Fait il noir dans l'espace? Peut on y lire?
SCIENCES ET TECHNIQUES
+ DE 2 ANS
Le 10/09/2018 à 09h56
831 vues
Question d'origine :
Bonjour
nous nous sommes demandé si l'on voyait toujours dans l'espace (avec suffisament de lumière) où si l'on ne voyait qu'à certains moments de la "journée"? par exemple si je suis en gravitation dans l'espace (et pas sur une planète particulière), pourrais je lire? ou manquerais je de lumière?
Tout est parti de la question: pourquoi l'espace est noir?
Réponse du Guichet
bml_sci
- Département : Sciences et Techniques
Le 13/09/2018 à 06h43
En fait dans l’espace c’est beaucoup plus simple que sur la Terre : il y a soit la lumière soit le noir. Pas de place pour le clair-obscur, pas de diffusion de la lumière à travers les couches de l’atmosphère (comme par exemple la lumière crépusculaire après le coucher du soleil).
Yaël Navé explique bien cette opposition dans son livre Voyager dans l’espace où il décrit l’intérieur d’un vaisseau qui voyagerait dans le système solaire : D’un côté nous sommes éclairés par le Soleil. D’un autre côté, nous sommes dans l’ombre. Pas de source de lumière à part l’omniprésent (et froid) rayonnement de fond cosmologique.
Ce qui est valable dans le système solaire est valable dans tout le cosmos. Si nous sommes dans un vaisseau assez près d’une étoile, (pas trop près sinon ça va chauffer dans l’habitacle !) nous sommes éclairés si nous lui faisons face face. Nous pouvons aussi être éclairés par la réflexion de la lumière émise par cette étoile sur une planète. Si l’on essaye de lire à côté du hublot côté opposé à une source de lumière, il faudra une lampe de chevet, ce n’est pas le rayonnement de fond cosmologique qui éclairera l’intérieur du vaisseau.
Vous vous demandez: c’est quoi ce rayonnement de fond cosmologique ? (on parle aussi de rayonnement fossile).
Hubert Reeves l’explique dans son livre L’univers expliqué à mes petits-enfants : Vers 1930, le chanoine et astrophysicien belge Georges Lemaître a eu l'idée de réunir les observations de Hubble et les théories d'Einstein. Il en a tiré un scénario du passé de l'Univers. A partir de ce qu'il a appelé «un atome primitif», extrêmement chaud et dense, l'Univers se refroidit et se dilue progressivement. C'est la première version de ce qui deviendra plus tard la théorie du Big Bang.
Puis un astrophysicien russe, Georges Gamow reprit la théorie de Lemaître. Il ajoutait fort pertinemment: «mais encore faudrait-il avoir des moyens de la tester scientifiquement, d'avoir des preuves». Il a eu l'idée géniale d'utiliser pour cela une propriété bien connue de la matière : plus une substance est chaude, plus elle émet de la lumière.
Supposons, disait Gamow, que ce scénario du Big Bang ait vraiment eu lieu comme le décrit Lemaître. Cela implique que, dans le passé, l'Univers était plus brillant. Alors plus on recule dans le temps, plus la matière du cosmos doit être chaude et lumineuse. Si on remonte suffisamment loin, on doit arriver à un moment où la quantité de lumière est prodigieuse, un « flash » super éblouissant.
Cette lumière a-t-elle complètement disparu du cosmos pendant le refroidissement ? Ou bien en reste-t-il une trace que nous pourrions observer aujourd'hui? Une sorte de fossile de ces moments glorieux ? Cela nous confirmerait que ce scénario décrit correctement les premiers temps du cosmos.
Gamow a fait quelques calculs. Il est arrivé à la conclusion qu'un tel vestige devait exister encore aujourd'hui sous la forme d'un rayonnement devenu invisible à nos yeux, sous forme d'ondes radio détectables avec un radio télescope. On l'a découvert en 1965, près de vingt ans après la prédiction de Gamow, et tout à fait par hasard.
Cordialement.
DANS NOS COLLECTIONS :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter