Ra qui l'obus sur le front d'Orient en 1917 ?
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 07/11/2018 à 18h58
385 vues
Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
Question qui me tient à cœur pour raisons familiales :
Serait-il possible de savoir qui a fabriqué les obus utilisés par l'artillerie bulgare contre l'infanterie française en mars 1917 dans la bataille de la Côte 1248 près de Monastir en Serbie au cours de laquelle mon grand-père, soldat du 6° RIC, a été porté disparu ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 09/11/2018 à 17h26
Bonjour,
Afin de contextualiser le sujet, la page Wikipédia de la bataille de Monastir nous rappelle qu’elle a eu effectivement lieu en mars 1917 en Macédoine. « Elle devait permettre aux troupes françaises et serbes, commandées par le général Sarrail, de dégager la ville enserrée de près par les troupes germano-bulgares.
Cette bataille, ou série d'opérations est connue sous différents noms : Bataille de la cote 1248 et Bataille du Lac Prespa pour les Français, pour les Bulgares : « Bataille de Chervena Stena », tirant son nom de Crvena Stena, une arête du massif du Pelister. »
Concernant la Bataille de la cote 1248, il nous est dit : « L'attaque française sur la cote 1248, qui devait avoir lieu en même temps que celle du lac Prespa, n'a commencé que le 14 mars. Le 18, après 4 jours d'engagements intenses, les Français (11e DIC) s'empare de toute la cote 1248 aussi bien que du monastère fortifié de Krklino, faisant 1 200 prisonniers. Mais une contre-attaque, reprend une partie de la cote 1248, dont le sommet reste inoccupé par les deux parties. »
Pour ce qui est de l’histoire de la Serbie pendant la Grande Guerre, nous vous conseillons l’ouvrage de Frédéric Le Moal: La Serbie du martyre à la victoire.
L’auteur nous laisse apercevoir l’ambiance qui pouvait régner sur le front entre les différentes troupes :
« A leur arrivée sur le front de Salonique, les soldats serbes sont accueillis avec méfiance par les Français. Ces derniers les jugent à l’aune de l’image défavorable dont souffrent les peuples balkaniques en général. Il faut se rappeler que les Serbes, depuis 1914, combattent seuls. Les premiers contacts se nouent pendant la débâcle de 1915. Les Serbes offrent alors l’image de soldats épuisés et en guenilles, et démoralisés. La méconnaissance des Balkans chez le soldat français s’ajoute au poids des préjugés. La certitude d’avoir accès à des « sauvages » a une influence déplorable sur les premiers contacts dans le camp retranché de Salonique. La situation s’inverse avec les succès de la contre-offensive de 1916 et la prise de Monastir qui impressionnent favorablement le Français. A partir de ce moment, une jonction se fait entre la reconnaissance serbe pour le sauvetage de 1915 et l’admiration française pour ces rudes combattants. »
D'un point de vue militaire, la discussion concernant l'artillerie bulgare et roumaine sur le forum 14-18 nous fournit quelques renseignements :
Ainsi, il semblerait que dans un premier temps l’allemand Krupp ait été le pourvoyeur de la majorité des pièces d’artillerie bulgares. En 1912, l'acier inoxydable est mis au point et l'entreprise s'enrichit durant la Première Guerre mondiale en s'imposant comme l'une des principales entreprises du complexe militaro-industriel allemand.
Puis à partir de 1904, l’entreprise française Schneider fournit également des armes aux bulgares pour, comble de l’ironie, bombarder ses compatriotes sur le front de l’est…
Enfin, le site de la revue Persée donne accès en ligne à un article très complet sur les Les Schneider marchands de canons où l’on peut lire: « L'importance des ventes de canons Schneider, à partir de 1905, a porté l'attention sur la poudrière balkanique ; les canons du Creusot ont rivalisé avec ceux ď Essen, qui disposaient d'un ancien monopole ; ils ont joué un rôle majeur, lors de la première guerre balkanique, dans la victoire de la coalition, face aux canons Krupp de l'armée ottomane. On aimerait savoir quelle part de leurs ressources ces petits pays pauvres consacraient à l'achat de ces matériels coûteux ; et cette question concerne d'ailleurs autant le Pérou, premier client de Schneider en 1912-1913, que les Etats balkaniques. Le 24 juillet 1914, le roi de Bulgarie exprime au représentant du Creusot « la sympathie et l'admiration profondes qu'il a pour M. Schneider » ...
Pour approfondir le sujet :
Les poilus d'Orient / Pierre Miquel
14-18 la Grande guerre : armes, uniformes, materiels / François Bertin
Un milliard d'obus des millions d'hommes / catalogue d'exposition du Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux.
Bonnes lectures !
Afin de contextualiser le sujet, la page Wikipédia de la bataille de Monastir nous rappelle qu’elle a eu effectivement lieu en mars 1917 en Macédoine. « Elle devait permettre aux troupes françaises et serbes, commandées par le général Sarrail, de dégager la ville enserrée de près par les troupes germano-bulgares.
Cette bataille, ou série d'opérations est connue sous différents noms : Bataille de la cote 1248 et Bataille du Lac Prespa pour les Français, pour les Bulgares : « Bataille de Chervena Stena », tirant son nom de Crvena Stena, une arête du massif du Pelister. »
Concernant la Bataille de la cote 1248, il nous est dit : « L'attaque française sur la cote 1248, qui devait avoir lieu en même temps que celle du lac Prespa, n'a commencé que le 14 mars. Le 18, après 4 jours d'engagements intenses, les Français (11e DIC) s'empare de toute la cote 1248 aussi bien que du monastère fortifié de Krklino, faisant 1 200 prisonniers. Mais une contre-attaque, reprend une partie de la cote 1248, dont le sommet reste inoccupé par les deux parties. »
Pour ce qui est de l’histoire de la Serbie pendant la Grande Guerre, nous vous conseillons l’ouvrage de Frédéric Le Moal: La Serbie du martyre à la victoire.
L’auteur nous laisse apercevoir l’ambiance qui pouvait régner sur le front entre les différentes troupes :
« A leur arrivée sur le front de Salonique, les soldats serbes sont accueillis avec méfiance par les Français. Ces derniers les jugent à l’aune de l’image défavorable dont souffrent les peuples balkaniques en général. Il faut se rappeler que les Serbes, depuis 1914, combattent seuls. Les premiers contacts se nouent pendant la débâcle de 1915. Les Serbes offrent alors l’image de soldats épuisés et en guenilles, et démoralisés. La méconnaissance des Balkans chez le soldat français s’ajoute au poids des préjugés. La certitude d’avoir accès à des « sauvages » a une influence déplorable sur les premiers contacts dans le camp retranché de Salonique. La situation s’inverse avec les succès de la contre-offensive de 1916 et la prise de Monastir qui impressionnent favorablement le Français. A partir de ce moment, une jonction se fait entre la reconnaissance serbe pour le sauvetage de 1915 et l’admiration française pour ces rudes combattants. »
D'un point de vue militaire, la discussion concernant l'artillerie bulgare et roumaine sur le forum 14-18 nous fournit quelques renseignements :
Ainsi, il semblerait que dans un premier temps l’allemand Krupp ait été le pourvoyeur de la majorité des pièces d’artillerie bulgares. En 1912, l'acier inoxydable est mis au point et l'entreprise s'enrichit durant la Première Guerre mondiale en s'imposant comme l'une des principales entreprises du complexe militaro-industriel allemand.
Puis à partir de 1904, l’entreprise française Schneider fournit également des armes aux bulgares pour, comble de l’ironie, bombarder ses compatriotes sur le front de l’est…
Enfin, le site de la revue Persée donne accès en ligne à un article très complet sur les Les Schneider marchands de canons où l’on peut lire: « L'importance des ventes de canons Schneider, à partir de 1905, a porté l'attention sur la poudrière balkanique ; les canons du Creusot ont rivalisé avec ceux ď Essen, qui disposaient d'un ancien monopole ; ils ont joué un rôle majeur, lors de la première guerre balkanique, dans la victoire de la coalition, face aux canons Krupp de l'armée ottomane. On aimerait savoir quelle part de leurs ressources ces petits pays pauvres consacraient à l'achat de ces matériels coûteux ; et cette question concerne d'ailleurs autant le Pérou, premier client de Schneider en 1912-1913, que les Etats balkaniques. Le 24 juillet 1914, le roi de Bulgarie exprime au représentant du Creusot « la sympathie et l'admiration profondes qu'il a pour M. Schneider » ...
Pour approfondir le sujet :
Les poilus d'Orient / Pierre Miquel
14-18 la Grande guerre : armes, uniformes, materiels / François Bertin
Un milliard d'obus des millions d'hommes / catalogue d'exposition du Musée de la Grande Guerre du pays de Meaux.
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