Question d'origine :
S.V.P.
Quel est, ou quels ont été le ou les événements (bataille....), qui ont fait basculer et précipiter la fin de la guerre 14 - 18, vers une solution irréversible, au point d'envisager une fin très proche ?
Autrement dit, quel est ou quels sont les faits, même mineurs, qui ont signifié - en dehors des problèmes de politique intérieure -, à l'armée allemande, qu'elle devait se considérer désormais vaincue, et à contrario, aux armées alliées, que la victoire était désormais indéniable ? merci.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 13/11/2018 à 16h51
Bonjour,
Vous vous demandez quels ont été les points de bascule qui ont conduit l’Allemagne à la défaite lors de la Première Guerre mondiale.
Comme bien souvent en histoire, un seul événement ne peut être considéré comme le facteur explicatif unique et décisif, même si certains d’entre eux précipitent une situation ou pèsent largement dans une évolution.
En l’occurrence, d’après le journaliste Sylvain Ferreira, auteur de L’inévitable défaite allemande, les choix du Général des armées Erich Ludendorff semblent avoir pesés lourdement dans l’achèvement du conflit : « Ludendorff propose de lancer une offensive d’envergure au printemps 1918 pour assurer la victoire de l’Allemagne avant l’entrée en lice des troupes américaines , tout en profitant de la fin probable des hostilités avec la Russie. De cette idée va découler la planification de sept opérations sur le front occidental […]. Ces opérations sont entrées dans l’histoire sous le nom d’ « offensives Ludendorff ». Loin d’aboutir à la victoire finale tant espérée, elles laissent l’armée allemande, en août 1918, dans une situation stratégique plus défavorable qu’au début de l’année et scellent le sort de la guerre en sa défaveur ».
Dans son petit ouvrage « repère » sur la Grande Guerre, André Loez, historien spécialiste du conflit, explique qu’en effet, « ces succès [du printemps 1918] ne sont qu’apparents : les avancées étirent les lignes de communication et épuisent par de violents combats des effectifs déjà érodés par quatre ans de guerre (500 000 tués, blessés et disparus). Sous-alimentés, les soldats interrompent quelquefois leur progression pour piller les dépôts alliés, et même envoyer des colis de nourriture en Allemagne ». « Les attaques du printemps 1918 […] tombent d’une certaine manière dans le vide : une fois les lignes percées, il apparaît que Ludendorff n’a aucun plan précis, espérant simplement l’effondrement de ses adversaires. Or, ceux-ci se reprennent ».
Il ajoute : « il est clair qu’à la fin de l’été 1918 les soldats et généraux allemands savent que la guerre ne peut plus être gagnée militairement ».
La biographie de Lundendorff proposée sur Wikipédia confirme ce présage des Allemands : « L’offensive franco-britannique commence le 8 août et ne s’arrêtera plus. Dans ses mémoires, Ludendorff qualifie cette date du 8 août de “jour de deuil de l’armée allemande” parce qu’il sait à ce moment que la guerre est définitivement perdue ».
On s'aperçoit avec ces quelques références qu’il n’est pas évident de pointer un événement spécifique conduisant irrévocablement à la défaite allemande : est-ce la série de manœuvres lancées par Ludendorff ? Est-ce l’entrée en guerre des USA qui forcent les décisions de l’Etat-Major allemand ? Ou encore, comme l’explique Michel Goya dans son livre Les Vainqueurs, est-ce la modernisation progressive de l’armée française jusqu’en 1918 qui entraine la déroute de ses opposants ?...
Quoi qu’il en soit, il semble bien que l’été 1918 constitue un tournant dans l’issue du conflit.
Pour aller plus loin :
- Jean-Claude Laparra, 1918 l’année décisive, édité par Soteca, paru en 2017. Le volume 1 est consacré aux ultimes offensives allemandes.
- Jean-Yves Le Naour, 1918, l’étrange victoire, indispensable pour comprendre cette année décisive et où, jusqu’à l’été, la victoire est incertaine de part et d’autre.
- Enfin, nous ne saurions trop vous conseiller de venir visitez l’exposition 1918 : Gagner la paix, proposée par la Bibliothèque de Lyon jusqu’au 5 janvier prochain. Une des parties revient sur les derniers mois du conflit précédant l’armistice.
Bonnes lectures
Vous vous demandez quels ont été les points de bascule qui ont conduit l’Allemagne à la défaite lors de la Première Guerre mondiale.
Comme bien souvent en histoire, un seul événement ne peut être considéré comme le facteur explicatif unique et décisif, même si certains d’entre eux précipitent une situation ou pèsent largement dans une évolution.
En l’occurrence, d’après le journaliste Sylvain Ferreira, auteur de L’inévitable défaite allemande, les choix du Général des armées Erich Ludendorff semblent avoir pesés lourdement dans l’achèvement du conflit : « Ludendorff propose de lancer une offensive d’envergure au printemps 1918 pour assurer la victoire de l’Allemagne avant l’entrée en lice des troupes américaines , tout en profitant de la fin probable des hostilités avec la Russie. De cette idée va découler la planification de sept opérations sur le front occidental […]. Ces opérations sont entrées dans l’histoire sous le nom d’ « offensives Ludendorff ». Loin d’aboutir à la victoire finale tant espérée, elles laissent l’armée allemande, en août 1918, dans une situation stratégique plus défavorable qu’au début de l’année et scellent le sort de la guerre en sa défaveur ».
Dans son petit ouvrage « repère » sur la Grande Guerre, André Loez, historien spécialiste du conflit, explique qu’en effet, « ces succès [du printemps 1918] ne sont qu’apparents : les avancées étirent les lignes de communication et épuisent par de violents combats des effectifs déjà érodés par quatre ans de guerre (500 000 tués, blessés et disparus). Sous-alimentés, les soldats interrompent quelquefois leur progression pour piller les dépôts alliés, et même envoyer des colis de nourriture en Allemagne ». « Les attaques du printemps 1918 […] tombent d’une certaine manière dans le vide : une fois les lignes percées, il apparaît que Ludendorff n’a aucun plan précis, espérant simplement l’effondrement de ses adversaires. Or, ceux-ci se reprennent ».
Il ajoute : « il est clair qu’à la fin de l’été 1918 les soldats et généraux allemands savent que la guerre ne peut plus être gagnée militairement ».
La biographie de Lundendorff proposée sur Wikipédia confirme ce présage des Allemands : « L’offensive franco-britannique commence le 8 août et ne s’arrêtera plus. Dans ses mémoires, Ludendorff qualifie cette date du 8 août de “jour de deuil de l’armée allemande” parce qu’il sait à ce moment que la guerre est définitivement perdue ».
On s'aperçoit avec ces quelques références qu’il n’est pas évident de pointer un événement spécifique conduisant irrévocablement à la défaite allemande : est-ce la série de manœuvres lancées par Ludendorff ? Est-ce l’entrée en guerre des USA qui forcent les décisions de l’Etat-Major allemand ? Ou encore, comme l’explique Michel Goya dans son livre Les Vainqueurs, est-ce la modernisation progressive de l’armée française jusqu’en 1918 qui entraine la déroute de ses opposants ?...
Quoi qu’il en soit, il semble bien que l’été 1918 constitue un tournant dans l’issue du conflit.
- Jean-Claude Laparra, 1918 l’année décisive, édité par Soteca, paru en 2017. Le volume 1 est consacré aux ultimes offensives allemandes.
- Jean-Yves Le Naour, 1918, l’étrange victoire, indispensable pour comprendre cette année décisive et où, jusqu’à l’été, la victoire est incertaine de part et d’autre.
- Enfin, nous ne saurions trop vous conseiller de venir visitez l’exposition 1918 : Gagner la paix, proposée par la Bibliothèque de Lyon jusqu’au 5 janvier prochain. Une des parties revient sur les derniers mois du conflit précédant l’armistice.
Bonnes lectures
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