Question d'origine :
Bonjour cher Guichet,
Parmi toutes les oeuvres du regretté Frédéric Dard avec le non moins fameux commissaire San-Antonio, y en a-t-il une qui est considérée comme la "meilleure", du point de vue stylistique ?
(évidemment, pour ce type d'oeuvre, le mot "style" ne s'employant pas au sens classique du terme, mais pour exprimer la richesse et la truculence de cet artificier du langage).
C'est-à-dire : si je ne devais en lire qu'une pour découvrir toute l'étendue de l'art des lettres du singulier bonhomme, laquelle choisir ?
Merci d’avance pour vos conseils !
Réponse du Guichet
bml_litt
- Département : Langues et Littératures
Le 18/10/2018 à 13h27
En long préambule, voici ce que disait le critique Bruno Juffin dans Les Inrockuptibles daté du 5 mai 2010 au sujet de l’œuvre de Frédéric Dard (nous soulignons en gras les mentions qui nous paraissent importantes dans cet article dont nous avons gommé du reste quelques passages) :
"Dix ans que Frédéric Dard, l’auteur des polars les plus modernes de son époque, n’est plus. Une date anniversaire qui voit l’intégralité de la série des San-Antonio rééditée en quatre volumes. A l’occasion de la sortie des deux premiers, autopsie d’un
A ses débuts, le commissaire San-Antonio fait, lui aussi, le coup de feu contre les envahisseurs : dans Laissez tomber la fille (sa deuxième aventure, qui, bien que publiée en 1950, se situe dans la France occupée de 1942), il combat les nazis. Ce dont personne ne se doute alors, c’est qu’après avoir libéré l’Hexagone,
Au départ, le
L’identité de la série, que narre un flic un poil rétrograde (les homos sont pour lui des “tantes”, tandis que les Noirs qu’il croise à ses débuts s’expriment en français “Y a bon Banania”), va réellement s’affirmer lors de l’irrésistible prise de pouvoir d’un personnage qui apparaît dans le septième épisode (Des clientes pour la morgue, 1953) et finira par imposer sa masse malodorante et ses péroraisons où la grammaire trépasse. Alexandre-Benoît Bérurier (dit Béru, ou ¬encore l’Immonde, l’Ignoble, la Vedette d’Olida on Ice…), inspecteur de police de son état, est un genre d’Obélix trash qui, tout petit, serait tombé dans les marmites jumelles du stupre et de la goinfrerie.
Si le débat s’est déplacé des cours de récréation vers les salons, c’est que les figures de style font de la haute voltige dans les aventures du commissaire :
S’entrechoquent ainsi le pessimisme de
Difficile évidemment de répondre à votre question car avec ses quelques 175 titres, San Antonio est une série qui donne le vertige.
Peut-être pouvons-nous tenter une piste qui nous parait ici intéressante, c’est d’interroger l’auteur du Dictionnaire amoureux de san Antonio, Eric Bouhier :
selon lui, un titre sort vraiment du (très gros) lot : Faut-il tuer les garçons qui ont les mains sur les hanches ? Selon lui encore, ce roman classe Frédéric Dard parmi les très très grands écrivains.
C’est un bon début, non ?
Allez, citation :
Nous autres, poètes, quand nous avons de la peine, au lieu de la chasser, nous lui donnons un titre.
San Antonio
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