frontières
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 26/10/2018 à 09h41
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Question d'origine :
quelles sont les notions, définitions du mot "frontière" (topographiques, psychologiques, intellectuelles...
Pouvez vous me communiquer quelques références (articles, documentaires, ouvrages...)
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 29/10/2018 à 10h22
Bonjour,
Voici la définition de frontière sur le site du Cnrtl :
« A.− Limite qui, naturellement, détermine l'étendue d'un territoire ou qui, par convention, sépare deux États :
1. Le patriotisme, au sens que confèrent à ce mot les peuples qui ont toujours été menacés sur leurs frontières, est un sentiment que l'Angleterre ne connaît pas et que l'orgueil national remplace mal. Tharaud, Dingley,1906, p. 62.
Rem. L'examen des syntagmes les plus fréquents fait apparaître un souci de précision a) géogr. : frontière du Nord, du Sud, septentrionale; b) hist. : frontière antérieure, postérieure; c) mais surtout d'ordre milit. et pol. : reconduire à la frontière; violer, défendre, franchir une frontière; tracé, défense de la frontière, incident de frontière; l'autre côté de la frontière; au-delà, par-dessus la frontière.
♦ En appos. avec valeur d'adj. Zone, poste, ville frontière.
[…]− P. ext.
♦ Frontière d'une région géographique, linguistique.
[…]♦ Toute espèce de barrage, défense, obstacle que l'on peut ou doit franchir
[…]B.− Au fig. Limite, point de séparation entre deux choses différentes ou opposées.
[…]♦ Génie sans frontières : Victor Hugo (...) c'est un génie sans frontières (Baudel., Art romant.,1867, p. 523). »
Concernant plus particulièrement la notion géographique, voici la définition que nous trouvons sur geoconfluences :
« Si l'on considère ici avant tout les frontières d'État, la frontière comme enveloppe externe d'un territoire est une ligne continue qui a caractérisé l'apparition des États modernes. L'effort d'assignation de leurs limites a été rendu possible par le progrès des techniques de localisations géographiques et de cartographie. Auparavant, en l'absence de murailles ou autres fortifications, la frontière était une périphérie incertaine de "marches" plus ou moins vides.
Limites séparant deux entités territoriales différentes, les frontières, coupures et/ou coutures, peuvent être plus ou moins fermées, plus ou moins perméables. De fait, tout organisme – individuel ou collectif – sécrète de la frontière, toute culture a ses limites : frontières et limites sont alors des instruments de régulation et de délimitation des systèmes socio-territoriaux. Les frontières s'accompagnent de discontinuités, d'effets de seuils (statistiques par exemple), de gradients plus ou moins accentués qui en sont tout à la fois la cause et la conséquence.
Une frontière ne saurait être "naturelle" en soi. Elle est conventionnelle, produite par les sociétés humaines qui font d'éléments morphologiques de simples supports physiques destinés à en conserver le tracé. Les frontières, si elles sont lieux de risques, d'incertitudes, de confrontation, peuvent être aussi des interfaces actives de stimulation et de compétition fécondées par la présence de l'autre, par ses différences.
Enfin, relevons que l'anglais établit une distinction entre d'une part boundary line / borderline, au sens de frontière comme limite administrative et d'autre part frontier, qui se rapproche de la notion de front pionnier. C'est J.F. Turner qui, en 1893, a théorisé le premier la notion de frontier, front pionnier de la conquête de l’Ouest américain et modèle de la construction du territoire des États-Unis. Il s'agit alors d'une frontière intérieure à un État. Cette limite, mobile dans le temps et dans l’espace, répond à deux objectifs souvent concomitants. Le premier consiste à faire coïncider les limites administratives d’un État avec celles de sa maîtrise et de sa mise en valeur spatiale effectives. Dans le second cas, il s’agit de décharger d’autres espaces infranationaux de pressions, essentiellement démographiques. Sous l’effet d’une impulsion politique ou d’initiatives spontanées, l’avancée du peuplement et la valorisation économique traduisent l’intégration progressive dans le territoire national d’espaces considérés comme neufs, au détriment parfois des populations autochtones préexistantes au mouvement. »
En complément vous pouvez consulter la page d’hypergéo consacrée aux frontières, qui propose aussi une bibliographie.
Enpsychologie sociale , on parle de frontières entre soi et autrui :
« La régulation de l’intimité
La régulation de l’intimité est […] un processus à travers lequel un individu cherche à contrôler ses interactions avec autrui par l’établissement de frontières qui s’expriment en agissant sur le territoire environnemental.
Dans ce processus, on considère les interactions que les individus développent avec l’environnement comme autant d’éléments permettant à l’individu d’exprimer son identité […]. Dans ce sens, la régulation de l’intimité correspond à un processus de construction de frontières entre soi et autrui dans le sens où il s’agit d’un processus dialectique d’ouverture ou de fermeture de soi aux autres ; par là, il ne s’agit donc pas seulement d’entendre la sauvegarde de l’intimité au sens où un individu veut protéger sa vie privée, mais également le type d’ajustement désiré dans les contacts avec autrui et cela précisément en jouant sur les frontières interpersonnelles qui, selon les attentes ou les besoins individuels, peuvent être plus ou moins perméables.
C’est donc en ayant la possibilité d’agir sur le type de contacts souhaité que les individus préservent leur identité ; ce processus remplit trois fonctions distinctes : contrôler les interactions avec autrui ; développer des stratégies dans ce but ; affirmer son identité à travers la régulation de la frontière entre soi et autrui. Altman a développé un modèle qui décrit ce processus de régulation de l’interaction sociale en montrant que l’expression de l’identité était déterminée par la capacité d’un individu à définir ses frontières entre lui et les autres. »
Source : La Psychologie sociale, Gustave-Nicolas Fischer
(extrait disponible sur Google Books
Quelques références abordant la notion de frontière en psychologie :
- Co-responsabilité cognitive et dissolution de frontières, Christian Brassac
- Marc, Edmond. Le Self aux frontières de l'individuel et du social, Gestalt, vol. no 29, no. 2, 2005, pp. 115-130
- Picard, Dominique. Quête identitaire et conflits interpersonnels, Connexions, vol. 89, no. 1, 2008, pp. 75-90.
De manière générale, la frontière dans son sens figuré s’applique à divers domaines ; on parle ainsi de frontières culturelles, économiques, politiques, intellectuelles… entre différents Etats, régions, disciplines...
Pour aller plus loin et trouver des références sur le sujet, nous vous invitons à effectuer une recherche dans la base Isidore.
Vous y trouverez par exemple le dossier d’Anne-Laure Amilhat Szary, Frontières, penser à la limite, qui aborde la notion de frontière sous différents angles.
Bonne journée.
Voici la définition de frontière sur le site du Cnrtl :
« A.− Limite qui, naturellement, détermine l'étendue d'un territoire ou qui, par convention, sépare deux États :
1. Le patriotisme, au sens que confèrent à ce mot les peuples qui ont toujours été menacés sur leurs frontières, est un sentiment que l'Angleterre ne connaît pas et que l'orgueil national remplace mal. Tharaud, Dingley,1906, p. 62.
Rem. L'examen des syntagmes les plus fréquents fait apparaître un souci de précision a) géogr. : frontière du Nord, du Sud, septentrionale; b) hist. : frontière antérieure, postérieure; c) mais surtout d'ordre milit. et pol. : reconduire à la frontière; violer, défendre, franchir une frontière; tracé, défense de la frontière, incident de frontière; l'autre côté de la frontière; au-delà, par-dessus la frontière.
♦ En appos. avec valeur d'adj. Zone, poste, ville frontière.
[…]− P. ext.
♦ Frontière d'une région géographique, linguistique.
[…]♦ Toute espèce de barrage, défense, obstacle que l'on peut ou doit franchir
[…]B.− Au fig. Limite, point de séparation entre deux choses différentes ou opposées.
[…]♦ Génie sans frontières : Victor Hugo (...) c'est un génie sans frontières (Baudel., Art romant.,1867, p. 523). »
Concernant plus particulièrement la notion géographique, voici la définition que nous trouvons sur geoconfluences :
« Si l'on considère ici avant tout les frontières d'État, la frontière comme enveloppe externe d'un territoire est une ligne continue qui a caractérisé l'apparition des États modernes. L'effort d'assignation de leurs limites a été rendu possible par le progrès des techniques de localisations géographiques et de cartographie. Auparavant, en l'absence de murailles ou autres fortifications, la frontière était une périphérie incertaine de "marches" plus ou moins vides.
Limites séparant deux entités territoriales différentes, les frontières, coupures et/ou coutures, peuvent être plus ou moins fermées, plus ou moins perméables. De fait, tout organisme – individuel ou collectif – sécrète de la frontière, toute culture a ses limites : frontières et limites sont alors des instruments de régulation et de délimitation des systèmes socio-territoriaux. Les frontières s'accompagnent de discontinuités, d'effets de seuils (statistiques par exemple), de gradients plus ou moins accentués qui en sont tout à la fois la cause et la conséquence.
Une frontière ne saurait être "naturelle" en soi. Elle est conventionnelle, produite par les sociétés humaines qui font d'éléments morphologiques de simples supports physiques destinés à en conserver le tracé. Les frontières, si elles sont lieux de risques, d'incertitudes, de confrontation, peuvent être aussi des interfaces actives de stimulation et de compétition fécondées par la présence de l'autre, par ses différences.
Enfin, relevons que l'anglais établit une distinction entre d'une part boundary line / borderline, au sens de frontière comme limite administrative et d'autre part frontier, qui se rapproche de la notion de front pionnier. C'est J.F. Turner qui, en 1893, a théorisé le premier la notion de frontier, front pionnier de la conquête de l’Ouest américain et modèle de la construction du territoire des États-Unis. Il s'agit alors d'une frontière intérieure à un État. Cette limite, mobile dans le temps et dans l’espace, répond à deux objectifs souvent concomitants. Le premier consiste à faire coïncider les limites administratives d’un État avec celles de sa maîtrise et de sa mise en valeur spatiale effectives. Dans le second cas, il s’agit de décharger d’autres espaces infranationaux de pressions, essentiellement démographiques. Sous l’effet d’une impulsion politique ou d’initiatives spontanées, l’avancée du peuplement et la valorisation économique traduisent l’intégration progressive dans le territoire national d’espaces considérés comme neufs, au détriment parfois des populations autochtones préexistantes au mouvement. »
En complément vous pouvez consulter la page d’hypergéo consacrée aux frontières, qui propose aussi une bibliographie.
En
« La régulation de l’intimité
La régulation de l’intimité est […] un processus à travers lequel un individu cherche à contrôler ses interactions avec autrui par l’établissement de frontières qui s’expriment en agissant sur le territoire environnemental.
Dans ce processus, on considère les interactions que les individus développent avec l’environnement comme autant d’éléments permettant à l’individu d’exprimer son identité […]. Dans ce sens, la régulation de l’intimité correspond à un processus de construction de frontières entre soi et autrui dans le sens où il s’agit d’un processus dialectique d’ouverture ou de fermeture de soi aux autres ; par là, il ne s’agit donc pas seulement d’entendre la sauvegarde de l’intimité au sens où un individu veut protéger sa vie privée, mais également le type d’ajustement désiré dans les contacts avec autrui et cela précisément en jouant sur les frontières interpersonnelles qui, selon les attentes ou les besoins individuels, peuvent être plus ou moins perméables.
C’est donc en ayant la possibilité d’agir sur le type de contacts souhaité que les individus préservent leur identité ; ce processus remplit trois fonctions distinctes : contrôler les interactions avec autrui ; développer des stratégies dans ce but ; affirmer son identité à travers la régulation de la frontière entre soi et autrui. Altman a développé un modèle qui décrit ce processus de régulation de l’interaction sociale en montrant que l’expression de l’identité était déterminée par la capacité d’un individu à définir ses frontières entre lui et les autres. »
Source : La Psychologie sociale, Gustave-Nicolas Fischer
(extrait disponible sur Google Books
Quelques références abordant la notion de frontière en psychologie :
- Co-responsabilité cognitive et dissolution de frontières, Christian Brassac
- Marc, Edmond. Le Self aux frontières de l'individuel et du social, Gestalt, vol. no 29, no. 2, 2005, pp. 115-130
- Picard, Dominique. Quête identitaire et conflits interpersonnels, Connexions, vol. 89, no. 1, 2008, pp. 75-90.
De manière générale, la frontière dans son sens figuré s’applique à divers domaines ; on parle ainsi de frontières culturelles, économiques, politiques, intellectuelles… entre différents Etats, régions, disciplines...
Pour aller plus loin et trouver des références sur le sujet, nous vous invitons à effectuer une recherche dans la base Isidore.
Vous y trouverez par exemple le dossier d’Anne-Laure Amilhat Szary, Frontières, penser à la limite, qui aborde la notion de frontière sous différents angles.
Bonne journée.
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