Question d'origine :
Bonjour, Dans le cadre d’une option facultativeen lycée, je cherche différentes pièces de théâtre (pour utiliser des extraits) qui portent sur les thèmes : le rascime aux USA, la drogue, la bi-polarité, l’ecologie en rapport avec l aliénation de l’homme (ex qui recrée des abeilles robot pour poliniser) le transgenre, Le terrorisme et les attentats, l’exces et la norme. Merci beaucoup si cela vous est possible de m’aider !! Bien cordialement, D. Leroux
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 19/11/2018 à 14h38
Bonjour,
Afin de trouver un choix plus large de pièces (et peut-être des œuvres correspondant mieux à votre recherche) nous vous invitons à venir à la BmL pour effectuer une recherche dans la base théâtrale Mascarille.
En attendant, voici quelques pièces autour des thématiques demandées :
Racisme :
• Race, David Mamet
Dans une Amérique marquée par la question raciale, un bureau d’affaires tenu par trois avocats – deux Noirs et un Blanc –, est sollicité pour défendre un Blanc, accusé de tentative de viol sur une jeune femme noire. Tout au long de cette enquête quasi policière, les certitudes se délitent ; lois et principes sont mis à mal, entre domination, ruses et manipulations. Renversant les schémas habituels, la peau blanche devient, consciemment ou non, l’objet de haines inédites.
• Clair obscur, Israël Horovitz
Harlem, un appartement, une famille... Noire... Une pilule pour devenir blanc. L’expérience réussie : la joie, l’aboutissement... Jusqu’à l’arrivée d’un homme, blanc, qui déterminé dans son désespoir, recherche le jeune noir, géniteur de l’enfant que porte sa fille. Le quiproquo s’installe : le suspect est blanc !
(Un résumé plus développé est disponible sur billetreduc.com)
• Le Nègre-Dardanelles, Patrice Tacita
L'histoire de la vie dans les tranchées d'un soldat guadeloupéen, Jean Etilce, ayant victorieusement combattu comme bon nombre de ses frères d'Afrique, des Antilles et de la Guyane, les troupes austro-hongroises et turques durant la campagne des Dardanelles au cours de la Première Guerre Mondiale.
En avril 1919, il va être victime du racisme d'officiers américains, une ségrégation organisée, qui fut mise en oeuvre par l'administration de l'armée française durant le premier conflit mondial et qui se traduisit par la circulaire Linard.
2007.
Auteur Guadeloupéen.
Avant la Première Guerre mondiale les African Americans en France représentaient ce que la société noire américaine comptait de plus nantie et éduquée.
Avec l'arrivée des soldats African Americans sur le théâtre de la guerre en France, on assiste à un changement radical. En devenant populaire, cette migration vulgarise du coup l'image d'une France libérale et fidèle à sa devise révolutionnaire, " Liberté, Égalité, Fraternité ", qui, selon le poète noir Countee Cullen (résidant à Paris dans les années 1920) n'étaient pas des mots creux, mais exprimaient l'esprit qui incarne Paris.
Pour montrer que cette image s'était déjà répandue dans les couches populeuses de la communauté noire des États-Unis, il suffit de considérer l'enthousiasme parmi les noirs à l'annonce qu'une division entièrement composée de troupes noires serait envoyée en France. Beaucoup s'enrôlèrent, convaincus de remplir une mission historique : défendre la " patrie de la démocratie ".
Ces effectifs comptaient au moins 200 000 soldats cantonnés pour la plupart dans des tâches subalternes et ingrates. Les plus fortunés, provenant de la 93e division de l'infanterie, furent intégrés dans l'armée française aux côtés des troupes coloniales. Le haut commandement américain ne s'y résolut qu'à la condition que des consignes draconiennes fussent observées quant au traitement de ces recrues. Une sorte de vade-mecum à l'usage des officiers français, intitulé " Information secrète concernant les troupes noires américaines ", fut rédigé dans le but de réglementer les contacts entre les éléments blancs et noirs américains dans l'armée française. Toute camaraderie et toute intimité devaient être évitées entre les officiers français et les officiers noirs. On interdisait aux officiers français de leur serrer la main, de manger avec eux au même mess, de les visiter ou de converser avec eux sauf dans le cadre des obligations de service.
Le colonel Linard, commandant des troupes coloniales de l'AEF, porta le document à l'attention des autorités françaises en leur demandant " qu'elles ne gâtent pas les nègres ". Lorsque le document fut lu au palais Bourbon, au mois de juillet 1917, une tempête d'indignation anima l'Assemblée. La majorité des députés, outragée par la coloration raciste du document, décida de le répudier et de passer à sa place une résolution garantissant l'égalité des droits et de traitement entre les troupes noires et blanches.
• Tight right white, Reza Abdoh
Conflits d'hier entre esclaves noirs et maîtres blancs dans une plantation du sud, conflits d'aujourd'hui entre un noir drogué et les représentants de l'ordre, quel ordre ?
Drogue :
• Squatt connection, André Benedetto
Térésa, une jeune colombienne essaye de sauver son copain sous l'emprise de la drogue.
• Un jardin dans la tempête, Marie-Claire Blais
Dans un jardin de Key West, en Floride, un jeune délinquant vit la terrible douleur physique et morale du sevrage de la drogue.
• Le festin du cannibale, Henri Danon
La pensée obsédante de la drogue, dont elle vient de se libérer, harcèle Noémie.
Un de ses fournisseurs, dealer très séduisant et amant occasionnel, Méphisto de bazar, vient la relancer...
Bipolarité :
• La Mate : l'enfance, Flore Lefebvre des Noëttes
Nu, le corps de La Mate était tout bourrelé, avec des seins et des fesses énormes, comme la Vénus Callipyge, et, au ventre, un nombre de cicatrices et de coutures dans tous les sens : verticales, horizontales et de travers. Toutes très impressionnantes, autant que le visage recousu de Frankenstein, stigmates de ses multiples accouchements, césariennes et opérations, dont elle se vantait tant. Son corps était un champ de bataille avec la vie, une guerre contre la mort !
C’est l’histoire d’une famille nombreuse dans les années 1960. Un père médecin militaire pour le moins bipolaire, et une mère polyamoureuse, prolifique, réglant parfois les problèmes d’argent avec une remarquable désinvolture. Flore Lefebvre des Noëttes raconte son enfance, les rires, les peurs, les jeux, la maison au bord de la mer et la douceur pastel de la grand-mère.
Ecologie :
• Grand vert : spectacle avec un arbre, André Benedetto
Une conférencière écologique face à l'esprit de l'arbre dont elle parle...
• Une commune - Retourner l'effondrement, Guillaume Cayet
Dans son triptyque Retourner l’effondrement, Guillaume Cayet investit un théâtre politique et engagé tout en proposant des partitions concrètes à de larges distributions d’acteurs. Il s’agit d’un retour à la terre, mais celle d’un terroir militant qui refuse la fatalité de l’exode et du dépérissement.
Une commune, premier opus, est une fable épique ancrée dans une communauté villageoise dans laquelle se nouent des événements dramatiques que les relations intimes des personnages éclairent avec ingéniosité. Alors que d’aucuns estiment advenue la « fin de l’histoire », validation passive d’une situation politique figée, le retour d’un propriétaire important dans le village va faire naître un sentiment d’urgence à rebâtir du commun. Une union des paysans et des ouvriers avec comme souvenir historique cette Commune de Paris, rare moment de conjonction des luttes.
À la manière du théâtre brechtien didactique, mais revisité sous la double autorité des mouvements syndicaux et politiques actuels (zadistes, alternatifs, écologistes, décroissants…) et d’une dramaturgie d’aujourd’hui (une large distribution modulable pour un groupe de sept à une vingtaine d’acteurs), Guillaume Cayet hisse son texte à la hauteur des enjeux contemporains, pour un théâtre debout.
• Protohérissé : BP, Unabomber, Gergana Dimitrova & Zdrava Kamenova ; traduit du bulgare par Marie Vrinat
Protohérissé (BP : Unabomber) fait fusionner l’écologie et le terrorisme. C’est un texte de théâtre éco-terroriste, qui pose d’importantes questions contemporaines, mais sans perdre le sens de l’humour. Les sources documentaires, la composition fragmentaire et la polyphonie des différents regards entremêlent les destins de Ted Kaczynski, brillant professeur de mathématiques devenu terroriste, et de l’échidné, un très ancien mammifère ovipare et intelligent, sorte de croisement entre le hérisson et l’ornithorynque, en voie de disparition. Tandis que « Unabomber » commence à mettre en application ses moyens radicaux afin d’avertir la société des dangers d’un trop rapide développement technologique pour la dignité humaine (voir son Manifeste « La Société industrielle et son avenir »), l’échidné, probablement déjà présent sur Terre à l’âge de glace, est condamné à errer à la recherche d’un congénère. Tendue, chargée émotionnellement, jouant d’un humour fin et défendant une position citoyenne authentique, la pièce offre de sérieuses potentialités pour un théâtre inventif et engagé.
Transgenre :
• Le sol qui porte Hande, Paco Gámez ; traduit de l'espagnol par David Ferré
C'est le récit dramatique de l’assassinat et de la disparition de Hande Kader en 2016, activiste transgenre turque, remarquée lors de la Marche des Fiertés à Istanbul l’année précédente. La dramaturgie de ce texte tente de retracer sa vie, de sa naissance à sa disparition.
Cette quête fragmentée qui prend la forme d’un texte-paysage, d’un individu, de son corps, de sa famille, de son identité, est construite par une fable bigarrée de césures – de pages manquantes. Le lecteur spectateur citoyen doit irrémédiablement faire appel à son interprétation, à sa capacité d’imaginer, pour en trouver un fil conducteur. Le théâtre devient une déambulation où l’écriture cherche à comprendre pourquoi et comment il est aujourd’hui possible qu’une société contienne tant de haine, de détresse et de violence. Ainsi, l’auteur démantèle la forme tragique classique, en intégrant le chœur au plateau des acteurs. Par un procédé d’inversion, la collectivité agit elle-même sur le récit devenu fiction.
Par là même, ce texte interroge le statut et la valeur de la parole, celle qui commente la réalité pour la rendre soit plus intelligible, soit plus opaque. C’est donc l’origine même qui est en question, celle de l’autorité des uns sur les autres, du théâtre sur soi, et de soi sur le système démocratique d’aujourd’hui.
• I am my own wife, Doug Wright
La pièce a été écrite à partir de rencontres avec Charlotte von Mahlsdorf, née Lothar Berfelde, qui a tué son père quand elle était un jeune enfant et a survécu aux régimes nazis et communistes à Berlin-Est en tant que femme transgenre.
• L'homosexuel ou la difficulté de s'exprimer, Copi.
Farce tragique où l'atmosphère fait sourire et traduit la douloureuse expérience de l'altérité sexuelle.
• Agreste, Newton Moreno
Dans un village perdu aux confins du nord-est brésilien, un homme tombe amoureux d'une femme. Pendant des mois, des années, ils vont s'aimer à distance, séparés par une clôture, jusqu'au jour où ils découvrent une ouverture. Après des jours d'hésitation, le cœur qui explose, elle décide de la franchir pour rejoindre l'homme de l'autre côté afin de vivre pleinement cet amour. Ils s'aimeront pendant vingt deux ans jusqu'à la mort du mari. A l'occasion de ses obsèques, entourée par les gens du village venus la soutenir dans cette douloureuse épreuve, elle va découvrir, non sans étonnement, que l'homme qui a partagé sa vie pendant toutes ces années était une femme.
Regard du traducteur
De la bizarrerie de ce conte se dégage une énorme poésie. C'est au cœur d'un Brésil rural, catholique et implacable que naît cette étonnante histoire d'amour. A mille lieux des décors urbains de ses autres textes, Newton Moreno aborde avec beaucoup de finesse et de sensibilité le thème de l'incompréhension liée à la différence. Le texte est aussi une invitation à l'analyse des comportements excessivement conservateurs et patriarcaux de notre société. Il traite des thèmes épineux qui, à travers les siècles, ont fait partie du quotidien de l'homme : l'amour inconditionnel, l'homosexualité, les préjugés sociaux, l'ignorance et la complexité des rapports humains.
Terrorisme :
• Instants de vérité, Joshua Sobol
Il y eut un moment où la guerre qu’il fallut mener contre le terrorisme constitua une dure épreuve pour de nombreux soldats ou officiers israéliens, qui étaient « en première ligne » au contact de la population civile. Ce que l’on appelle en Israël « la situation », c’est-à-dire la présence nécessaire depuis 1967 de l’armée israélienne au-delà de la « ligne verte », le caractère populaire de la résistance arabe à la présence israélienne dans « les territoires » mais aussi le recours particulièrement violent aux attentats suicides, prétendirent ébranler certains principes fondamentaux de l’État d’Israël comme le droit de se défendre, le respect de la vie et des civils et la leçon de ne pas mourir tout comme à Massada ou à Auschwitz.
Instant de Vérité évoque la vie presque ordinaire d’une famille israélienne typique avec son entourage hétéroclite, dont plusieurs membres appartiennent à des unités combattantes. « L’instant de vérité » c’est celui où au cours d’un engagement, un officier prend conscience du sacrifice moral que sa responsabilité exige pour la conduite des hommes dans ce combat ingrat qui laisse peu envisager la gloire à l’horizon. Mais c’est aussi celui du choix quand, de retour dans la maison familiale, toutes les tensions du combat et de la vie de troupe, au lieu de s’apaiser dans la vie quotidienne, imbibent celle-ci de ses peurs et de sang.
Auteur d’une cinquantaine de pièces, dont Ghetto, Le Syndrome de Jérusalem, La Palestinienne, Joshua Sobol est l’un des plus importants dramaturges israéliens et le plus joué à l’étranger.
• En vie, America Vera-Zavala
Ici se croisent trois histoires. Nous entendons le chant de B, nous suivons les femmes d’une famille musulmane qui cherchent désespérément à faire libérer leurs maris accusés à tort de terrorisme et qui préparent une éventuelle action pour essayer de se faire entendre, toute cette histoire n’étant qu’un terrible malentendu. Mais tandis que B planifie un attentat, le service de sécurité de la police norvégienne ne regarde pas dans la bonne direction et surveille à la place la famille musulmane. Et pendant ce temps-là, sur une île, les jeunes socialistes ont leur camp d'été.
Regard du traducteur
En vie raconte l’euphorie de la jeunesse et de l’engagement politique. La pièce s’interroge sur l’islamophobie aujourd’hui, et comment la folie d’un seul homme peut devenir celle d’un groupe. Se succèdent trois histoires, trois chemins qui finiront par se croiser dans un terrible malentendu. Celle de la vie du camp d’été de l’aile jeune d’un parti de gauche qui se déroule quelque part, sur une île ; celle d’une famille musulmane qui pleure l’arrestation de deux de ses membres accusés d’avoir participé à des actes terroristes ; et celle d’un jeune homme qui, en colère contre la société, se laisse séduire par les idées de l’extrême droite.
• Les fils de l'amertume, Slimane Benaïssa
Youcef écrit une sorte de roman autobiographique... mais les terroristes islamistes l'ont déjà condamné à mort et c'est sous la menace d'un attentat qu'il vit ses derniers jours.
Farid est pauvre et avec son copain, fils de milliardaire, il croit davantage à la prière qu'à la démocratie. Il ne connait pas Youcef, mais leur destin va se croiser le jour où il reçoit l'ordre de tuer le journaliste...
En réalité membre d'une même famille, Farid et Youcef ne seraient-ils pas les acteurs de l'effroyable tragédie des Atrides ?
Excès et norme :
Isabelle 100 visages, Aurélie Namur
Il y a des vies qui sont des romans... qu'aucun romancier n'oserait écrire par crainte d'être taxé d'invraisemblance. Isabelle Eberhardt fut l'un de ces êtres hors du commun. Elle vient d'un autre siècle. Née en 1877, elle fut aventurière, sans papiers, première Européenne soufie, journaliste... Elle arpenta le désert algérien vêtue en homme et laissa de nombreux écrits au style singulier qui prouvent la parfaite compréhension de sa culture d'adoption. En quelques scènes cruciales, Isabelle 100 visages évoque ce destin exceptionnel. On suit la quête spirituelle de cette femme énigmatique, ses excès en tous genres, ses amours hors norme. Jusqu'au plus profond du désert algérien, jusqu'au plus grand dénuement. Entre Orient et Occident, masculin et féminin, scandale et incandescence, ce parcours atypique résonne étonnamment avec les préjugés et les quêtes de notre temps.
• M.A.M.A.E. & autres textes, Nadège Prugnard
Des femmes s'explosent en public, renvoyant au public et aux lecteurs toute la violence accumulée. Des paroles suffoquées, à la croisée du théâtre, de la performance et de la poésie.
Bonne journée.
Afin de trouver un choix plus large de pièces (et peut-être des œuvres correspondant mieux à votre recherche) nous vous invitons à venir à la BmL pour effectuer une recherche dans la base théâtrale Mascarille.
En attendant, voici quelques pièces autour des thématiques demandées :
• Race, David Mamet
Dans une Amérique marquée par la question raciale, un bureau d’affaires tenu par trois avocats – deux Noirs et un Blanc –, est sollicité pour défendre un Blanc, accusé de tentative de viol sur une jeune femme noire. Tout au long de cette enquête quasi policière, les certitudes se délitent ; lois et principes sont mis à mal, entre domination, ruses et manipulations. Renversant les schémas habituels, la peau blanche devient, consciemment ou non, l’objet de haines inédites.
• Clair obscur, Israël Horovitz
Harlem, un appartement, une famille... Noire... Une pilule pour devenir blanc. L’expérience réussie : la joie, l’aboutissement... Jusqu’à l’arrivée d’un homme, blanc, qui déterminé dans son désespoir, recherche le jeune noir, géniteur de l’enfant que porte sa fille. Le quiproquo s’installe : le suspect est blanc !
(Un résumé plus développé est disponible sur billetreduc.com)
• Le Nègre-Dardanelles, Patrice Tacita
L'histoire de la vie dans les tranchées d'un soldat guadeloupéen, Jean Etilce, ayant victorieusement combattu comme bon nombre de ses frères d'Afrique, des Antilles et de la Guyane, les troupes austro-hongroises et turques durant la campagne des Dardanelles au cours de la Première Guerre Mondiale.
En avril 1919, il va être victime du racisme d'officiers américains, une ségrégation organisée, qui fut mise en oeuvre par l'administration de l'armée française durant le premier conflit mondial et qui se traduisit par la circulaire Linard.
2007.
Auteur Guadeloupéen.
Avant la Première Guerre mondiale les African Americans en France représentaient ce que la société noire américaine comptait de plus nantie et éduquée.
Avec l'arrivée des soldats African Americans sur le théâtre de la guerre en France, on assiste à un changement radical. En devenant populaire, cette migration vulgarise du coup l'image d'une France libérale et fidèle à sa devise révolutionnaire, " Liberté, Égalité, Fraternité ", qui, selon le poète noir Countee Cullen (résidant à Paris dans les années 1920) n'étaient pas des mots creux, mais exprimaient l'esprit qui incarne Paris.
Pour montrer que cette image s'était déjà répandue dans les couches populeuses de la communauté noire des États-Unis, il suffit de considérer l'enthousiasme parmi les noirs à l'annonce qu'une division entièrement composée de troupes noires serait envoyée en France. Beaucoup s'enrôlèrent, convaincus de remplir une mission historique : défendre la " patrie de la démocratie ".
Ces effectifs comptaient au moins 200 000 soldats cantonnés pour la plupart dans des tâches subalternes et ingrates. Les plus fortunés, provenant de la 93e division de l'infanterie, furent intégrés dans l'armée française aux côtés des troupes coloniales. Le haut commandement américain ne s'y résolut qu'à la condition que des consignes draconiennes fussent observées quant au traitement de ces recrues. Une sorte de vade-mecum à l'usage des officiers français, intitulé " Information secrète concernant les troupes noires américaines ", fut rédigé dans le but de réglementer les contacts entre les éléments blancs et noirs américains dans l'armée française. Toute camaraderie et toute intimité devaient être évitées entre les officiers français et les officiers noirs. On interdisait aux officiers français de leur serrer la main, de manger avec eux au même mess, de les visiter ou de converser avec eux sauf dans le cadre des obligations de service.
Le colonel Linard, commandant des troupes coloniales de l'AEF, porta le document à l'attention des autorités françaises en leur demandant " qu'elles ne gâtent pas les nègres ". Lorsque le document fut lu au palais Bourbon, au mois de juillet 1917, une tempête d'indignation anima l'Assemblée. La majorité des députés, outragée par la coloration raciste du document, décida de le répudier et de passer à sa place une résolution garantissant l'égalité des droits et de traitement entre les troupes noires et blanches.
• Tight right white, Reza Abdoh
Conflits d'hier entre esclaves noirs et maîtres blancs dans une plantation du sud, conflits d'aujourd'hui entre un noir drogué et les représentants de l'ordre, quel ordre ?
• Squatt connection, André Benedetto
Térésa, une jeune colombienne essaye de sauver son copain sous l'emprise de la drogue.
• Un jardin dans la tempête, Marie-Claire Blais
Dans un jardin de Key West, en Floride, un jeune délinquant vit la terrible douleur physique et morale du sevrage de la drogue.
• Le festin du cannibale, Henri Danon
La pensée obsédante de la drogue, dont elle vient de se libérer, harcèle Noémie.
Un de ses fournisseurs, dealer très séduisant et amant occasionnel, Méphisto de bazar, vient la relancer...
• La Mate : l'enfance, Flore Lefebvre des Noëttes
Nu, le corps de La Mate était tout bourrelé, avec des seins et des fesses énormes, comme la Vénus Callipyge, et, au ventre, un nombre de cicatrices et de coutures dans tous les sens : verticales, horizontales et de travers. Toutes très impressionnantes, autant que le visage recousu de Frankenstein, stigmates de ses multiples accouchements, césariennes et opérations, dont elle se vantait tant. Son corps était un champ de bataille avec la vie, une guerre contre la mort !
C’est l’histoire d’une famille nombreuse dans les années 1960. Un père médecin militaire pour le moins bipolaire, et une mère polyamoureuse, prolifique, réglant parfois les problèmes d’argent avec une remarquable désinvolture. Flore Lefebvre des Noëttes raconte son enfance, les rires, les peurs, les jeux, la maison au bord de la mer et la douceur pastel de la grand-mère.
• Grand vert : spectacle avec un arbre, André Benedetto
Une conférencière écologique face à l'esprit de l'arbre dont elle parle...
• Une commune - Retourner l'effondrement, Guillaume Cayet
Dans son triptyque Retourner l’effondrement, Guillaume Cayet investit un théâtre politique et engagé tout en proposant des partitions concrètes à de larges distributions d’acteurs. Il s’agit d’un retour à la terre, mais celle d’un terroir militant qui refuse la fatalité de l’exode et du dépérissement.
Une commune, premier opus, est une fable épique ancrée dans une communauté villageoise dans laquelle se nouent des événements dramatiques que les relations intimes des personnages éclairent avec ingéniosité. Alors que d’aucuns estiment advenue la « fin de l’histoire », validation passive d’une situation politique figée, le retour d’un propriétaire important dans le village va faire naître un sentiment d’urgence à rebâtir du commun. Une union des paysans et des ouvriers avec comme souvenir historique cette Commune de Paris, rare moment de conjonction des luttes.
À la manière du théâtre brechtien didactique, mais revisité sous la double autorité des mouvements syndicaux et politiques actuels (zadistes, alternatifs, écologistes, décroissants…) et d’une dramaturgie d’aujourd’hui (une large distribution modulable pour un groupe de sept à une vingtaine d’acteurs), Guillaume Cayet hisse son texte à la hauteur des enjeux contemporains, pour un théâtre debout.
• Protohérissé : BP, Unabomber, Gergana Dimitrova & Zdrava Kamenova ; traduit du bulgare par Marie Vrinat
Protohérissé (BP : Unabomber) fait fusionner l’écologie et le terrorisme. C’est un texte de théâtre éco-terroriste, qui pose d’importantes questions contemporaines, mais sans perdre le sens de l’humour. Les sources documentaires, la composition fragmentaire et la polyphonie des différents regards entremêlent les destins de Ted Kaczynski, brillant professeur de mathématiques devenu terroriste, et de l’échidné, un très ancien mammifère ovipare et intelligent, sorte de croisement entre le hérisson et l’ornithorynque, en voie de disparition. Tandis que « Unabomber » commence à mettre en application ses moyens radicaux afin d’avertir la société des dangers d’un trop rapide développement technologique pour la dignité humaine (voir son Manifeste « La Société industrielle et son avenir »), l’échidné, probablement déjà présent sur Terre à l’âge de glace, est condamné à errer à la recherche d’un congénère. Tendue, chargée émotionnellement, jouant d’un humour fin et défendant une position citoyenne authentique, la pièce offre de sérieuses potentialités pour un théâtre inventif et engagé.
• Le sol qui porte Hande, Paco Gámez ; traduit de l'espagnol par David Ferré
C'est le récit dramatique de l’assassinat et de la disparition de Hande Kader en 2016, activiste transgenre turque, remarquée lors de la Marche des Fiertés à Istanbul l’année précédente. La dramaturgie de ce texte tente de retracer sa vie, de sa naissance à sa disparition.
Cette quête fragmentée qui prend la forme d’un texte-paysage, d’un individu, de son corps, de sa famille, de son identité, est construite par une fable bigarrée de césures – de pages manquantes. Le lecteur spectateur citoyen doit irrémédiablement faire appel à son interprétation, à sa capacité d’imaginer, pour en trouver un fil conducteur. Le théâtre devient une déambulation où l’écriture cherche à comprendre pourquoi et comment il est aujourd’hui possible qu’une société contienne tant de haine, de détresse et de violence. Ainsi, l’auteur démantèle la forme tragique classique, en intégrant le chœur au plateau des acteurs. Par un procédé d’inversion, la collectivité agit elle-même sur le récit devenu fiction.
Par là même, ce texte interroge le statut et la valeur de la parole, celle qui commente la réalité pour la rendre soit plus intelligible, soit plus opaque. C’est donc l’origine même qui est en question, celle de l’autorité des uns sur les autres, du théâtre sur soi, et de soi sur le système démocratique d’aujourd’hui.
• I am my own wife, Doug Wright
La pièce a été écrite à partir de rencontres avec Charlotte von Mahlsdorf, née Lothar Berfelde, qui a tué son père quand elle était un jeune enfant et a survécu aux régimes nazis et communistes à Berlin-Est en tant que femme transgenre.
• L'homosexuel ou la difficulté de s'exprimer, Copi.
Farce tragique où l'atmosphère fait sourire et traduit la douloureuse expérience de l'altérité sexuelle.
• Agreste, Newton Moreno
Dans un village perdu aux confins du nord-est brésilien, un homme tombe amoureux d'une femme. Pendant des mois, des années, ils vont s'aimer à distance, séparés par une clôture, jusqu'au jour où ils découvrent une ouverture. Après des jours d'hésitation, le cœur qui explose, elle décide de la franchir pour rejoindre l'homme de l'autre côté afin de vivre pleinement cet amour. Ils s'aimeront pendant vingt deux ans jusqu'à la mort du mari. A l'occasion de ses obsèques, entourée par les gens du village venus la soutenir dans cette douloureuse épreuve, elle va découvrir, non sans étonnement, que l'homme qui a partagé sa vie pendant toutes ces années était une femme.
Regard du traducteur
De la bizarrerie de ce conte se dégage une énorme poésie. C'est au cœur d'un Brésil rural, catholique et implacable que naît cette étonnante histoire d'amour. A mille lieux des décors urbains de ses autres textes, Newton Moreno aborde avec beaucoup de finesse et de sensibilité le thème de l'incompréhension liée à la différence. Le texte est aussi une invitation à l'analyse des comportements excessivement conservateurs et patriarcaux de notre société. Il traite des thèmes épineux qui, à travers les siècles, ont fait partie du quotidien de l'homme : l'amour inconditionnel, l'homosexualité, les préjugés sociaux, l'ignorance et la complexité des rapports humains.
• Instants de vérité, Joshua Sobol
Il y eut un moment où la guerre qu’il fallut mener contre le terrorisme constitua une dure épreuve pour de nombreux soldats ou officiers israéliens, qui étaient « en première ligne » au contact de la population civile. Ce que l’on appelle en Israël « la situation », c’est-à-dire la présence nécessaire depuis 1967 de l’armée israélienne au-delà de la « ligne verte », le caractère populaire de la résistance arabe à la présence israélienne dans « les territoires » mais aussi le recours particulièrement violent aux attentats suicides, prétendirent ébranler certains principes fondamentaux de l’État d’Israël comme le droit de se défendre, le respect de la vie et des civils et la leçon de ne pas mourir tout comme à Massada ou à Auschwitz.
Instant de Vérité évoque la vie presque ordinaire d’une famille israélienne typique avec son entourage hétéroclite, dont plusieurs membres appartiennent à des unités combattantes. « L’instant de vérité » c’est celui où au cours d’un engagement, un officier prend conscience du sacrifice moral que sa responsabilité exige pour la conduite des hommes dans ce combat ingrat qui laisse peu envisager la gloire à l’horizon. Mais c’est aussi celui du choix quand, de retour dans la maison familiale, toutes les tensions du combat et de la vie de troupe, au lieu de s’apaiser dans la vie quotidienne, imbibent celle-ci de ses peurs et de sang.
Auteur d’une cinquantaine de pièces, dont Ghetto, Le Syndrome de Jérusalem, La Palestinienne, Joshua Sobol est l’un des plus importants dramaturges israéliens et le plus joué à l’étranger.
• En vie, America Vera-Zavala
Ici se croisent trois histoires. Nous entendons le chant de B, nous suivons les femmes d’une famille musulmane qui cherchent désespérément à faire libérer leurs maris accusés à tort de terrorisme et qui préparent une éventuelle action pour essayer de se faire entendre, toute cette histoire n’étant qu’un terrible malentendu. Mais tandis que B planifie un attentat, le service de sécurité de la police norvégienne ne regarde pas dans la bonne direction et surveille à la place la famille musulmane. Et pendant ce temps-là, sur une île, les jeunes socialistes ont leur camp d'été.
Regard du traducteur
En vie raconte l’euphorie de la jeunesse et de l’engagement politique. La pièce s’interroge sur l’islamophobie aujourd’hui, et comment la folie d’un seul homme peut devenir celle d’un groupe. Se succèdent trois histoires, trois chemins qui finiront par se croiser dans un terrible malentendu. Celle de la vie du camp d’été de l’aile jeune d’un parti de gauche qui se déroule quelque part, sur une île ; celle d’une famille musulmane qui pleure l’arrestation de deux de ses membres accusés d’avoir participé à des actes terroristes ; et celle d’un jeune homme qui, en colère contre la société, se laisse séduire par les idées de l’extrême droite.
• Les fils de l'amertume, Slimane Benaïssa
Youcef écrit une sorte de roman autobiographique... mais les terroristes islamistes l'ont déjà condamné à mort et c'est sous la menace d'un attentat qu'il vit ses derniers jours.
Farid est pauvre et avec son copain, fils de milliardaire, il croit davantage à la prière qu'à la démocratie. Il ne connait pas Youcef, mais leur destin va se croiser le jour où il reçoit l'ordre de tuer le journaliste...
En réalité membre d'une même famille, Farid et Youcef ne seraient-ils pas les acteurs de l'effroyable tragédie des Atrides ?
Isabelle 100 visages, Aurélie Namur
Il y a des vies qui sont des romans... qu'aucun romancier n'oserait écrire par crainte d'être taxé d'invraisemblance. Isabelle Eberhardt fut l'un de ces êtres hors du commun. Elle vient d'un autre siècle. Née en 1877, elle fut aventurière, sans papiers, première Européenne soufie, journaliste... Elle arpenta le désert algérien vêtue en homme et laissa de nombreux écrits au style singulier qui prouvent la parfaite compréhension de sa culture d'adoption. En quelques scènes cruciales, Isabelle 100 visages évoque ce destin exceptionnel. On suit la quête spirituelle de cette femme énigmatique, ses excès en tous genres, ses amours hors norme. Jusqu'au plus profond du désert algérien, jusqu'au plus grand dénuement. Entre Orient et Occident, masculin et féminin, scandale et incandescence, ce parcours atypique résonne étonnamment avec les préjugés et les quêtes de notre temps.
• M.A.M.A.E. & autres textes, Nadège Prugnard
Des femmes s'explosent en public, renvoyant au public et aux lecteurs toute la violence accumulée. Des paroles suffoquées, à la croisée du théâtre, de la performance et de la poésie.
Bonne journée.
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