baptême
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 17/01/2019 à 08h53
579 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Lors d'une discussion entre amis (es) une personne nous a posé la question suivante, et aucun de nous n'avons pu lui répondre.
Baptisée lors de sa naissance par ses parents, elle aimerait se faire débaptiser ???
Est-ce possible ???
Si oui qu'elles sont les formalités à accomplir.
Merci de voir si vous pouvez l'aider et de votre réponse.
J'espère que ce sujet rentre dans vos compétences.
Cordialement
Marie-Dominique
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 18/01/2019 à 10h51
Bonjour,
Que votre ami(e) se rassure, cette démarche d’apostasie (abandon volontaire et public d'une religion) existe et environ 1000 personnes y auraient recours chaque année.
Sachez néanmoins que se faire débaptiser n’efface pas votre nom du registre de baptêmes : une simple mention « a renié son baptême » est ajoutée à côté du nom de la personne. En 2014, la cour de cassation a refusé la demande d’un athée qui demandait que son nom soit définitivement effacé du registre du diocèse. La raison invoquée par l’Eglise est la suivante :
"Ce registre n’est pas une liste d’appartenance comme à une association dont on est membre et dont on est rayé quand on ne paie plus sa cotisation, explique le Père Bruno Mary, directeur du service national de la pastorale liturgique et sacramentelle. Le registre est un lieu de mémoire d’un événement public."
Pour en savoir plus sur l’aspect concret de cette démarche, nous vous laissons parcourir l’article d’un internaute qui relate, non sans humour, son expérience personnelle : Je me suis fait débaptiser (et c’est bien plus compliqué que prévu) :
« En France, la loi vous permet en théorie de faire valoir vos droits très facilement grâce à la protection des données personnelles. Les articles 38 à 40 de la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 vous autorisent à "modifier, compléter, mettre à jour, vérifier ou effacer des données à caractère personnel" vous concernant, par simple requête à l’organisme concerné, sans avoir à motiver votre demande. D’autre part, toujours selon la loi, vous pouvez exiger une copie du document modifié, sans frais. Faites-le, c’est toujours agréable d’être certain que la démarche a bien été effectuée.
En revanche, ne soyez pas étonné si vous voyez une simple mention de reniement de baptême à côté de votre nom. En théorie, la loi Informatique et Libertés vous permet d’effacer ou de rendre illisibles vos données personnelles des fichiers manuscrits… mais l’Église ne le fera pas, car elle considère que cet acte public ne s’efface pas. Et en 2013, la justice lui a donné raison face à René Lebouvier, un Normand de 73 ans qui poursuivait le diocèse de Coutances depuis 2001 pour voir son nom effacé des registres.
Tout le monde n’ayant pas la ténacité de René Lebouvier, c’est cette jurisprudence qui prévaut. Et rassurez-vous, vous n’êtes pas seul•e à vous lancer dans la procédure : selon la seule étude parue sur le sujet, en 2008, un millier de personnes avait quitté le contingent chrétien français.
Ok, on s’y met
Pour bien commencer, quelques renseignements de base sont nécessaires : date et lieu de baptême, ainsi que l’adresse de l’évêché concerné (la carte des diocèses est là pour ça). Un petit coup de fil au diocèse vous apprendra à quel service adresser votre lettre – dans mon cas, il s’agissait du "service des archives de catholicité". Ensuite, préparez-vous pour la partie la plus ludique : la rédaction de ladite lettre. Rappelez-vous, selon la loi, vous n’avez aucunement besoin de motiver votre demande – en théorie, un simple "je renie mon baptême, envoyez-moi la copie" suffirait.
Mais, Internet soit loué, l’Église offre pléthore de raisons de faire acte d’apostasie et plusieurs sites français et québécois, comme la Fédération nationale de la libre pensée, proposent des modèles de lettres toutes faites. Mieux : certains portails, comme Apostasie pour tous ou le site anarchiste Subsociety, proposent des générateurs de lettres de débaptisation – des "debaptisators", pour reprendre la formule de Subsociety. C’est encore plus pratique : pour chaque point de désaccord avec les prises de position de l’Église (euthanasie, mariage pour tous, LGBT, relations avec la science, pédophilie, j’en passe et des meilleures…), le site vous génère un paragraphe argumenté.
Une fois la lettre composée et remplie, réécrivez-la à la main (c’est important), précisez que vous avez conscience de faire acte d’apostasie, et que vous agissez "librement, sans contrainte et en connaissance de cause". Enfin, n’oubliez pas de joindre une photocopie recto verso de votre carte d’identité, histoire de prouver que vous avez bien la légitimité pour faire cette demande.
Envoyez la lettre avec avis de réception, histoire d’éviter les quiproquos. Patientez un peu : si tout va bien, vous devriez recevoir votre exemplaire du registre, affublé de ladite mention de reniement de baptême, en une dizaine de jours, voire un mois. Si vous y parvenez dans ces délais, bravo : il m’a fallu cinq mois et autant de courriers pour y parvenir, sans compter la menace d’une plainte à la Cnil. Ô surprise, on ne fait pas une croix sur l’Église comme ça. »
Bonne journée.
Que votre ami(e) se rassure, cette démarche d’apostasie (abandon volontaire et public d'une religion) existe et environ 1000 personnes y auraient recours chaque année.
Sachez néanmoins que se faire débaptiser n’efface pas votre nom du registre de baptêmes : une simple mention « a renié son baptême » est ajoutée à côté du nom de la personne. En 2014, la cour de cassation a refusé la demande d’un athée qui demandait que son nom soit définitivement effacé du registre du diocèse. La raison invoquée par l’Eglise est la suivante :
"Ce registre n’est pas une liste d’appartenance comme à une association dont on est membre et dont on est rayé quand on ne paie plus sa cotisation, explique le Père Bruno Mary, directeur du service national de la pastorale liturgique et sacramentelle. Le registre est un lieu de mémoire d’un événement public."
Pour en savoir plus sur l’aspect concret de cette démarche, nous vous laissons parcourir l’article d’un internaute qui relate, non sans humour, son expérience personnelle : Je me suis fait débaptiser (et c’est bien plus compliqué que prévu) :
« En France, la loi vous permet en théorie de faire valoir vos droits très facilement grâce à la protection des données personnelles. Les articles 38 à 40 de la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 vous autorisent à "modifier, compléter, mettre à jour, vérifier ou effacer des données à caractère personnel" vous concernant, par simple requête à l’organisme concerné, sans avoir à motiver votre demande. D’autre part, toujours selon la loi, vous pouvez exiger une copie du document modifié, sans frais. Faites-le, c’est toujours agréable d’être certain que la démarche a bien été effectuée.
En revanche, ne soyez pas étonné si vous voyez une simple mention de reniement de baptême à côté de votre nom. En théorie, la loi Informatique et Libertés vous permet d’effacer ou de rendre illisibles vos données personnelles des fichiers manuscrits… mais l’Église ne le fera pas, car elle considère que cet acte public ne s’efface pas. Et en 2013, la justice lui a donné raison face à René Lebouvier, un Normand de 73 ans qui poursuivait le diocèse de Coutances depuis 2001 pour voir son nom effacé des registres.
Tout le monde n’ayant pas la ténacité de René Lebouvier, c’est cette jurisprudence qui prévaut. Et rassurez-vous, vous n’êtes pas seul•e à vous lancer dans la procédure : selon la seule étude parue sur le sujet, en 2008, un millier de personnes avait quitté le contingent chrétien français.
Ok, on s’y met
Pour bien commencer, quelques renseignements de base sont nécessaires : date et lieu de baptême, ainsi que l’adresse de l’évêché concerné (la carte des diocèses est là pour ça). Un petit coup de fil au diocèse vous apprendra à quel service adresser votre lettre – dans mon cas, il s’agissait du "service des archives de catholicité". Ensuite, préparez-vous pour la partie la plus ludique : la rédaction de ladite lettre. Rappelez-vous, selon la loi, vous n’avez aucunement besoin de motiver votre demande – en théorie, un simple "je renie mon baptême, envoyez-moi la copie" suffirait.
Mais, Internet soit loué, l’Église offre pléthore de raisons de faire acte d’apostasie et plusieurs sites français et québécois, comme la Fédération nationale de la libre pensée, proposent des modèles de lettres toutes faites. Mieux : certains portails, comme Apostasie pour tous ou le site anarchiste Subsociety, proposent des générateurs de lettres de débaptisation – des "debaptisators", pour reprendre la formule de Subsociety. C’est encore plus pratique : pour chaque point de désaccord avec les prises de position de l’Église (euthanasie, mariage pour tous, LGBT, relations avec la science, pédophilie, j’en passe et des meilleures…), le site vous génère un paragraphe argumenté.
Une fois la lettre composée et remplie, réécrivez-la à la main (c’est important), précisez que vous avez conscience de faire acte d’apostasie, et que vous agissez "librement, sans contrainte et en connaissance de cause". Enfin, n’oubliez pas de joindre une photocopie recto verso de votre carte d’identité, histoire de prouver que vous avez bien la légitimité pour faire cette demande.
Envoyez la lettre avec avis de réception, histoire d’éviter les quiproquos. Patientez un peu : si tout va bien, vous devriez recevoir votre exemplaire du registre, affublé de ladite mention de reniement de baptême, en une dizaine de jours, voire un mois. Si vous y parvenez dans ces délais, bravo : il m’a fallu cinq mois et autant de courriers pour y parvenir, sans compter la menace d’une plainte à la Cnil. Ô surprise, on ne fait pas une croix sur l’Église comme ça. »
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter