Question d'origine :
S.V.P.
Peut on dire, comme je l'ai entendu, une fois à la radio, que le célèbre "Chant du départ", est le deuxième hymne officiel de la France, d'ailleurs en existerait il un ?
Mais il me semble , si je me souviens bien, que la Constitution actuelle de la France, ne mentionne que "La Marseillaise"! merci.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 15/01/2019 à 17h10
Bonjour,
La République française ne possède qu'un seul hymne national : "L'hymne national est « La Marseillaise »."
Ceci fut inscrit dans la Constitution de 1946 puis dans la Constitution de 1958.
Décrétée chant national le 14 juillet 1795 par la Convention, La Marseillaise avait été abandonnée sous l’Empire. C'est sous la IIIe République, le 14 février 1879, qu'elle devient officiellement l'hymne national français.
Il n'existe donc pas officiellement de second hymne national français mais il est vrai que le "Chant du départ" lui a longtemps fait concurrence, préféré notamment parNapoléon Bonaparte et Valéry Giscard d'Estaing . Il fut écrit par Étienne Nicolas Méhul (pour la musique) et Marie-Joseph Chénier (pour les paroles) en 1794.
Dans l'article intitulé « Le chant du départ de Marie-Joseph Chénier et Etienne Méhul » de Jean-François Domine, (Annales historiques de la Révolution française, 329 | 2002, 89-100), il est expliqué pourquoi la Marseillaise a été préférée au Chant du départ :
"La Marseillaise a conservé une prééminence incontestée sur Le Chant du départ. Voyons pourquoi.
Les études précitées fournissent une première clé. Leurs auteurs, sauf peut-être Lamartine, attribuent à La Marseillaise un souffle épique qui manque au Chant du départ en dépit des indéniables qualités esthétiques de ce dernier. Ainsi, l'invitation du refrain est-elle directe : « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons », concrète : « Marchons, marchons » et victorieuse : « Qu'un sang impur abreuve nos sillons » et non indirecte : « La République nous appelle », abstraite : « Sachons vaincre ou sachons périr », et ambiguë : « Un Français doit vivre pour elle/Pour elle un Français doit mourir. »
En outre, La Marseillaise est plus homogène. Le Chant du départ présente un groupe de personnages d'âge et de sexe différents qui s'interpellent. Cette mise en scène ne permet pas à une foule de manifestants d'entonner l'hymne en chœur contrairement à La Marseillaise. Les textes contiennent donc ce handicap, encore que le mot soit un peu fort, en germe.
La chronologie milite également en faveur de La Marseillaise : créée deux ans environ avant Le Chant du départ elle occupe un espace quasiment vide (à l'exception du Ça ira et de La Carmagnole) ; ensuite, elle a été adoptée d'emblée par les volontaires marseillais qui la font connaître partout où ils passent. De la même manière, les guerres napoléoniennes la rendront célèbre dans toute l'Europe.
Ce n'est pas tout. La Marseillaise, du moins jusqu'à ce que L'internationale tienne ce rôle à partir de 1888, est un chant de caractère social. Dans un travail récent, « La Marseillaise, étude sociologique de l'hymne national ; Glossaire historique » (ministère de la Défense, secrétariat d'État aux anciens combattants, co-production avec les Éditions Crimée, 1997) M. Michel Prévot distingue «La Marseillaise héroïque», «La Marseillaise républicaine et sociale » et « La Marseillaise de la Nation » qui, chacune à sa manière, expriment la pérennité des valeurs de la Nation.
Cette ductilité (elle peut être revendiquée comme chant patriotique, révolutionnaire ou social) de La Marseillaise ajoutée aux raisons techniques indiquées plus haut explique pourquoi Le Chant du départ a été devancé par La Marseillaise. Pourtant, leurs destins sont parallèles. Schématiquement, ils ont connu des traversées du désert sous les régimes autoritaires et des retours en grâce au cours de périodes révolutionnaires ; mais la force symbolique de La Marseillaise lui a valu les plus durs revers mais aussi les plus glorieux réveils. Ce fut le cas sous l'Occupation et à la Libération.
Deux exemples montrent que Le Chant du départ n'a jamais obtenu une véritable reconnaissance populaire. On se souvient peut-être que M. Giscard d'Estaing a, au début de son septennat (1974-1981) proposé de remplacer la première par le second comme hymne national sans aucun succès . Sur un autre registre, il n'existe qu'une trentaine d'imitations du Chant du départ (Dictionnaire historique de la Révolution française, ss dir. Albert Soboul, PUF, 1989) alors que La Marseillaise a suscité une centaine d'adaptations (mentionnées par M. Prévot, op. cit., p. 77).
La Marseillaise a supplanté le Ça ira et La Carmagnole ainsi que l'impérial Veillons au salut de l'Empire. Sa seule vraie rivale a été L'Internationale, près d'un siècle sa cadette. Hymne national depuis le 14 février 1879 sans interruption hormis l'épisode vichyste, La Marseillaise a toujours été plus populaire que Le Chant du départ. Même si les deux hymnes sont des œuvres de circonstance, La Marseillaise a été conçue dans l'enthousiasme par un militaire amateur de musique et de poésie alors que Le Chant du départ a été élaboré par deux artistes de profession Ce n'est pas faire injure à M.-J. Chénier et Méhul que d'interpréter ce succès comme la victoire de la sincérité sur le calcul, de la simplicité sur l'artifice et du génie sur le talent."
A consulter également :
- La Marseillaise, chant de guerre, chant de liberté / Bernard Richard
- 14 février 1879 : “La Marseillaise” devient l'hymne national
- 14 Février 1879 - Galerie : La Marseillaise devient l’hymne national de la République
- Compte rendu de la séance du vendredi 14 février 1879
- un émission France Inter 14 février 1879: la marseillaise devient hymne national
- Le Chant du Départ
Bonne journée
La République française ne possède qu'un seul hymne national : "
Ceci fut inscrit dans la Constitution de 1946 puis dans la Constitution de 1958.
Décrétée chant national le 14 juillet 1795 par la Convention, La Marseillaise avait été abandonnée sous l’Empire. C'est sous la IIIe République, le 14 février 1879, qu'elle devient officiellement l'hymne national français.
Il n'existe donc pas officiellement de second hymne national français mais il est vrai que le "Chant du départ" lui a longtemps fait concurrence, préféré notamment par
Dans l'article intitulé « Le chant du départ de Marie-Joseph Chénier et Etienne Méhul » de Jean-François Domine, (Annales historiques de la Révolution française, 329 | 2002, 89-100), il est expliqué pourquoi la Marseillaise a été préférée au Chant du départ :
"La Marseillaise a conservé une prééminence incontestée sur Le Chant du départ. Voyons pourquoi.
Les études précitées fournissent une première clé. Leurs auteurs, sauf peut-être Lamartine, attribuent à La Marseillaise un souffle épique qui manque au Chant du départ en dépit des indéniables qualités esthétiques de ce dernier. Ainsi, l'invitation du refrain est-elle directe : « Aux armes, citoyens, formez vos bataillons », concrète : « Marchons, marchons » et victorieuse : « Qu'un sang impur abreuve nos sillons » et non indirecte : « La République nous appelle », abstraite : « Sachons vaincre ou sachons périr », et ambiguë : « Un Français doit vivre pour elle/Pour elle un Français doit mourir. »
En outre, La Marseillaise est plus homogène. Le Chant du départ présente un groupe de personnages d'âge et de sexe différents qui s'interpellent. Cette mise en scène ne permet pas à une foule de manifestants d'entonner l'hymne en chœur contrairement à La Marseillaise. Les textes contiennent donc ce handicap, encore que le mot soit un peu fort, en germe.
La chronologie milite également en faveur de La Marseillaise : créée deux ans environ avant Le Chant du départ elle occupe un espace quasiment vide (à l'exception du Ça ira et de La Carmagnole) ; ensuite, elle a été adoptée d'emblée par les volontaires marseillais qui la font connaître partout où ils passent. De la même manière, les guerres napoléoniennes la rendront célèbre dans toute l'Europe.
Ce n'est pas tout. La Marseillaise, du moins jusqu'à ce que L'internationale tienne ce rôle à partir de 1888, est un chant de caractère social. Dans un travail récent, « La Marseillaise, étude sociologique de l'hymne national ; Glossaire historique » (ministère de la Défense, secrétariat d'État aux anciens combattants, co-production avec les Éditions Crimée, 1997) M. Michel Prévot distingue «La Marseillaise héroïque», «La Marseillaise républicaine et sociale » et « La Marseillaise de la Nation » qui, chacune à sa manière, expriment la pérennité des valeurs de la Nation.
Cette ductilité (elle peut être revendiquée comme chant patriotique, révolutionnaire ou social) de La Marseillaise ajoutée aux raisons techniques indiquées plus haut explique pourquoi Le Chant du départ a été devancé par La Marseillaise. Pourtant, leurs destins sont parallèles. Schématiquement, ils ont connu des traversées du désert sous les régimes autoritaires et des retours en grâce au cours de périodes révolutionnaires ; mais la force symbolique de La Marseillaise lui a valu les plus durs revers mais aussi les plus glorieux réveils. Ce fut le cas sous l'Occupation et à la Libération.
Deux exemples montrent que Le Chant du départ n'a jamais obtenu une véritable reconnaissance populaire. On se souvient peut-être que
La Marseillaise a supplanté le Ça ira et La Carmagnole ainsi que l'impérial Veillons au salut de l'Empire. Sa seule vraie rivale a été L'Internationale, près d'un siècle sa cadette. Hymne national depuis le 14 février 1879 sans interruption hormis l'épisode vichyste, La Marseillaise a toujours été plus populaire que Le Chant du départ. Même si les deux hymnes sont des œuvres de circonstance, La Marseillaise a été conçue dans l'enthousiasme par un militaire amateur de musique et de poésie alors que Le Chant du départ a été élaboré par deux artistes de profession Ce n'est pas faire injure à M.-J. Chénier et Méhul que d'interpréter ce succès comme la victoire de la sincérité sur le calcul, de la simplicité sur l'artifice et du génie sur le talent."
A consulter également :
- La Marseillaise, chant de guerre, chant de liberté / Bernard Richard
- 14 février 1879 : “La Marseillaise” devient l'hymne national
- 14 Février 1879 - Galerie : La Marseillaise devient l’hymne national de la République
- Compte rendu de la séance du vendredi 14 février 1879
- un émission France Inter 14 février 1879: la marseillaise devient hymne national
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Bonne journée
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