Question d'origine :
Bonjour,
Dans le cadre d'un exposé sur la souffrance, je me pose des question sur l'anesthésie.
j'ai lu qu'il y avait 3 types d'anesthésie:
1) anesthésie classique: on supprime la sensation de douleur
2) analgésie: on supprime la douleur
3) amnésie: on supprime le souvenir de la douleur
dans le cadre d'une anesthésie par amnésie quand on supprime le souvenir de la douleur, pourquoi n'a t-on pas mal sur le moment pendant l'opération ?
quand on dit qu'on se fait anesthésié pour une opération qu'est ce qu'on nous fait vraiment ? analgésier, seulement anesthésier, ou amnésier.
j'ai lu dans un article qu'avant on opérait les bébés sous anesthésiant mais sans analgésiant car on pensait qu'ils étaient moins sensible à la douleur et pourtant on a retrouvé des séquelles psychiques chez certains liés à la douleur des opérations subies. Donc est-ce qu'on nous opère aussi avec des analgésiant ?
merci d'avance
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 28/12/2018 à 10h41
Bonjour,
Nous n’avons pas trouvé de sources évoquant des anesthésies « classiques », « analgésiques » et « amnésique ». De même, nous ne saisissons pas très bien la différence qu’il peut y avoir entre « douleur » et « sensation de douleur ».
Tous les documents que nous avons consultés distinguent deux types d’anesthésie : l’anesthésie général e, où le patient est inconscient, son corps relâché et paralysé, et l’anesthésie locorégionale , préférée désormais à l’anesthésie locale, car plus efficace, où c’est seulement une partie du corps qui est à la fois paralysée et insensibilisée, le patient demeurant conscient.
L’analgésie est une composante de l’anesthésie générale, mais, d’après le Petit Larousse de la médecine, elle n’est pas la seule :
« L’anesthésie générale associe trois types d’action : lanarcose (ou perte de conscience, ou sommeil profond), qui est due à l’administration d’un agent anesthésique, soit par inhalation (autrefois d’éther, aujourd’hui de protoxyde d’azote [autrement appelé gaz hilarant] ou d’agents halogénés), soit par voie intraveineuse (barbituriques, kétamine, éthomidate et, plus récemment, diprivan) ; l’analgésie (disparition de la douleur), qui est obtenue grâce aux substances morphinomimétiques telles que la phénopéridine ou le fentanyl ; la curarisation (emploi d’une substance paralysante), qui permet le relâchement musculaire nécessaire au bon déroulement de l’opération. » de façon à ce que le travail du personnel médical ne soit pas perturbé par des mouvements du patient.
Durant tout le déroulement de l’opération, l’anesthésiste va veiller à la profondeur de l’inconscience du patient, renouveler les doses d’anesthésiant et surveiller ses fonctions vitales, notamment parce que les anesthésiants peuvent provoquer des troubles respiratoires et cardiaques.
En ce qui concerne l’amnésie, elle peut faire partie des effets secondaires de l’anesthésie. Lorsqu’elle se produit, c’est du fait de l’action des médicaments responsables de la narcose, autrement appeléshypnotiques :
« "Il ne faut jamais prendre une anesthésie générale à la légère." Ce sont les premiers mots du Professeur Beverley Orser, anesthésiste et chercheur au Sunnybrook Hospital de Toronto, lorsqu'elle présente sa dernière étude sur les effets de l'anesthésie générale sur la mémoire. "On pense à tort que l'anesthésie est un doux sommeil, maisc'est un coma pharmaceutique. " Un coma permis par l'association de trois substances : des analgésiques, des curares et des hypnotiques. Les analgésiques permettent d'éliminer la douleur, les curares permettent de "paralyser" les muscles et donc d'éviter les mouvements du patient opéré. Mais c'est aux hypnotiques, en charge de nous endormir et de nous faire "oublier" l'opération que le Docteur Orser s'est intéressée. "L'observation de nos patients nous a poussé à faire cette étude : on a pu constater des problèmes cognitifs à l'issue d'opérations chez 37 % des adultes à leur sortie de l'hôpital, et chez 6 % d'entre eux après 3 mois. Et les chiffres sont encore plus importants chez les personnes âgées."
Tous les hypnotiques agissent de la même manière sur l'organisme : ils "sur-activent" les récepteurs GABA A, responsables de la "libération" de l'acide gamma aminobutyrique GABA. Celui-ci permet de diminuer l'activité nerveuse des neurones sur lesquels il se fixe. Il est donc un neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central. Plus les récepteurs GABA A sont activés, plus il y a de GABA libérés par les neurones, plus il y a donc de freins à la transmission de l'influx nerveux : ainsi l'inhibition est grande et l'endormissement profond. "Une des certitudes que nous avions est qu'une fois l'hypnotique éliminé du corps humain, les récepteurs GABA revenaient à leur état initial. Cela était partiellement contredit par les constatations cliniques, et c'est aujourd'hui prouvé par notre étude." Les chercheurs ont injecté des souris avec des doses assez basses d'anesthésiques, pour les endormir 20 minutes seulement (ce qui correspond "en temps humain" à la durée d'une opération chirurgicale moyenne). Après une semaine, les souris souffraient encore des effets cognitifs des hypnotiques. »
(Source : sciencesetavenir.fr)
Les humains n’étant pas des souris, dans la plupart des cas l’ictus amnésique (perte brutale de la mémoire d’événements s’étant produits juste avant et pendant l’opération (quand il s’est agi qu’une anesthésie locale) dure moins de 24 heures. Mais certains cas très rares peuvent entraîner des pertes de mémoires plus longues. A ce jour, une perte définitive de la mémoire suite à une anesthésie locale n’a été observée qu’une seule fois (voir article sur realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr).
En raison de ces conséquences cognitives, de plus en plus de professionnels de la santé tendent à se tourner dans certains cas vers des traitements non médicamenteux. Voir à ce sujet le mémoire « Ose l’hypnose » de Martine Quintard, infirmière anesthésiste sur le site du CHU de Toulouse, que nous vous laisserons consulter.
Pour aller plus loin :
L'anesthésie [Livre] : connaître les vrais risques, surmonter ses craintes /Agnès Langlade ; préf. Francis Bonnet
Bien vivre l'anesthésie / [Livre] /Prof. Vincent Banssillon
Sur l’histoire de la chirurgie et de l’anesthésie chez l’enfant :
Marius Lacheretz, « L'évolution corrélative de la Chirurgie infantile et de la Chirurgie orthopédique et Traumatologie en France » sur biusante.parisdescartes.fr
Contient des repères historiques sur l’utilisation progressive de l’éther, puis du chloroforme, dans la chirurgie pédiatrique au cours du XIXes et XXè siècles.
Christine Grapin, Michel Robert, « Chirurgie pédiatrique, ou chirurgie de l’être en devenir » dans Académie de chirurgie magazine, lisible sur academie-chirurgie.fr
Bonnes lectures.
Nous n’avons pas trouvé de sources évoquant des anesthésies « classiques », « analgésiques » et « amnésique ». De même, nous ne saisissons pas très bien la différence qu’il peut y avoir entre « douleur » et « sensation de douleur ».
Tous les documents que nous avons consultés distinguent deux types d’anesthésie :
L’analgésie est une composante de l’anesthésie générale, mais, d’après le Petit Larousse de la médecine, elle n’est pas la seule :
« L’anesthésie générale associe trois types d’action : la
Durant tout le déroulement de l’opération, l’anesthésiste va veiller à la profondeur de l’inconscience du patient, renouveler les doses d’anesthésiant et surveiller ses fonctions vitales, notamment parce que les anesthésiants peuvent provoquer des troubles respiratoires et cardiaques.
En ce qui concerne l’amnésie, elle peut faire partie des effets secondaires de l’anesthésie. Lorsqu’elle se produit, c’est du fait de l’action des médicaments responsables de la narcose, autrement appelés
« "Il ne faut jamais prendre une anesthésie générale à la légère." Ce sont les premiers mots du Professeur Beverley Orser, anesthésiste et chercheur au Sunnybrook Hospital de Toronto, lorsqu'elle présente sa dernière étude sur les effets de l'anesthésie générale sur la mémoire. "On pense à tort que l'anesthésie est un doux sommeil, mais
Tous les hypnotiques agissent de la même manière sur l'organisme : ils "sur-activent" les récepteurs GABA A, responsables de la "libération" de l'acide gamma aminobutyrique GABA. Celui-ci permet de diminuer l'activité nerveuse des neurones sur lesquels il se fixe. Il est donc un neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux central. Plus les récepteurs GABA A sont activés, plus il y a de GABA libérés par les neurones, plus il y a donc de freins à la transmission de l'influx nerveux : ainsi l'inhibition est grande et l'endormissement profond. "Une des certitudes que nous avions est qu'une fois l'hypnotique éliminé du corps humain, les récepteurs GABA revenaient à leur état initial. Cela était partiellement contredit par les constatations cliniques, et c'est aujourd'hui prouvé par notre étude." Les chercheurs ont injecté des souris avec des doses assez basses d'anesthésiques, pour les endormir 20 minutes seulement (ce qui correspond "en temps humain" à la durée d'une opération chirurgicale moyenne). Après une semaine, les souris souffraient encore des effets cognitifs des hypnotiques. »
(Source : sciencesetavenir.fr)
Les humains n’étant pas des souris, dans la plupart des cas l’ictus amnésique (perte brutale de la mémoire d’événements s’étant produits juste avant et pendant l’opération (quand il s’est agi qu’une anesthésie locale) dure moins de 24 heures. Mais certains cas très rares peuvent entraîner des pertes de mémoires plus longues. A ce jour, une perte définitive de la mémoire suite à une anesthésie locale n’a été observée qu’une seule fois (voir article sur realitesbiomedicales.blog.lemonde.fr).
En raison de ces conséquences cognitives, de plus en plus de professionnels de la santé tendent à se tourner dans certains cas vers des traitements non médicamenteux. Voir à ce sujet le mémoire « Ose l’hypnose » de Martine Quintard, infirmière anesthésiste sur le site du CHU de Toulouse, que nous vous laisserons consulter.
Pour aller plus loin :
L'anesthésie [Livre] : connaître les vrais risques, surmonter ses craintes /Agnès Langlade ; préf. Francis Bonnet
Bien vivre l'anesthésie / [Livre] /Prof. Vincent Banssillon
Marius Lacheretz, « L'évolution corrélative de la Chirurgie infantile et de la Chirurgie orthopédique et Traumatologie en France » sur biusante.parisdescartes.fr
Contient des repères historiques sur l’utilisation progressive de l’éther, puis du chloroforme, dans la chirurgie pédiatrique au cours du XIXes et XXè siècles.
Christine Grapin, Michel Robert, « Chirurgie pédiatrique, ou chirurgie de l’être en devenir » dans Académie de chirurgie magazine, lisible sur academie-chirurgie.fr
Bonnes lectures.
Réponse du Guichet
bml_san
- Département : Médiathèque du Bachut Santé
Le 28/12/2018 à 16h55
Bonjour,
Vous préparez un exposé autour de la souffrance. Dans ce cadre vous vous interrogez sur l’anesthésie.
Dans le milieu médical, il existe 3 types d’anesthésies : générale, locale et loco-régionale.
Nous n’avons pas trouvé de références concernant une anesthésie par amnésie. Vous évoquez peut-être les effets d’une anesthésie générale où le corps, la conscience et les informations douloureuses sont mis en « suspension » temporairement et de manière réversible par des médicaments administrés par voie intraveineuse et/ou inhalatoire.
L’anesthésie est administrée à l’aide de médicaments hypnotique (pour endormir), morphinique (pour soulager la douleur) et curare (pour rendre les muscles souples, ce qui permet au chirurgien d'opérer). Vous trouverez des explications plus détaillées des effets des produits sur wikipedia et doctinet.info. Vous pouvez aussi trouver des informations plus poussées sur le Référentiel Officiel du Collège National des Enseignants d'Anesthésie et de Réanimation (CESAR).
Les questionnements autour de l’anesthésie :
- Anesthésie générale : pourquoi et comment perdons-nous conscience ?
- Les paradoxes de l'anesthésie
Une vidéo qui explique comment fonctionne l’anesthésie :
Ci-dessous des extraits de nos recherches :
Définition de l’anesthésie :
« Suspension momentanée de la sensibilité dans une partie ou dans l'ensemble du corps, provoquée en vue d'une intervention chirurgicale »
L’anesthésie est la suppression des sensations (et en particulier la sensation de douleur). Elle vise à permettre une procédure médicale qui autrement serait trop douloureuse. L'anesthésie peut viser un membre, une région (anesthésie locale) ou l'organisme entier (anesthésie générale). L'anesthésie loco-régionale est aussi pratiquée dans les cas de douleurs chroniques.
et il y a 3 types d’anesthésie d’après le dictionnaire illustré des termes de médecine et des sites internet : l’anesthésie locale, générale et loco-régionale.
doctinet.info
L'anesthésie générale fait appel à 3 grandes familles de médicaments qui peuvent être associés :
- les
- les
- les
L'anesthésie loco-régionale (ALR) a l'avantage de ne pas entraîner de perte de conscience. La respiration et les réflexes de protection des voies aériennes sont maintenus. Lorsque la chirurgie le permet, les anesthésies d'un membre diminuent les complications reliées à l'anesthésie (le patient est plus vite sur pied) : c'est donc une technique de choix pour la chirurgie ambulatoire. On l'accompagne le plus souvent d'une sédation à l'aide d'une benzodiazépine ou d'un hypnotique à faible dose.
L'anesthésie locale se limite à la région visée et est généralement réalisée par injection d'anesthésiques locaux dans les tissus à anesthésier ou parfois par l'application d'une gelée ou crème contenant ceux-ci.
wikipedia
Définition analgésie :
« Perte partielle ou totale de la sensibilité à la douleur consécutive à certaines affections comme l'hystérie, ou provoquée par l'action de médicaments analgésiques »
« L'analgésie est la diminution ou la suppression de la sensibilité à la douleur dans un but thérapeutique (soulager la douleur). Elle consiste à interrompre la transmission du signal neuronal de douleur depuis la zone lésée, en souffrance, vers le cerveau. »
wikipedia
et ensuite définition d'amnésie :
"Perte partielle ou totale de la mémoire."
Nous vous souhaitons un bel exposé !
Cordialement,
L’équipe Cap’Culture Santé.
Retrouvez nous sur & sur le magazine L’influx
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