'un de célèbre, c'est devenir célèbre par son originalité, en ne renonçant pas à soi. J'appelle ce phénomène le désir "d'extimité". »
interview de Serge Tisseron
Voir aussi cette autre intervention de l’auteur, accompagné d'une petite revue de presse sur l’émission Loft story.

A consulter également :
- Les tyrannies de l’intimité, de Richard Sennett
- L’empire des écrans, de Jacques Gautrand
- cette réponse à Jean-Paul Kaufmann, parue à la suite d’un article du Monde, 11 mai 2001 : «Au lieu d'un big brother totalitaire, nous dit Jean-Claude Kaufmann, Loft Story manifesterait la démocratisation du regard, le fait que chacun, et non plus seulement une élite, peut être soi et tenter d'exister davantage en étant regardé et en regardant. » et du même Kaufmann
- L’invention de soi : une théorie de l’identité
- la chronique « exposition de soi » sur le site de Radiofrance (à écouter)
-le livre conseillé sur la même page :
Anne Cauquelin : L'exposition de soi, du journal intime aux webcams, Eshel (2003)
"L'ordinaire, le banal, la vie quotidienne sont à l'ordre du jour, de nombreux essais leur sont consacrés, analysant, par exemple les témoins de cet ordinaire des jours que sont journaux intimes comme ausi bien mémoires ou confessions.
Cependant, ces objets scripturaux et quasi privés sont passés avec l'arrivée des nouvelles technologies, au statut d'objets iconiques et publics : la mode des webcams, celles de journaux intimes collectifs (sur Internet) en témoignent.
Dans quelle mesure "l'exposition de soi" en est-elle alors bouleversée ? Comment ce changement de statut s'opère-t-il et que signifie-t-il aujourd'hui ? Telles sont les questions ce que court essai se propose d'explorer."
- La Toile et moi dans l’Express, 05/04/2005

- plus directement consacrés à la mutation des médias :
La parole confisquée, un genre télévisuel : le talk show
La télévision du quotidien : entre réalité et fiction
Une histoire de la communication moderne : espace public et vie privée
L’espace public et l’emprise de la communication

- en revues :
Médiamorphoses, mai-juin 2002, et le hors série 2003 La télé-réalité : un débat mondial
L’intime, revue Autrement, juin 1986.

Il y aurait bien d'autres pistes éventuelles, mais ces ouvrages ou pages web, souvent munies de bibliographie, vous en donneront un large aperçu. Les pistes ici évoquées vous permettront aussi de mesurer l'ampleur de cette "mutation anthropologique", et surtout l'ampleur des réactions qu'elles suscitent, entre rêve de démocratie citoyenne égalitaire et peur d'une société de contrôle égoïste.

Réponse du départment Sciences et Techniques

Voici quelques ouvrages disponibles à la bibliothèque municipale de Lyon concernant votre première question :
- Le secret médical
- Le secret médical : confidentialité et discrétion en médecine
- Le secret médical : le dossier médical, la communication des pièces, les informations du malade
- Le secret professionnel à l'hôpital

La consultation de la base de données Repère accessible à la bibliothèque vous fournira d'autres références bibliographiques parmi lesquelles :
- Le secret médical / Pierre Villeneuve in La revue de l'infirmière, no 87, janvier 2003
- Tribune d'éthique : nouvelles entre compères et secret professionnel / Michel T. Giroux in Le clinicien, vol 17, no 6, juin 2002.
- Le prix du secret in La vie, no 2895, 22 février 2001
- Les français et le secret in L'express, no 2381, 20 février 1997

Vous trouverez également en ligne :
- un dossier sur le secret médical (d'un point de vue juridique)
- une bibliographie sur le thème Secret médical : résistera-t-il aux nouvelles technologies de l'information? (proposée par la cité des sciences et de l'industrie)
- Le Rapport du Conseil national de l'Ordre des médecins sur "les relations entre le secret médical et les secrets professionnels"
- L'avis du Comité national consultatif d'éthique "A propos de l'obligation d'information génétique familiale en cas de nécessité médicale" (avril 2003)