Question d'origine :
Je fréquente des gens que je sais gentils d'intention, mais d'une maladresse qui les rend très nuisibles à leur entourage, au point qu'ils s'en rendent compte et que ça les navre. A l'automne de leur vie, leur communauté s'interroge sur cette inadéquation relationnelle.
Existe-t-il des carences connues, des incapacités répertoriées en psychologie, voire des pathologies, qui empêchent de mesurer l'impact sur l'autre de ce qu'on dit ? On reste bouche bée en entendant leur maladresse, et le tort qu'ils créent candidement.
A défaut d'incapacité répertoriée, y a-t-il des qualificatifs pour ce que je décris, des références ou des personnages littéraires autour de cette idée ?
J'essaierai de trouver une prochaine question moins floue.
Et merci pour vos réponses antérieures.
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 29/10/2018 à 12h08
Bonjour,
En complément de la réponse de nos collègues du département Civilisation, nous avons cherché des sources littéraires sur de tels personnages de gaffeurs lucides et malheureux. Voici ce que nous avons trouvé :
Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon [Livre] / Alphonse Daudet
Les mésaventures de monsieur Tuile / Luc Bascou
Monsieur Tuile est un spécialiste du droit des affaires, mais c'est aussi un gaffeur à qui il arrive toutes sortes d'aventures extravagantes.
Mauvaise influence – Mauvais garçons / Linwood Barclay ; traduit de l'anglais (Canada) par Daphné Bernard
Zack Walker, gaffeur hors normes, romancier de science-fiction et reporter de l'extrême.
De l'influence du lancer de minibar sur l'engagement humanitaire /Marc Salbert
Arthur Berthier, journaliste musical gaffeur, se retrouve muté aux informations générales. En reportage lors de l'évacuation d'un camp de réfugiés, il est blessé d'un coup de matraque, et laisse s'installer chez lui un Afghan risquant d'être expulsé.
Les maladroits / Mark Greene
Le brave soldat Chvéïk [Livre] / Jaroslav Hasek ; traduit du tchèque par Henry Horejsi ; et sa suite, Les nouvelles aventures du brave soldat Chvéïk [Livre] / (du même auteur ; trad. du tchèque par Claudia Ancelot)
Epopée drolatique d’un vendeur de chiens volés provoquant catastrophe sur catastrophe par excès de zèle naïf, dans l’empire austro-hongrois dévasté par la guerre de 14.
Enfin, comment ne pas penser à L’Idiot /Fiodor Dostoïevski ; traduit du russe par André Markowicz ?
Héros épileptique, enfantin, bon et honnête jusqu’à l’idiotie, et pourtant lucide sur sa condition, le prince Mychkine est l’archétype du gaffeur malheureux dans la littérature.
Bonnes lectures.
En complément de la réponse de nos collègues du département Civilisation, nous avons cherché des sources littéraires sur de tels personnages de gaffeurs lucides et malheureux. Voici ce que nous avons trouvé :
Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon [Livre] / Alphonse Daudet
Les mésaventures de monsieur Tuile / Luc Bascou
Monsieur Tuile est un spécialiste du droit des affaires, mais c'est aussi un gaffeur à qui il arrive toutes sortes d'aventures extravagantes.
Mauvaise influence – Mauvais garçons / Linwood Barclay ; traduit de l'anglais (Canada) par Daphné Bernard
Zack Walker, gaffeur hors normes, romancier de science-fiction et reporter de l'extrême.
De l'influence du lancer de minibar sur l'engagement humanitaire /Marc Salbert
Arthur Berthier, journaliste musical gaffeur, se retrouve muté aux informations générales. En reportage lors de l'évacuation d'un camp de réfugiés, il est blessé d'un coup de matraque, et laisse s'installer chez lui un Afghan risquant d'être expulsé.
Les maladroits / Mark Greene
Le brave soldat Chvéïk [Livre] / Jaroslav Hasek ; traduit du tchèque par Henry Horejsi ; et sa suite, Les nouvelles aventures du brave soldat Chvéïk [Livre] / (du même auteur ; trad. du tchèque par Claudia Ancelot)
Epopée drolatique d’un vendeur de chiens volés provoquant catastrophe sur catastrophe par excès de zèle naïf, dans l’empire austro-hongrois dévasté par la guerre de 14.
Enfin, comment ne pas penser à L’Idiot /Fiodor Dostoïevski ; traduit du russe par André Markowicz ?
Héros épileptique, enfantin, bon et honnête jusqu’à l’idiotie, et pourtant lucide sur sa condition, le prince Mychkine est l’archétype du gaffeur malheureux dans la littérature.
Bonnes lectures.
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 30/10/2018 à 10h15
Réponse du département Civilisation
Bonjour,
En dehors d’une analyse clinique spécifique issue de l’observation et de l’étude de chaque cas individuel,il semble à première vue difficile d’établir une pathologie précise ou d’identifier des incapacités comportementales avérées , afin expliquer ce qui relève le plus souvent d’une problématique comportementale vraisemblablement issue d’une conjonction d’origines et d’explications psychologiques multiples.
En revanche, il est possible d’affiner, dans le champ de la psychologie, les domaines disciplinaires, les méthodes d’analyse et ainsi les différentes explications potentielles correspondant à ce que vous décrivez vous-même comme une « inadéquation relationnelle ». Votre question interroge ainsila psychologie relationnelle , qui concerne et étudie les relations humaines entre au moins deux personnes, qu’il s’agisse de relations familiales, amicales, professionnelles ou sociales, et plus précisément la communication dans les rapports interpersonnels .
Si l’on considère les différents domaines disciplinaires et théoriques de la psychologie, c’estla théorie de l’analyse transactionnelle qui semblerait pouvoir permettre de répondre à cette interrogation. Il s’agit d’une théorie de la personnalité, des rapports sociaux et de la communication, conceptualisée dans les années 1960 par le psychiatre américain Éric BERNE. Cet outil d’étude des relations interpersonnelles, en postulant plusieurs états du « Moi » (Parent, Adulte, Enfant), met en évidence les liens qui peuvent s’établir entre les structures psychiques des personnes en interaction et le type d’échanges et de communication qu’elles établissent entre elles (les transactions). L’objectif est de permettre la prise de conscience des enjeux de la relation et de la communication entre les personnes, afin d’en reprendre le contrôle.
Dans leur ouvrage Relations et communications interpersonnelles, Edmond MARC et Dominique PICARD précisent ainsi :
« Dans les situations complexes, deux états du moi peuvent interagir simultanément : l’un au niveau social et de façon explicite ; l’autre, au niveau psychologique et de façon implicite. On a alors affaire à une transaction « cachée » qui peut revêtir l’aspect de la complicité (si les deux partenaires connaissent l’existence des deux niveaux) ou celui de la manipulation (si un seul des partenaires fait jouer les deux niveaux à l’insu de l’autre). » (p. 42).
L’interaction sociale est ainsi un processus dynamique, dans lequelles transactions permettent de situer les rapports de place à un niveau psychologique.
Dans un chapitre du même ouvrage plus spécifiquement consacré aux problèmes de communication, les auteurs indiquent :
« D’autres chercheurs ont proposéla notion d’intelligence sociale ou interpersonnelle . Elle se définit par l’aptitude à entrer en relation et en communication avec les autres, à gérer efficacement des situations d’interaction. Cette notion peut être intéressante si elle tend à souligner qu’il existe plusieurs formes d’ « intelligence » et que l’aptitude relationnelle est tout aussi importante que les aptitudes logico-mathématiques ou verbales, traditionnellement prises en compte ».
Ils ajoutent cependant :
« [cette notion] peut être dangereuse si elle induit l’idée que les capacités relationnelles découlent de prédispositions individuelles relativement figées. Plus pertinente, certainement, estla notion de « compétences sociales » qui désigne les capacités objectives d’un individu à entrer en relation avec autrui ». (p. 102)
Et détaillent ensuite une typologie de différentes formes de compétences sociales :
- « Lescompétences de communication renvoient aux capacités de l’individu à utiliser efficacement les codes linguistiques, les règles pragmatiques de l’échange, les rituels de la conversation […].
- Lescompétences relationnelles ont trait à la maîtrise des rituels d’interaction, à la capacité de gérer l’échange, à interagir avec autrui, à développer une relation empathique avec lui.
Toutes ces compétences résultent d’apprentissages qui commencent très tôt et à travers des contextes divers : les interactions mère-enfant, les relations familiales, l’école, les groupes d’amis… Par la suite, à partir de l’adolescence, ils se poursuivent dans les relations amicales et amoureuses, le couple, les relations professionnelles, les différentes formes de sociabilité. Ces apprentissages sont facilités ou perturbés par les caractéristiques du contexte et par les mécanismes psychologiques […].Les difficultés relationnelles découlent donc souvent de troubles dans l’acquisition des compétences sociales . »
Ainsi, on peut parler destratégie relationnelle , et notamment et en l’occurrence, dans le cas que vous cherchez à comprendre, de politesse, ou de savoir-vivre . Ces systèmes sociaux de régulation tendent à ritualiser les relations et les communications interpersonnelles, dans un accord tacite de réciprocité qui veut que l’on traite autrui comme l’on désire être traité par lui.
Dominique PICARD, également auteur de l’ouvrage Politesse, savoir-vivre et relations sociales (PUF, 2014) précise ainsi que ces principes et règles de politesse et de savoir-vivre, « loin d’être des contraintes formelles et surannées, répondent à des besoins psychologiques profonds et assurent une protection efficace de la face et du territoire des interactants. Elles introduisentune perspective relativement « altruiste » dans les relations sociales, qui tempère l’égocentrisme spontané des individus . Lorsqu’elles font défaut, on constate que, dans leurs stratégies relationnelles, les gens oublient facilement l’accord, la réciprocité et le respect d’autrui ; et que les relations basculent rapidement dans l’affrontement et la violence ». (p. 100)
On peut également avoir recours à la notion d’intelligence émotionnelle , conceptualisée avec beaucoup de succès populaire dans les années 1990 par le psychologue américain Daniel GOLEMAN .
Pour Daniel GOLEMAN, les compétences cognitives d'une personne ne suffisent pas à définir son intelligence car elles ne prennent pas suffisamment en compte une part essentielle du comportement humain : les réactions émotionnelles. Une autre forme d'intelligence est la capacité à percevoir, maîtriser et exprimer ses sentiments et ses émotions ainsi que ceux d'autrui. Elle influe sur le self-control, la motivation, l’intégrité, mais aussi sur les relations avec les autres : elle permet de mieux communiquer et analyser son entourage social ou professionnel, et ainsi d’atteindre une certaine forme de réussite sociale et professionnelle.
Vous pouvez notamment consulter ces deux ouvrages :
Daniel GOLEMAN, L'intelligence émotionnelle : analyser et contrôler ses sentiments et ses émotions, et ceux des autres
Daniel GOLEMAN, Cultiver l’intelligence relationnelle : comprendre et maîtriser notre relation aux autres pour mieux vivre
Pour aller plus loin :
Quelques ouvrages sur l’analyse transactionnelle au catalogue de la BmL
D’autres ouvrages, sur des thèmes proches et connexes, et en particulier sur la manière de réagir à la violence, la blessure ou l'emprise des mots, de la part des personnes qui en sont victimes :
Eric MAISEL, Ces gens qui critiquent tout : trouvez l'antidote aux attitudes toxiques (éd. de l'Homme, 2007)
Association AJC, La violence morale au quotidien. Des mots sans bleus, des mots qui tuent (J. Lyon, 2013)
Robert NEUBURGER, Les paroles perverses. Les reconnaître, s’en défaire (Payot, 2016). L’ouvrage porte plus spécifiquement sur la communication au sein du couple.
Stéphane CLERGET, Les vampires psychiques. Comment les reconnaître, comment leur échapper (Fayard, 2018)
Vous pouvez consulter les ouvrages de psychologie de la bibliothèque, et en particulier au département Civilisation de la bibliothèque de la Part-Dieu, les rayons portant sur la Communication (153 COM) et les relations avec autrui (155.9 REL).
Bonnes lectures !
Bonjour,
En dehors d’une analyse clinique spécifique issue de l’observation et de l’étude de chaque cas individuel,
En revanche, il est possible d’affiner, dans le champ de la psychologie, les domaines disciplinaires, les méthodes d’analyse et ainsi les différentes explications potentielles correspondant à ce que vous décrivez vous-même comme une « inadéquation relationnelle ». Votre question interroge ainsi
Si l’on considère les différents domaines disciplinaires et théoriques de la psychologie, c’est
Dans leur ouvrage Relations et communications interpersonnelles, Edmond MARC et Dominique PICARD précisent ainsi :
« Dans les situations complexes, deux états du moi peuvent interagir simultanément : l’un au niveau social et de façon explicite ; l’autre, au niveau psychologique et de façon implicite. On a alors affaire à une transaction « cachée » qui peut revêtir l’aspect de la complicité (si les deux partenaires connaissent l’existence des deux niveaux) ou celui de la manipulation (si un seul des partenaires fait jouer les deux niveaux à l’insu de l’autre). » (p. 42).
L’interaction sociale est ainsi un processus dynamique, dans lequel
Dans un chapitre du même ouvrage plus spécifiquement consacré aux problèmes de communication, les auteurs indiquent :
« D’autres chercheurs ont proposé
Ils ajoutent cependant :
« [cette notion] peut être dangereuse si elle induit l’idée que les capacités relationnelles découlent de prédispositions individuelles relativement figées. Plus pertinente, certainement, est
Et détaillent ensuite une typologie de différentes formes de compétences sociales :
- « Les
- Les
Toutes ces compétences résultent d’apprentissages qui commencent très tôt et à travers des contextes divers : les interactions mère-enfant, les relations familiales, l’école, les groupes d’amis… Par la suite, à partir de l’adolescence, ils se poursuivent dans les relations amicales et amoureuses, le couple, les relations professionnelles, les différentes formes de sociabilité. Ces apprentissages sont facilités ou perturbés par les caractéristiques du contexte et par les mécanismes psychologiques […].
Ainsi, on peut parler de
Dominique PICARD, également auteur de l’ouvrage Politesse, savoir-vivre et relations sociales (PUF, 2014) précise ainsi que ces principes et règles de politesse et de savoir-vivre, « loin d’être des contraintes formelles et surannées, répondent à des besoins psychologiques profonds et assurent une protection efficace de la face et du territoire des interactants. Elles introduisent
On peut également avoir recours à la notion d’
Pour Daniel GOLEMAN, les compétences cognitives d'une personne ne suffisent pas à définir son intelligence car elles ne prennent pas suffisamment en compte une part essentielle du comportement humain : les réactions émotionnelles. Une autre forme d'intelligence est la capacité à percevoir, maîtriser et exprimer ses sentiments et ses émotions ainsi que ceux d'autrui. Elle influe sur le self-control, la motivation, l’intégrité, mais aussi sur les relations avec les autres : elle permet de mieux communiquer et analyser son entourage social ou professionnel, et ainsi d’atteindre une certaine forme de réussite sociale et professionnelle.
Vous pouvez notamment consulter ces deux ouvrages :
Daniel GOLEMAN, L'intelligence émotionnelle : analyser et contrôler ses sentiments et ses émotions, et ceux des autres
Daniel GOLEMAN, Cultiver l’intelligence relationnelle : comprendre et maîtriser notre relation aux autres pour mieux vivre
Quelques ouvrages sur l’analyse transactionnelle au catalogue de la BmL
D’autres ouvrages, sur des thèmes proches et connexes, et en particulier sur la manière de réagir à la violence, la blessure ou l'emprise des mots, de la part des personnes qui en sont victimes :
Eric MAISEL, Ces gens qui critiquent tout : trouvez l'antidote aux attitudes toxiques (éd. de l'Homme, 2007)
Association AJC, La violence morale au quotidien. Des mots sans bleus, des mots qui tuent (J. Lyon, 2013)
Robert NEUBURGER, Les paroles perverses. Les reconnaître, s’en défaire (Payot, 2016). L’ouvrage porte plus spécifiquement sur la communication au sein du couple.
Stéphane CLERGET, Les vampires psychiques. Comment les reconnaître, comment leur échapper (Fayard, 2018)
Vous pouvez consulter les ouvrages de psychologie de la bibliothèque, et en particulier au département Civilisation de la bibliothèque de la Part-Dieu, les rayons portant sur la Communication (153 COM) et les relations avec autrui (155.9 REL).
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