En 1685 le Doge de Gênes est-il venu à Versailles par la mer
CIVILISATION
+ DE 2 ANS
Le 21/09/2018 à 14h26
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Question d'origine :
Quand le Doge de Gênes a été convoqué à Versailles par Louis XIV, lui et sa délégation ont-ils effectué le trajet par la mer, en bateau, ou par la terre?
Connaît-on des détails sur ce voyage?
Merci!
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 25/09/2018 à 09h06
Bonjour,
L’épisode de la visite du doge de Gênes à Versailles est très documentée et par exemple ainsi résumée sur la page 15 mai 1685 : soumission du doge de Gênes à Louis XIV sur le site de la France pittoresque :
« Louis XIV, ayant défendu à la ville de Gênes de lancer à l’eau quatre galères qu’elle avait construites pour le service de l’Espagne, cette république téméraire ne tint aucun compte de la défense. Le célèbre Duquesne arrive bientôt devant Gênes, y jette quatorze mille bombes, et réduit en cendres une partie de ces édifices de marbre, qui ont fait donner à cette ville le nom de Gênes la Superbe.
Le pape ayant intercédé pour les Génois, le roi promit de ne point prendre leur ville, et de ne faire aucune conquête sur eux ; mais il exigea que le doge de Gênes et quatre principaux sénateurs vinssent implorer sa clémence dans son palais de Versailles ; et de peur que les Génois n’éludassent la satisfaction, il voulut que le doge qui viendrait lui demander pardon, fût continué dans sa dignité, malgré la loi invariable de Gênes, qui ôtait cette dignité à tout doge absent un moment de la ville.
Impériale Lescaro, doge de Gênes, avec les sénateurs Lomellino, Garibaldi, Durazzo et Salvago, vinrent à Versailles faire tout ce que le roi exigeait d’eux. Le doge, en habit de cérémonie, couvert d’un bonnet de velours rouge qu’il ôtait souvent, le roi l’écouta, assis et couvert ; mais comme, dans toutes les actions de sa vie, il joignait la politesse à la dignité, il traita Lescaro et les sénateurs avec autant de bonté que de faste. Louvois et Seignelay lui firent sentir plus de fierté. Aussi le doge disait : « Le roi ôte à nos cœurs la liberté, par la manière dont il nous reçoit ; mais ses ministres nous la rendent. »
Ce doge était un homme de beaucoup d’esprit ; tout le monde sait que le marquis de Seignelay lui ayant demandé ce qu’il trouvait de plus singulier à Versailles, il répondit : C’est de m’y voir. »
Il est plus difficile de trouver des renseignements sur le voyage lui-même. Après de nombreuses recherches, il apparaît que le doge serait venu par la terre (par les Etats du Duc de Savoie et le Mont Cenis) et rentré par la mer en prenant le bateau à Toulon.
Ces extraits de L’intermédiaire des chercheurs et des curieux, 1923 donnent quelques pistes.
En consultant le Journal du marquis de Dangeau, 1684-1686 sur Gallica, on apprend des détails de son voyage (recherche Doge dans le document) :
- p. 151 : Avril 1685, Mardi 10 : «On sut que le doge de Gënes étoit arrivé à Lyon , où il demeureroit quelques jours. Le résident lui a écrit de rester là jusqu’à ce que les affaires soient réglées ici. Il logera à l’hôtel de Beauvais à Paris. »
- p. 156 : Avril 1685, Mardi 17 : « Le roi apprit en entrant à ténèbres, que le doge étoit arrivé à Paris, étant venu de Lyon par la diligence.. »
- p. 181 : Mai 1865, Mardi 29. « Le doge partit hier de Paris, et les sénateurs partent aujourd'hui ou demain ils se rejoindront tous à Lyon.La République envoie trois galères à Toulon, sous le commandement de Centurione, pour reporter le doge à Gênes . »
Les Mémoires du Marquis de Sourches, s’ils donnent de nombreux détails des passages du doge à Versailles, ne disent rien du voyage proprement dit.
Autres documents :
« En conséquence, le doge partit de Gênes avec quatre sénateurs et huit gentilshommes camarades que le sénat avait nommés pour l’accompagner.Ils passèrent par les Etats du Duc de Savoie et arrivèrent à Lyon, d’où ils se rendirent à Paris incognito […]. »
Galeries historiques du Palais de Versailles, p. 223. Voir également la suite pour le trajet Paris Versailles en carosse.
«Le Doge partit de Gènes le 29 mars : le Duc de Savoye lui accorda passage sur ses terres aussi bien qu’aux quatre sénateurs et à tous ceux de la suite et dépêcha même un officier de sa maison pour les défrayer, tant qu’ils seraient dans ses états. […] Le Doge, après avoir passé le Mont Cenis le 4 Avril, arriva à Lyon . » Voir la suite, qui confirme qu’il était bien logé à Paris à l’hôtel de Beauvais, sur Histoire de la République de Gênes, vol. 3, par De Mailly, p. 423
Ce passage par le Mont Cenis, et ces dates, sont confirmées dans le Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les traités de Westphalie jusqu'à la révolution française, Volume 19, p. XXI de l’Introduction.
En italien :
« Si prepara velocemente una delibera in cui il doge, accompagnato da Giannettino Garibaldo, Agostino Lomellini, Paride Salvago e Marcello Durazzo,varcherà le Alpi alla volta di Parigi ». Article «Mi, chi». La rivincita in un’umiliazione, Il Drago Buono, 22/09/18.
Et c’est dans la page Il Doge de Genova a la Corte del Re Sole que l’on trouve le plus de détails.
A voir peut-être :
Crépuscule d’ancien régime : le bombardement de Gênes et le doge à Versailles (1684-1685) : Jean Cavalier à Versailles (1704) : les moeurs de la société de Paris sous la Régence (1715-1723)..., Eugène de Guichen, 1909
Histoire de Gênes, Antoine-Marie Graziani.
Bonnes lectures !
L’épisode de la visite du doge de Gênes à Versailles est très documentée et par exemple ainsi résumée sur la page 15 mai 1685 : soumission du doge de Gênes à Louis XIV sur le site de la France pittoresque :
« Louis XIV, ayant défendu à la ville de Gênes de lancer à l’eau quatre galères qu’elle avait construites pour le service de l’Espagne, cette république téméraire ne tint aucun compte de la défense. Le célèbre Duquesne arrive bientôt devant Gênes, y jette quatorze mille bombes, et réduit en cendres une partie de ces édifices de marbre, qui ont fait donner à cette ville le nom de Gênes la Superbe.
Le pape ayant intercédé pour les Génois, le roi promit de ne point prendre leur ville, et de ne faire aucune conquête sur eux ; mais il exigea que le doge de Gênes et quatre principaux sénateurs vinssent implorer sa clémence dans son palais de Versailles ; et de peur que les Génois n’éludassent la satisfaction, il voulut que le doge qui viendrait lui demander pardon, fût continué dans sa dignité, malgré la loi invariable de Gênes, qui ôtait cette dignité à tout doge absent un moment de la ville.
Impériale Lescaro, doge de Gênes, avec les sénateurs Lomellino, Garibaldi, Durazzo et Salvago, vinrent à Versailles faire tout ce que le roi exigeait d’eux. Le doge, en habit de cérémonie, couvert d’un bonnet de velours rouge qu’il ôtait souvent, le roi l’écouta, assis et couvert ; mais comme, dans toutes les actions de sa vie, il joignait la politesse à la dignité, il traita Lescaro et les sénateurs avec autant de bonté que de faste. Louvois et Seignelay lui firent sentir plus de fierté. Aussi le doge disait : « Le roi ôte à nos cœurs la liberté, par la manière dont il nous reçoit ; mais ses ministres nous la rendent. »
Ce doge était un homme de beaucoup d’esprit ; tout le monde sait que le marquis de Seignelay lui ayant demandé ce qu’il trouvait de plus singulier à Versailles, il répondit : C’est de m’y voir. »
Il est plus difficile de trouver des renseignements sur le voyage lui-même. Après de nombreuses recherches, il apparaît que le doge serait venu par la terre (par les Etats du Duc de Savoie et le Mont Cenis) et rentré par la mer en prenant le bateau à Toulon.
Ces extraits de L’intermédiaire des chercheurs et des curieux, 1923 donnent quelques pistes.
En consultant le Journal du marquis de Dangeau, 1684-1686 sur Gallica, on apprend des détails de son voyage (recherche Doge dans le document) :
- p. 151 : Avril 1685, Mardi 10 : «
- p. 156 : Avril 1685, Mardi 17 : « Le roi apprit en entrant à ténèbres, que le doge étoit arrivé à Paris, étant venu de Lyon par la diligence.. »
- p. 181 : Mai 1865, Mardi 29. « Le doge partit hier de Paris, et les sénateurs partent aujourd'hui ou demain ils se rejoindront tous à Lyon.
Les Mémoires du Marquis de Sourches, s’ils donnent de nombreux détails des passages du doge à Versailles, ne disent rien du voyage proprement dit.
Autres documents :
« En conséquence, le doge partit de Gênes avec quatre sénateurs et huit gentilshommes camarades que le sénat avait nommés pour l’accompagner.
Galeries historiques du Palais de Versailles, p. 223. Voir également la suite pour le trajet Paris Versailles en carosse.
«Le Doge partit de Gènes le 29 mars :
Ce passage par le Mont Cenis, et ces dates, sont confirmées dans le Recueil des instructions données aux ambassadeurs et ministres de France depuis les traités de Westphalie jusqu'à la révolution française, Volume 19, p. XXI de l’Introduction.
En italien :
« Si prepara velocemente una delibera in cui il doge, accompagnato da Giannettino Garibaldo, Agostino Lomellini, Paride Salvago e Marcello Durazzo,
Et c’est dans la page Il Doge de Genova a la Corte del Re Sole que l’on trouve le plus de détails.
A voir peut-être :
Crépuscule d’ancien régime : le bombardement de Gênes et le doge à Versailles (1684-1685) : Jean Cavalier à Versailles (1704) : les moeurs de la société de Paris sous la Régence (1715-1723)..., Eugène de Guichen, 1909
Histoire de Gênes, Antoine-Marie Graziani.
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