Question d'origine :
pour quoi que les femmes français aussi belle
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 18/09/2018 à 09h11
Bonjour,
Pour répondre à ce pourquoi, il faudrait s’interroger sur « les femmes françaises sont les plus belles » et pour cela se plonger dans de nombreuses lectures pour retracer une histoire de la beauté – dont celle proposée par Georges Vigarello, Histoire de la beauté - qui vous montrera que dès l’Antiquité la notion de beauté fait déjà l’objet de nombreux questionnements, poursuivis tout au long des siècles et conduisant alors à des réflexions et des représentations bien différentes, l’art en étant une parfaite illustration. Une interrogation plus approfondie sur la notion de beauté amène à penser que non, les françaises ne sont peut-être pas les femmes les plus belles du monde, du moins pas aux yeux de toutes et tous.
Dans Le corps et la beauté, Jean Maisonneuve et Maroilou Bruchon-Schweizer exposent les diverses théories tout en soulignant, en introduction, qu’en l’absence de critères objectifs universels, on ne peut définir ce qu’est la beauté.
Pour commencer, ils expliquent que la beauté n’est en fait pas une affaire de goût personnel et les études montrent « la surprenante concordance des jugements de beauté ».
« On sait que le visage et la forme du corps sont les principaux déterminants de l’attrait physique (…)
Dans les années 1900-1925, on aimait les femmes « en chair » (….) dans les années 50, coexistaient deux types féminins idéaux, celui de la « vamp » plantureuse (Jane Mansfield, Marylin Monroe) et celui de la femme enfant, plus gracile (Grace Kelly, Audrey Hepburn) A partir des années 60, le culte de la minceur va s’imposer. Une silhouette svelte, longiligne est l’idéal de beauté popularisé par la haute couture et les magazines féminins.
(…) Etre beau dans nos sociétés, c’est donc posséder certaines caractéristiques corporelles et faciales perçues comme attrayantes par l’entourage. C’est aussi s’embellir conformément à des codes propres à une culture (coiffure, maquillage, habillement) définissant ce que doit être une apparence désirable, selon le sexe, l’âge, la position sociale d’un individu donné ».
Les auteurs notent comme nous avions pu le lire précédemment que les idéaux de beauté changent donc sensiblement avec les époques mais qu’ils pourraient aussi varier en fonction des cultures.
Ils rappellent ainsi que si la majorité des études souligne « la conformité globale des préférences des différentes ethnies aux canons de beauté occidentaux », il existe aussi des variations interculturelles puisque « le culte général de la peau blanche, des yeux clairs, et de la minceur n’est pas évident dans certains pays (Mexique, Jamaïque, Ouganda, Kenya, Chine, Japon (…), où l’on semble préférer un teint plus hâlé que blanc, et un corps plus potelé que mince. Une étude menée par Furnham et Alibhai (1983) sur des kenyanes restées au pays oui vivant en Angleterre donne des résultats très intéressants. Les premières trouvent belles des silhouettes féminines très opulentes, silhouettes que les "immigrées" rejettent avec encore plus de sévérité que des Anglaises de même âge et même origine sociale. Il est donc possible que les canons de beauté occidentaux n’aient « contaminé » que certains groupes plus exposés que d’autres à la domination politique, économique, idéologique (et donc médiatique) des « blancs ».
En s’appuyant donc sur la théorie de l’inculcation sociale, les critères de beauté seraient variables d’une société à une autre, ce qui expliquerait ainsi pourquoi les « françaises n’arrivent pas forcément en tête dans les classements de beauté. Aussi, dans le top 5 des pays des plus belles femmes du monde les françaises n’apparaissent pas et dans celui du classement des plus belles femmes du monde la France apparaît en 10E position.
Ceci étant dit, ces classements sont au moins tout aussi subjectifs que la notion de beauté elle-même…
Si vous avez encore un peu de courage, nous vous suggérons de parcourir les ouvrages suivants :
• Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation / Mona Chollet, 2015 :" Soutiens-gorge rembourrés pour fillettes, obsession de la minceur, banalisation de la chirurgie esthétique, prescription insistante du port de la jupe comme symbole de libération : la « tyrannie du look » affirme aujourd'hui son emprise pour imposer la féminité la plus stéréotypée. Décortiquant presse féminine, discours publicitaires, blogs, séries télévisées, témoignages de mannequins et enquêtes sociologiques, Mona Chollet montre dans ce livre comment les industries du « complexe mode-beauté » travaillent à maintenir, sur un mode insidieux et séduisant, la logique sexiste au coeur de la sphère culturelle. Sous le prétendu culte de la beauté prospère une haine de soi et de son corps, entretenue par le matraquage de normes inatteignables. Un processus d'autodévalorisation qui alimente une anxiété constante au sujet du physique en même temps qu'il condamne les femmes à ne pas savoir exister autrement que par la séduction, les enfermant dans un état de subordination permanente. En ce sens, la question du corps pourrait bien constituer la clé d'une avancée des droits des femmes sur tous les autres plans, de la lutte contre les violences à celle contre les inégalités au travail".
• Vous êtes belle ! : qu'est-ce qu'être belle aujourd'hui ?/ Jean-Claude Hagège, 2006 : "Le discours d'un chirurgien plasticien et ses prises de position sur la beauté féminine. La beauté physique est un leurre : l'auteur défend une beauté subtile qui émane de la personne et qui est l'expression d'une personnalité harmonieuse, la beauté émotionnelle".
• L'expérience de la beauté / Fabienne Brugère, 2006 : "Pourquoi la philosophie a-t-elle pris sur elle, à un moment donné, de libérer le beau d'idéaux et de règles qui le maintenaient dans une recherche métaphysique ? Au XVIIIe siècle, dans le registre de l'art, ont lieu de nouvelles expérimentations anthropologiques qui dissolvent les présupposés platoniciens de la beauté absolue. Les phénomènes esthétiques basculent dans une valorisation sans précédent du relatif. D'une part, la beauté est affaire d'expérience perceptive. D'autre part, son contenu dépend de l'époque, des institutions politiques, des coutumes et des modes. Le dispositif théorique qui contribue à ce renversement de perspective peut être nommé en philosophie l'empirisme. A l'intérieur de ce nouveau regard sur la beauté, les positions de philosophes comme Hutcheson, Hume, Smith ou Reid s'avèrent profondément novatrices. Ces pensées, à travers le souci d'une enquête sur la nature humaine, dressent un portrait de l'homme esthétique dans lequel percepts et affects déterminent une appréciation subjective de l'art. La beauté est une modalité essentielle de la tonalité affective de l'homme et indique un nouveau rapport à soi. Elle est aussi un instrument de la distinction sociale car elle participe d'un questionnement sur le progrès de la civilisation, le degré de raffinement, et le développement d'une société marchande qui l'intègre dans le tableau de la prospérité, du luxe et de la puissance".
Pour répondre à ce pourquoi, il faudrait s’interroger sur « les femmes françaises sont les plus belles » et pour cela se plonger dans de nombreuses lectures pour retracer une histoire de la beauté – dont celle proposée par Georges Vigarello, Histoire de la beauté - qui vous montrera que dès l’Antiquité la notion de beauté fait déjà l’objet de nombreux questionnements, poursuivis tout au long des siècles et conduisant alors à des réflexions et des représentations bien différentes, l’art en étant une parfaite illustration. Une interrogation plus approfondie sur la notion de beauté amène à penser que non, les françaises ne sont peut-être pas les femmes les plus belles du monde, du moins pas aux yeux de toutes et tous.
Dans Le corps et la beauté, Jean Maisonneuve et Maroilou Bruchon-Schweizer exposent les diverses théories tout en soulignant, en introduction, qu’en l’absence de critères objectifs universels, on ne peut définir ce qu’est la beauté.
Pour commencer, ils expliquent que la beauté n’est en fait pas une affaire de goût personnel et les études montrent « la surprenante concordance des jugements de beauté ».
« On sait que le visage et la forme du corps sont les principaux déterminants de l’attrait physique (…)
Dans les années 1900-1925, on aimait les femmes « en chair » (….) dans les années 50, coexistaient deux types féminins idéaux, celui de la « vamp » plantureuse (Jane Mansfield, Marylin Monroe) et celui de la femme enfant, plus gracile (Grace Kelly, Audrey Hepburn) A partir des années 60, le culte de la minceur va s’imposer. Une silhouette svelte, longiligne est l’idéal de beauté popularisé par la haute couture et les magazines féminins.
(…) Etre beau dans nos sociétés, c’est donc posséder certaines caractéristiques corporelles et faciales perçues comme attrayantes par l’entourage. C’est aussi s’embellir conformément à des codes propres à une culture (coiffure, maquillage, habillement) définissant ce que doit être une apparence désirable, selon le sexe, l’âge, la position sociale d’un individu donné ».
Les auteurs notent comme nous avions pu le lire précédemment que les idéaux de beauté changent donc sensiblement avec les époques mais qu’ils pourraient aussi varier en fonction des cultures.
Ils rappellent ainsi que si la majorité des études souligne « la conformité globale des préférences des différentes ethnies aux canons de beauté occidentaux », il existe aussi des variations interculturelles puisque « le culte général de la peau blanche, des yeux clairs, et de la minceur n’est pas évident dans certains pays (Mexique, Jamaïque, Ouganda, Kenya, Chine, Japon (…), où l’on semble préférer un teint plus hâlé que blanc, et un corps plus potelé que mince. Une étude menée par Furnham et Alibhai (1983) sur des kenyanes restées au pays oui vivant en Angleterre donne des résultats très intéressants. Les premières trouvent belles des silhouettes féminines très opulentes, silhouettes que les "immigrées" rejettent avec encore plus de sévérité que des Anglaises de même âge et même origine sociale. Il est donc possible que les canons de beauté occidentaux n’aient « contaminé » que certains groupes plus exposés que d’autres à la domination politique, économique, idéologique (et donc médiatique) des « blancs ».
En s’appuyant donc sur la théorie de l’inculcation sociale, les critères de beauté seraient variables d’une société à une autre, ce qui expliquerait ainsi pourquoi les « françaises n’arrivent pas forcément en tête dans les classements de beauté. Aussi, dans le top 5 des pays des plus belles femmes du monde les françaises n’apparaissent pas et dans celui du classement des plus belles femmes du monde la France apparaît en 10E position.
Ceci étant dit, ces classements sont au moins tout aussi subjectifs que la notion de beauté elle-même…
Si vous avez encore un peu de courage, nous vous suggérons de parcourir les ouvrages suivants :
• Beauté fatale. Les nouveaux visages d’une aliénation / Mona Chollet, 2015 :" Soutiens-gorge rembourrés pour fillettes, obsession de la minceur, banalisation de la chirurgie esthétique, prescription insistante du port de la jupe comme symbole de libération : la « tyrannie du look » affirme aujourd'hui son emprise pour imposer la féminité la plus stéréotypée. Décortiquant presse féminine, discours publicitaires, blogs, séries télévisées, témoignages de mannequins et enquêtes sociologiques, Mona Chollet montre dans ce livre comment les industries du « complexe mode-beauté » travaillent à maintenir, sur un mode insidieux et séduisant, la logique sexiste au coeur de la sphère culturelle. Sous le prétendu culte de la beauté prospère une haine de soi et de son corps, entretenue par le matraquage de normes inatteignables. Un processus d'autodévalorisation qui alimente une anxiété constante au sujet du physique en même temps qu'il condamne les femmes à ne pas savoir exister autrement que par la séduction, les enfermant dans un état de subordination permanente. En ce sens, la question du corps pourrait bien constituer la clé d'une avancée des droits des femmes sur tous les autres plans, de la lutte contre les violences à celle contre les inégalités au travail".
• Vous êtes belle ! : qu'est-ce qu'être belle aujourd'hui ?/ Jean-Claude Hagège, 2006 : "Le discours d'un chirurgien plasticien et ses prises de position sur la beauté féminine. La beauté physique est un leurre : l'auteur défend une beauté subtile qui émane de la personne et qui est l'expression d'une personnalité harmonieuse, la beauté émotionnelle".
• L'expérience de la beauté / Fabienne Brugère, 2006 : "Pourquoi la philosophie a-t-elle pris sur elle, à un moment donné, de libérer le beau d'idéaux et de règles qui le maintenaient dans une recherche métaphysique ? Au XVIIIe siècle, dans le registre de l'art, ont lieu de nouvelles expérimentations anthropologiques qui dissolvent les présupposés platoniciens de la beauté absolue. Les phénomènes esthétiques basculent dans une valorisation sans précédent du relatif. D'une part, la beauté est affaire d'expérience perceptive. D'autre part, son contenu dépend de l'époque, des institutions politiques, des coutumes et des modes. Le dispositif théorique qui contribue à ce renversement de perspective peut être nommé en philosophie l'empirisme. A l'intérieur de ce nouveau regard sur la beauté, les positions de philosophes comme Hutcheson, Hume, Smith ou Reid s'avèrent profondément novatrices. Ces pensées, à travers le souci d'une enquête sur la nature humaine, dressent un portrait de l'homme esthétique dans lequel percepts et affects déterminent une appréciation subjective de l'art. La beauté est une modalité essentielle de la tonalité affective de l'homme et indique un nouveau rapport à soi. Elle est aussi un instrument de la distinction sociale car elle participe d'un questionnement sur le progrès de la civilisation, le degré de raffinement, et le développement d'une société marchande qui l'intègre dans le tableau de la prospérité, du luxe et de la puissance".
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