Auriez vous des informations sur l'acédie au Moyen Age?
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 19/10/2018 à 18h19
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Question d'origine :
Je fait un travail de recherche sur ce sujet et cherche a le définir ainsi qu'à faire des liens avec des oeuvres de cette époque.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 22/10/2018 à 13h53
Bonjour,
Voici ce que nous apprend Catherine Halpern à propos de l’acédie dans la revue Sciences Humaines n° 196 d’août-septembre 2008 :
« On l’ignore souvent, mais la paresse ne figurait pas dans les premières listes des péchés capitaux. Ce n’est qu’à la fin du Moyen Âge qu’elle tend à remplacer l’acédie. Subtilité ou préciosité de langage ? Non, de l’acédie à la paresse, il existe bien une autre manière de considérer le péché. Chez Evagre le Pontique, le père des péchés capitaux, l’acédie est un vice qui frappe d’abord les ermites. Aux IIIe et IVe siècles, des religieux en Égypte et en Palestine décident de vivre leur foi dans le désert et de se retirer radicalement du monde. Mais certains sont confrontés à un mal étrange : ils deviennent apathiques, se laissent aller, accablés par une angoisse oppressante. Inquiétude, oisiveté, instabilité, somnolence, dégoût, ennui les conduisent à négliger leurs devoirs envers eux-mêmes et envers Dieu. Vice instable, entre ennui et inquiétude, l’acédie apparaît très proche d’un autre vice capital chez Evagre, la tristesse dont elle procède. Tant et si bien que le pape et moine Grégoire l’élimine lorsqu’il remanie les péchés capitaux pour ne garder que la tristesse. Dès lors que les moines vivent en communauté avec des journées organisées par le travail, l’étude et la prière, l’acédie apparaît comme obsolète.
Pourtant, malgré l’autorité de Grégoire, l’acédie ne disparaît pas des discours pastoraux et théologiques. Peu à peu, associée à l’oisiveté plus qu’à l’inquiétude spirituelle, l’acédie n’est plus considérée seulement comme un vice monastique et fait son entrée dans le monde laïc. L’évolution tient à un certain climat culturel qui, à la fin du Moyen Âge, valorise davantage le travail comme source de progrès matériel et spirituel : « Ce qui était un péché envers Dieu devient, à l’aube de la modernité, un péché face à la société », expliquent Carla Casagrande et Silvana Vecchio. L’acédie, désormais perçue comme maladie de l’âme, devient mélancolie et n’est plus en tant que telle un péché. Elle est alors supplantée par la paresse. »
Si vous en êtes au début de vos recherches, les notes et références ainsi que la bibliographie de la page Wikipedia consacrée à l’acédie sont assez fournies et peuvent constituer un bon point de départ.
Concernant plus précisément l’acédie dans la littérature médiévale, voici quelques références qui vous seront peut-être utiles :
- The Sin of sloth : Acedia, in medieval thought and literature, Siegfried Wenzel
- Tristesse, acédie et médecine des âmes dans la tradition monastique et cartusienne, actes du colloque international, Institut catholique de Paris, 17 mars 2005, sous la direction de Nathalie Nabert [et du] Centre de recherches et d'études de spiritualité cartusienne. Anthologie de textes rares et inédits, XIIIe-XXe siècle
- La folie, un péché médiéval : la tentation de la solitude Claire Jequier ; préf. de Yves Hersant
Une recherche complémentaire dans le Sudoc nous permet de repérer notamment le titre suivant :
- L'encre de la mélancolie : déclinaisons littéraires d'un malaise chez Dante et Pétrarque, Angela Deluca ; sous la direction de Frédérique Verrier et de Giorgio Ficara
Nous vous conseillons en outre d’effectuer une recherche dans la base Isidore notamment avec les mots clés « acédie littérature médiévale » ou « acédie littérature moyen âge ».
Notons que dans les textes médiévaux on peut trouver la graphie accide ou « accede », par exemple chez Rutebeuf dans Ci encoumence la voie d'umilitei.
Bonnes recherches.
Voici ce que nous apprend Catherine Halpern à propos de l’acédie dans la revue Sciences Humaines n° 196 d’août-septembre 2008 :
« On l’ignore souvent, mais la paresse ne figurait pas dans les premières listes des péchés capitaux. Ce n’est qu’à la fin du Moyen Âge qu’elle tend à remplacer l’acédie. Subtilité ou préciosité de langage ? Non, de l’acédie à la paresse, il existe bien une autre manière de considérer le péché. Chez Evagre le Pontique, le père des péchés capitaux, l’acédie est un vice qui frappe d’abord les ermites. Aux IIIe et IVe siècles, des religieux en Égypte et en Palestine décident de vivre leur foi dans le désert et de se retirer radicalement du monde. Mais certains sont confrontés à un mal étrange : ils deviennent apathiques, se laissent aller, accablés par une angoisse oppressante. Inquiétude, oisiveté, instabilité, somnolence, dégoût, ennui les conduisent à négliger leurs devoirs envers eux-mêmes et envers Dieu. Vice instable, entre ennui et inquiétude, l’acédie apparaît très proche d’un autre vice capital chez Evagre, la tristesse dont elle procède. Tant et si bien que le pape et moine Grégoire l’élimine lorsqu’il remanie les péchés capitaux pour ne garder que la tristesse. Dès lors que les moines vivent en communauté avec des journées organisées par le travail, l’étude et la prière, l’acédie apparaît comme obsolète.
Pourtant, malgré l’autorité de Grégoire, l’acédie ne disparaît pas des discours pastoraux et théologiques. Peu à peu, associée à l’oisiveté plus qu’à l’inquiétude spirituelle, l’acédie n’est plus considérée seulement comme un vice monastique et fait son entrée dans le monde laïc. L’évolution tient à un certain climat culturel qui, à la fin du Moyen Âge, valorise davantage le travail comme source de progrès matériel et spirituel : « Ce qui était un péché envers Dieu devient, à l’aube de la modernité, un péché face à la société », expliquent Carla Casagrande et Silvana Vecchio. L’acédie, désormais perçue comme maladie de l’âme, devient mélancolie et n’est plus en tant que telle un péché. Elle est alors supplantée par la paresse. »
Si vous en êtes au début de vos recherches, les notes et références ainsi que la bibliographie de la page Wikipedia consacrée à l’acédie sont assez fournies et peuvent constituer un bon point de départ.
Concernant plus précisément l’acédie dans la littérature médiévale, voici quelques références qui vous seront peut-être utiles :
- The Sin of sloth : Acedia, in medieval thought and literature, Siegfried Wenzel
- Tristesse, acédie et médecine des âmes dans la tradition monastique et cartusienne, actes du colloque international, Institut catholique de Paris, 17 mars 2005, sous la direction de Nathalie Nabert [et du] Centre de recherches et d'études de spiritualité cartusienne. Anthologie de textes rares et inédits, XIIIe-XXe siècle
- La folie, un péché médiéval : la tentation de la solitude Claire Jequier ; préf. de Yves Hersant
Une recherche complémentaire dans le Sudoc nous permet de repérer notamment le titre suivant :
- L'encre de la mélancolie : déclinaisons littéraires d'un malaise chez Dante et Pétrarque, Angela Deluca ; sous la direction de Frédérique Verrier et de Giorgio Ficara
Nous vous conseillons en outre d’effectuer une recherche dans la base Isidore notamment avec les mots clés « acédie littérature médiévale » ou « acédie littérature moyen âge ».
Notons que dans les textes médiévaux on peut trouver la graphie accide ou « accede », par exemple chez Rutebeuf dans Ci encoumence la voie d'umilitei.
Bonnes recherches.
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