Question d'origine :
Bonjour, je viens de rentrer en L1 de licence d'histoire et nous travaillons sur le négationnisme, et je n'arrive pas à trouver de réponse à la question suivante :
Les négationnisme nie shoah par balles et ghetto et camp de concentration aussi ou que chambre à gaz donc camp d'extermination ?
Cordialement,
Réponse du Guichet
gds_ctp
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 10/09/2018 à 12h36
Bonjour,
On trouve sur universalis-edu.com un article très complet et synthétique sur le négationnisme et son développement, notamment en France à partir des années 1970, autour de la personnalité de Robert Faurisson.
L’historienne Nadine Fresco y cite les sept « conclusions » de ce dernier qui deviendront en quelque sorte « le credo de la vulgate négationniste » :
« 1. Les „chambres à gaz“ hitlériennes n'ont jamais existé. 2. Le „génocide“ ou la „tentative de génocide“ des juifs n'a jamais eu lieu : en clair, jamais Hitler n'a donné l'ordre (ni admis) que quiconque fût tué en raison de sa race ou de sa religion. 3. Les prétendues „chambres à gaz“ et le prétendu „génocide“ sont un seul et même mensonge. 4. Ce mensonge, qui est d'origine essentiellement sioniste, a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont l'État d'Israël est le principal bénéficiaire. 5. Les principales victimes de ce mensonge et de cette escroquerie sont le peuple allemand et le peuple palestinien. 6. La force colossale des moyens d'information officiels a, jusqu'ici, assuré le succès du mensonge et censuré la liberté d'expression de ceux qui dénonçaient ce mensonge. 7. Les artisans du mensonge savent maintenant que leur mensonge vit ses dernières années ; ils déforment le sens et la nature des recherches révisionnistes ; ils nomment „résurgence du nazisme“ ou „falsification de l'histoire“ ce qui n'est qu'un juste retour au souci de la vérité historique. »
Cet article peut être consulté en bibliothèque. Il nous a déjà servi de base pour une réponse que nous vous invitons à consulter.
Bien que le négationnisme se soit peu à peu tissé en un réseau international, il est à noter que « la littérature négationniste constitue en fait un seul corpus, une vulgate constamment répétée, souvent dans des termes semblables, les variantes d'un même texte renvoyant les unes aux autres, d'un rédacteur à l'autre, de manière circulaire, à coups de citations et d'attributions mutuelles de titres supposés honorifiques, chargés d'impressionner le lecteur non informé en gratifiant l'entreprise d'une légitimité intellectuelle et sociale qui lui fait défaut. Parmi ces rédacteurs, reviennent notamment, à côté des Français Roques ou Faurisson : Arthur Butz, professeur associé d'informatique à la Northwestern University (Illinois), auteur en 1976 de l'ouvrage négationniste le plus diffusé dans le monde anglophone The Hoax of the Twentieth Century (L'Imposture du vingtième siècle) ; Wilhelm Stäglich, ancien magistrat allemand, auteur en 1978 du livre Der Auschwitz-Mythos (Le Mythe d'Auschwitz) ; Ernst Zündel, figure centrale des mouvements néo-nazis nord-américains et allemands ; Fred Leuchter, prétendu « expert », dont le rapport sur les chambres à gaz a été écarté par le juge comme « ridicule » et « absurde » lors du procès du précédent au Canada, en 1988 ; Germar Rudolf, autre « expert », doctorant en chimie à l'Institut Max-Planck de Stuttgart ; enfin le Britannique David Irving, seul historien de profession parmi ces plumitifs. »
Même si ces auteurs concèdent l’existence de « rares massacres et dans le seul but de répliquer au « terrorisme » », c’est bien la volonté de génocide sous toutes ses formes qui est niée – même si les auteurs insistent moins sur la shoah par balle que sur les chambres à gaz, dont la seul existence frappe les esprit par sa monstruosité.
Quant aux ghettos, leur histoire est bien plus ancienne, puisque la résidence forcée des Juifs dans un quartier séparé a été progressivement instaurée en Europe à partir du XIIIè siècle :
« Le principe d'une ségrégation forcée est défini par le IVe concile du Latran (1215). Afin d'éviter que des chrétiens aient des rapports sexuels avec eux, juifs et sarrasins seront distingués par leurs vêtements. Un mandement de Philippe le Bel du 18 juin 1294 au sénéchal de Beaucaire lui enjoint d'installer les juifs de la ville dans un quartier séparé ad scandala evitanda. Le xiiie siècle marque le passage du quartier librement habité par les juifs au ghetto. L'évolution est plus lente en Espagne, mais, en 1480, les souverains Très Catholiques ordonnent aux municipalités de contraindre les juifs à vivre dans des rues isolées de celles des chrétiens. Dans la petite ville de Palencia, on leur affecte ainsi la rue Maria Gutieres (aujourd'hui Martin Calleja), au nord de la cité, où l'on construit de nouvelles maisons ; les juifs doivent troquer leur maison en ville contre une autre dans la juderia. Dès 1349, après la Peste noire, les juifs d'Allemagne avaient été enfermés dans un quartier dont les portes étaient closes chaque soir. Si le terme ghetto apparaît à Venise en 1516, c'est l'encyclique Cum nimis absurdum de Paul IV qui cristallise l'institution. Le pape établit un vicus judeorum sur les bords du Tibre dans le quartier le plus mal famé de Rome ainsi que dans les villes et bourgades des États pontificaux. Les autres États italiens suivirent en ce domaine les injonctions du pape jusqu'au xviiie siècle. »
Il est à noter que le terme « négationnisme », apparu en 1987 dans le livre de Henri Rousso Le Syndrome de Vichy, tend de plus en plus à désigner toute négation délibérée d’un génocide. Vous trouverez sur imprescriptible.fr un article d’Yves Ternon revenant sur la formation des négationnismes visant non seulement la Shoah, mais également le génocide arménien et le génocide Tutsi.
Voici quelques ouvrages et documents que vous pourrez consulter pour approfondir le sujet :
- le DVDles faussaires de l’histoire .
- sans rapport,Les faussaires de l’histoire : dossier de la revue Golias étudie le cas lyonnais dans les années 1990.
- L’article d’Henry Rousso,Les racines politiques et culturelles du négationnisme en France où le contexte lyonnais est également très présent.
-Les assassins de l’histoire de Pierre Vidal-Naquet.
-Florent Brayard Comment l’idée vint à M. Rassinier : naissance du révisionnisme , Paris, Fayard, 1996.
-L'écriture génocidaire : l'antisémitisme en style et en discours, de l'affaire Dreyfus au 11 septembre 2001 de Michaël Prazan .
- Histoire du négationnisme en France de Valérie Igounet.
- Ce sujetdans notre catalogue et celui du CHRD .
-Cette précédente question du Guichet du savoir.
Bonnes lectures.
On trouve sur universalis-edu.com un article très complet et synthétique sur le négationnisme et son développement, notamment en France à partir des années 1970, autour de la personnalité de Robert Faurisson.
L’historienne Nadine Fresco y cite les sept « conclusions » de ce dernier qui deviendront en quelque sorte « le credo de la vulgate négationniste » :
« 1. Les „chambres à gaz“ hitlériennes n'ont jamais existé. 2. Le „génocide“ ou la „tentative de génocide“ des juifs n'a jamais eu lieu :
Cet article peut être consulté en bibliothèque. Il nous a déjà servi de base pour une réponse que nous vous invitons à consulter.
Bien que le négationnisme se soit peu à peu tissé en un réseau international, il est à noter que « la littérature négationniste constitue en fait un seul corpus, une vulgate constamment répétée, souvent dans des termes semblables, les variantes d'un même texte renvoyant les unes aux autres, d'un rédacteur à l'autre, de manière circulaire, à coups de citations et d'attributions mutuelles de titres supposés honorifiques, chargés d'impressionner le lecteur non informé en gratifiant l'entreprise d'une légitimité intellectuelle et sociale qui lui fait défaut. Parmi ces rédacteurs, reviennent notamment, à côté des Français Roques ou Faurisson : Arthur Butz, professeur associé d'informatique à la Northwestern University (Illinois), auteur en 1976 de l'ouvrage négationniste le plus diffusé dans le monde anglophone The Hoax of the Twentieth Century (L'Imposture du vingtième siècle) ; Wilhelm Stäglich, ancien magistrat allemand, auteur en 1978 du livre Der Auschwitz-Mythos (Le Mythe d'Auschwitz) ; Ernst Zündel, figure centrale des mouvements néo-nazis nord-américains et allemands ; Fred Leuchter, prétendu « expert », dont le rapport sur les chambres à gaz a été écarté par le juge comme « ridicule » et « absurde » lors du procès du précédent au Canada, en 1988 ; Germar Rudolf, autre « expert », doctorant en chimie à l'Institut Max-Planck de Stuttgart ; enfin le Britannique David Irving, seul historien de profession parmi ces plumitifs. »
Même si ces auteurs concèdent l’existence de « rares massacres et dans le seul but de répliquer au « terrorisme » », c’est bien
Quant aux ghettos, leur histoire est bien plus ancienne, puisque la résidence forcée des Juifs dans un quartier séparé a été progressivement instaurée en Europe à partir du XIIIè siècle :
« Le principe d'une ségrégation forcée est défini par le IVe concile du Latran (1215). Afin d'éviter que des chrétiens aient des rapports sexuels avec eux, juifs et sarrasins seront distingués par leurs vêtements. Un mandement de Philippe le Bel du 18 juin 1294 au sénéchal de Beaucaire lui enjoint d'installer les juifs de la ville dans un quartier séparé ad scandala evitanda. Le xiiie siècle marque le passage du quartier librement habité par les juifs au ghetto. L'évolution est plus lente en Espagne, mais, en 1480, les souverains Très Catholiques ordonnent aux municipalités de contraindre les juifs à vivre dans des rues isolées de celles des chrétiens. Dans la petite ville de Palencia, on leur affecte ainsi la rue Maria Gutieres (aujourd'hui Martin Calleja), au nord de la cité, où l'on construit de nouvelles maisons ; les juifs doivent troquer leur maison en ville contre une autre dans la juderia. Dès 1349, après la Peste noire, les juifs d'Allemagne avaient été enfermés dans un quartier dont les portes étaient closes chaque soir. Si le terme ghetto apparaît à Venise en 1516, c'est l'encyclique Cum nimis absurdum de Paul IV qui cristallise l'institution. Le pape établit un vicus judeorum sur les bords du Tibre dans le quartier le plus mal famé de Rome ainsi que dans les villes et bourgades des États pontificaux. Les autres États italiens suivirent en ce domaine les injonctions du pape jusqu'au xviiie siècle. »
Il est à noter que le terme « négationnisme », apparu en 1987 dans le livre de Henri Rousso Le Syndrome de Vichy, tend de plus en plus à désigner toute négation délibérée d’un génocide. Vous trouverez sur imprescriptible.fr un article d’Yves Ternon revenant sur la formation des négationnismes visant non seulement la Shoah, mais également le génocide arménien et le génocide Tutsi.
- le DVD
- sans rapport,
- L’article d’Henry Rousso,
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Bonnes lectures.
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