Question d'origine :
Bonjour,
J'ai entendu récemment parler d'un centre d'enfouissement de déchets nucléaires en Alsace, au sein d'une mine (StocaMine) qui menace de s'effondrer.
En admettant que ces déchets soient extraits, où pourront-ils être acheminés ? Et comment assurer que ce problème de sécurité ne se posera pas ailleurs ?
Merci le guichet !
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 21/09/2018 à 09h32
Bonjour,
Dissipons tout d'abord une légère confusion : le site de StocaMine ne contient pas de déchets nucléaires, mais des «déchets industriels ultimes ». Dont voici la définition légale :
"un déchet résultant ou non du traitement d’un déchet, qui n’est plus susceptible d’être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant ou dangereux".
(Source : cniid.org)
Cela ne veut pas dire que la situation ne soit pas hautement préoccupante :
« StocaMine est le premier et à ce jourle seul exemple de site d'enfouissement de déchets industriels ultimes c'est-à-dire non recyclables et hautement toxiques . A plus de 500 mètres sous le territoire de la commune de Wittelsheim, dans les galeries d'une ancienne mine de potasse, dorment ainsi 44 000 tonnes de mercure, d'arsenic, de cyanure ou d'amiante .
Ouvert en 1999, le site a reçu des fûts et des sacs de déchets jusqu'en 2002. Le déclenchement d'un incendie dans les galeries, qui mit trois jours à être maîtrisé, a précipité la fin de l'exploitation du site. Depuis, StocaMine est considéré comme une bombe à retardement : dégradation des fûts et des sacs contenant les substances dangereuses, risque d'infiltration, nature inconnue de certaines substances stockées...»
(Article du journal Le Monde du 19 septembre 2018, consultable sur europresse.com en bibliothèque ou à distance avec votre carte d’abonné)
On distingue en France trois types de Centres de Stockage des Déchets Ultimes (CSDU), respectivement :
« - CSDU 1 : déchets industriels dangereux.
- CSDU 2 : déchets ménagers et assimilés.
- CSDU 3 : déchets dits inertes. »
(Source : actu-environnement.com)
Or, StocaMine est, selon le Collectif Eco-Veille Environnement, « l'unique CET 0 (de classe 0) » (CET, ou Centre d’Enfouissement Technique, étant l’ancienne appellation des CSDU).
Ce caractère unique est bien le problème : il n’existe en France aucune autre structure susceptible d’accueillir les fûts de déchets toxiques de StocaMine .
Toujours selon l’article du Monde cité plus haut, la faisabilité de l’extraction elle-même fait débat parmi les experts ; situation aggravée par le déni des ingénieurs et des décideurs de l’époque de la construction du site, dans les années 1990 :
« En avril, Nicolas Hulot, alors encore ministre de la transition écologique et solidaire, avait ouvert la voie à un déstockage total, en commandant un rapport au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), afin d'examiner la faisabilité technique et le coût d'un retrait des quantités stockées. Ce rapport doit être rendu en octobre ou novembre. Tout ce qui a été entreposé pourra-t-il être extrait? La question demeure ouverte.
Là se trouve, selon les rapporteurs, la faute originelle du projet, qui n'a jamais été développé de manière à faciliter ou simplement à rendre possible l'extraction des déchets. « Sur le papier, l'idée de réversibilité semblait claire : StocaMine devait être un stockage duquel il était possible, à tout moment, de sortir les déchets, écrivent les rapporteurs.L'analyse que fait ce rapport d'information sur les erreurs commises montre bien que cet engagement de réversibilité n'a jamais été respecté . »
Par exemple, Michel Streckdenfinger, ingénieur des Mines et ancien président de StocaMine, prétendait, en 1999 dans un entretien télévisé, que « toutes les études montrent, et l'expérience le montre aussi, que les galeries sont stables car il s'agit de sel gemme . Le temps a apporté un démenti sans appel à la confiance des experts. « On voit aujourd'hui que certaines galeries rétrécissent de 4 cm à 6 cm par an, explique M. Fuchs. Or les fûts étaient parfois collés aux parois des galeries... » Les manquements peuvent être plus triviaux : les palettes sur lesquelles ont été posés les colis étaient parfois, ajoute le parlementaire, « de simples palettes de supermarché, en bois, qui se sont effondrées au bout de trois ans ... »
En attendant la remise du rapport de faisabilité, « élus locaux et association environnementales demandent l’extraction des déchets, compte tenu de la présence potentielle de déchets non autorisés et des risques de pollution de la nappe phréatique. » Après extraction, les déchets « devraient être transportés en Allemagne », selon usinenouvelle.com.
Ce qui ne fait que déplacer le problème.
Bonne journée.
Dissipons tout d'abord une légère confusion : le site de StocaMine ne contient pas de déchets nucléaires, mais des «
"un déchet résultant ou non du traitement d’un déchet, qui n’est plus susceptible d’être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant ou dangereux".
(Source : cniid.org)
Cela ne veut pas dire que la situation ne soit pas hautement préoccupante :
« StocaMine est le premier et à ce jour
Ouvert en 1999, le site a reçu des fûts et des sacs de déchets jusqu'en 2002. Le déclenchement d'un incendie dans les galeries, qui mit trois jours à être maîtrisé, a précipité la fin de l'exploitation du site. Depuis, StocaMine est considéré comme une bombe à retardement : dégradation des fûts et des sacs contenant les substances dangereuses, risque d'infiltration, nature inconnue de certaines substances stockées...»
(Article du journal Le Monde du 19 septembre 2018, consultable sur europresse.com en bibliothèque ou à distance avec votre carte d’abonné)
On distingue en France trois types de Centres de Stockage des Déchets Ultimes (CSDU), respectivement :
« - CSDU 1 : déchets industriels dangereux.
- CSDU 2 : déchets ménagers et assimilés.
- CSDU 3 : déchets dits inertes. »
(Source : actu-environnement.com)
Or, StocaMine est, selon le Collectif Eco-Veille Environnement, « l'unique CET 0 (de classe 0) » (CET, ou Centre d’Enfouissement Technique, étant l’ancienne appellation des CSDU).
Ce caractère unique est bien le problème :
Toujours selon l’article du Monde cité plus haut, la faisabilité de l’extraction elle-même fait débat parmi les experts ; situation aggravée par le déni des ingénieurs et des décideurs de l’époque de la construction du site, dans les années 1990 :
« En avril, Nicolas Hulot, alors encore ministre de la transition écologique et solidaire, avait ouvert la voie à un déstockage total, en commandant un rapport au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), afin d'examiner la faisabilité technique et le coût d'un retrait des quantités stockées. Ce rapport doit être rendu en octobre ou novembre. Tout ce qui a été entreposé pourra-t-il être extrait? La question demeure ouverte.
Là se trouve, selon les rapporteurs, la faute originelle du projet, qui n'a jamais été développé de manière à faciliter ou simplement à rendre possible l'extraction des déchets. « Sur le papier, l'idée de réversibilité semblait claire : StocaMine devait être un stockage duquel il était possible, à tout moment, de sortir les déchets, écrivent les rapporteurs.
Par exemple, Michel Streckdenfinger, ingénieur des Mines et ancien président de StocaMine, prétendait, en 1999 dans un entretien télévisé, que « toutes les études montrent, et l'expérience le montre aussi, que les galeries sont stables car il s'agit de sel gemme . Le temps a apporté un démenti sans appel à la confiance des experts. « On voit aujourd'hui que certaines galeries rétrécissent de 4 cm à 6 cm par an, explique M. Fuchs. Or les fûts étaient parfois collés aux parois des galeries... » Les manquements peuvent être plus triviaux : les palettes sur lesquelles ont été posés les colis étaient parfois, ajoute le parlementaire, « de simples palettes de supermarché, en bois, qui se sont effondrées au bout de trois ans ... »
En attendant la remise du rapport de faisabilité, « élus locaux et association environnementales demandent l’extraction des déchets, compte tenu de la présence potentielle de déchets non autorisés et des risques de pollution de la nappe phréatique. » Après extraction, les déchets « devraient être transportés en Allemagne », selon usinenouvelle.com.
Ce qui ne fait que déplacer le problème.
Bonne journée.
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