Question d'origine :
Comment Marius Berliet a eu l'idée de construire son moteur monocylindrique et sa première voiture à essence? Est ce vrai qu'il regardait beaucoup les insectes quand il était enfant ? Quels insectes précisément ?
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 27/09/2018 à 13h53
Dans son ouvrage sur Marius Berliet (1866-1949), sans doute le plus précis que nous ayons consulté, Louis Muron fournit des informations sur les inspirations et passions premières de ce célèbre lyonnais. On n’y apprend pas si le jeune Marius observait les insectes mais l’évocation de la nature est néanmoins présente. Les sources d’inspiration les plus évidentes concernant son attrait pour la mécanique semblent cependant être les machines de l’atelier de canut familial et les revues de vulgarisation scientifique, ainsi que bien sûr les jeunes automobiles circulant dans les rues.
Le père de Marius tient avec son associé Bellet un atelier de tissage de la soie, dentelle, lama, tissu pour coiffe et chapeau et façonnage de tulle. Après le certificat d’études, Marius Berliet rejoint l’atelier paternel.
« Pendant toutes ces années, il se passionne pour la mécanique. Afin d’en savoir plus, il consacre ses moments de loisirs à la lecture des revues techniques ainsi qu’à des cours du soir. Le dimanche, c’est à la campagne qu’il va se détendre et réfléchir. Il loue un vélocipède à six sous de l’heure. La nature l’émerveille, l’observation des arbres, l’attache des branches déclenchent chez lui la réflexion. Un jour, il dira à ses ingénieurs : c’est en regardant les sapins de la Grande Chartreuse que j’ai appris la mécanique. »
(…) Au cours d’une de ces rencontres dominicales, il déclare à son cousin : « J’ai raté la bicyclette, je ne raterai pas l’automobile. ».
Il conçoit des machines pour l’atelier familial. « J’apprends au contact de ces mécaniciens, les premiers éléments de la mécanique. »
En France, les expérimentations automobiles se multiplient. Marius Berliet développe son intérêt pour les automobiles à travers ses lectures de revues scientifiques. La première fois qu’il voit une de ces machines en action, c’est lors du passage à Lyon du tricycle à vapeur de l’ingénieur Serpollet. Enthousiasmé, Marius Berliet se rend régulièrement à Paris pour admirer les belles machines et les premiers ateliers automobiles.
Marius Berliet dessine et imagine les plans d'un premier modèle (sans moteur) à partir de ce qu’il lit dans les journaux ou voit dans la rue. Voici l’origine de son moteur monocylindrique à pétrole :
« Nous sommes au mois de juillet 1893, il fait particulièrement chaud. Marius Berliet a eu une rude journée ; comme chaque mois, il a acheté La Nature, revue de vulgarisation technique qui traite des sciences et de leur application aux arts de l’industrie. Au fil des pages, Marius Berliet découvre un plan coté d’un moteur à pétrole monocylindrique, avec quelques lignes de présentation, dans lesquelles l’ingénieur Laffargue explique : « les moteurs à pétrole ont le grand avantage de n’exiger qu’un combustible facile à se procurer et d’un emploi commode ».
Ce sera le point de départ de son tout premier moteur, qu’il construit avec les moyens du bord, un voisin mécanicien lui prêtant les outils nécessaires.
L’ hagiographie parue après sa mort, Marius Berliet, l’homme et son œuvre 1866-1949 semble être une source documentaire moins précise qui mélange plusieurs périodes.
Le livre de Saint-Loup, Marius Berliet, l’inflexible se présente sous une forme légèrement romancée, recréant les dialogues avec des membres de sa famille.
Une autre lecture pourrait vous intéresser, citée dans plusieurs ouvrages : il s’agit d’un article de Frantz Reichel paru dans Le Figaro du 25 novembre 1907 sous le titre « Des vainqueurs » qui raconte « avec une verve charmante et prophétique l’entrée de Marius Berliet dans cette carrière. ». Vous pouvez consulter le Figaro du 25 novembre 1907 sur Gallica.
Si vous souhaitez consulter la revue La Nature ayant inspiré Marius Berliet, il s'agit probablement de celle parue sous le titre La Nature, revue des sciences et de leurs applications de 1873 à 1960, dont la bibliothèque municipale de Lyon conserve une collection (cliquer sur l’onglet Notice pour accéder à notre état de collection).
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter