Question d'origine :
bonsoir,
je cherche la définition du syncrétisme en s'intéressant plus à une dimension socio-culturelle de la notion.
Merci
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 04/01/2019 à 13h28
Bonjour,
Tout d'abord, revenons sur l'histoire du terme Syncrétisme issue de l'encyclopaedia universalis :
" Le mot « syncrétisme » (συγκρητισμ́ος) se trouve chez Plutarque (De fraterno amore, 19) avec la signification de « front uni des Crétois » : il désigne l'accord que les cités de Crète, engagées dans de perpétuelles guerres mutuelles, arrivaient à réaliser quand elles avaient à s'opposer à un ennemi extérieur. Il fut repris au XVIe siècle par Érasme, qui, dans une lettre à Melanchthon (Corpus Reformatorum, I, 78), formait le souhait que, face aux dangers que le rigorisme réformé et la réaction catholique faisaient courir aux travaux des humanistes, ceux-ci parvinssent à abandonner leurs disputes et à se confédérer comme l'avaient fait les Crétois : « Aequum est nos quoque συγκρητ́ιζειν ». Le mot « syncrétisme » passa alors dans les langues modernes à la faveur de la polémique philosophique et théologique du XVIe et du XVIIe siècle. En cours de route, il perdit sa signification première d'accord ou de concorde pour prendre de plus en plus celle de fusion – comme s'il dérivait de συγκεραννυμι mélanger – en désignant la conciliation de tendances opposées : entre catholiques et réformés ; entre les réformés eux-mêmes ; ou, dans le domaine de la philosophie (de la théologie, en réalité), entre aristotéliciens et platoniciens. Le rigorisme des divers camps contribua à conférer à ce terme une valeur péjorative ; fusion devint synonyme de confusion, et tout produit qualifié de syncrétiste fut regardé comme une réalité hybride à rejeter.
À partir du XIXe siècle, l'histoire des religions utilisa plus ou moins consciemment le mot dans ce sens péjoratif pour désigner des manifestations religieuses hybrides, impures, qui n'étaient pas primitives mais, au contraire, dérivées de la combinaison de diverses religions, et qui correspondaient à un stade de décadence, c'est-à-dire à l'incapacité de certaines religions à subsister dans la rigueur de leurs formes constitutives. "
Le syncrétisme tel que vous l'entendez désigne lerésultat du mélange de plusieurs cultures ou encore la combinaison entre la culture d'origine et une nouvelle .
Sa définition pourrait être celle-ci :
"Le syncrétisme est le résultat d’un processus d’adaptation endogène généralement imposé par une culture exogène. Il implique, au sein de la structure d’accueil, une certaine réinterprétation des mythes et des croyances, l’emprunt de rites ou de pratiques et l’association de marquages symboliques et identitaires."
source : Géoconfluence inspiré de C. Rivière, « Syncrétisme », in Bonte, P et Izard, M (eds),Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie. Paris, PUF, Collection Quadridge, pp.692-693.
En complément, voici une définition du Dictionnaire de l'altérité et des relations interculturelles publié sous la direction de Gilles Ferréol et Guy Jucquois :
" Ce qui, chez Plutarque, désignait le front politique uni des citées de Crète habituellement rivales contre un ennemi extérieur a désormais le sens d'un amalgame, d'un fusionnement de doctrines différentes plus ou moins conciliables, d'une hybridation à caractère philosophique, politique ou religieux. L'élaboration syncrétique ne manque pas de complexité en ce qu'elle opère en partie avec des éléments autochtones, encore vivants ou revivifiés, et en partie avec des éléments étrangers qui sont ou assimilés ou réinterprétés en les adaptant aux structures symboliques ou mythiques de la tradition autochtone. "
Nous vous laissons poursuivre la lecture de cette définition aux pages 333-334.
A lire pour aller plus loin :
- Notions / Encyclopaedia universalis
- Regards croisés sur le bricolage et le syncrétisme* / Carmen Bernand, Stefania Capone, Frédéric Lenoir et Françoise Champion, Archives de sciences sociales des religions, 114 - avril-juin 2001
- Le syncrétisme et les syncrétismes. Périls imaginaires, faits d'histoire, problèmes en cours / Bœspflug François, Revue des sciences philosophiques et théologiques, 2006/2 (Tome 90), p. 273-295.
- « Définitions et théories du syncrétisme », L'Annuaire du Collège de France, no 91, 1990-1991, pp. 493-496.
- Acculturation
Bonne journée et meilleurs vœux pour 2019.
Tout d'abord, revenons sur l'histoire du terme Syncrétisme issue de l'encyclopaedia universalis :
" Le mot « syncrétisme » (συγκρητισμ́ος) se trouve chez Plutarque (De fraterno amore, 19) avec la signification de «
À partir du XIXe siècle, l'histoire des religions utilisa plus ou moins consciemment le mot dans ce
Le syncrétisme tel que vous l'entendez désigne le
Sa définition pourrait être celle-ci :
"
source : Géoconfluence inspiré de C. Rivière, « Syncrétisme », in Bonte, P et Izard, M (eds),Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie. Paris, PUF, Collection Quadridge, pp.692-693.
En complément, voici une définition du Dictionnaire de l'altérité et des relations interculturelles publié sous la direction de Gilles Ferréol et Guy Jucquois :
" Ce qui, chez Plutarque, désignait le front politique uni des citées de Crète habituellement rivales contre un ennemi extérieur a désormais le sens d'un amalgame, d'un fusionnement de doctrines différentes plus ou moins conciliables, d'une hybridation à caractère philosophique, politique ou religieux. L'élaboration syncrétique ne manque pas de complexité en ce qu'elle opère en partie avec des éléments autochtones, encore vivants ou revivifiés, et en partie avec des éléments étrangers qui sont ou assimilés ou réinterprétés en les adaptant aux structures symboliques ou mythiques de la tradition autochtone. "
Nous vous laissons poursuivre la lecture de cette définition aux pages 333-334.
A lire pour aller plus loin :
- Notions / Encyclopaedia universalis
- Regards croisés sur le bricolage et le syncrétisme* / Carmen Bernand, Stefania Capone, Frédéric Lenoir et Françoise Champion, Archives de sciences sociales des religions, 114 - avril-juin 2001
- Le syncrétisme et les syncrétismes. Périls imaginaires, faits d'histoire, problèmes en cours / Bœspflug François, Revue des sciences philosophiques et théologiques, 2006/2 (Tome 90), p. 273-295.
- « Définitions et théories du syncrétisme », L'Annuaire du Collège de France, no 91, 1990-1991, pp. 493-496.
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