Question d'origine :
Chère Madame, cher Monsieur,
Je m'intéresse à la guerre du Péloponnèse et en particulier à la guerre archidamique, soit la première étape de la guerre du Péloponnèse (431-422)
Je ne discerne pas bien les différents mouvements, les différents protagonistes et les enjeux de la guerre archidamique.
Pouvez-vous m'éclairer à ce sujet?
Pouvez-vous aussi m'indiquer les documents qui font un état de la question?
Je vous remercie.
Jeya A.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 15/12/2018 à 15h42
Bonjour,
Comme nous ne sommes spécialistes ni de l’Antiquité ni des techniques de guerre en Grèce antique, nous vous donnons ici quelques orientations bibliographiques qui vous permettront peut-être d’y voir plus clair dans ces guerres du Péloponnèse. Le nombre de forces en présence, le jeu des alliances, la nature et les lieux des conflits (terre/mer, ville/campagne etc.) ajoutés aux tremblements de terre et autre peste qui frappèrent la péninsule dans les mêmes temps constituent un écheveau de circonstances assez complexe.
Pour planter le décor peut-être n’est-il pas inutile de consulterune carte .
Dans la collection Atlas des guerres aux éditions Autrement l’ouvrageLes guerres grecques 1400-146 av. J.-C. résume en quelques pages les tenants et aboutissants de ce conflit. La carte qui accompagne ce chapitre détaille les différentes campagnes qui eurent lieu.
La principale source dont nous disposions est le récit qu’en a faitThucydide dans La guerre du Péloponnèse , auteur « embarqué » comme nous le dirions aujourd’hui, puisqu’il participa lui-même aux combats.
Les causes du déclenchement de cette guerre sont présentées dans le Livre I, 23 : « Les hostilités commencèrent entre les Athéniens et les Péloponnésiens après la rupture du traité de trente ans conclu à la suite de la conquête de l’Eubée. Pour ce qui est des motifs de la rupture, j’ai exposé tout d’abord les griefs des deux adversaires et leurs démêlés, afin qu’on n’en vint pas à se demander pourquoi une guerre de cette importance avait éclaté parmi les Grecs. Mais la cause la plus vraie, celle aussi qui fut la moins mise en avant, se trouve selon moi dans l’expansion athénienne, qui inspira des inquiétudes aux Lacédémoniens et ainsi les contraignit à se battre. »
L’occurrence Archidamos de l’index des noms en fin d’ouvrage vous permet de vous repérer et de suivre les interventions du roi de Sparte.
Ce sont donc les rivalités entre Sparte et Athènes qui furent à l’origine de ce conflit qui dura une trentaine d’années, mais aussi Corinthe, Syracuse ou Thèbes. Tous ces états parlèrent de « Guerre contre Athènes » plutôt que de guerre du Péloponnèse. Ce fut en définitive une véritable guerre civile car toutes les forces impliquées étaient grecques, les belligérants hellénophones, adorant les mêmes dieux, utilisant les mêmes techniques agricoles et militaires, comme le mentionneVictor David Hanson en introduction à son livre La guerre du Péloponnèse . Cet auteur remet en question le point de vue de Thucydide sur la cause principale du déclenchement des hostilités, c’est-à-dire l’hégémonie athénienne. Pour lui, lorsque Sparte déclenche les hostilités, « les ennemis d’Athènes invoquèrent plus souvent des griefs exprimant leur ressentiment politique et ethnique – l’audace et l’arrogance des Athéniens, le développement de leur Empire - que des fautes et des griefs précis exigeant réparation immédiate », « une hostilité de principe à laquelle s’ajoutaient la peur et l’envie ». Il évoque aussi la question problématique de la démocratie athénienne pour les oligarchies de ces Etats-cités.
« Au début du conflit, la stratégie spartiate était aussi simple qu’elle se révéla naïve. (…) le roi Archidamos devait entrer en Attique à la tête d’une armée considérable, formée de soldats alliés, pour défier les Athéniens et les contraindre à se battre. Si l’ennemi ne s’aventurait pas hors de ses murs, Archidamos ravagerait alors systématiquement les terres cultivées de l’Attique, ce qui provoquerait la famine, ou au moins l’humiliation des Athéniens, et contraindrait la cité à négocier. (…) Sparte ne voyait aucune raison de modifier une stratégie qui lui avait assuré la victoire pendant deux cents. En fait, les Spartiates semblent avoir totalement ignoré la taille ou les ressources agricoles d’Athènes. Ils connaissaient encore plus mal son économie maritime et sa capacité théorique à remplacer entre le tiers et la moitié des récoltes détruites par des produits importés. Plus naïvement encore, les Spartiates croyaient, en ravageant l’Attique, inciter les Etats sujets de l’empire athénien à se révolter conter Athènes, alors que Sparte n’avait aucun moyen de leur venir en aide en cas de représailles de la flotte athénienne. »
Cet article deJacqueline de Romilly vous permettra de comprendre comment le roi Archidamos tenta dans un premier temps d’éviter la guerre contre Périclès et quelles furent ensuite ses tactiques.
Vous trouverez dans l’ouvrage de Pascal PayenLa guerre dans le monde grec VIIIe-Ier siècles avant J. C. une étude thématique du phénomène guerrier particulièrement éclairante.
Cette carte mentale du site de l’Encyclopaedia Universalis, (consultable en bibliothèque et en accès à distance pour nos abonnés) vous orientera vers différents articles sur le sujet.
Bonnes lectures !
Comme nous ne sommes spécialistes ni de l’Antiquité ni des techniques de guerre en Grèce antique, nous vous donnons ici quelques orientations bibliographiques qui vous permettront peut-être d’y voir plus clair dans ces guerres du Péloponnèse. Le nombre de forces en présence, le jeu des alliances, la nature et les lieux des conflits (terre/mer, ville/campagne etc.) ajoutés aux tremblements de terre et autre peste qui frappèrent la péninsule dans les mêmes temps constituent un écheveau de circonstances assez complexe.
Pour planter le décor peut-être n’est-il pas inutile de consulter
Dans la collection Atlas des guerres aux éditions Autrement l’ouvrage
La principale source dont nous disposions est le récit qu’en a fait
Les causes du déclenchement de cette guerre sont présentées dans le Livre I, 23 : « Les hostilités commencèrent entre les Athéniens et les Péloponnésiens après la rupture du traité de trente ans conclu à la suite de la conquête de l’Eubée. Pour ce qui est des motifs de la rupture, j’ai exposé tout d’abord les griefs des deux adversaires et leurs démêlés, afin qu’on n’en vint pas à se demander pourquoi une guerre de cette importance avait éclaté parmi les Grecs. Mais la cause la plus vraie, celle aussi qui fut la moins mise en avant, se trouve selon moi dans l’expansion athénienne, qui inspira des inquiétudes aux Lacédémoniens et ainsi les contraignit à se battre. »
L’occurrence Archidamos de l’index des noms en fin d’ouvrage vous permet de vous repérer et de suivre les interventions du roi de Sparte.
Ce sont donc les rivalités entre Sparte et Athènes qui furent à l’origine de ce conflit qui dura une trentaine d’années, mais aussi Corinthe, Syracuse ou Thèbes. Tous ces états parlèrent de « Guerre contre Athènes » plutôt que de guerre du Péloponnèse. Ce fut en définitive une véritable guerre civile car toutes les forces impliquées étaient grecques, les belligérants hellénophones, adorant les mêmes dieux, utilisant les mêmes techniques agricoles et militaires, comme le mentionne
« Au début du conflit, la stratégie spartiate était aussi simple qu’elle se révéla naïve. (…) le roi Archidamos devait entrer en Attique à la tête d’une armée considérable, formée de soldats alliés, pour défier les Athéniens et les contraindre à se battre. Si l’ennemi ne s’aventurait pas hors de ses murs, Archidamos ravagerait alors systématiquement les terres cultivées de l’Attique, ce qui provoquerait la famine, ou au moins l’humiliation des Athéniens, et contraindrait la cité à négocier. (…) Sparte ne voyait aucune raison de modifier une stratégie qui lui avait assuré la victoire pendant deux cents. En fait, les Spartiates semblent avoir totalement ignoré la taille ou les ressources agricoles d’Athènes. Ils connaissaient encore plus mal son économie maritime et sa capacité théorique à remplacer entre le tiers et la moitié des récoltes détruites par des produits importés. Plus naïvement encore, les Spartiates croyaient, en ravageant l’Attique, inciter les Etats sujets de l’empire athénien à se révolter conter Athènes, alors que Sparte n’avait aucun moyen de leur venir en aide en cas de représailles de la flotte athénienne. »
Cet article de
Vous trouverez dans l’ouvrage de Pascal Payen
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