Question d'origine :
Chère Madame, cher Monsieur,
J'aimerais approfondir le sujet des ordres monastiques chrétiens au XXIeme siècle en France. Quel est l'état de la question actuellement?
Quelles sont les solutions que les ordres monastiques (féminin/masculin) envisagent concernant leur devenir face à la crise de l'Eglise? En quels termes se pose le problème pour eux?
Je vous remercie de vos éclaircissements et de toutes les pistes que vous pourrez me donner.
Je vous remercie.
Artémis A.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 17/12/2018 à 10h20
Bonjour,
Il faudrait écrire une thèse pour espérer faire le tour de cette question ! Nous allons toutefois essayer de vous donner des pistes.
Tout d’abord, force est de constater que, si une crise touche les ordres monastiques, c’est d’abord sous la forme d’une crise des vocations qu’elle se manifeste. Le pape François « parle même d’une «hémorragie», due à «la culture du provisoire, du relativisme et du culte de l’argent» qui éloignent les jeunes des vocations », rapportait vaticannews.va il y a quelques mois… et cette crise ne date pas d’hier : en 2002 déjà, France Inter diffusait une émission consacrée à la lente agonie du monastère cistercien de Notre-Dames-des-Dombes, dans l’Ain :
« Depuis plus d'un siècle, les moines sont installés ici, au milieu des étangs. Ils étaient une centaine en 1880, une soixantaine en 1950… et finalement une poignée d'hommes âgés, parfois malades, qui ne peuvent plus s'occuper de la ferme, du potager, de l'accueil des gens de passage, […]. C'est la fin d'une époque. En raison de la crise des vocations monastiques, les trappistes des Dombes, qui ont passé un demi-siècle ensemble dans une vie de silence rythmée par la prière, ont été dispersés fin août vers d'autres monastères. Jusqu'au bout, ils ont essayé de cacher leur peine, de faire bonne figure. »
Un article de la Nouvelle revue théologique consultable en bibliothèque sur cairn.info en énumère quelques-unes :
« La sécularisation, et peut-être aujourd’hui la « sécularisation de la sécularisation », en est un autre, avec l’avènement d’une culture marquée par le nihilisme et d’une société technologique et informatique. Tous ces facteurs ont contribué à éloigner le monde « chrétien » d’une société qui, jusqu’à hier, était souvent en osmose avec l’Église. Par ailleurs, le repli sur les thématiques du bien-être intérieur et de l’auto-réalisation au sein de ce que l’on pourrait appeler le « culte du soi », crée les conditions pour la recherche d’une relation thérapeutique et d’une religiosité syncrétiste que l’on se construit par soi-même et qui trouve son expression davantage dans le « New Age » que dans le « vieux » christianisme.
Cette crise du christianisme amène évidemment avec elle une crise de la vie religieuse. Une grande partie des congrégations religieuses fondées avec un but particulier — social, d’assistance, caritatif… —, font désormais l’expérience que le principe si spécifique qui leur a donné vie se transforme maintenant en principe qui conduit à la mort : il rend leur présence sans objet et anachronique. D’autres facteurs, qui ne constituent assurément pas un terrain favorable à l’émergence de nouvelles vocations religieuses, se situent sur le plan ecclésial : l’ignorance des éléments fondamentaux de la foi, même parmi les chrétiens normalement pratiquants ; le fait que les mots et les gestes de la foi ne sont plus aujourd’hui évidents par eux-mêmes, mais doivent toujours être motivés, (re)fondés, justifiés ; enfin le climat de fatigue et de frustration que l’on respire dans de nombreuses communautés chrétiennes.
[…]
Pour en venir au monde des jeunes, il faut enregistrer la très rapide mutation anthropologique qui a créé une forte dissymétrie entre les obligations que la vie religieuse comporte pour une bonne part et les attentes des jeunes. Il suffit de penser à ce que l’on observe aujourd’hui chez de nombreux jeunes : la difficulté de choisir et de concevoir qu’un choix soit définitif, ainsi que celle de persévérer et vivre une fidélité. On peut noter par ailleurs leur incompréhension devant la nécessité d’une ascèse et de renoncements, leur besoin d’affirmation de soi sur le plan professionnel et économique, leur recherche à la fois d’indépendance et de protection, leur fuite devant la souffrance et la fatigue, la non-popularité chez eux du célibat et de la chasteté, non seulement en raison de ce que propagent les moyens de communication, mais peut-être pour une part à cause de l’emphase avec laquelle les milieux ecclésiaux vantent la famille, et enfin — mais ce n’est pas le moindre élément — l’analphabétisme de la foi qui rend nécessaire une catéchèse élémentaire à des jeunes qui ont pourtant fréquenté les milieux d’Église. »
Pour autant, ce sentiment de décalage par rapport à la vie moderne est vue par certains comme une opportunité bienvenue de s’éprouver, voire de vivifier sa foi :
« Être moine au 21e siècle, c'est donc aussi un défi, le défi d’incarner aujourd'hui l’idéal de la vie monastique tel que le décrit la Règle de saint Benoît. Nous nous posons fréquemment cette question : « Qu’est-ce qui doit changer dans notre manière de vivre, et qu’est-ce qui ne doit pas changer, pour que nous soyons vraiment fidèles à la Règle de saint Benoît ? Parmi les nouveautés de notre époque, qu’est-ce que nous pouvons accepter de faire entrer dans le monastère, qu’est-ce que nous devons laisser à la porte du monastère ? ».
Se poser la question nous permet de rester orientés vers l'essentiel : la recherche de Dieu. »
(Source : vie-monastique.com)
Pour d’autres, le décalage avec l’époque individualiste et consumériste est justement ce qui leur a fait embrasser l’habit, comme en témoigne le portrait de cet ex-tradeur devenu moine, sur leparisien.fr :
« […]à 28 ans, ce Franco-Américain abandonnait une augmentation de 30% et un confortable bonus offerts par la banque Indosuez où il travaillait pour se retirer dans un monastère. Cette décision avait stupéfait ses proches et sa hiérarchie, persuadée qu'il partait à la concurrence pour une offre plus lucrative. Mais le dieu-dollar ne séduisait plus ce jeune financier élevé à New York dans une famille pratiquante, qui décida, la "trouille au ventre", de rejoindre l'abbaye cistercienne de Tamié, dans les Alpes, pour se consacrer à la prière et à la fabrication de fromage. »
Ainsi, de nombreuses sources que nous avons pu consulter insistent sur le fait que la vie monastique représente la possibilité d’un îlot de permanence dans un monde en perpétuelle mutation – même et surtout s’il s’agit de s’en démarquer ! Voici ce que répond un frère quand on lui demande à quoi sert un moine « dans le monde d'aujourd'hui » :
« Frère Thomas : Il ne sert à rien ! Et ne servir à rien, c'est un grand luxe, dans notre société où tout doit être utile, où tout doit rapporter quelque chose. Moi, cela me rend très libre de me dire que je ne sers à rien. La beauté non plus ne sert à rien. Et pourtant elle existe depuis que le monde est monde et elle nous révèle quelque chose de la face de Dieu. Peut-être que la vie monastique, tout en ayant une apparente inutilité, peut aussi révéler cela au coeur de l'humanité. On voit bien, quand les gens viennent ici, qu'ils sont marqués de voir une communauté d'hommes rassemblés qui prient, ensemble.
Souvent, dans les témoignages de groupes ou de gens qui viennent en retraite individuelle, ils se disent marqués par cette communion, cette unité, chose qu'ils ont du mal à retrouver, soit dans leur vie, soit dans leur paroisse, ou leur communauté chrétienne. Et si c'était cela l'image qu'on pourrait leur renvoyer, de Dieu, que Dieu veut renvoyer à l'humanité à travers nous. Nous, nous ne sommes que de pâles instruments. En fait, ce que nous renvoyons n'est pas notre souci. On n'est pas au théâtre, ni au spectacle. Nous essayons de mener notre vie de consacrés ! »
(Source : la-croix.com)
Reste qu’il ne s’agit pas non plus de vivre avec des œillères. Car moines et sœurs ont aussi vocation à porter un message apostolique, et cet aspect de leur pratique appelle à réflexion, avec l’arrivée des cultures numériques :
« Parmi les nouveautés de notre époque, qu’est-ce que nous pouvons accepter de faire entrer dans le monastère, qu’est-ce que nous devons laisser à la porte ? ».
Cette question, nous nous la posons face aux nouvelles technologies. Nous savons qu’une technologie n’est jamais mauvaise en soi, mais qu’on peut en faire un mauvais ou un bon usage. Avec internet, un moine pourrait parcourir le monde entier tout en restant matériellement dans le monastère. Aurait-il pour autant respecté la clôture que saint Benoît veut pour ses disciples ?
Concrètement, un certain nombre de services, comme la céllererie (c’est-à-dire l’économat du monastère), ou les éditions, ont un accès à internet. Les moines qui en ont besoin pour leur travail peuvent également recourir à internet. Utilisé dans l’obéissance et avec discernement, internet se révèle un outil formidable, qui finalement protège la clôture : combien de tâches qui autrefois exigeaient que nous sortions du monastère peuvent maintenant être accomplies à l’intérieur de la clôture. »
(Source [url=http://www.abbayedesolesmes.fr/etre-moine-au-xxie-siecle[/url])
Vous pouvez également lire à ce sujet le grand article d’Isabelle Jonveaux « L'Internet au monastère : de nouvelles sociabilités pour les ascètes extramondains », paru dans la revue Transversalités et lisible en bibliothèque sur [url=https://www.cairn.info/revue-transversalites-2010-4-page-63.htm#no1] cairn.info[/url].
Reste que dans notre époque mondialisée, la solution peut être mondialisée aussi : c’est du moins celles qu’ont trouvée les soeurs de la Providence à Portieux, dans les Vosges :
« En lien depuis longtemps avec l’Asie (1876), cette communauté doit sa survie actuelle à cette relation privilégiée de ce côté du monde. Le couvent de Portieux accueille depuis 2012 douze sœurs vietnamiennes. Apostoliques, elles exercent toutes une activité professionnelle : aide-soignante, action dans des pastorales et des catéchèses ou encore éducatrice. Un juste retour des choses analyse sœur Armelle, responsable supérieure provinciale d’Europe à Portieux. « Autrefois, nous allions en missionnariat à l’étranger. Nous sommes présentes en Cochinchine depuis 1876. Aujourd’hui, faute de combattantes nos sœurs étrangères viennent dans les régions francophones pour apprendre la langue et vivre leur foi. D’ailleurs, notre supérieure générale à Paris est Vietnamienne aussi » poursuit celle qui est religieuse depuis 1971 et a été assistante sociale et infirmière toute sa vie. Telle Haï Uyen Nguyen alias sœur Anne-Marie, 28 ans, venue tout droit du centre de formation des missionnaires de Soc Trang au Vietnam. Cette petite jeune femme est depuis trois ans en France et se dit heureuse de découvrir une autre culture, une autre société. Installée dans une petite communauté à Saint-Dié, elle apprend le français et prépare avec assiduité le concours de l’école d’aide-soignante. Dans son pays qui pratique le bouddhisme où seulement 7 % de la population est catholique, elle travaillait dans une crèche. « Dans notre communauté, nous avons toujours accueilli des sœurs d’autres pays. Nous sommes aussi en lien avec des sœurs Chinoises, Cambodgiennes et de Taï-wan. » P eut-être la recette de la survie pour cette congrégation qui pr ône la simplicité, la pauvreté, la charité et l’abandon ? Dieu seul le sait. »
(Source : vosgesmatin.fr)
Quelques ouvrages pour continuer votre réflexion :
Chercheurs de Dieu [Livre] : moines au XXIe siècle /Jacques Tyrol
Une journée dans une vie, une vie dans une journée [Livre] : des ascètes et des moines aujourd'hui /sous la direction d'Adeline Herrou
Moines, corps et âme [Livre] : une sociologie de l'ascèse monastique contemporaine /Isabelle Jonveaux
Vivre en communauté religieuse [Livre] /Patrick Vincelet
Bonnes lectures.
Il faudrait écrire une thèse pour espérer faire le tour de cette question ! Nous allons toutefois essayer de vous donner des pistes.
Tout d’abord, force est de constater que, si une crise touche les ordres monastiques, c’est d’abord sous la forme d’une crise des vocations qu’elle se manifeste. Le pape François « parle même d’une «hémorragie», due à «la culture du provisoire, du relativisme et du culte de l’argent» qui éloignent les jeunes des vocations », rapportait vaticannews.va il y a quelques mois… et cette crise ne date pas d’hier : en 2002 déjà, France Inter diffusait une émission consacrée à la lente agonie du monastère cistercien de Notre-Dames-des-Dombes, dans l’Ain :
« Depuis plus d'un siècle, les moines sont installés ici, au milieu des étangs. Ils étaient une centaine en 1880, une soixantaine en 1950… et finalement une poignée d'hommes âgés, parfois malades, qui ne peuvent plus s'occuper de la ferme, du potager, de l'accueil des gens de passage, […]. C'est la fin d'une époque. En raison de la crise des vocations monastiques, les trappistes des Dombes, qui ont passé un demi-siècle ensemble dans une vie de silence rythmée par la prière, ont été dispersés fin août vers d'autres monastères. Jusqu'au bout, ils ont essayé de cacher leur peine, de faire bonne figure. »
Un article de la Nouvelle revue théologique consultable en bibliothèque sur cairn.info en énumère quelques-unes :
« La sécularisation, et peut-être aujourd’hui la « sécularisation de la sécularisation », en est un autre, avec l’avènement d’une culture marquée par le nihilisme et d’une société technologique et informatique. Tous ces facteurs ont contribué à éloigner le monde « chrétien » d’une société qui, jusqu’à hier, était souvent en osmose avec l’Église. Par ailleurs, le repli sur les thématiques du bien-être intérieur et de l’auto-réalisation au sein de ce que l’on pourrait appeler le « culte du soi », crée les conditions pour la recherche d’une relation thérapeutique et d’une religiosité syncrétiste que l’on se construit par soi-même et qui trouve son expression davantage dans le « New Age » que dans le « vieux » christianisme.
Cette crise du christianisme amène évidemment avec elle une crise de la vie religieuse. Une grande partie des congrégations religieuses fondées avec un but particulier — social, d’assistance, caritatif… —, font désormais l’expérience que le principe si spécifique qui leur a donné vie se transforme maintenant en principe qui conduit à la mort : il rend leur présence sans objet et anachronique. D’autres facteurs, qui ne constituent assurément pas un terrain favorable à l’émergence de nouvelles vocations religieuses, se situent sur le plan ecclésial : l’ignorance des éléments fondamentaux de la foi, même parmi les chrétiens normalement pratiquants ; le fait que les mots et les gestes de la foi ne sont plus aujourd’hui évidents par eux-mêmes, mais doivent toujours être motivés, (re)fondés, justifiés ; enfin le climat de fatigue et de frustration que l’on respire dans de nombreuses communautés chrétiennes.
[…]
Pour en venir au monde des jeunes, il faut enregistrer la très rapide mutation anthropologique qui a créé une forte dissymétrie entre les obligations que la vie religieuse comporte pour une bonne part et les attentes des jeunes. Il suffit de penser à ce que l’on observe aujourd’hui chez de nombreux jeunes : la difficulté de choisir et de concevoir qu’un choix soit définitif, ainsi que celle de persévérer et vivre une fidélité. On peut noter par ailleurs leur incompréhension devant la nécessité d’une ascèse et de renoncements, leur besoin d’affirmation de soi sur le plan professionnel et économique, leur recherche à la fois d’indépendance et de protection, leur fuite devant la souffrance et la fatigue, la non-popularité chez eux du célibat et de la chasteté, non seulement en raison de ce que propagent les moyens de communication, mais peut-être pour une part à cause de l’emphase avec laquelle les milieux ecclésiaux vantent la famille, et enfin — mais ce n’est pas le moindre élément — l’analphabétisme de la foi qui rend nécessaire une catéchèse élémentaire à des jeunes qui ont pourtant fréquenté les milieux d’Église. »
Pour autant, ce sentiment de décalage par rapport à la vie moderne est vue par certains comme une opportunité bienvenue de s’éprouver, voire de vivifier sa foi :
« Être moine au 21e siècle, c'est donc aussi un défi, le défi d’incarner aujourd'hui l’idéal de la vie monastique tel que le décrit la Règle de saint Benoît. Nous nous posons fréquemment cette question : « Qu’est-ce qui doit changer dans notre manière de vivre, et qu’est-ce qui ne doit pas changer, pour que nous soyons vraiment fidèles à la Règle de saint Benoît ? Parmi les nouveautés de notre époque, qu’est-ce que nous pouvons accepter de faire entrer dans le monastère, qu’est-ce que nous devons laisser à la porte du monastère ? ».
Se poser la question nous permet de rester orientés vers l'essentiel : la recherche de Dieu. »
(Source : vie-monastique.com)
Pour d’autres, le décalage avec l’époque individualiste et consumériste est justement ce qui leur a fait embrasser l’habit, comme en témoigne le portrait de cet ex-tradeur devenu moine, sur leparisien.fr :
« […]à 28 ans, ce Franco-Américain abandonnait une augmentation de 30% et un confortable bonus offerts par la banque Indosuez où il travaillait pour se retirer dans un monastère. Cette décision avait stupéfait ses proches et sa hiérarchie, persuadée qu'il partait à la concurrence pour une offre plus lucrative. Mais le dieu-dollar ne séduisait plus ce jeune financier élevé à New York dans une famille pratiquante, qui décida, la "trouille au ventre", de rejoindre l'abbaye cistercienne de Tamié, dans les Alpes, pour se consacrer à la prière et à la fabrication de fromage. »
Ainsi, de nombreuses sources que nous avons pu consulter insistent sur le fait que la vie monastique représente la possibilité d’un îlot de permanence dans un monde en perpétuelle mutation – même et surtout s’il s’agit de s’en démarquer ! Voici ce que répond un frère quand on lui demande à quoi sert un moine « dans le monde d'aujourd'hui » :
« Frère Thomas : Il ne sert à rien ! Et ne servir à rien, c'est un grand luxe, dans notre société où tout doit être utile, où tout doit rapporter quelque chose. Moi, cela me rend très libre de me dire que je ne sers à rien. La beauté non plus ne sert à rien. Et pourtant elle existe depuis que le monde est monde et elle nous révèle quelque chose de la face de Dieu. Peut-être que la vie monastique, tout en ayant une apparente inutilité, peut aussi révéler cela au coeur de l'humanité. On voit bien, quand les gens viennent ici, qu'ils sont marqués de voir une communauté d'hommes rassemblés qui prient, ensemble.
Souvent, dans les témoignages de groupes ou de gens qui viennent en retraite individuelle, ils se disent marqués par cette communion, cette unité, chose qu'ils ont du mal à retrouver, soit dans leur vie, soit dans leur paroisse, ou leur communauté chrétienne. Et si c'était cela l'image qu'on pourrait leur renvoyer, de Dieu, que Dieu veut renvoyer à l'humanité à travers nous. Nous, nous ne sommes que de pâles instruments. En fait, ce que nous renvoyons n'est pas notre souci. On n'est pas au théâtre, ni au spectacle. Nous essayons de mener notre vie de consacrés ! »
(Source : la-croix.com)
Reste qu’il ne s’agit pas non plus de vivre avec des œillères. Car moines et sœurs ont aussi vocation à porter un message apostolique, et cet aspect de leur pratique appelle à réflexion, avec l’arrivée des cultures numériques :
« Parmi les nouveautés de notre époque, qu’est-ce que nous pouvons accepter de faire entrer dans le monastère, qu’est-ce que nous devons laisser à la porte ? ».
Cette question, nous nous la posons face aux nouvelles technologies. Nous savons qu’une technologie n’est jamais mauvaise en soi, mais qu’on peut en faire un mauvais ou un bon usage. Avec internet, un moine pourrait parcourir le monde entier tout en restant matériellement dans le monastère. Aurait-il pour autant respecté la clôture que saint Benoît veut pour ses disciples ?
Concrètement, un certain nombre de services, comme la céllererie (c’est-à-dire l’économat du monastère), ou les éditions, ont un accès à internet. Les moines qui en ont besoin pour leur travail peuvent également recourir à internet. Utilisé dans l’obéissance et avec discernement, internet se révèle un outil formidable, qui finalement protège la clôture : combien de tâches qui autrefois exigeaient que nous sortions du monastère peuvent maintenant être accomplies à l’intérieur de la clôture. »
(Source [url=http://www.abbayedesolesmes.fr/etre-moine-au-xxie-siecle[/url])
Vous pouvez également lire à ce sujet le grand article d’Isabelle Jonveaux « L'Internet au monastère : de nouvelles sociabilités pour les ascètes extramondains », paru dans la revue Transversalités et lisible en bibliothèque sur [url=https://www.cairn.info/revue-transversalites-2010-4-page-63.htm#no1] cairn.info[/url].
Reste que dans notre époque mondialisée, la solution peut être mondialisée aussi : c’est du moins celles qu’ont trouvée les soeurs de la Providence à Portieux, dans les Vosges :
« En lien depuis longtemps avec l’Asie (1876), cette communauté doit sa survie actuelle à cette relation privilégiée de ce côté du monde. Le couvent de Portieux accueille depuis 2012 douze sœurs vietnamiennes. Apostoliques, elles exercent toutes une activité professionnelle : aide-soignante, action dans des pastorales et des catéchèses ou encore éducatrice. Un juste retour des choses analyse sœur Armelle, responsable supérieure provinciale d’Europe à Portieux. « Autrefois, nous allions en missionnariat à l’étranger. Nous sommes présentes en Cochinchine depuis 1876. Aujourd’hui, faute de combattantes nos sœurs étrangères viennent dans les régions francophones pour apprendre la langue et vivre leur foi. D’ailleurs, notre supérieure générale à Paris est Vietnamienne aussi » poursuit celle qui est religieuse depuis 1971 et a été assistante sociale et infirmière toute sa vie. Telle Haï Uyen Nguyen alias sœur Anne-Marie, 28 ans, venue tout droit du centre de formation des missionnaires de Soc Trang au Vietnam. Cette petite jeune femme est depuis trois ans en France et se dit heureuse de découvrir une autre culture, une autre société. Installée dans une petite communauté à Saint-Dié, elle apprend le français et prépare avec assiduité le concours de l’école d’aide-soignante. Dans son pays qui pratique le bouddhisme où seulement 7 % de la population est catholique, elle travaillait dans une crèche. « Dans notre communauté, nous avons toujours accueilli des sœurs d’autres pays. Nous sommes aussi en lien avec des sœurs Chinoises, Cambodgiennes et de Taï-wan. » P eut-être la recette de la survie pour cette congrégation qui pr ône la simplicité, la pauvreté, la charité et l’abandon ? Dieu seul le sait. »
(Source : vosgesmatin.fr)
Chercheurs de Dieu [Livre] : moines au XXIe siècle /Jacques Tyrol
Une journée dans une vie, une vie dans une journée [Livre] : des ascètes et des moines aujourd'hui /sous la direction d'Adeline Herrou
Moines, corps et âme [Livre] : une sociologie de l'ascèse monastique contemporaine /Isabelle Jonveaux
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