La littérature générale en bibliothèque
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 11/11/2018 à 12h57
1966 vues
Question d'origine :
Bonjour à toute l'équipe du Guichet des Savoirs,
Je travaille actuellement sur une sélection de sites de référence et de réseaux sociaux mettant en avant l'actualité littéraire, tournée vers la catégorie "littérature générale".
En revanche, cette thématique se révèle être extrêmement vaste (en comparaison avec le roman policier ou le roman de science-fiction par exemple, beaucoup plus ciblés). C'est pourquoi je me questionne par rapport aux critères de classement qui interviennent dans cette catégorie (quelles natures de romans, en fait). Il n'est pas aisé de trouver une définition claire de la littérature générale et de ce que ce grand ensemble englobe et, en l'occurrence, comment sont classées ces œuvres en bibliothèque.
Pour être plus précise, lorsque l'on parle de roman de littérature générale, faut-il entendre aussi roman d'inspiration autobiographique, autofiction, autobiographie, témoignage ou bien s'agit-il vraiment du roman porté vers la fiction au sens strict?
Suite à d'autres échanges portés sur le sujet, il apparaît que les classiques littéraires ne seraient pas compris dans cette catégorie.
J'ai donc du mal à distinguer les "subdivisions" faisant partie intégrante de l'ensemble représenté par la littérature générale. Auriez-vous quelques pistes de recherches bibliographiques qui pourraient m'éclairer? Je vous en serais sincèrement reconnaissante.
En vous remerciant par avance de ces informations.
Cordialement,
Falculelle
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 13/11/2018 à 11h37
Bonjour,
Vous vous interrogez sur la définition de la « littérature générale » en bibliothèque. Voici l’explication que nous trouvons dans le mémoire de Carole Tilbian : Evaluation et sélection de romans en bibliothèque. Discours et pratiques d’acquisition. L’exemple lyonnais :
«La littérature générale
L’appellation, que tout le monde utilise, est symptomatique de la difficulté à la caractériser : « La littérature générale est ainsi nommée en raison de sonabsence de définition positive ». Elle désigne l’ensemble des romans que l’on a du mal à caractériser . Lorsqu’on leur demande quelles catégories ils établissent dans la production contemporaine, les bibliothécaires avouent globalement leur désarroi.
Certes, des courants peuvent être identifiés (l’autofiction est l’exemple le plus cité) ; des parentés sont également établies entre des auteurs qui partagent une thématique, un univers (plusieurs fois nous sera cité l’exemple de Jim Harrison et d’auteurs corrélatifs, tous issus ou ancrés dans le Montana. Mais, pour la majorité des bibliothécaires, des essayistes, des critiques et des libraires, la littérature contemporaine se caractérise par la fin des « écoles », des manifestes.
Parler de littérature moderne, c’est évoquer une constellation d’univers et de formes. Deux spécialistes de la littérature contemporaine, Dominique Viart et William Marx insistent sur le fait que chaque écrivain est désormais un univers et un pan de création en soi, chaque écrivain travaille dans sa direction.Cette situation d’éclatement impose de renoncer aux catégories toutes faites, d’admettre l’existence d’une pluralité difficile à cerner : « On parle volontiers de La Littérature au singulier avec une sorte de vénération abstraite, mais les discours qui la posent comme telle ont toujours cohabité avec d'autres qui concevaient aussi bien la littérature comme totalité... sur d'autres bases esthétiques. De telles diversités ont motivé toutes les "querelles" qui jalonnent l'histoire littéraire, lesquelles n'ont été possibles que parce que chaque mouvement esthétique entendait définir à sa façon LA littérature sans concevoir vraiment qu'il puisse y avoir DES littératures. Or notre époque est sortie des systématiques totalisantes, elle reconnaît plus volontiers la pluralité des expériences et des recherches, n'avance plus de discours-manifeste sur ce qu'est ou ce que doit/devrait être la littérature ».
Il est à noter que, sur ce point, l’attitude des bibliothécaires demeure paradoxale. Ils mettent tous l’accent sur la diversité de la production, déplorant souvent qu’« il y ait tant de styles différents, d’univers différents qu’[ils] ne peuvent tous les connaître », et pourtant, ils continuent à parler de la vraie « littérature » au singulier... un singulier symbolique de valeur sur lequel nous reviendrons largement dans la deuxième partie.
Outre la diversification des créations, les bibliothécaires pointe la tendance accrue aux mélanges des genres, l’un allant même jusqu’à parler de l’apparition de livres « hybrides », faisant référence à ces œuvres romanesques qui comportent des passages poétiques, qui adoptent des typographies théâtrales, qui évoquent l’écriture cinématographique. Il est à noter d’ailleurs qu’au cours des réunions d’acquisition se pose régulièrement la question du classement physique de ces ouvrages : « où va-t-on le mettre ? » ; « c’est quoi ? du théâtre ? du roman ? ».
Le directeur de la bibliothèque de Saint-Herblain explique qu’il préfère parler non plus de romans mais de « textes » ; ce recours au générique nous semble témoigner de la perte de repères dans les genres.
On peut donc globalement constater une prise en compte de la variété - la signalisation des bibliothèques visitées en est le gage : le mot « Littérature » y est souvent décliné au pluriel - mais la hiérarchisation au sein de cette production reste floue. De fait, la plupart des professionnels font la distinction entre « les œuvres littéraires » et « les oeuvres de consommation, de loisirs ». On retrouve ici la scission ancienne - prétention littéraire contre divertissement ; art contre artisanat voire production de masse. Cette opposition est d’ailleurs relayée par les éditeurs, les auteurs, les journalistes, les universitaires. »
Si nous prenons l’exemple de la bibliothèque municipale d’Amos au Québec, sont inclus dans la section « littérature générale » tous les romans adultes qui ne relèvent pas des catégories suivantes : romans policiers, romans sentimentaux, romans en gros caractères, et romans fantastiques / de science-fiction.
Pour une réponse plus complète nous vous conseillons d’adresser votre question au service Questions ? Réponses ! de l’enssib.
Bonne journée.
Vous vous interrogez sur la définition de la « littérature générale » en bibliothèque. Voici l’explication que nous trouvons dans le mémoire de Carole Tilbian : Evaluation et sélection de romans en bibliothèque. Discours et pratiques d’acquisition. L’exemple lyonnais :
«
L’appellation, que tout le monde utilise, est symptomatique de la difficulté à la caractériser : « La littérature générale est ainsi nommée en raison de son
Certes, des courants peuvent être identifiés (l’autofiction est l’exemple le plus cité) ; des parentés sont également établies entre des auteurs qui partagent une thématique, un univers (plusieurs fois nous sera cité l’exemple de Jim Harrison et d’auteurs corrélatifs, tous issus ou ancrés dans le Montana. Mais, pour la majorité des bibliothécaires, des essayistes, des critiques et des libraires, la littérature contemporaine se caractérise par la fin des « écoles », des manifestes.
Parler de littérature moderne, c’est évoquer une constellation d’univers et de formes. Deux spécialistes de la littérature contemporaine, Dominique Viart et William Marx insistent sur le fait que chaque écrivain est désormais un univers et un pan de création en soi, chaque écrivain travaille dans sa direction.
Il est à noter que, sur ce point, l’attitude des bibliothécaires demeure paradoxale. Ils mettent tous l’accent sur la diversité de la production, déplorant souvent qu’« il y ait tant de styles différents, d’univers différents qu’[ils] ne peuvent tous les connaître », et pourtant, ils continuent à parler de la vraie « littérature » au singulier... un singulier symbolique de valeur sur lequel nous reviendrons largement dans la deuxième partie.
Outre la diversification des créations, les bibliothécaires pointe la tendance accrue aux mélanges des genres, l’un allant même jusqu’à parler de l’apparition de livres « hybrides », faisant référence à ces œuvres romanesques qui comportent des passages poétiques, qui adoptent des typographies théâtrales, qui évoquent l’écriture cinématographique. Il est à noter d’ailleurs qu’au cours des réunions d’acquisition se pose régulièrement la question du classement physique de ces ouvrages : « où va-t-on le mettre ? » ; « c’est quoi ? du théâtre ? du roman ? ».
Le directeur de la bibliothèque de Saint-Herblain explique qu’il préfère parler non plus de romans mais de « textes » ; ce recours au générique nous semble témoigner de la perte de repères dans les genres.
On peut donc globalement constater une prise en compte de la variété - la signalisation des bibliothèques visitées en est le gage : le mot « Littérature » y est souvent décliné au pluriel - mais la hiérarchisation au sein de cette production reste floue. De fait, la plupart des professionnels font la distinction entre « les œuvres littéraires » et « les oeuvres de consommation, de loisirs ». On retrouve ici la scission ancienne - prétention littéraire contre divertissement ; art contre artisanat voire production de masse. Cette opposition est d’ailleurs relayée par les éditeurs, les auteurs, les journalistes, les universitaires. »
Si nous prenons l’exemple de la bibliothèque municipale d’Amos au Québec, sont inclus dans la section « littérature générale » tous les romans adultes qui ne relèvent pas des catégories suivantes : romans policiers, romans sentimentaux, romans en gros caractères, et romans fantastiques / de science-fiction.
Pour une réponse plus complète nous vous conseillons d’adresser votre question au service Questions ? Réponses ! de l’enssib.
Bonne journée.
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