punitions pour des orfèvres malhonnêtes dans leur travail
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 16/09/2018 à 15h52
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Question d'origine :
Bonjour,
Je sais que les orfèvres sous l'Ancien Régime risquaient de fortes peines quand les gardes de leur corporation les prenaient en flagrant délit de triche dans leur travail. Par exemple le rognage de louis d'or ou d'argent ou dans des assemblages de différentes parties d'un objet si le nombre de carats ne correspondaient pas avec ce qui devait être. Je sais qu'ils risquaient même la pendaison ou les galères. Pourriez-vous me dire si réellement ce genre de cas a été répandu à ce point et si ce genre de punition a été souvent effectuée ?
Je vous en remercie.
Avec mes meilleures salutations.
Interessus
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 18/09/2018 à 12h03
Bonjour,
Sous l'Ancien-Régime et plus encore au Moyen-Âge, les fraudes à la monnaie sont sévèrement punies. Elles ne sont d'ailleurs pas du seul fait des orfèvres...
Au Moyen-Âge, les peines encourues sont redoutables : amputations, pendaisons, ébouillantage.
Sous l'Ancien Régime, on opte pour les pendaisons, la marque au fer rouge (flétrissement) et les galères.
Nous n'avons pas trouvé de statistiques précises mais des articles d'historiens mentionnant ces condamnations.
" L'importance des moyens mis en œuvre pour dépister et condamner les faux-monnayeurs, de même que celle des peines encourues, révèlent l'attention qu'attachent les pouvoirs médiévaux à la lutte contre les fraudeurs."
Les coupables sont souvent condamnés à être bouillis et pendus. Leurs biens sont confisqués.
"Au total, malgré la sévérité des peines encourues,le faux monnayage est une réalité médiévale bien établie et les exemples sont suffisamment nombreux pour montrer à quel point il fait partie du quotidien des criminels bien sûr, mais aussi du bon peuple, souvent enclin à trébucher les pièces pour rogner les plus lourdes ou tout simplement les mettre de côté . Contrairement à une idée qui traîne dans la littérature juridique et historique, les faussaires sont réellement bouillis et les sources nous en donnent de multiples preuves."
source : De la fraude à la falsification : le faux monnayage en France à la fin du Moyen-Âge / Yves Coativy - - in Fraude, contrefaçon et contrebande de l'Antiquité à nos jours
" La répression du faux monnayage constitue l'une des politiques les plus constantes des pouvoirs publics, de la monarchie à la Révolution.
Le crime de lèse-majesté de fabriquer de la fausse monnaie, malgré une terrible répression, était trop intéressant financièrement pour ne pas être commis par des contemporains des politiques royales de mutations monétaires. La mort attendait, selon les textes, le "fabricateur" comme le distributeur de faux, et la sentence était régulièrement prononcée, même si l'on ne bouillait plus le criminel. [Le dernier faux-monnayeur bouilli à Paris le fut en 1550. Il semble que l'on pratiqua encore cette sentence au XVIIe siècle en province.] On a souvent pendu pour faits de faux monnayages sous Louis XIV [...]Le faux monnayage était souvent, sur le territoire, une affaire de famille. C'est dans des régions reculées que de véritables bandes organisées et armées se sont montées , parfois dirigées par des nobliaux qui surent profiter des désordres de la Fronde et que personne n'osait attaquer. A lire un rapport de subdélégué, c'est un véritable syndicat du crime que protégèrent les notables de la région de Pau en 1680. Il en allait de même dans d'autres régions "montagneuses ou rebelles [où] la fabrication de fausse monnaie est presque publique", comme en Velay, en Dauphiné et dans la vallée de Barcelonnette. [...]
L'esprit des Lumières ne semble pas avoir calmé le jeu répressif ; la commutation des peines de mort en marque au fer et galères n'a rien de très apaisé. La marine est en effet, à l'époque, de plus en plus souvent proposée aux condamnés, assortie du flétrissement (marquage au fer rouge) aux lettres G.AD. ou à la fleur de Lys. Mais on condamne encore à la pendaison une série de criminels au cours des années 1740 et 1760 et sous Louis XVI, au milieu des années 1780, quitte à commuer ensuite la peine en galères perpétuelles. [...]
Le faux monnayage est donc, aux XVIIe et XVIIIe siècles, un crime répandu , qui a sa géographie, ses époques, et ses acteurs particuliers ; bien que ce soit une action risquée, elle paraît souvent, quand elle est bien menée, très rentable et beaucoup se sont laissés tenter ; parfois, l'entreprise tourne à la véritable industrie, parfois elle ne demeure qu'un simple petit artisanat."
source : Frauder avec la monnaie à l'époque moderne, de Louis XIV à la Révolution. / Jérôme Jambu - in Fraude, contrefaçon et contrebande de l'Antiquité à nos jours
Nous vous invitons à consulter la deuxième partie de l'ouvrage Fraude, contrefaçon et contrebande de l'Antiquité à nos jours intitulée "La fraude dans les métiers et les techniques de l'argent.
Bonne journée.
Sous l'Ancien-Régime et plus encore au Moyen-Âge, les fraudes à la monnaie sont sévèrement punies. Elles ne sont d'ailleurs pas du seul fait des orfèvres...
Au Moyen-Âge, les peines encourues sont redoutables : amputations, pendaisons, ébouillantage.
Sous l'Ancien Régime, on opte pour les pendaisons, la marque au fer rouge (flétrissement) et les galères.
Nous n'avons pas trouvé de statistiques précises mais des articles d'historiens mentionnant ces condamnations.
" L'importance des moyens mis en œuvre pour dépister et condamner les faux-monnayeurs, de même que celle des peines encourues, révèlent l'attention qu'attachent les pouvoirs médiévaux à la lutte contre les fraudeurs."
Les coupables sont souvent condamnés à être bouillis et pendus. Leurs biens sont confisqués.
"Au total, malgré la sévérité des peines encourues,
source : De la fraude à la falsification : le faux monnayage en France à la fin du Moyen-Âge / Yves Coativy - - in Fraude, contrefaçon et contrebande de l'Antiquité à nos jours
" La répression du faux monnayage constitue l'une des politiques les plus constantes des pouvoirs publics, de la monarchie à la Révolution.
Le crime de lèse-majesté de fabriquer de la fausse monnaie, malgré une terrible répression, était trop intéressant financièrement pour ne pas être commis par des contemporains des politiques royales de mutations monétaires. La mort attendait, selon les textes, le "fabricateur" comme le distributeur de faux, et la sentence était régulièrement prononcée, même si l'on ne bouillait plus le criminel. [Le dernier faux-monnayeur bouilli à Paris le fut en 1550. Il semble que l'on pratiqua encore cette sentence au XVIIe siècle en province.] On a souvent pendu pour faits de faux monnayages sous Louis XIV [...]
L'esprit des Lumières ne semble pas avoir calmé le jeu répressif ; la commutation des peines de mort en marque au fer et galères n'a rien de très apaisé. La marine est en effet, à l'époque, de plus en plus souvent proposée aux condamnés, assortie du flétrissement (marquage au fer rouge) aux lettres G.AD. ou à la fleur de Lys. Mais on condamne encore à la pendaison une série de criminels au cours des années 1740 et 1760 et sous Louis XVI, au milieu des années 1780, quitte à commuer ensuite la peine en galères perpétuelles. [...]
source : Frauder avec la monnaie à l'époque moderne, de Louis XIV à la Révolution. / Jérôme Jambu - in Fraude, contrefaçon et contrebande de l'Antiquité à nos jours
Nous vous invitons à consulter la deuxième partie de l'ouvrage Fraude, contrefaçon et contrebande de l'Antiquité à nos jours intitulée "La fraude dans les métiers et les techniques de l'argent.
Bonne journée.
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