Question d'origine :
Chers amis documentalistes,
Ma question concerne le fait pour un collectionneur/acheteur d’art (vivant à n'importe quelle époque) de collectionner de l’art contemporain (c’est-à-dire d’un artiste vivant à son époque). Par exemple Monsieur Pinault aujourd'hui qui collectionne des oeuvres de Damien Hirst est un collectionneur d'art contemporain au même titre que le l'empereur du Saint Empire Romain Germanique Rudolphe II (1552-1612) qui collectionnais des oeuvres du peintre Archimboldo était tout autant un collectionneur d'art contemporain.
Nous savons beaucoup de ces grandes collections d’art qui sont passés à la postérité et qui sont aujourd’hui dans les musées, font l’objets de livres, de cours d’histoire de l’art, de films, de ventes, d’expositions, etc... Nous savons beaucoup de ces artistes et de leurs collectionneurs qui donc, en leur temps, ont achetés/collectionnés ses artistes vivants.
Cependant, que savons nous des grand(e)s collections(eurs) d’art contemporain qui ne sont PAS passés à la postérité.
Autrement dit, j'aimerais comprendre comment certains hommes/femmes ont eu le flair pour collectionner de l'art contemporain qui est ensuite passé à la postérité et pourquoi le gout/les choix des oeuvres de certains autres (grands) hommes/femmes n'est pas passé à la postérité.
Merci beaucoup!
Augustin
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 26/10/2018 à 14h15
Nous avions précédemment répondu à votre question sur la postérité…Nous ne sommes toujours pas en mesure de décrypter les rouages du passage de l’ombre à la gloire de ce côté-ci de l’art d’autant que vous interrogez les collections qui restent irrévélées. Par ailleurs, la subjectivité liée à la réception de l’art ne permet pas d’identifier les indicateurs fiables d’une possible future reconnaissance qui serait à contre-courant du marché de l’art, indicateur celui-ci, concret s’il en est. La collection d’œuvres est très souvent une pratique confidentielle et ne sont connues que les collections dont les auteurs l’ont souhaité, pour certains au fil de leur constitution, pour d’autres à postériori…Nous vous proposons donc quelques documents informatifs sur le monde des collectionneurs d’art contemporain, par extension sur la valeur de l’art au cœur de cette problématique…
En préambule il nous semble que cette étude du Ministère de la culture et de la communication circonscrit bien les données afférentes aux collections d’art contemporain, ciblant les pratiques, offrant des données chiffrées...
Cet extrait « Aux côtés de la figure du conservateur et de celle du marchand d’art, celle du collectionneur, réputée secrète, influe sur le marché de l’art. Au-delà de quelques grands collectionneurs mécènes médiatisés,
Nous conseillons la lecture des ouvrages suivants :
Collectionneurs d’art contemporain : des acteurs méconnus de la vie artistique de Nathalie Moureau, Dominique Sagot-Duvauroux et Marion Vidal :
« Qu’est-ce qu’un collectionneur ? Si le nom a fait officiellement son entrée dans le dictionnaire en 1789 [1], sa définition recouvre des pratiques différentes : certaines approches mettent en avant la valeur subjective attachée à l’objet, tandis que d’autres soulignent l’importance du processus d’accumulation et de sélection. De nombreux traits semblent pouvoir définir communément les collectionneurs, quel que soit l’objet de la collection, coquillage, timbre, papillon ou encore œuvre d’art. Toutefois, les collectionneurs qui soutiennent l’art « en train de se faire » se distinguent par des pratiques plus variées que celles usuellement relevées chez leurs homologues. En effet, en plus d’être acquéreur, le collectionneur d’art contemporain est susceptible d’agir sur la vie artistique, notamment grâce au soutien matériel apporté aux artistes et en contribuant à la construction de la valeur artistique. Cette particularité est d’autant plus notable que l’engagement du collectionneur n’est pas l’apanage d’une seule élite fortunée, comme le montre la typologie des profils de collectionneurs établie ici. Il apparaît en effet que les pratiques de collectionneurs se déploient le long d’un continuum allant du collectionneur acquéreur, mû par le besoin de posséder une œuvre, au collectionneur acteur, pour lequel l’acquisition n’est que l’expression de sa volonté de contribuer à la vitalité de la scène artistique. »
L'ouvrage collectif de Nathalie Heinich, Jean-Marie Schaeffer et Carole Talon-Hugon Par-delà le beau et le laid : enquêtes sur les valeurs de l’art , Presses universitaires de Rennes.
« La valeur esthétique n’a pas le monopole des valeurs engagées dans la création, la circulation et la réception des œuvres d’art. Dans la valeur que nous accordons à une œuvre, l’authenticité, l’autonomie, la célébrité, la cherté, la moralité, l’originalité, la pérennité, le plaisir, la rareté, la responsabilité, la significativité, le travail, l’universalité, la virtuosité… jouent souvent un rôle aussi important que l’attrait esthétique. »
Celui de Nathalie Heinich Des valeurs : une approche sociologique
« Le dernier ouvrage de Nathalie Heinich est un essai de sociologie axiologique. Il concerne les valeurs dans l’ordre relationnel. Il se démarque d’emblée des enquêtes empiriques centrées sur ce que les gens valorisent pour s’intéresser aux principes en fonction desquels nous accordons de la valeur à certains objets. À l’aide d’une approche avant tout pragmatique, l’auteure de l’ouvrage a pour objectif d’entrer dans les valeurs par le biais des jugements et des opinions, en observant les opérations d’attribution des valeurs par les acteurs. Suivant cette voie, elle commence par préciser ce qu’il en est de l’acte de professer des opinions, selon une quadruple fonctionnalité : la fonction de normalisation, la fonction de socialisation, la fonction de distinction et la fonction identitaire. Elle rend ainsi compte de deux formes concrètes d’opiner : d’un côté l’évaluation de l’expert, celui qui exerce le métier d’opiner, d’autre part les modalités très diverses de l’opinion jusque dans l’expression démultipliée de l’opinion publique. Mais elle accorde une importance toute particulière à l’évaluation en matière culturelle et scientifique : qu’il s’agisse de publier un livre ou d’acquérir de l’art contemporain, elle perçoit dans l’expertise une tension entre la mention de l’œuvre et celle de la personne au-delà des critères d’évaluation officiellement prescrits. Il convient alors de poser des limites à la réflexivité des acteurs lorsqu’ils sont en situation de compte rendu face à un enquêteur, ce qui amène Nathalie Heinich à mettre l’accent sur la distinction entre les valeurs « publiques », exposables à un tiers, et les valeurs « privées » effectivement mises en œuvre. Elle en conclut que les experts eux-mêmes n’ont pas vraiment accès à l’ensemble de la logique axiologique de leurs propres actes, faute de pouvoir expliciter tous leurs principes d’évaluation" (-)
l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris, fin avril, suite à sa parution a organisé un colloque international qui ouvrait le débat sur la valeur de l’art.
Nathalie Heinich, Des valeurs, une approche sociologique de Jacques Guilhaumou,
L’article d’Hervé Glevarec,
La revue Mouvements : Valeurs de l’art, quel espace en dehors du marché et des institutions ?,
une thèse notamment le chapître sur les particularités du milieu,
un mémoire d’une étudiante de Science politique Lyon.
Le
questionne : l’art, une affaire privée ?
Deux ouvrages :
Collectionner l'art contemporain de Adam Lindemann
et Un art du secret : collectionneurs d'art contemporain en France de Mona Thomas
Des articles de journaux :
Le nouvel observateur dresse un portrait des acheteurs d’art contemporain,
Le journal du net liste les plus grands collectionneurs privés d’art,
La Croix,
Le Monde présente les étranges truffiers de l’art contemporain.
Un témoignage de collectionneur :
Marcel Brient
DANS NOS COLLECTIONS :
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