Question d'origine :
Bonjour,
Je suis scénariste, je m'intéresse pour un projet à un artiste dont j'ai entendu parler il y a un moment. Cet artiste-peintre travaille à base de citron. Le citron fait évoluer l’œuvre avec le temps de manière aléatoire. Je n'ai malheureusement aucune information sur la nationalité de l'artiste ni son époque (même si je suppose qu'avec un concept pareil, il doit être récent) J'aimerai savoir, si possible, le nom de cet artiste.
Bien cordialement.
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 07/11/2018 à 15h42
Bien des artistes contemporains ont travaillé sur la lente décomposition dans le temps d’éléments naturels, fruits ou légumes, qui modifie l’œuvre qui vient d’être faite. C’est d’ailleurs un problème crucial pour la conservation ou la restauration de ce type d’œuvres : pour respecter l’idée originale de l’artiste, faut-il remplacer par des éléments frais ceux qui ont subi les affres du temps, et à quel moment ?
Voici quelques noms d’artistes qui ont mêlé à leurs œuvres des citrons, dont le premier de la liste semble le mieux répondre à votre question :
« On sait seulement qu’après des débuts professionnels dans le cinéma comme chef opérateur, il accomplit ses premiers travaux de plasticien dans la seconde moitié des années 1960… Ce sont des sortes d’installations filmiques et photographiques avant qu’il ne prenne pour matériaux des produits issus de la nature : le sel, le miel, les citrons. Ils sont demeurés par la suite les éléments essentiels de son langage plastique, parfois en compagnie de tables et de miroirs. Leur sont associés des dessins aux traits brisés et des lettres dont on comprend la présence quand on découvre que ce sont les initiales, en anglais, de « honey », « salt » et « lemon ».Tous trois lui servent à tacher et colorer des papiers qui prennent des airs de parchemins ou de très vieilles cartes.
En 1976, l’exposition nommée « La totalité des citrons », à la chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière, le fait accéder à une reconnaissance plus large, tout en associant son nom de façon définitive à cet agrume, qu’il laisse alors vieillir et pourrir sur un miroir, et à sa couleur jaune, dont les peintres se méfient le plus souvent.
Dans la décennie suivante, Bertrand met au point une manière différente de présenter ses manipulations picturales et organiques à la fois. Les surfaces sont prises dans une structure, cadres métalliques et feuille de Plexiglas, ce qui leur confère une épaisseur d’objets et faisait dire à l’artiste qu’il s’approchait de la sculpture. Il demeure cependant fidèle à la triade sel, miel et citron, dont il fait, si l’on peut dire, miroiter les sous-entendus mythologiques, religieux et symboliques. »
« En fait, ces deux pôles de son œuvre, formes de la culture et culture des formes organiques (Chou, citrons coupés, 1996), sont déjà présents dans ses années d'apprentissage…
Malgré une tentative, qui rappelle celle de Piero Manzoni, d'enfermer dans deux cent vingt-cinq boîtes des matières en décomposition, Barceló n'est pas un artiste à concepts prémédités…
Ce qui, plus subtilement, relie l'artiste à son sol, est peut-être ce mémorial du pourrissement qu'il reprend inlassablement. Oignons, courges, choux, Tomátigues (1994), et diverses matières organiques flétries sont imprimés sur la toile avant d'être repris en hauts-reliefs par un pinceau épais.
Certaines valeurs symboliques du citron sont citées dans le dossier du Musée des beaux-arts de Bordeaux « Vanités » :
«
Selon Pline l’Ancien, il représente la fidélité en amour.
Vénus, pleurant la mort d’Adonis demande qu’un arbre soit consacré à la mémoire de son protégé ; c’est ainsi que le corps d’Adonis se transforme en un arbre et ses dents en épines : Vénus le couvre elle-même de fleurs blanches et de citrons, et elle en fait l’ornement du jardin des Hespérides.
Plutarque et Athénée assimilent les pommes d’or (Mala aurea) du Jardin des Hespérides à des citrons éternellement dorés.
Le citronnier est associé au cèdre et tous deux font référence à la Vierge Marie en raison de l’efficacité de leurs fruits aromatiques contre les poisons.
Le citron représente la divinité, la foi, l’Église et Jésus-Christ lui-même car sa croix fut faite de bois de cèdre.
Pelée en spirale, ce motif extrêmement fréquent dans les natures mortes peut représenter le déroulement de la vie terrestre, au long duquel l’individu libère son esprit de son enveloppe matérielle, pour arriver à la pulpe de l’essence spirituelle. »
Vous aurez peut-être d’autres exemples d’utilisation du citron dans une perspective temporelle en consultant des ouvrages sur les vanités dans l’art contemporain :
Les vanités dans l'art contemporain / sous la direction de Anne-Marie Charbonneaux.
C'est la vie ! : vanités de Pompéi à Damien Hirst : exposition, Paris, Musée Maillol, 3 février-28 juin 2010.
Vous pourriez également contacter le Musée des beaux-arts-Palais Carnolès, à Menton, qui a organisé l’exposition Le citron et l'art, du 13 décembre 2003 au 29 mars 2004, comprenant des œuvres d’art contemporain sur le thème du citron.
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