Question d'origine :
Bonjour,
Quels étaient la vie des compagnons « surnommé voraces » des maîtres- tisseur de Lyon ?
Comment était-il logé ? Car ils étaient payé comme le maître tisseur. Étaient-il en majorité , ces voraces, célibataires ou mariés ?
Merci. De votre travail.
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 12/11/2018 à 14h11
Bonjour,
Nous n'avons malheureusement pas trouvé d'étude sociologique des Voraces lyonnais du XIXe siècle.
Et pour cause, il s'agissait d'une société secrète dont les membres ne s'identifiaient que par pseudonymes.
"L'élément intéressant de la classe ouvrière organisée à part, c'est la troupe armée des Voraces, devenue bien vite légendaire et dont le souvenir terrifiant n'est pas encore effacé. Leur organisation était mystérieuse, de leurs chefs on ne connaissait que des pseudonymes.
Et M. Dutacq, après nous les avoir présentés sous forme de simple société secrète à leur origine au temps de Louis-Philippe, ne parvient pas à expliquer comment ils devinrent, plus réellement et plus longtemps que ne le furent à Paris les Montagnards de Caussidière et les contingents des ateliers nationaux, une troupe militairement constituée au service de la revolution, une garde nationale prolétarienne. Pour nous, nous considérons les Voraces comme une des associations de Compagnons du Devoir de Lyon et des communes suburbaines, surtout de la Croix-Rousse, une association de compagnons tisseurs. En effet, les contemporains font dériver leur nom de Voraces du nom de Dévoirants, de Dévorants ou Compagnons du devoir; la Galette de Lyon voit en eux des compagnons scissionnaires ou renégats de l'association compagnonnique des ferrandiniers, c'est-à-dire de l'association des tisseurs d'une soierie légère appelée ferrandine ; leurs pseudonymes sont tout à fait analogues aux sobriquets et surnoms compagnonniques : Jean qui rit, Bien vu, Rullard va bon train, Chaîne le tour du monde, Mouthon Loyal, Guénot dit Dévoué, le Juif Errant Couporou ; il y a une Mère des Voraces tenant une auberge à la Croix-Rousse. "
source : Les débuts de la Révolution de 1848 à Lyon, à propos d'un ouvrage récent / Lévy-Schneider Léon. In: Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 15 N°1,1911. pp. 24-61.
Concernant leur logement, ce sont des habitants de la Croix-Rousse :
« En 1848 aussi, les Voraces habitent de préférence la Croix-Rousse comme les Ferrandiniers. En 1848 nous trouvons une mère des Voraces qui tient à la Croix-Rousse un cabaret où les Voraces ont leur centre. Les Voraces gardent alors des noms de guerre analogues à ceux des Compagnons du Devoir « Chaine le tour du monde », « le Juif-Errant Couporou », « Rullard va ton train », « Monthon loyal », Guénot J… Dévoué », « Bouchard dit je plais toujours », Jean qui rit », « Bien vu », « Coquillat frère bien-aimé ». Ils sont peut-être distribués en loges comme les Mutuellistes de 1832 et certains compagnonnages, car ils s’appellent entre eux « Frères voraces » et à la signature de Cuenot sont accolés les trois points emblématiques. Il est donc certain que les Voraces sont d’abord un groupement compagnonnique. »
source : Le journal d'un bourgeois de Lyon en 1848 et la question des Voraces. / Lévy-Schneider Léon. In: La Révolution de 1848 et les révolutions du XIXe siècle, Tome 22, Numéro 110, juin 1925. pp. 457-477.
Nous vous renvoyons donc à l'ouvrage de Bernard Plessy et Louis Challet intitulé La Vie quotidienne des canuts, passementiers et moulinières au XIXe siècle.
A lire aussi :
- le nombre des voraces lyonnais
- A Lyon en 1848 : les Voraces / Justin Godart
- Benoit Bruno,La République des Voraces , in L'Histoire, no 222, juin 1998, p. 19
- La cour des Voraces à Lyon, une histoire de justice sociale du XIXè siècle à nos jours / Eva Thiébaud - 21/08/2015
- La Cour des Voraces : histoire d'un bâtiment à l'architecture fantastique / présenté par Y. Soulier ; sous la direction d'Yves Lequin
Bonne journée.
Nous n'avons malheureusement pas trouvé d'étude sociologique des Voraces lyonnais du XIXe siècle.
Et pour cause, il s'agissait d'une société secrète dont les membres ne s'identifiaient que par pseudonymes.
"L'élément intéressant de la classe ouvrière organisée à part, c'est la troupe armée des Voraces, devenue bien vite légendaire et dont le souvenir terrifiant n'est pas encore effacé. Leur organisation était mystérieuse, de leurs chefs on ne connaissait que des pseudonymes.
Et M. Dutacq, après nous les avoir présentés sous forme de simple société secrète à leur origine au temps de Louis-Philippe, ne parvient pas à expliquer comment ils devinrent, plus réellement et plus longtemps que ne le furent à Paris les Montagnards de Caussidière et les contingents des ateliers nationaux, une troupe militairement constituée au service de la revolution, une garde nationale prolétarienne. Pour nous, nous considérons les Voraces comme une des associations de Compagnons du Devoir de Lyon et des communes suburbaines, surtout de la Croix-Rousse, une association de compagnons tisseurs. En effet, les contemporains font dériver leur nom de Voraces du nom de Dévoirants, de Dévorants ou Compagnons du devoir; la Galette de Lyon voit en eux des compagnons scissionnaires ou renégats de l'association compagnonnique des ferrandiniers, c'est-à-dire de l'association des tisseurs d'une soierie légère appelée ferrandine ; leurs pseudonymes sont tout à fait analogues aux sobriquets et surnoms compagnonniques : Jean qui rit, Bien vu, Rullard va bon train, Chaîne le tour du monde, Mouthon Loyal, Guénot dit Dévoué, le Juif Errant Couporou ; il y a une Mère des Voraces tenant une auberge à la Croix-Rousse. "
source : Les débuts de la Révolution de 1848 à Lyon, à propos d'un ouvrage récent / Lévy-Schneider Léon. In: Revue d'histoire moderne et contemporaine, tome 15 N°1,1911. pp. 24-61.
Concernant leur logement, ce sont des habitants de la Croix-Rousse :
« En 1848 aussi, les Voraces habitent de préférence la Croix-Rousse comme les Ferrandiniers. En 1848 nous trouvons une mère des Voraces qui tient à la Croix-Rousse un cabaret où les Voraces ont leur centre. Les Voraces gardent alors des noms de guerre analogues à ceux des Compagnons du Devoir « Chaine le tour du monde », « le Juif-Errant Couporou », « Rullard va ton train », « Monthon loyal », Guénot J… Dévoué », « Bouchard dit je plais toujours », Jean qui rit », « Bien vu », « Coquillat frère bien-aimé ». Ils sont peut-être distribués en loges comme les Mutuellistes de 1832 et certains compagnonnages, car ils s’appellent entre eux « Frères voraces » et à la signature de Cuenot sont accolés les trois points emblématiques. Il est donc certain que les Voraces sont d’abord un groupement compagnonnique. »
source : Le journal d'un bourgeois de Lyon en 1848 et la question des Voraces. / Lévy-Schneider Léon. In: La Révolution de 1848 et les révolutions du XIXe siècle, Tome 22, Numéro 110, juin 1925. pp. 457-477.
Nous vous renvoyons donc à l'ouvrage de Bernard Plessy et Louis Challet intitulé La Vie quotidienne des canuts, passementiers et moulinières au XIXe siècle.
A lire aussi :
- le nombre des voraces lyonnais
- A Lyon en 1848 : les Voraces / Justin Godart
- Benoit Bruno,
- La cour des Voraces à Lyon, une histoire de justice sociale du XIXè siècle à nos jours / Eva Thiébaud - 21/08/2015
- La Cour des Voraces : histoire d'un bâtiment à l'architecture fantastique / présenté par Y. Soulier ; sous la direction d'Yves Lequin
Bonne journée.
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