Question d'origine :
Bonjour
A Lyon les exécutions par la guillotine ont eu lieu, pour les dernières, dans l'enceinte des prisons St Joseph St Paul.
Auparavant il semble que d'autres lieux ont été le "théâtre" d'exécutions publiques. On a cité les Terreaux, la Place Louis XVIII (Carnot) ou celle des Minimes.
Avez-vous plus d'informations sur ce sujet ?
Avec mes remerciements
GM
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 26/11/2018 à 10h01
Bonjour,
La décapitation mécanisée est un sujet assez populaire parmi nos usagers. Voici ce que nos collègues de la Documentation régionale en disaient il y a quelques années :
« La guillotine arrive à Lyon en octobre 1792 et est installée place des Terreaux mais elle ne sert vraiment qu’un an plus tard. Le 6 février 1793, Chalier, un radical, propose d’installer la guillotine sur le pont de la Guillotière pour faire tomber les têtes dans le Rhône. Le 16 juillet de la même année il est lui-même guillotiné place des Terreaux (sans être le premier sûrement).
Il faut se rappeler que Lyon a eu très tôt une réputation de ville contre-révolutionnaire, après […] Finalement la guillotine n’est pas le seul outil de la répression mais elle a fait plus de sept cents morts sur cette seule période (sans compter ceux qui ont été guillotinés avant et après). »
Il ne semble pas que l’instrument de mort ait quitté la place des Terreaux pendant la Révolution et l’Empire. Pour suivre ses pérégrinations dans les années et les régimes qui suivront, l’ouvrage La Peine de mort à Lyon. [Livre] / sous la direction de Robert Vial. sera notre meilleur ami :
« Sous le Consulat, en 1804, Claude-Antoine Chrétien, le nouveau bourreau, prend ses fonctions à Lyon. Il avait déjà œuvré à Bourg-en-Bresse (en 1793-1794) puis à Chalon-sur-Saône (de 17093 à 1804) ; il exercera jusqu’en 1842. Quant à la place des Terreaux, elle est maintenue comme lieu des exécutions capitales, notamment par un arrêté préfectoral du 1er Mai 1812 : « le lieu de l’exposition et du supplice des individus condamnés par les arrêts des cours d’assises et spéciale, est définitivement fixé à la place des Terreaux, au devant de l’hôtel de ville, pour les exécutions qui devront être faites à Lyon ».
[…]
En 1827, la guillotine est transférée place Louis XVIII (actuelle place Carnot), afin de faire oublier les places Bellecour et des Terreaux , trop associées aux excès commis à la Révolution et sous l’Empire. C’est aussi le début d’une lente évolution qui va voir le lieu des exécutions se déplacer vers le sud de la presqu’île, loin du centre.
Le 7 novembre 1832, le roi Louis-Philippe diminue de moitié le nombre de bourreaux en France […] le bourreau de Lyon échappe à cette mesure d’économie et conserve son propre bourreau. […] Il faut attendre 1871 pour voir leur disparition complète en province ; ils sont remplacés par un seul exécuteur, basé à Paris, surnommé « Monsieur de Paris », qui se déplace avec la guillotine, dans toute la France. »
C’est l’aire de la guillotine portative qui commence ; les exécutions publiques à Lyon n’auront plus de lieu fixe :
« La mise en service des nouvelles prisons de Saint-Joseph en 1831, et Saint-Paul en 1865, dans le quartier de Perrache, apporte un changement quant au rituel des exécutions publiques.Ainsi, à la demande de la municipalité lyonnaise, la guillotine est installée à des angles de rues et non sur des places comme auparavant . Cela correspond aussi au souhait de n’avoir qu’un lieu très proche à la fois pour la détention et pour l’exécution. Ainsi, François Gornachon est guillotiné le 12 octobre 1883 à l’angle du cours Charlemagne et du cours Bayard ; Jean-Marie Busseuil, le 29 janvier 1894, à l’angle du cours Charlemagne et de la rue Ravet ; et Caserio, assassin de Sadi Carnot, Président de la République, l’est à son tour, le 16 août, 1894, à l’angle du cours Suchet et de la rue Smith. »
Par la suite, « le nombre des exécutions ne va pas cesser de diminuer ; après Busseuil et Caserio en 1894, on en compte seulement huit entre 1900 et 1939 [..] ».
C’est le 24 janvier 1939 que la dernière exécutions publique a lieu à Lyon : celle de d’Albdelkader « Saada » Rakida, reconnu coupable d’un meurtre en 1937, ainsi que d’avoir bléssé grièvement deux policiers. Par la suite, les prisons de Saint-Joseph et Saint-Paul ne seront pas les seuls lieux d’exécution :le fort de Montluc (déjà réquisitionné durant l’occupation comme lieu de rétention et d’exécution de résistants et d’otages), verra, durant la guerre d’Algérie, l’exécution par décollation de 12 Algériens « entre le 26 septembre 1959 et le 31 janvier 1961, soit le plus fort taux d’exécutés en Métropole (5 exécutés à Paris et 4 à Dijon) ».
L’ouvrage donne en annexe les noms de tous les exécutés lyonnais de 1793 à 1966, date à laquelle la guillotine a définitivement cessé de fonctionner dans la capitale des Gaules, après avoir emporté Mazouz Ghaouti dit « le Gorille » et Robert Actis, le 27 juin.
Bonne journée.
La décapitation mécanisée est un sujet assez populaire parmi nos usagers. Voici ce que nos collègues de la Documentation régionale en disaient il y a quelques années :
« La guillotine arrive à Lyon en octobre 1792 et est installée place des Terreaux mais elle ne sert vraiment qu’un an plus tard. Le 6 février 1793, Chalier, un radical, propose d’installer la guillotine sur le pont de la Guillotière pour faire tomber les têtes dans le Rhône. Le 16 juillet de la même année il est lui-même guillotiné place des Terreaux (sans être le premier sûrement).
Il faut se rappeler que Lyon a eu très tôt une réputation de ville contre-révolutionnaire, après […] Finalement la guillotine n’est pas le seul outil de la répression mais elle a fait plus de sept cents morts sur cette seule période (sans compter ceux qui ont été guillotinés avant et après). »
Il ne semble pas que l’instrument de mort ait quitté la place des Terreaux pendant la Révolution et l’Empire. Pour suivre ses pérégrinations dans les années et les régimes qui suivront, l’ouvrage La Peine de mort à Lyon. [Livre] / sous la direction de Robert Vial. sera notre meilleur ami :
« Sous le Consulat, en 1804, Claude-Antoine Chrétien, le nouveau bourreau, prend ses fonctions à Lyon. Il avait déjà œuvré à Bourg-en-Bresse (en 1793-1794) puis à Chalon-sur-Saône (de 17093 à 1804) ; il exercera jusqu’en 1842. Quant à la place des Terreaux, elle est maintenue comme lieu des exécutions capitales, notamment par un arrêté préfectoral du 1er Mai 1812 : « le lieu de l’exposition et du supplice des individus condamnés par les arrêts des cours d’assises et spéciale, est définitivement fixé à la place des Terreaux, au devant de l’hôtel de ville, pour les exécutions qui devront être faites à Lyon ».
[…]
Le 7 novembre 1832, le roi Louis-Philippe diminue de moitié le nombre de bourreaux en France […] le bourreau de Lyon échappe à cette mesure d’économie et conserve son propre bourreau. […] Il faut attendre 1871 pour voir leur disparition complète en province ; ils sont remplacés par un seul exécuteur, basé à Paris, surnommé « Monsieur de Paris », qui se déplace avec la guillotine, dans toute la France. »
C’est l’aire de la guillotine portative qui commence ; les exécutions publiques à Lyon n’auront plus de lieu fixe :
« La mise en service des nouvelles prisons de Saint-Joseph en 1831, et Saint-Paul en 1865, dans le quartier de Perrache, apporte un changement quant au rituel des exécutions publiques.
Par la suite, « le nombre des exécutions ne va pas cesser de diminuer ; après Busseuil et Caserio en 1894, on en compte seulement huit entre 1900 et 1939 [..] ».
C’est le 24 janvier 1939 que la dernière exécutions publique a lieu à Lyon : celle de d’Albdelkader « Saada » Rakida, reconnu coupable d’un meurtre en 1937, ainsi que d’avoir bléssé grièvement deux policiers. Par la suite, les prisons de Saint-Joseph et Saint-Paul ne seront pas les seuls lieux d’exécution :
L’ouvrage donne en annexe les noms de tous les exécutés lyonnais de 1793 à 1966, date à laquelle la guillotine a définitivement cessé de fonctionner dans la capitale des Gaules, après avoir emporté Mazouz Ghaouti dit « le Gorille » et Robert Actis, le 27 juin.
Bonne journée.
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